Les troupes de Jaume I le Conquérant avaient chassé presque tous les Sarrasins de Majorque. Mais certains résistaient encore dans les montagnes. Ils cherchaient une cachette, et pourtant ils arrivaient toujours à la mer, là où les chemins se perdent. Une après-midi, ils trouvèrent une petite crique où il y avait un bateau qui semblait abandonné.
Ils n’en doutaient pas, c’était leur salut ! Ils accouraient comme s’ils allaient à une fête et hissaient les voiles. Les plus faibles s’endormirent sur le pont. Les plus forts se mirent à ramer et à chanter une prière, pour marquer le rythme du mouvement des avirons.
Ils se sont éloignés de la côte. Ils ont ramé et chanté, chanté et ramé…. Et avec cet esprit, ils se sont éloignés des côtes majorquines…. Les vagues les emmèneront dans la mer des brumes, où ils naviguent encore et navigueront pour toute l’éternité .
Près de Pollença, à Cala Sant Vicenç, se trouvent les rochers appelés « Canten-i-dormen », en souvenir de cette évasion dramatique. Quand le temps est orageux, ils disent que le bateau des fugitifs peut être vu passer de Cala Murta, enveloppé de brouillard.
Ils l’appellent la barque « Chanter et dormir », parce que le vent porte le murmure de la chanson dans la langue ancienne de ceux qui rament encore, et le soupir lourd de ceux qui dorment encore, dans une chanson qui ne finira pas, dans un sommeil dont ils ne se réveilleront pas.
Les habitants de Pollença savent que trouver ce bateau est un signe de malchance. Vous vivrez, marins, si vous ne la trouvez pas !
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