Ossuaire de Douaumont, Haut Lieu de la Mémoire Nationale

A quelques jours de l’Armistice du 11 novembre 1918, je vous propose de découvrir un lieu de mémoire incontournable en France : l’Ossuaire de Douaumont. Situé à quelques kilomètres de Verdun, le monument évoque la mémoire des soldats de la terrible bataille de Verdun de 1916. Plus de cent ans plus tard, on ne peut oublier Verdun !

Souvenez-vous de Verdun !

Verdun évoque pour moi le souvenir de ces anciens combattants de la Première guerre mondiale venus raconter leurs souvenirs de guerre dans mon école primaire.

Les poilus-artisans [Domaine public]

Les poilus-artisans [Domaine public]

Les vieillards octogénaires étaient à l’époque les derniers Poilus encore vivants en France… Et je me posais la question de ce que deviendrait le souvenir de la Première guerre mondiale et de la bataille de Verdun après leur disparition.

Un souvenir encore bien vivant

Force est de constater que le souvenir de Verdun est encore bien vivant aujourd’hui.

Un siècle s’est écoulé depuis la Grande Guerre et les traces des combats dont Verdun fut l’enjeu n’ont pas encore totalement disparu. Le terrain est toujours bouleversé et, dans certains secteurs, la végétation n’a pas tout à fait repris ses droits. Par ailleurs, les terres devenues impropres à la culture ont été purement et simplement reboisées.

Village de Douaumont © French Moments

Le site de l’ancien village de Douaumont porte encore les stigmates de la Grande Guerre © French Moments

Le souvenir fut récemment entretenu par les hommages médiatisés à grande échelle de la commémoration des 100 ans de la guerre (2014-2018). Les cars de touristes remplissent toujours les parkings des lieux de mémoires à Verdun comme dans les sites des Hauts-de-France. Et puis, nous avons gardé le 11 novembre comme jour férié de notre calendrier national.

Pourquoi visiter Verdun ?

Et pourtant, j’ai longtemps hésité à découvrir les sites de la Bataille de Verdun. Peut-être parce que ces lieux véhiculent une charge émotionnelle forte… et puis, personnellement, je suis plus attiré par de beaux monuments, des paysages magnifiques et non par des cimetières !

Mais l’année dernière, j’ai eu l’occasion de me rendre à Verdun. Et j’ai accepté de m’y rendre.

Verdun-sur-Meuse © French Moments

Verdun-sur-Meuse © French Moments

Une fois sur place, j’ai eu rendez-vous avec cette sombre période de l’Histoire de France. Oui, je me souviendrai de Verdun pendant le reste de mes jours !


L’histoire de l’Ossuaire de Douaumont

Le sinistre bâtiment de l’ossuaire fut élevé à la mémoire des 300 000 combattants français tombés pour la défense de Verdun. Il fut destiné à rassembler tous les ossements recueillis sur les divers secteurs de ce champ de bataille. A cet effet, il abrite les restes non identifiés d’environ 130 000 soldats français et allemands tombés pendant la bataille.

Un évêque à l’origine du projet

Pour rappel, la bataille de Verdun s’est déroulée du 21 février au 19 décembre 1916. On dénombra 700 000 victimes françaises et allemandes, dont 300 000 morts.

L’armistice mettant fin à la Grande Guerre fut signée par les belligérants le 11 novembre 1918 dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne.

C’est au lendemain de la guerre que l’évêque de Verdun, Mgr Charles Ginisty (1864-1946) soumit l’idée d’édifier un ossuaire.

Mgr Charles Ginisty, évêque de Verdun [Domaine public]

Mgr Charles Ginisty, évêque de Verdun [Domaine public]

Le prélat catholique avait arpenté le champ de bataille jonché de cadavres et souhaitait donner une sépulture décente aux soldats et permettre à leur famille de se recueillir.

En février 1919, on commémora le troisième anniversaire de la bataille de Verdun au Trocadéro à Paris. Ce fut l’occasion pour Mgr Ginisty de suggérer officiellement son projet d’Ossuaire de Douaumont, désigné sous le terme de “cathédrale des morts et basilique de la Victoire”.

De grands noms de l’époque ont donc soutenu le projet : le maréchal Ferdinand Foch, le président Raymond Poincaré, le député Victor Schleiter. Mais aussi le maréchal Philippe Pétain, surnommé le “vainqueur de Verdun”, qui fut désigné président d’honneur du comité de réalisation.

Un financement du projet international !

En 1919, on édifia sur le site de Douaumont une baraque en planches. Ce fut un ossuaire provisoire, le temps de récolter les fonds permettant la construction du monument.

L'ossuaire provisoire de Douaumont [Domaine publique]

L’ossuaire provisoire de Douaumont [Domaine publique]

Mgr Ginisty et son comité se mirent à la recherche de financements nécessaires à la construction du futur monument.

Pour ce faire, l’évêque de Verdun arpenta la France et voyagea à l’étranger de 1919 à 1932. Avec succès puisque 122 villes françaises et 18 villes étrangères s’engagèrent à faire un don, y compris le Canada en 1925 et les États-Unis en 1928. La façade du mémorial contient les armoiries des villes qui ont contribué à son financement.

Quelques uns des blasons des villes ayant participé au financement du mémorial © French Moments

Quelques uns des blasons des villes ayant participé au financement du mémorial © French Moments

12 ans pour construire l’ossuaire

Le 22 août 1920, le maréchal Pétain et Mgr Ginisty posèrent les deux premières pierres alors qu’aucun architecte n’avait été choisi.

Puis, deux ans plus tard, on organisa un concours d’architecture pour concevoir le monument définitif. Un trio d’architecte le remporta en 1923 : Léon Azéma (Premier Grand Prix de Rome 1921), Max Edrei et Jacques Hardy.

Le 17 septembre 1927, alors que l’ossuaire était encore en construction, 52 cercueils correspondant aux secteurs de la bataille de Verdun furent transférés de l’ossuaire temporaire.

Transfert des cercueils à l'Ossuaire de Douaumont le 18 septembre 1927 [Domaine public]

Transfert des cercueils à l’Ossuaire de Douaumont le 18 septembre 1927 [Domaine public]

Transfert des cercueils à l'Ossuaire de Douaumont le 18 septembre 1927 [Domaine public]

Transfert des cercueils à l’Ossuaire de Douaumont le 18 septembre 1927 [Domaine public]. On aperçoit l’évêque de Verdun en plein discours et le maréchal Pétain sur la droite.

Enfin, l’inauguration de l’Ossuaire de Douaumont eut lieu le 7 août 1932 en présence du président de la République Albert Lebrun et de nombreux dignitaires français et étrangers, d’anciens combattants et des familles de soldats disparus. Vue d'avion de l'ossuaire en 1932 [Domaine publique]

Vue d’avion de l’ossuaire en 1932, année de son inauguration [Domaine publique]

A ce jour, l’Ossuaire de Douaumont est le plus important des monuments français érigés en souvenir de la guerre 1914-1918.

Un symbole de l’amitié franco-allemande

Le 22 septembre 1984, l’Ossuaire de Douaumont fut la scène d’un moment historique et emblématique de la réconciliation franco-allemande : la poignée de main de François Mitterrand et Helmut Kohl.

Ce jour, le président français et le chancelier allemand se sont donné la main lors d’un hommage aux combattants tombés pendant la Première Guerre mondiale.

Plaque commémorative à Douaumont © French Moments

La plaque commémorative de la rencontre entre Mitterrand et Kohl à Douaumont © French Moments

Le même jour, une centaine de jeunes Français et Allemands ont planté des érables sycomores en symbole de l’amitié entre les deux pays.

30 ans plus tard, le 9 février 2014, on ajouta pour la première fois le nom d’un soldat allemand, Peter Freundl, à ceux des soldats français gravés sur la voûte de l’ossuaire.

Le 90e anniversaire de l’armistice de 1918

Le 11 novembre 2008, l’ossuaire a accueilli les commémorations du 90e anniversaire de l’armistice de 1918.

De nombreuses personnalités politiques étaient présentes :

  • le président français Nicolas Sarkozy,
  • le président du Bundesrat allemand Peter Müller,
  • le prince Charles d’Angleterre et son épouse Camilla,
  • le grand-duc Henri de Luxembourg et son épouse María,
  • le président de la Commission européenne José Manuel Durão Barroso, et
  • le président du Parlement européen Hans-Gert Pöttering.

Pour la première fois, la cérémonie s’est tenue sans survivant français de la Première guerre mondiale (Lazare Ponticelli, le dernier Poilu, mourut quelques mois plus tôt, le 12 mars 2008 à l’âge de 110 ans et 96 jours).

En 2016, ce sont François Hollande et Angela Merkel qui ont participé à Douaumont aux commémorations du Centenaire de la Bataille de Verdun.


Visite de l’Ossuaire de Douaumont

Après une visite de la vieille-ville de Verdun et sa belle cathédrale, nous nous sommes dirigés vers l’Ossuaire de Douaumont. Celui-ci se situe à la limite des communes de Fleury-devant-Douaumont et Douaumont-Vaux.

En arrivant sur le site par la D913, on aperçoit la Tour des Morts juchée au sommet d’une colline.

Le parking se situe autour de l’arrière de l’édifice.

En contournant le monument, vous apercevrez depuis l’extérieur des ossements entassés derrière des parois vitrées. Ce sont les restes de milliers de soldats non-identifiés.

Ossements à l'Ossuaire de Douaumont © French Moments

Ossements observés à travers les vitres du monument © French Moments

La façade de l’ossuaire

Le monument s’inspire de l’art roman.

Ossuaire de Douaumont © French Moments

La façade de l’Ossuaire de Douaumont © French Moments

Observez sur la façade du monument les armoiries des villes ayant financé sa construction.

La grande porte en bronze est ornée d’une épée avec de part et d’autre deux palmes. Au-dessus est gravé le mot “PAX” (“paix” en latin).

Ossuaire de Douaumont © French Moments

“PAX” écrit au-dessus de la porte du mémorial © French Moments

La galerie tranversale

Ce vaste monument comprend une galerie transversale longue de 137 mètres, également connue sous le nom de “cloître“. Les 18 travées contiennent chacune deux sarcophages en granite rose de Perros-Guirec en Bretagne.

La galerie de l'ossuaire © Zairon - licence [CC BY-SA 4.0] from Wikimedia Commons

La galerie de l’ossuaire © Zairon – licence [CC BY-SA 4.0] from Wikimedia Commons

De chaque côté, la galerie se termine par une abside contenant cinq tombeaux.

La chapelle

Sous la voûte centrale du monument se trouve la chapelle catholique. C’est ici que repose l’évêque de Verdun Mgr Ginisty, initiateur du projet d’ossuaire à Douaumont.

La chapelle de l'ossuaire © Zairon - licence [CC BY-SA 4.0] from Wikimedia Commons

La chapelle de l’ossuaire © Zairon – licence [CC BY-SA 4.0] from Wikimedia Commons

George Desvallières a conçu les vitraux du mémorial.

La Tour des Morts

Au centre de l’édifice s’élève la Tour des Morts, haute de 46 mètres. Elle fait office de vigie et prend la forme d’un obus.

La tour des morts du mémorial © French Moments

La tour des morts du mémorial © French Moments

Chacune de ses quatre faces contient une croix. Ces quatre points cardinaux de pierre symbolisent l’universalité du drame de la guerre.

Au 1er étage de la tour, on a aménagé un petit musée de guerre.

Au sommet (204 marches), vous découvrirez une vue générale du site en regardant par les fenêtres. Des tables d’orientation permettent d’identifier les différents secteurs du champ de bataille.

La tour des morts du mémorial © French Moments

Le sommet de la tour des morts © French Moments

Louise Anne Charlotte est le nom de la cloche de bronze de 2042 kg. Coulée en 1927 à Orléans, elle est l’une des plus grosses du département de la Meuse. Le cortège de la cloche, de Paris à Douaumont, passa par Meaux, Soissons, Reims, Nancy, Metz, Saint-Mihiel et Verdun.

Enfin, la tour sert également de lanterne des morts. Du sommet, quatre feux tournants alternativement blanc et rouge, éclairent le champ de bataille.


La nécropole nationale de Douaumont

En face de l’ossuaire, la nécropole nationale de Douaumont rassemble 16 142 tombes de soldats français.

La nécropole nationale de Douaumont © French Moments

La nécropole nationale de Douaumont © French Moments

La création de ce cimetière national date de 1923. Faisant parti du territoire de la commune de Fleury-devant-Douaumont, il s’étend sur une parcelle de 14,438 hectares.

L’inauguration de la nécropole nationale eut lieu le 23 juin 1929 en présence du président de la République Gaston Doumergue.

16 142 tombes de combattants français

Le cimetière militaire rassemble 16 142 tombes de soldats français, majoritairement catholiques, dont six de la Seconde Guerre mondiale.

Les tombes individuelles sont alignées en rangées qui reconstituent l’alignement d’une armée.

La vaste majorité des tombes sont de confession chrétienne. Elles prennent la forme d’une croix latine de couleur blanche. Un rosier rouge précède chaque tombe et apporte une touche de couleur vive qui contraste avec le blanc de la croix.

La nécropole nationale de Douaumont © French Moments

Les roses étaient toujours en fleur en cette fin octobre © French Moments

Au centre de la nécropole se dresse un mât qui porte en permanence les couleurs nationales.

La nécropole nationale de Douaumont © French Moments

Le Tricolore flottant à Douaumont © French Moments

La nécropole comprend également un carré de 592 stèles de soldats musulmans. On y reconnait l’étoile et le croissant au-dessus de l’inscription “ci-gît” en arabe.

Les deux mémoriaux aux soldats juifs et musulmans

La nécropole abrite deux mémoriaux respectivement consacrés aux soldats de confessions juive et musulmane.

Depuis son inauguration en juin 2006 par le président Jacques Chirac, le mémorial musulman se situe à l’est du cimetière. Il prend la forme d’un déambulatoire de 25 mètres en pierre blanche, de style islamique, avec une koubba.

Le mémorial aux soldats musulmans © French Moments

Le mémorial aux soldats musulmans © French Moments

À l’ouest du cimetière, se trouve le monument consacré aux soldats de confession juive. Edifié en 1938, il est orné des Tables de la Loi gravées de lettres hébraïques.


En savoir plus sur l’Ossuaire de Douaumont

Sites de référence

  • Le site officiel de l’ossuaire
  • La visite du site par notre consœur blogueuse Sandrine sur OneTwoTrips
  • L’Ossuaire de Douaumont sur le site Wikipedia
  • Séjourner à Verdun : la liste des hébergements !


Booking.com

Une épingle pour Pinterest

Ossuaire de Douaumont Pinterest © French Moments


Le Rendez-Vous #EnFranceAussi

Pour ce rendez-vous de l’événement #EnFranceAussi, le thème choisi par Dora du blog Arpenter le Chemin est “Cimetière”. Vous ne connaissez pas #EnFranceAussi ? Il s’agit d’un RV interblogueurs, initié par Sylvie du blog Le coin des Voyageurs, qui a pour objet de (re)-découvrir les beautés de la France.

Découvrez les articles de ma participation à l’événement interblogueurs #EnFranceAussi. Cliquez sur le lien ici pour les lire !

Connaissez-vous d’autres ossuaires ou nécropoles incontournables en France ? Dites-moi tout en commentaire ci-dessous 🙂