C’est un des sites historiques les plus pittoresques de Savoie. La cité médiévale de Conflans, qui domine Albertville, veille du haut de sa butte sur quatre vallées des Alpes. A découvrir absolument de passage dans la région !
De quel Conflans parle-t-on ?
Conflans est un nom propre qui désigne plusieurs communes ou localités de France :
- en région parisienne : Conflans-l’Archevêque, quartier de Charenton-le-Pont
- en Meurthe-et-Moselle : Conflans-en-Jarnisy
- dans les Yvelines : Conflans-Sainte-Honorine
- en Haute-Saône : Conflans-sur-Lanterne
- dans la Sarthe: Conflans-sur-Anille
- dans le Loiret : Conflans-sur-Loing
A chaque fois, le toponyme dérive du latin confluens, confluentes, désignant un confluent. Il s’agit donc de localités se situant à la confluence de cours d’eau (Coblence en Allemagne) ou de vallées (dans le cas de notre Conflans en Savoie).
La première mention de Conflans date de 1015. Sous la forme de Conflenz (on est proche du nom de la ville allemande de Coblenz !), la cité médiévale figure dans une charte avalisant la donation à la reine Ermengarde.
Au cours des siècles, on trouve les formes suivantes : Confluenti (1139), Conflens (1189), Confleto (13e s.), Cofflens (1391) ou encore Conflentz (1638).
Au cours de la Révolution française, Conflans fut annexée par les Français qui la rebaptisèrent sous le nom de Roc-Libre.
Ses habitants s’appellent les Conflarains et Conflaraines.
Conflans, à la confluence de…
En effet, la cité médiévale de Conflans, sur les hauteurs d’Albertville, se situe à la confluence de quatre vallées des Alpes françaises :
- l’Arly,
- le Doron de Beaufort,
- la Tarentaise et
- la Combe de Savoie,
Les deux dernières vallées sont celles de l’Isère, cours d’eau d’une longueur de 286 km qui prend sa source à Val d’Isère et se jette dans le Rhône au nord de Valence.
Perchée sur sa butte, la cité millénaire constitua un relais stratégique entre l’Italie (par la Tarentaise) et les terres du duchés de Savoie (Savoie propre par la Combe de Savoie, Genevois par le col de Tamié, Beaufortain et Faucigny). A la confluence des routes, donc !
Souvenirs d’enfance de la cité médiévale de Conflans
C’est dans les années 80 que j’ai découvert Conflans pour la première fois.
Lorsque mes parents nous emmenaient tous les étés à Pralognan-la-Vanoise.
A l’époque, la voie express de la RN90 n’existait pas et notre excursion à Albertville nous a pris toute la journée.
C’était avant les JO d’hiver organisés à Albertville en 1992 et il régnait une atmosphère bien différente de celle d’aujourd’hui…
Le site perché de Conflans était mentionné dans le guide vert Michelin comme un site à voir, à l’entrée de la Tarentaise. Et il m’avait déjà séduit à l’époque, alors que j’étais encore un enfant.
C’est bien plus tard que j’ai eu l’occasion d’arpenter ses vieilles ruelles. Lorsque nous habitions en Moyenne Tarentaise.
Conflans est devenu le but d’une excursion lors de courses à faire à Albertville. On y a emmené des proches et des amis à de nombreuses reprises…
Petit à petit, ce site qui m’enchantait petit garçon est devenu un lieu familier !
Et je suis heureux de vous présenter Conflans sur ce blog.
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Que voir dans la cité médiévale de Conflans ?
Depuis le centre d’Albertville, on atteint Conflans en franchissant l’Arve par le pont des Adoubes (allusion aux tanneurs), qui fut le seul à franchir l’Arly jusqu’au milieu du 20e siècle.
Puis il faut monter la rue d’Adolphe Hugues. Un parking se situe juste sous la porte de Savoie, à l’entrée de la cité médiévale.
Perchée sur sa butte, la cité millénaire constitua un relais stratégique entre l’Italie (par la Tarentaise) et les terres du duchés de Savoie (Savoie propre par la Combe de Savoie, Genevois par le col de Tamié, Beaufortain et Faucigny).
On entre dans Conflans par la porte de Savoie et on en sort par la porte Tarine ! Entre ses deux accès, la Grande Rue et la Grande Place sont les axes majeurs de la cité médiévale.
La Porte de Savoie
Avant d’entrer dans la cité, admirez la vue pittoresque de la Porte de Savoie et, en arrière-plan, la Tour Ramus. Cette maison à tourelles du 15e siècle fut le logis seigneurial de la famille Ramus.
La Porte de Savoie portait également le nom de Porte de France. Datant du 15e siècle, elle s’ouvrait sur la combe de Savoie et l’ancien comté de Savoie.
La Grande Rue
La Grande Rue, qui traverse la cité en reliant la Porte de Savoie à la Grande Place, porte de nos jours le nom de rue Gabriel-Pérouse.
La rue tourne sur la droite à la jolie fontaine Anselme (1711). Il s’agit d’une fontaine à large vasque datant d’une brève occupation française (1702-1713). L’eau jaillit par la bouche de deux mascarons.
Comme à Yvoire, Pérouges ou Saint-Paul de Vence, les artisans d’art ont réinvesti les lieux avec des jolies enseignes en fer forgé.
A leur manière, ils recréent l’illusion du marché qui animait la cité médiévale. En 1381, le comte Amédée VI concéda par lettres patentes le marché du mardi. Il accueillait jusqu’à 1500 chalands, et près de 7500 lors des grandes foires.
La Grande Place
Il ne suffit de pas grand-chose pour se croire dans les rues de Lucques ou de Sienne en Italie !
La belle fontaine quadrilobée qui occupe le centre de la place date de 1753.
La maison Rouge
Un bâtiment important borde la place : la maison Rouge de Conflans (ou petit Palais). Avec ses baies géminées, le bâtiment est un joyau dans le style du Trecento italien.
Construite en 1397, la maison Rouge a tout d’un palais gothique italien avec ses briques rouges (matériau de construction rare en Savoie mais courant en Italie). On le dit inspiré du palais de Sienne…
Il abrite aujourd’hui abrite le musée ethnographique et d’histoire sur la vie des Savoyards d’autrefois ainsi que le Centre d’études et de Recherches sur la Neige et les Avalanches. Des collections du patrimoine régional y sont exposées : reconstitutions d’intérieurs savoyards, statuaire religieuse, meubles régionaux, outils et ustensiles anciens, armes, et même de vieux skis !
De la place, on peut rejoindre la terrasse de la Grande Roche par la rue du Sénat de Savoie (toilettes publiques !) ou la rue Frédéric Bonvin.
La terrasse de la Grande Roche
Derrière la Grande Place s’étend un jardin public : la terrasse de la Grande Roche. Plantée de tilleuls séculaires, l’espace vert est le site de l’ancien château-fort de Conflans, démantelé au 18e siècle. Enfin, pas tout à fait car il en reste un vestige : la tour Sarrasine. Sur ce donjon carré du 12e siècle flotte le drapeau de Savoie.
Un joli jardin compose le belvédère.
La terrasse est un belvédère superbe avec ses canons pointés sur la Combe de Savoie, d’où pouvait surgir l’ennemi français !
On distingue tout au fond de la grande vallée le mont Granier et les montagnes de la Chartreuse.
En contrebas du bourg médiéval et du château Manuel de Locatel (fin du 16e siècle), on domine la ville d’Albertville. L’ancien faubourg de l’Hôpital est devenu depuis le milieu du 19e siècle Albertville, après l’endiguement de l’Arly. Comme toile de fond, la dent de Cons et le mont Charvin.
Retournez sur la place de Conflans et tout au bout se dresse la porte Tarine.
La Porte Tarine
La porte voûtée marque la fin de la cité médiévale. La Porte Tarine s’ouvre sur la vallée de la Tarentaise (route de Turin).
Cette route stratégique était également la route du sel des Salines Royales de Moûtiers et une ancienne voie romaine, l’Alpis Graia qui reliait l’Italie à Lyon et Vienne par le col du Petit-Saint-Bernard.
La rue de l’abbé Marius Hudry monte sur les hauteurs de la cité et passe pas le château rouge.
Le château rouge
Sans surprise, le château rouge doit son nom à ses briques… rouges ! Cet édifice de la fin du 14e siècle était en piteux état lors de mes dernières visites et il faut espérer qu’il sera bientôt restauré.
De nombreuses familles en eurent la possession : les Belletruche, Garrivod, Granier, Apponex, Roger, Rey et Favier du Noyer.
Au bout de la rue, il faut redescendre vers l’église (à gauche). Belle vue sur les toits de Conflans, et le drapeau de Savoie qui flotte sur la tour Sarrasine.
Du chemin, on a un bel aperçu du clocher en bulbe de l’église.
Et l’on redescend vers l’église !
On arrive au niveau du parvis de l’église paroissiale de Conflans.
Dans la descente, remarquez ce joli cadran solaire peint :
L’église Saint Grat
Le sanctuaire actuel est une reconstruction du 18e siècle (1700-1720) après que l’incendie ait détruit l’ancienne église. Ceci explique que, paradoxalement, l’église est le bâtiment le plus récent de tous les édifices anciens de Conflans.
Les peintures de la façade de l’église ont été restaurées en 1981, dans le respect du style baroque originel.
Elles représentent :
- la Vierge dans son cortège d’angelots
- l’évêque saint Grat
- saint Sébastien criblé de flèches (il est devenu le patron des archers !)
La tour de l’église est surmontée d’un beau double clocher à bulbe, restauré il y a peu.
A l’intérieur, le décor et le riche mobilier sont de styles baroque et néo-classique.
Remarquez la chaire à prêcher en noyer, sculptée par le ciseau de l’illustre Jacques Clérant, à qui l’on doit également la chaire de l’église de Beaufort et le retable de celle de Champagny.
Le fabuleux retable de Saint-Grat, doré à l’or fin, se situe au-dessus du maître-autel. Datant de 1712, il est l’œuvre de Claude Antoine Marin, de Flumet. Observez les personnages sculptés : des anges et des saints.
La partie supérieure du retable :
Levez la tête pour admirer les voûtes peintes de l’église. Ici dans le chœur :
Et là dans la nef :
Les venelles de Conflans
Avant de retourner au parking, n’hésitez pas à vous engagez dans les venelles (petites ruelles) pour découvrir l’ancienne âme de Conflans. Je pense notamment au chemin de la Poterne de Beaufort ou le chemin de la Petite Roche.
Et pourquoi pas étendre votre temps à Conflans en prenant une table à l’un des restaurants de la Grande Place !
Un mot sur Albertville
Albertville est une ville relativement jeune. Plus jeune que la plupart des villes du Nouveau Monde (New York, Sydney…). Pourquoi ? Il faut remonter au 19e siècle…
C’est qui Albert ?
Vous l’aurez deviné, Albertville, c’est la ville d’Albert !
Mais alors, qui était ce fameux Albert ?
Il s’agit du duc Charles-Albert de Savoie (Turin, 2 octobre 1798 – Porto, 28 juillet 1849) dont le CV est impressionnant :
- roi de Sardaigne,
- roi titulaire de Chypre et de Jérusalem,
- duc de Savoie et duc de Gênes de 1831 à sa mort,
- prince de Piémont,
- septième prince de Carignan à partir de 1800
- comte de Barge à partir de 1800.
En italien, il est connu sous le nom de Carlo Alberto di Savoia-Carignano.
Charles-Albert est le père de Victor-Emmanuel II, le premier roi d’Italie (lorsque l’unification de l’Italie fut réalisée).
Souvenons-nous qu’à l’époque de Charles-Albert, la Savoie n’était pas française… elle le deviendra à 1860. Ainsi, le 19 décembre 1835, Charles-Albert de Savoie décida de réunir la cité médiévale de Conflans et le bourg de L’Hôpital-sous-Conflans dans la vallée, pour former une commune nouvelle. On lui donna le nom d’Albertville, en honneur au duc !
La sous-préfecture du département de la Savoie [73] est passée à la postérité lorsqu’elle fut choisie pour accueillir les 26e Jeux Olympiques d’Hiver en 1992. Cet événement a fait rayonner la Tarentaise à l’international.
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Une épingle sur la cité médiévale de Conflans sur Pinterest
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