Combien de fois ai-je contourné Epinal par la RN57 entre Mulhouse et Nancy, sans m’y arrêter ? Un jour de printemps, j’ai remédié à ce manquement et je suis sorti de la voie express pour atteindre le centre-ville. Et là, surprise générale, j’ai découvert une charmante vieille-ville avec son lot d’églises, de fortifications, de belles demeures Renaissance et de folie… chinoise ! Célèbre pour ses images du 19e siècle, Epinal a en effet de quoi surprendre. Suivez-moi le temps d’une balade-découverte.
Se garer à Epinal
Avant d’arriver à Epinal, j’avais auparavant mené quelques recherches. Le GPS avait été programmé pour me conduire au parking “Crousse”. Il s’agit d’un parking gratuit, de 70 places, idéalement situé à l’est de la vieille-ville.
Pour en savoir plus sur les parkings au centre-ville d’Epinal.
Bien sûr, vous pouvez venir en train, dans ce cas, la gare SNCF se trouve à l’ouest de la vieille-ville.
Balade dans la vieille-ville d’Epinal
Depuis le parking, j’ai traversé le petit rond-point et emprunté la rue d’Ambrail sur la gauche.
En face, je remarque cette jolie porte cochère :
Une plaque fixée sur la façade indique qu’il s’agit de l’hôtel Coliner de la Salle, construit pour la subdélégation d’Epinal (1740-1769). Napoléon y séjourna le 28 juillet 1798.
L’hôtel particulier fut édifié à l’emplacement de la porte d’Ambrail, détruite en 1728.
Les vestiges de l’enceinte médiévale
Au bout de quelques dizaines de mètres, j’ai aperçu une petite ruelle curieuse : l’impasse de la Mayolle.
Des plaques de rues indiquent une curiosité… tentons voir !
L’impasse mène aux vestiges des fortifications médiévales de la ville vosgienne, remarquablement mis à valeur.
Le Musée du Chapitre
Abrité dans une tour des fortifications médiévales, le petit musée du Chapitre relate l’histoire de la ville sur trois niveaux. A voir : la grande maquette qui reconstitue Epinal en 1626 avec ses fortifications et son puissant château.
Le quartier et la rue du Chapitre
La rue Claude Gelée mène au petit quartier du Chapitre, situé à proximité de la basilique Saint-Maurice.
Ce quartier était celui de la communauté des Dames d’Epinal, un Chapitre d’une vingtaine de chanoinesses issues de la noblesse lorraine. Placées sous l’autorité de la Mère Abbesse, elles ne prononçaient pas de vœux. Elles devaient néanmoins suivre certaines règles, dont celle d’assister aux messes quotidiennes.
Le Chapitre fut dissout à la Révolution française.
La rue du Chapitre est très pittoresque avec les façades colorées des maisons de chanoinesses des 17e et 18e siècles.
Chacune des maisons est identifiée par une plaque au nom de la dernière chanoinesse ainsi que le blason de sa famille.
La basilique Saint-Maurice
La silhouette atypique de la basilique Saint-Maurice d’Epinal laisse penser à juste titre qu’il s’agit d’une église fort ancienne. On peut le constater en en faisant le tour.
En effet, l’église remonte au 11e siècle pour ses parties les plus anciennes, de style roman.
Au 13e siècle, on reconstruisit le chœur en style gothique et on créa un nouveau portail au nord de l’édifice pour les Spinaliens : le portail des Bourgeois.
La vue de l’église depuis la colline du château permet de constater l’inachèvement du sanctuaire, notamment au niveau du transept.
Ainsi, les différentes étapes de construction font de la basilique un édifice de transition entre roman et gothique, mêlant trois styles :
- rhénan (la tour-beffroi)
- bourguignon (la nef, début 13e siècle)
- champenois (le portail et le chœur gothiques, fin 13e siècle)
Du 13e au 18e siècles, l’église était celle des Dames d’Epinal. Celles-ci entraient dans l’église par une porte du cloître aujourd’hui disparue : la porte des Dames.
Même si elle en a l’allure, Saint-Maurice n’est pas d’une cathédrale puisque Epinal fait partie du diocèse de Saint-Dié. Le pape Pie XI la consacra basilique mineure le 20 février 1933.
La tour-beffroi
D’abord par la place Saint-Goëry avec la tour-porche (ou tour-beffroi). Pour plus de recul, longez la rue François Blaudez sur quelques mètres.
La façade qui s’élève à l’est de la place présente une tour carrée haute d’une trentaine de mètres.
Sur la partie la plus massive (17 m de hauteur), on a construit au 11e siècle un beffroi en retrait de 1,50 mètre pour abriter les cloches. Celui-ci est couvert d’un toit en bâtière de grès des Vosges ajouté en 1933. Le petit clocheton est très récent : c’est un ajout de 1991.
En 1843, on perça la tour d’un portail néo-roman. Le tympan représente un Christ juge. Celui-ci aurait permis de lutter contre les problèmes d’humidité récurrents dans la nef.
Le chevet
Puis, la rue Thierry de Hamelant mène à la place de l’Âtre qui était en réfection lors de ma visite.
La place offre un joli point de vue sur l’élégant chevet gothique de l’église et ses chapelles rayonnantes.
Les tourelles rondes
De chaque côté du transept s’élève une tourelle qui date du 12e siècle. Elles abritent chacune un escalier qui permet d’accéder aux tribunes depuis le transept :
- Celle du côté nord est la tour des Ladres.
- Celle du côte sud est la tour du Saint-Esprit.
Enfin, la rue Jean-François Pellet me conduit à l’entrée Nord de l’église : le portail des Bourgeois.
Le portail des Bourgeois
Le portail des bourgeois date du 14e siècle. Il permettait aux Spinaliens d’accéder dans l’église des Chanoinesses, celles-ci ayant leur entrée réservée par une autre porte, la Porte des Dames.
Cette situation perdura jusqu’au 19e siècle, lorsque fut percée une entrée supplémentaire dans la tour-beffroi.
Les Révolutionnaires ont gravement endommagé le portail pendant la Révolution (destruction du décor sculpté). Il reste malgré tout un chef d’œuvre d’art gothique dans la région des Vosges, avec sa croisée d’ogive et son archivolte à deux voussures.
Il se présente sous la forme d’un porche profond avec un tympan central et deux tympans latéraux.
Le trumeau entre les deux portes a conservé sa statue de la Vierge à l’Enfant, haute de 2,25 m, qui daterait du 13e siècle.
L’intérieur de la basilique
Contrairement à l’intérieur lumineux de l’église abbatiale de Remiremont, au sud d’Epinal, la basilique Saint-Maurice est assez sombre.
La nef de la basilique (vue vers le chœur) :
La nef vue du chœur (on remarque au fond l’entrée percée dans la tour-beffroi (place Saint-Goëry) :
La mise au tombeau
Dans le croisillon droit se trouve une superbe Mise au tombeau de style rhénan.
Ce groupe de pierre sculpté, datant de la fin du 15e siècle, a gardé quelques traces de polychromie. Il met en scène plusieurs personnages des Evangiles :
- Le Christ est porté par Nicodème et Joseph d’Arimatie.
- Au centre, la Vierge soutenue par l’apôtre Jean.
- A sa gauche, Marie-Madeleine avec ses longs cheveux, tenant dans ses mains un vase de parfum.
- Deux autres femmes assistent également à cette scène.
- Au fond, un ange porte la croix, symbole de la mort du Christ.
La Vierge à l’Enfant (15e siècle)
A l’entrée de la chapelle du Saint-Sacrement, dans le bas-côté gauche, admirez la statue de la Vierge à l’Enfant datant du 15e siècle.
La Vierge à la Rose d’Epinal
A l’autel de la Vierge, voyez la gracieuse statue de “la Vierge à la rose” du 14e siècle.
L’autel des reliques
L’autel des reliques comprend trois châsses :
- la grande châsse renferme le corps de Saint-Goëry, ancien évêque de Metz, mort à 7e siècle. Ces reliques, apportées par Thierry de Hameland, vers 980, lors de la création du monastère, étaient jugées miraculeuses pour le mal des ardents et attirèrent de nombreux pèlerins.
- La châsse de droite contient des reliques de Saint-Maurice et de ses compagnons. Ceux-ci furent martyrisés au 3e siècle, où se trouve aujourd’hui l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune en Suisse.
- La châsse de gauche abrite des ossements de Saint Auger, évêque de Toul au 7e siècle.
Le tableau au-dessus de l’autel des reliques est du 18e siècle et représente Saint-Goëry entouré de Sainte Précie et Sainte Victorine peintes sous les traits de l’abbesse du Chapitre, Madame Anne-Elisabeth de Ludres (qui fit peindre le tableau) et de la doyenne, Madame Le Bascle d’Argenteuil.
Les vitraux
Avant de sortir, j’ai observé certains des vitraux de l’église. La plupart sont des réalisations de l’atelier Maréchal de Metz et datent des années 1840.
La rue de la Basilique et la ruelle des morts
Une fois sorti de l’église, j’ai rejoint la place des Vosges par la rue de la Basilique.
Mais avant de m’y engager, je remarque un petit passage qui fait communiquer la porte des Bourgeois à la place Saint-Goëry.
Il portait auparavant le nom macabre de ruelle des morts.
La rue de la Basilique et ses demeures Renaissance me conduisent vers la place des Vosges :
La place des Vosges
La place des Vosges est la place la plus ancienne de la ville. Au moyen-âge, il s’agissait en fait de la place du marché, c’est-à-dire le centre économique de la cité.
Elle est très pittoresque avec ses maisons à arcades.
La place des Vosges de Paris à Epinal
Au-dessus d’une arcade de la place est fixée une plaque commémorative offerte par la Ville de Paris à la Ville d’Epinal. Il s’agit dune reproduction de la plaque apposée place des Vosges à Paris, en hommage au civisme des habitants du département.
Celle-ci contient la déclaration suivante :
Pour avoir été le premier des départements français pour le paiement des contributions et l’envoi de volontaires à l’appel de la Patrie en danger, l’Assemblée législative le 11 août 1792 et la Convention le 27 mars 1793 proclamèrent que le département des Vosges avait bien mérité de la Patrie.
Le 1er Consul Bonaparte décida de le donner en exemple à la Nation le 21 septembre 1800.
Toute la France saluait les Vosges au son du canon et cette place devenait la place des Vosges.
La maison du Bailli
L’édifice le plus remarquable de la place est la maison du Bailli.
André Geninet, riche papetier du grand moulin d’Epinal, l’édifia entre 1603 et 1605. De style Renaissance, elle est ornée d’une très belle loggia.
Remarquez entre les fenêtres à meneaux du premier étage le cartouche rectangulaire. Un angelot sculpté en bas-relief tient un blason avec les initiales du propriétaire : AG.
On raconte que depuis l’étage de la maison, le bailli d’Epinal assistait autrefois aux pendaisons organisées sur la place publique.
La pharmacie Art Nouveau
Le bâtiment Art Nouveau qui abrite la pharmacie date de 1904.
Zoom sur les niveaux supérieurs du bâtiment, richement orné :
Les quais de la Moselle
Si vous souhaitez voir la Moselle, faites un petit crochet par la rue du 170e Régiment d’Infanterie. Le pont (du même nom) offre un joli point de vue sur les quais et les jets d’eaux de la Moselle.
La rive gauche est celle de la ville-neuve d’Epinal, où se trouvent commerces et entreprises de services.
Retour vers la vieille-ville. Les rues du Général Leclerc et Lormont me conduisent au pied de la colline du château. Admirez la pittoresque rue de la Maix et ses restaurants…
La colline du château
Lors de mes recherches, j’avais repéré un petit passage qui permettait de monter à la colline du château. Vous le trouverez rue de l’Abbé Friesenhauser, à droite d’un ancien lavoir : le chemin des Mulets.
Jusqu’au 17e siècle, les mulets empruntaient ce chemin en pente en transportant sur leur dos l’eau du lavoir dans des tonneaux.
Le chemin des Mulets monte le coteau en serpentant. Au printemps, la retour de la végétation était un régal pour les yeux.
Le parc du château
Le parc du château occupe la colline gréseuse qui s’avance en éperon jusqu’au milieu de la vieille-ville. Il couvre une superficie de 26 ha, autour des ruines du château féodal.
Il a été aménagé en parc à l’anglaise de 1804 à 1827 dans lequel sont disséminés plusieurs fabriques du 19e siècle : une ferme, un pavillon d’accueil et une “Tour chinoise” (voir ci-dessous).
Le parc comprend un jardin médiéval, des vignes (qui évoquent le passé viticole d’Epinal !), des vergers en terrasse, des terrains de jeux pour enfants et un parc animalier.
De nombreux points de vue offrent un panorama sur la ville.
La basilique Saint-Maurice qui émerge des toits ocres de la vieille-ville d’Epinal, et la Moselle.
Le parc du Château est ouvert tous les jours et accessible gratuitement toute l’année.
Le château d’Epinal
Dominant la ville et la Moselle du haut de ses 387 m, le château d’Epinal date du 13e siècle. C’est l’évêque de Metz, Jacques de Lorraine (fils du duc de Lorraine, Ferry II) qui fortifia le site, ce qui lui permettait de surveiller la vallée de la Moselle.
Puis, le château passa aux mains des ducs de Lorraine. Ceux-ci menèrent des travaux d’agrandissement et l’adaptèrent à l’artillerie au début du 16e siècle. Mais, en 1670, les troupes de Louis XIV le démantelèrent et ses ruines furent longtemps couvertes de végétation… jusqu’à ce que les Spinaliens se le réapproprièrent à partir des années 1980. Dans les années 1990, de grands travaux de restauration furent entrepris pour réhabiliter le château et son parc.
L’ensemble fortifié médiéval se compose d’une enceinte polygonale, d’une grande citerne et d’un puissant donjon.
Je souhaite quitter le parc du château et redescendre en vieille-ville par l’accès “Entrée Tour chinoise”.
La Tour chinoise d’Epinal
Une fois arrivé en bas et à l’extérieur de la tour d’escalier de 80 marches, je me retourne pour découvrir… une tour en forme de pagode chinoise !
C’est un certain Christophe Doublat, receveur général des Finances du département des Vosges, qui la commanda à Henri Joseph Hogard (1776-1837). L’arpenteur forestier, géomètre et dessinateur vosgien l’édifia entre 1805 et 1808 pour relier l’immeuble d’habitation et de bureaux du propriétaire au parc du château.
Je me retrouve sur le rond-point de la rue d’Ambrail, juste en face du parking. Cette flânerie d’une demi-journée à Epinal m’a littéralement conquis. Et j’ai hâte d’y revenir à un autre moment de l’année, à l’été ou à l’automne !
A découvrir dans les alentours
Quelques idées de découvertes et d’excursions à Epinal et dans les alentours…
La Cité de l’Image
Les ateliers de l’Imagerie d’Epinal s’ouvrent à vous. Découvrez les techniques de fabrication des fameuses images, avec démonstrations de machines (dont une machine à colorier de 1898).
En face se trouve le musée de l’Image qui présente l’histoire, les procédés de fabrication et les fonctions des images. Vous y observerez plus de 23 000 images et bois gravés provenant d’Epinal et d’autres villes en France et dans le monde.
Remiremont
A moins de 30 km au sud d’Epinal se trouve la ville historique de Remiremont. On la surnomme la “Belle des Vosges” pour ses arcades fleuries, son église abbatiale au joli clocher à bulbe.
A découvrir sur le blog…
Mirecourt
A 30 km au nord-ouest, la petite ville de Mirecourt est le capitale française de la lutherie. Son petit centre historique abrite une église médiévale au clocher pointu et des halles de 1617.
Châtel-sur-Moselle
A moins de 20 km au nord, Châtel-sur-Moselle a de quoi surprendre. Son château (aujourd’hui en ruines) était une des plus grandes forteresses médiévales d’Europe. Le site s’étendait sur cinq hectares, et le complexe défensif totalisait 22 tours et 1,4 km de remparts.Fraispertuis City
A 30 km au nord-est, voici un des meilleur parcs familiaux français et première destination touristique payante du département des Vosges.Avec pour thème principal l’Ouest américain, Fraispertuis-City compte plus de 30 attractions, quatre restaurants et des boutiques.
En savoir plus sur le site officiel du parc…
Où séjourner à Epinal ?
Epinal est située au centre du département des Vosges, et constitue de ce fait une bonne base pour découvrir le massif du Vosges à l’est et la Vôge à l’ouest, avec les villes thermales de Vittel et Contrexéville. Vous trouverez plusieurs idées d’hébergement en cliquant ici. Ou bien, laissez-vous guider en navigant sur la carte ci-dessous :
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Pour en savoir plus
Sites de référence
- Parcours-Découverte au fil de la Moselle
- L’Office de Tourisme d’Epinal
- Le site de la Ville d’Epinal
- Description de la basilique Saint-Maurice sur le site Patrimoine-Histoire.
- Le site officiel de l’imagerie d’Epinal
Une épingle pour Pinterest
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