On donne le surnom de “Belle des Vosges” à Remiremont, ce qui lui va très bien ! Sur la route qui me menait de Mulhouse à Nancy, je me suis arrêté à Thann pour visiter la Collégiale Saint-Thiébaut. Puis, nous avons passé le col de Bussang pour rejoindre la Haute-Vallée de la Moselle. Avant de poursuivre notre route vers Nancy, je me suis arrêté à Remiremont. Juste parce que je voulais une nouvelle fois revoir ses maisons à arcades fleuries et son église au magnifique clocher à bulbe. Faisons-y halte ensemble !
Remiremont : c’est l’histoire d’une célèbre abbaye
Si nous vivions au moyen-âge, nul doute qu’à la seule mention de Remiremont, tout le monde associerait la ville à son couvent de nobles femmes. En effet, au moyen-âge, la cité vosgienne et son abbaye était une principauté ecclésiastique du Saint-Empire romain germanique.
Les nobles Dames de Remiremont
Au 7e siècle, un noble d’Austrasie nommé Romaric, choisit le confluent de la Moselle et de la Moselotte pour y fonder deux monastères. Un pour les hommes (au Saint-Mont) et un pour les femmes (à Remiremont).
Mais, bientôt, une abbaye pour femmes remplacent les moines solitaires.
Vers la fin du 13e siècle, on abandonne la règle bénédictine. Ainsi, pour espérer être admises au chapitre des Dames, les damoiselles doivent faire preuve de 16 quartiers de noblesse.
Et le moins que l’on puisse dire, le recrutement est plutôt très… mondain. En effet, les Dames de Remiremont mènent une existence qui n’a rien de rigide et monacal. Leur mère-abbesse est la seule à prononcer des vœux. D’ailleurs, cette noble personne porte le titre de princesse du Saint-Empire. Elle ne relève que du Pape (pour le pouvoir spirituel) et de l’Empereur (pouvoir temporel).
Des chanoinesses libres et femmes du monde !
Quant aux chanoinesses, elle sont libres.
Et même fort libres, si l’on en croît d’anciennes chroniques !
Ainsi, on raconte qu’au concile de Remiremont, elles sont occupées à discuter, non des dogmes de l’église, mais de l’amour et de ses charmes…
Leurs seules obligations est d’assister à la messe et d’élire… la mère-abbesse.
L’abbaye s’apparente en réalité à un séminaire de filles nobles à marier.
La mère-abbesse, Catherine de Lorraine (1573-1648), fille du duc Charles III, tente effectivement de mener à bien quelques réformes.
Mais les chanoinesses de Remiremont ne veulent rien entendre. Pourquoi changer une règle si aimable ?
La pauvre Catherine devra se résigner et fonder une autre abbaye pour porter ses saintes exhortations.
La fin de l’abbaye
Toutes les bonnes choses ont une fin… et l’abbaye fait les frais de la Révolution française, dispersant les nobles Dames de Remiremont vers d’autres horizons. Le couvent perd son existence légale et le 7 décembre 1790, on appose les scellés sur l’église abbatiale.
Petite visite de Remiremont
La commune de Remiremont compte moins de 9000 habitants (les Romarimontains et Romarimontaines). Le centre historique n’est pas bien grand et une à deux heures suffiront pour la visite, voire plus si vous visitez les deux petits musées.
Les arcades fleuries
La petite cité vosgienne est réputée pour ses belles arcades fleuries. Témoin de l’urbanisme des 16e, 17e et 18e siècles, elles bordent des deux côtés l’ancienne Grande-Rue, rebaptisée rue Charles-de-Gaulle.
Prenez le temps d’observer les arcades. Leurs arcs adoptent des formes différentes, rompant avec la monotonie et donnant à la rue un caractère très pittoresque :
- des arcs étroits en plein cintre
- des arcs d’une largeur moyenne et surbaissée
- ou des arcs larges en anse de panier, etc.
A la belle saison, les piliers des arcades sont fleuris de géraniums et autres fleurs. Il est alors plaisant de faire les boutiques le long de ces passages voûtés, à l’abri du soleil ou de la pluie !
La statue du Volontaire de 1792
Au carrefour de la rue Charles-de-Gaulle et de la rue de la Xavée se trouve la statue en bronze du Volontaire de 1792. Il s’agit d’une œuvre du sculpteur Paul-François Choppin (1556-1937), inaugurée en 1899 pour le 110ème anniversaire de la Révolution Française.
La statue rappelle un fait historique. En effet, l’arrondissement de Remiremont s’était distingué en 1792 par l’envoi d’un nombre très élevé de soldats pour la défense de la jeune et fragile République française.
La place de Lattre de Tassigny et la fontaine des Dauphins
La jolie place est bordée de cafés et restaurants. Au centre se trouve la fontaine des Dauphins, aussi connue sous le nom de “fontaine Marie-Thérèse” ou “fontaine de la Dauphine”.
La fontaine monumentale fut inaugurée le 10 septembre 1828 par Marie-Thérèse, duchesse d’Angoulême et fille aînée de Louis XVI et de Marie-Antoinette d’Autriche. La duchesse venait régulièrement prendre les eaux non loin de là, à Plombières-les-Bains.
Cette grande fontaine comporte un grand bassin circulaire en grès. Trois dauphins crachant de l’eau supportent une succession de trois vasques.
Les fontaines de Remiremont
La fontaine des Dauphins fait partie des 19 fontaines publiques que compte la Cité des Chanoinesses.
Le ministère de la Culture en a classé 10 : deux du 18e siècle et huit du 19e siècle.
Le quartier canonial des Nobles Dames de Remiremont
Le quartier canonial est le nom donné à un quartier de Remiremont composé de :
- l’église capitulaire (église abbatiale Saint-Pierre) qui était réservée à l’usage des chanoinesses,
- le Palais Abbatial, résidence de la mère-abbesse.
- et les maisons des Chanoinesses.
L’église abbatiale Saint-Pierre
L’édifice actuel de l’ancienne église abbatiale remonte au 13e siècle. Il repose sur deux églises antérieures :
- l’église carolingienne (7e-9e siècles)
- l’église romane (11e siècle)
Construite en grès des Vosges, elle est en majeure partie de style gothique.
La façade et le célèbre clocher à bulbe datent du 18e siècle.
Le portail est très sobre, voire dépouillé :
Le clocher s’apprécie mieux vu de loin :
Le bulbe du clocher n’est pas sans rappeler ceux de Savoie :
L’intérieur – partie supérieure
A l’intérieur, la nef gothique – plutôt sobre – contraste avec le chœur et son retable monumental, riche en marbre du 17e siècle.
Les clés de voutes représentent de magnifiques soleils peints, datés de 1495.
La chaire à prêcher est richement ornée.
A droite du chœur, la statue de Notre-Dame-du-Trésor est le “trésor” de Remiremont. Mélange d’art byzantin et roman, elle date du 11e siècle.
Quelques uns des vitraux :La résurrection de Jésus-Christ :
Et le vitrail juste au-dessus, Dieu le Père et la colombe du Saint-Esprit. On confondrait presque Dieu avec le Père Noël !
L’intérieur – la crypte
Le chœur est surélevé, ce qui trahit la présence d’une crypte. Celle-ci date du 11e siècle. Elle présente des voûtes d’arêtes soutenues par des colonnes monolithes.
La crypte se compose de trois chapelles :- la première contient des sarcophages,
- la galerie centrale présente des voûtes d’arêtes soutenues par des colonnes monolithes,
- la troisième est partiellement couverte de peintures murales des 14e et 15e siècles.
L’ancien palais abbatial
Accolé à l’église Saint-Pierre, l’ancien palais abbatial possède une belle façade de style néo-classique. C’est ici que résidait l’abbesse et les dignitaires de sa maison.
Au milieu du 18e siècle, l’Abbesse Anne-Charlotte de Lorraine commandita le palais et choisit pour maître d’œuvre, l’architecte nancéien Jean-Nicolas Jennesson (1686-1755), connu pour avoir édifié l’église Saint-Sébastien de Nancy. Les travaux durèrent 4 ans, de 1752 à 1756.
Le style néo-classique du bâtiment n’est pas sans rappeler d’autres réalisations néo-classiques dans le duché de Lorraine. Ainsi, le palais abbatial de Remiremont est contemporain de la place Stanislas à Nancy.
Le Palais abbatial comprend trois façades distinctes :
- la façade en forme d’éventail donnant sur le jardin privatif de l’Abbesse (le Jardin des Olives),
- la façade qui sert d’entrée depuis la place de l’Abbaye (remaniée après la Révolution Française)
- et, la plus belle (à mon avis !), la façade qui s’ouvre sur la Place Henri Utard,avec sa belle cour pavée
Le jardin et la fontaine aménagés devant le palais abbatial sont un endroit très photogénique !
L’Office de Tourisme organise des visites guidées pour découvrir l’intérieur de l’ancien palais abbatial devenu mairie : le cabinet de jour de l’Abbesse, le salon des mariages et le grand salon.
Non loin de là se trouve le parc Zeller et sa roseraie. Un bel endroit pour faire une petite pause dans la verdure.
Les maisons de chanoinesses
Dans le quartier canonial subsistent quatorze maisons de chanoinesses des 17e et 18e siècles.
Ces belles maisons particulières sont facilement reconnaissables à leur façade classique et harmonieuse.
Remarquez au-dessus de la porte d’entrée le petit fronton. On y accrochait les armoiries des différentes familles nobles. Ces maisons sont aujourd’hui des maisons privées, à l’exception de celle qui abrite le Musée Charles Friry.
La maison-musée Charles Friry
Le musée occupe un ancienne demeure de chanoinesse, proche de l’église.
Il contient une riche collection héritée des Dames de Remiremont ou qui se rapporte à l’histoire locale : documents, statues, objets d’art, peintures des 17e et 18e siècles, gravures et pièces de mobilier.
Le musée est réputé pour sa peinture du célèbre peintre lorrain, Georges de La Tour : Le Veilleur à la sacoche. Ne pas manquer le beau jardin du musée qui reconstitue en partie le « Grand Jardin » de l’abbaye, avec ses deux fontaines ornementales et d’anciens vestiges.Le musée municipal Charles-de-Bruyères
Ce petit musée expose l’histoire de Remiremont et l’artisanat vosgien : mobilier, verreries, faïences, dentelles, cires habillées.
On y trouve aussi des manuscrits précieux, des tentures peintes, des sculptures gothiques provenant de l’ancienne abbaye, des faïences du 18e siècle, des peintures hollandaises du 17e siècle et des peintures françaises du 19e siècle.La promenade du Calvaire
Si vous avez encore un peu de temps (et d’énergie), montez au calvaire (accès par l’avenue du Calvaire puis la rampe du Calvaire).
Vous serez récompensé par une belle vue sur l’église abbatiale et son clocher à bulbe, la cité vosgienne et la vallée de la Moselle.
A découvrir aux alentours
Remiremont est une des portes du Parc naturel régional des Ballons des Vosges. Elle se situe au carrefour des hautes-vallées vosgiennes qui attirent de nombreux touristes en été comme en hiver.
Au sud-ouest, Plombières-les-Bains, station thermale et agréable lieu de séjour. A proximité, la station de montagne du Val d’Ajol et les cascades du Géhard et de Faymont.
Au nord, la Tête des Cuveaux (783 m) avec table d’orientation, et Epinal, chef-lieu du département des Vosges.
A l’est, Gérardmer et son lac.
Au sud-est, le Saint-Mont et sa vue panoramique sur Remiremont, la Haute-Vallée de la Moselle avec la source de la rivière à Bussang et le sommet du Ballon d’Alsace (1247 m).Où séjourner à Remiremont ?
Remiremont est la porte de la haute vallée de la Moselle, au carrefour des axes routiers menant à Nancy, Mulhouse et Besançon. Vous trouverez plusieurs idées d’hébergement en cliquant ici. Ou bien, laissez-vous guider en navigant sur la carte ci-dessous :
Pour en savoir plus sur la “Belle des Vosges”
Sites de référence
- Parcours-découverte au fil de la Moselle
- Le site de l’Office de Tourisme de Remiremont-Plombières-les-Bains
- Le site de la Ville de Remiremont
- L’article de Wikipedia sur Remiremont
Deux épingles pour Pinterest
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