Queen Elizabeth National Park, Ouganda / 0°12’S 30°0 E / 2001
Il y a juste 20 ans, vendredi 26 janvier 2001, sous l’Equateur. Carnet de voyage, extrait :
(…) Levés à 0530, early morning tea et départ en Game Watching. Alex au volant du Land Cruiser, un ranger armé à son côté. Ils communiquent en swahili, le ranger cherche avec acharnement le lion signalé depuis plusieurs jours autour de la lodge. Il pointe le doigt à droite : – Tembo, annonce-t-il à voix basse. On s’arrête, je sors de la voiture derrière Alex, nous sommes à une quarantaine de mètres d’un impressionnant troupeau d’éléphants sortant d’un épais massif boisé. Gris sombre, bien propres, superbes défenses. Les petits protégés par les femelles adultes, elles les encerclent, manifestent des signes de nervosité, barrissent. Nous regagnons à reculons en souplesse la voiture et sa carrosserie de mince tôle japonaise, just in case. Un superbe moment de nature primaire. (…)
Au point de vue écriture, il y a mieux, forcément. Joseph Kessel, dans La Piste fauve – III Hommes étranges et bêtes sauvages, au parc Amboseli, Kenya, 1953 :
(…) Soudain, l’un des rangers, le plus jeune, presque un adolescent, murmura : – Tembo. Et indiqua du doigt l’une des clairières les plus éloignées. – Il a vu un éléphant, dit Taberer. Puis il s’écria : – Oui, …deux…trois…six…Regardez ! (…) La joie de surprendre une vie monumentale, de rompre l’interdit majeur, et partager l’univers de puissance et d’innocence de bêtes fabuleuses. Les stries de leur peau remuaient sur la masse des muscles. L’ivoire brillait. Les oreilles se développaient comme des cerfs-volants. (…)
La Piste fauve regroupe des reportages pour France-Soir que Kessel effectue en 1953 en British East Africa. C’est la période des exactions Mau-Mau, qui sera déterminante pour l’indépendance du Kenya. Le sujet que Kessel propose à Pierre Lazareff pour le convaincre de l’envoyer en Afrique orientale. Evidemment, il porte son regard plus loin, et écrit de formidables récits.
De notre côté de la petite histoire, nous nous trouvons en 2001 en Ouganda alors que la campagne électorale bat son plein pour le second mandat de Museweni, successeur du sanguinaire Amin Dada. Traversant au pas des localités de province en liesse, je me verrai affublé de la casquette jaune, du parti de l’incontournable candidat à sa propre succession.
Il y a 10 jours, le 16 janvier 2021, Yoweri Museweni a été réélu pour un sixième mandat présidentiel consécutif, à 76 ans et 35 ans au pouvoir, au terme d’une campagne qui a fait quelques dizaines de morts. Son sobriquet, pour ses opposants, c’est « The Old Man With the Hat ». Après le béret du maquisard, Museweni a rapidement adopté un imposant chapeau à large bord, déclinaison chic du chapeau de brousse des King’s African Riffles, qui est de type, si je ne fais erreur, Slouch hat.