Un voyage domestique par temps de pandémie universelle.
Dans » Les Choses « , Georges Perec décrivait l’univers d’un jeune couple parisien dans les années 1960, son rapport au décor de leur appartement, au mobilier, aux objets, aux « choses ». Il en faisait une analyse évidemment éblouissante, avec l’once de sarcasme, sa marque indélébile.
« Les Choses », les objets, que nous acquérons au cours d’une vie, laissent une trace de nos parcours. Nous avons, tôt, cédé à l’acquisition de « choses » au cours de ce gros demi-siècle de voyages. Certains de notre entourage s’en gaussent, tant pis; on aime bien nos choses.
A l’heure où l’on nous fatigue avec l’arrivée imminente des « objets connectés », qui ne seront, dans la maison, que d’autres objets insipides, industriels, anonymes, encore des boîtiers de plastique aux angles arrondis ornés de voyants lumineux, et bien ces choses nous re-situent, nous restituent, des atmosphères de marchés, de boutiques d’artisans, de discussions autour d’usages, de significations et de savoir-faire. Des matières travaillées depuis des temps immémoriaux, des traces de coups de mains habiles, mais aussi des éraflures, voire des maladresses. Traces d’humanité, de sociétés, d’histoire. De l’utilitaire au décoratif, inéluctable destin de l’artisanat.
Il y a forcément, à la longue, un peu accumulation, c’est l’écueil du genre. F. en a tenu l’inventaire, avec ses rapides croquis, sa sténographie; catalogue non raisonnable, qui, en vue d’ensemble, tient de l’Art Brut, parfaitement adéquat.