En quittant la France direction la Roumanie, vous pouvez dire adieu à la Sécu et à votre mutuelle pour découvrir un système de santé complètement différent, bien qu’il soit en mauvais état. Nous partagerons ici quelques informations acquises sur le terrain et avons demandé aux spécialistes du site www.international-sante.com de nous expliquer le fonctionnement des assurances locales et expatriés.
La santé en RoumanieI) Le système de santé en Roumanie
Le système de santé est régulièrement pointé du doigt pour ses manquements, c’est un sujet sensible en Roumanie. Le nombre de médecins par habitant est un des plus faibles d’Europe, et la mortalité par cancer est très importante, faute de diagnostic à temps et de soins appropriés.
Ce système est basé sur le modèle de Bismarck et son financement repose principalement sur les cotisations sociales. Tous les salariés sont soumis à des cotisations sociales qui financent un système de santé public.
La Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) est entièrement gérée par l’Agence nationale d’assurance maladie (CNAS) et les centres régionaux. Certaines catégories de personnes peuvent bénéficier de soins médicaux gratuits.
La Carte Européenne d’Assurance Maladie (CEAM) fonctionne rarement pour ne pas dire jamais en Roumanie, il est donc important de souscrire à une assurance santé locale ou française.
- L’organisation des soins
La santé publique est administrée par le Bureau régional de santé publique et comprend la promotion de la santé, la prévention des maladies et l’amélioration de la qualité de vie.
L’assuré est libre de choisir son médecin généraliste qui devient son médecin référent. Le fournisseur de soins de santé primaires a signé un contrat pour fournir des soins de santé avec la caisse de sécurité sociale locale. Cependant, la Roumanie a du mal à retenir ses médecins, qui souvent partent exercer ailleurs en Europe.
Pour les hospitalisations, vous accédez à un vaste réseau d’hôpitaux, y compris des hôpitaux publics, des hôpitaux privés à but non lucratif et Hôpital ou clinique privé. L’hôpital est classé en fonction de la zone de service et des services fournis.
La distribution des médicaments se fait par l’intermédiaire des pharmacies de proximité et la prescription se fait par voie électronique. En coopération avec une commission spéciale du ministère de la santé, la liste positive établie par le bureau des médicaments et des équipements sanitaires comprend les médicaments remboursés par l’assurance maladie. Les sociétés pharmaceutiques doivent demander que leurs produits soient évalués et inclus dans la liste positive.
- La qualité des soins
L’organisation des soins peut donc sembler relativement proche de celle que l’on connait en France. La grosse différence va se situer au niveau des moyens : les dépenses de santé par habitant y sont de l’ordre de 1000 € / an, soit près de cinq fois moins qu’en France.
Difficile avec un tel budget de fournir les équipements suffisants pour une médecine moderne et des traitements de pointe. Le système public n’a pas les moyens de vous fournir des soins équivalents à ceux que l’on peut avoir en France et pour le système privé, les prix sont libres et votre qualité d’expatrié aura tendance à tirer la facture vers le haut.
Les médecins peuvent être correctement formés et compétents mais le manque d’équipements et de moyens posera rapidement problème. Même dans les hôpitaux privés, les équipements pourront faire défaut car le volume des personnes susceptibles de payer pour des soins haut de gamme sera trop faible pour les amortir.
II) Choisir entre une mutuelle française ou locale lorsqu’on est expatrié
- Les assurances locales
Les principaux assureurs locaux sont Euroins, City, Allianz-Tiriac, Groupama. En matière d’assurance santé, l’offre est très limitée. City n’en propose d’ailleurs pas. Ces assurances peuvent être souscrites par des employeurs pour leurs salariés ou par des particuliers.
Dans tous les cas, les offres peuvent couvrir les hospitalisations dans le privé, les frais médicaux privés ou non pris en charge par le système public (second avis médical par exemple), et elles utilisent généralement un réseau de soins qui évite d’avoir à faire l’avance des frais. Jusque-là, ça peut sembler intéressant mais en regardant plus en détail les garanties et les contrats, les choses se compliquent.
Des garanties très limitées : Chez Allianz-Tiriac et Euroins, les garanties maximum sont de 100000 Lei, soit environ 20000 €. Chez Groupama le maximum sera de 7000 € par pathologie. Ca sera suffisant pour une appendicite mais ça risque d’être limité pour un accident de la route avec des fractures complexes ou un AVC.
Un contrat qui s’arrête quand vous coûtez cher : Le contrat s’arrête quand vous atteignez le plafond annuel, il peut aussi s’arrêter à la fin de chaque année si l’assureur estime que vous lui coûtez trop cher.
Seuls les soins en Roumanie sont couverts : Si des soins de qualité ne sont pas disponibles sur place, l’assureur ne remboursera pas les frais en France ou dans d’autres pays de l’UE.
Bref, des garanties suffisantes, tant qu’il ne se passe pas grand-chose. Pour compléter ces garanties les assureurs proposent des contrats prévoyant de verser des sommes forfaitaires en cas d’accident ou de maladie grave, mais là aussi les montants restent limités.
- Les assurances françaises :
Un contrat expatrié, qu’il soit français ou étranger correspond généralement à une assurance santé haut de gamme permettant à l’assuré de choisir de se soigner chez n’importe quel praticien et dans n’importe quel hôpital.
- Les Avantages :
Des plafonds de garanties adaptés : Les plafonds annuels sont au minimum de 200000 € et peuvent atteindre plusieurs millions d’euros. Ils permettent donc de se faire soigner dans les meilleurs établissements, en Roumanie, mais aussi France et dans d’autres pays.
La garantie viagère, une particularité française : C’est une disposition légale qui interdit aux assureurs de résilier votre contrat santé quelle que soit l’évolution de votre état de santé et le coût que vous pouvez représenter dans l’avenir en cas de dégradation de votre santé. Elle lui interdit également de majorer votre tarif pour ces mêmes raisons. C’est une protection que l’on ne retrouve pas dans d’autres pays. Si vous tombez gravement malade ou êtes victime d’un accident qui nécessitera plusieurs hospitalisations, vous savez que votre assureur ne pourra pas vous laisser tomber.
Des services adaptés aux expats : les contrats et les demandes de remboursements se gèrent sur des applications smartphone, les paiements peuvent être faits en France ou un Roumanie, l’assureur paie directement les frais d’hospitalisation, vous pouvez faire des téléconsultations médicales.
L’assistance internationale : Elle est proposée en option de la plupart des contrats expatriés, elle vous donnera des informations utiles pour trouver un praticien sur place. Elle pourra également prévoir votre rapatriement sanitaire si les soins adéquats n’existent pas dans votre pays de destination. Elle vous évitera enfin de souscrire une assurance voyage à chaque fois que vous voyagez hors de votre pays de destination.
- Les inconvénients :
Le seul inconvénient notable semble être le prix. Toutefois, la Roumanie étant classée comme un pays à coût médical modéré, les tarifs restent très raisonnables :
A 30 ans, une formule hospitalisation + médecine courante coûte environ 70 € / mois ; à 50 ans, c’est environ 140 € / mois.
Pour réduire le prix d’une mutuelle expatrié française, il est souvent possible de prévoir une franchise de quelques centaines d’euros par an. Cela permet d’être bien couvert à moindre coût. On peut aussi choisir de se couvrir uniquement pour l’hospitalisation. Il est généralement déconseillé de souscrire des options optique-dentaire car ces frais sont peu onéreux sur place et de qualité.
Notre conseil
Les assurances expatriés sont soumises à des questionnaires de santé, il ne faut donc pas attendre le dernier moment pour souscrire, il sera trop tard.
Idéalement il faut choisir une formule incluant l’hospitalisation et la médecine courante pour être couvert pour tous les examens, la pharmacie et les consultations. Si votre budget est trop serré, prenez une formule hospitalisation seule avec de l’assistance rapatriement. En cas de coup dur vous pourrez être ramené et soigné en France.
Illustrations fournies par International Santé, crédit photo MoiraM – stock.adobe.com
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