Pour des raisons familiales, je suis revenue précipitamment en Suisse tout début octobre. Me voilà donc pour un petit mois, sur mes terres helvétiques ! Voici les aventures de mon retour, mes observations... et mes expériences.
C'est fin septembre que j'ai décidé, relativement soudainement, de rentrer en Suisse, pour voir mes grands-parents...
Avant mon départ, j'ai donc préparé mon voyage avec l'attention d'une hypocondriaque : masques spéciaux, achat d'un thermomètre, visière de protection. J'avais un look absolument craquant, et un équipement digne d'un médecin dans la série Urgence.
J'ai ensuite pris l'avion, et tout s'est déroulé de manière assez facile. Contrôles de températures, au départ, masque obligatoire tout du long, l'aéroport de Hong Kong était préparé au maximum. La seule chose étrange : les échoppes vides dans l'aéroport. Tout était totalement vide. Complètement vide. Magasins fermés. Restaurants fermés. Tout un pan de l'économie s'est écroulé durablement.
L'avion, à l'image de l'aéroport, était aux ¾ vides. Nous étions 3 par rangées et j'ai ainsi pu m'allonger, ce qui était plutôt agréable. Pendant le vol, j'ai gardé le masque tout du long. C'était obligatoire. De mon côté, comme j'étais assez inquiète (je venais en CH pour voir des personnes à risques, pas pour faire de la varappe...). J'ai donc décidé de minimiser encore les risques, en ne mangeant pas dans l'avion, pour ne pas enlever ledit masque.
Puis, je suis arrivée à Zürich... ma destination finale. En effet, lorsque j'ai réservé mes billets, j'ai renoncé à prendre une correspondance Zürich-Genève pour éviter d'être mélangée à d'autres destinations (j'avais vu qu'un vol arrivait des Etats-Unis plus ou moins en même temps que nous et il était hors de questions que je passe une heure avec des potentiels contaminés, dans un espace clos...).
En arrivant à Zürich, c'est donc là que la vraie aventure a commencé. Je ne vous raconte pas la surprise en descendant de l'avion et en me rendant compte que les masques n'étaient pas obligatoires dans l'aéroport. 7h du mat, encore dans le vague, en quelques minutes, j'avais vu plus de nez que ce que j'avais vu en 9 mois à Hong Kong ! Le choc absolu !
J'ai ensuite pris le train pour rejoindre l'appart à la montagne où j'ai effectué une quarantaine volontaire, toujours par précaution... eh oui, prudence jusqu'au bout ! On ne se refait pas.
Je dois avouer que ma semaine en isolement n'était pas désagréable. Il neigeait dehors. J'ai bossé, dormi... lu, mangé trois tonnes de fromage. C'était comme une petite retraite avec vue.
Puis, j'ai rejoint ma famille et j'ai pu enfin voir le monde réel. Et là, en effet, j'ai remarqué qu'en Suisse et à Hong Kong, la crise est gérée de manière vraiment très très différente.
Paradoxalement, un truc qui m'a surpris : c'est la distance de sécurité. A Hong Kong, cela n'existe pas. Nous n'avons pas du tout cette mesure du 1 mètre 50 sur le sol, dans les magasins. En réalité, ce n'est pas possible. C'est trop dense. C'est infaisable. Mais du coup, j'ai découvert avec surprise cette distance à laquelle je n'étais pas habituée.
Et comme la distance est possible, j'ai redécouvert les sorties démasquées. Si chez mes parents, cela se passe bien parce que c'est une petite ville, au milieu de la campagne, j'avoue que dans des endroits plus peuplés, comme Vevey, ou Morges, cela me met plus mal à l'aise et je préfère garder mon masque, même pour me balader au bord du lac.
J'ai aussi découvert le concept de réfléchir où l'on met son masque. A Hong Kong, on réfléchit où est-ce qu'on l'enlève. En Suisse, on réfléchit où on le met. La différence est assez importante finalement, puisqu'en pouvant enlever le masque à tout va, les gens le touchent beaucoup plus. Sans toujours se laver les mains avant.
Après avoir passé des mois à regarder mes amis hongkongais enlever leurs masques lorsqu'on mangeait ensemble, avec le soin d'un chirurgien en pleine opération (et à faire de même), j'avoue que c'était relativement surprenant de voir des gens enlever leur masque sans se désinfecter les mains au préalable... et le rouler dans leur poche, comme ça ! A Hong Kong, beaucoup de gens ont des pochettes spéciales pour y poser leur masque, afin de s'assurer qu'ils restent propres si on l'enlève pour boire quelque chose.
Une des choses qui m'a aussi surpris aussi, c'est le fait que les enfants ne portent pas de masques ici. A Hong Kong, on considère que toute personne est à risque. Peu importe son âge. De ce fait, tous les enfants de plus de 2 ans ont l'obligation de porter un masque hors de la maison. Et ça ne semble pas poser de problèmes. Les enfants le portent sans faire d'histoire. Il y a même des design de masques très mignons avec des superhéros, des animaux ou des petits dessins.
Bref, on était bien loin de ce que j'avais vécu pendant plusieurs mois et mon impression première a été cette folle liberté qu'ont les gens, malgré la hausse des cas. J'ai été surprise que des endroits comme Aquaparc restent ouverts. Que la radio publique encourage les gens à se rendre à des concerts... ou encore qu'il soit possible de se rassembler, d'organiser des fêtes ou des mariages, sans masques, sans problèmes.
Du coup, le contraste était assez fou puisque moi-même en venant en Suisse, j'avais l'impression d'avoir des possibilités immenses, une liberté retrouvée... tandis que certains de mes amis se plaignaient des mesures, qu'ils trouvaient ennuyeuses.
J'avoue aussi que c'était étrange pour moi de voir le gouvernement, les médias sembler batailler pour trouver une solution pour faire baisser le nombre de cas. Pour avoir vécu un système beaucoup plus strict - qui... de par sa rigueur - nous a quand même permis d'éviter de nombreux cas - je ne comprends pas forcément pourquoi la Suisse ne met pas simplement en place des mesures plus sévères : un port du masque plus généralisé par exemple, ou des amendes en cas de refus de le porter... l'accès à certains endroits sous conditions... ou bêtement, la prise de température à l'entrée des lieux fermés. Ces mesures semblent d'ailleurs fonctionner efficacement à Hong Kong, où il n'y a eu que 5000 cas depuis le tout début de la pandémie.
Mais bon, ma vision est forcément biaisée et la situation entre les deux pays est très différente. Hong Kong est la zone la plus densément peuplée du monde... il est nécessaire d'être plus prudent que la moyenne. En Suisse, il y a de grands espaces et c'est plus facile de maintenir les distances. Mais malgré tout, je trouve les gens très relax, alors que les cas ne cessent de monter de manière assez inquiétante.
De mon côté, je suis très prudente. Je vois le minimum de personnes. Je garde mes habitudes à l'asiatique. Je n'ai pas envie de contaminer la famille proche, ni d'attraper le Covid, ce qui aurait des conséquences assez fâcheuses sur mon retour à Hong Kong.
Bref, mon séjour n'est pas terminé. Affaire à suivre...