Quand le monde sombre dans le Covid, le Vietnam sort officiellement de l’épidémie la tête haute. Les statistiques sont surprenantes : 267 cas et zéro mort pour un pays si proche de la Chine. Même si les chiffres ne me semblent pas entièrement exacts, je joins la confirmation des experts : l’épidémie ne peut pas atteindre un niveau massif. Malgré la censure étatique, les Vietnamiens sont très connectés grâce à un système de proxy (Facebook, Youtube, Zalo, Twitter). Le moindre scandale, parfois confidentiel, peut se relayer tout de suite en ligne : corruption, désastre écologique, règlement de compte interne du parti communiste, assassinat des dissidents politiques, etc.). Donc, il est peu probable que l’État soit en mesure de cacher des centaines de décès. Avant de commencer, j’écarte dès le départ l’hypothèse de la manipulation des chiffres. Le régime est bizarrement plus transparent que d’habitude, mais c’est pour une raison que j’évoquerai à la fin de cet article.
Quelles sont les clés de son succès face à l’épidémie? Je vous présente cinq facteurs : anticipation via la veille stratégique, exécution rapide, contrôle sanitaire efficace, discipline du peuple, état d’esprit optimiste. Les trois premiers facteurs sont d’ordre politique. Les deux derniers constituent des traits culturels assez intrinsèques chez les Vietnamiens. Tous les facteurs sont interreliés et créent conjointement des effets amplificateurs. Voilà pourquoi j’ose dire que la recette du succès est très liée au contexte vietnamien. Personnellement, je ne crois pas que le modèle soit applicable ailleurs.
1 – Le rôle de la « CIA » vietnamienne dans l’anticipation
Comme en temps de guerre, la veille stratégique reste une discipline que l’État maîtrise habilement pour sécuriser ses frontières. L’intelligence militaire du Vietnam a joué un rôle décisif dans l’anticipation de l’épidémie. Cet organisme a tiré une bonne leçon du SRAS en 2003 pour gérer le Covid avec brio.
Le gouvernement a bien compris qu’il faut tuer le risque dans l’œuf avant que la situation dérape sur le territoire. Dès lors que les rumeurs du Covid ont explosé en Chine au début janvier, le gouvernement a aussitôt déployé les mesures préventives au sein des centres hospitaliers. Tout est fait en discrétion alors que les Vietnamiens étaient encore très occupés à l’approche du Nouvel An.
L’État est conscient de la vulnérabilité du Vietnam qui partage les 1,300 km de frontière avec la Chine. Imaginez les millions de Chinois qui la traversent avec le Covid. Dans tel contexte, le Vietnam serait mis au KO. Donc, il faut verrouiller la frontière. En toute discrétion, l’armée a multiplié le nombre de postes de contrôle tout au long de ses frontières pour empêcher tout flux humain entre les deux pays. Les casernes sont disséminées dans les endroits les plus reculés du pays. Ainsi, même une mouche a du mal à pénétrer ce maillage défensif.
La déclaration officielle du Covid fut effectuée au début février, une fois que le préparatif fut préalablement bouclé. Plusieurs actions radicales ont été déclenchées : fermeture de sites touristiques, quartiers résidentiels et provinces entièrement sous couvre-feu, fermeture des écoles, arrêt de toutes les festivités, etc.
Toutes ces actions font partie du scénario soigneusement établi en janvier. En un mois, le Vietnam a déclaré la première victoire sur le Covid, alors que le virus a commencé son expansion mortelle en Italie.
2 – Le rôle du « FBI » vietnamien dans l’exécution
Pour un pays qui a un seul parti politique, c’est simple à prendre une décision rapide. On ne se casse pas la tête à discuter ni avec la gauche ni avec la droite. Donc, la santé publique et la stabilité politique d’abord, on parlera de l’économie après . Pour stopper l’expansion du Covid, il faut contrôler la liberté indiduelle des citoyens sans pitié. C’est une différence fondamentale entre le Vietnam autoritaire et les pays qui défendent la démocratie.
Le gouvernement vietnamien possède un incroyable réseau de surveillance sur l’ensemble de son territoire. Dans chaque village, chaque quartier résidentiel, les informateurs fidèles au régime communiste font remonter des informations. En étroite collaboration avec le service de cadastre, on traque le moindre mouvement des habitants. Impossible pour un intrus de s’infiltrer sans se faire repérer. Ce système fut initié après la guerre d’Indochine (1954) et perfectionné au fil du temps. Incompatible avec la démocratie, mais cet outil est redoutable en temps de crise.
A l’ère phygitale, le gouvernement est conscient qu’il faut aussi contrôler les habitants via une multitude de canaux, y compris la télécommunication et les médias sociaux. C’est pourquoi le parti communiste compte largement sur le réseau de Viettel (cumul de SFR + Orange + Buygues + Free, etc.). Appartenant à l’armée, cette entreprise d’État est propriétaire de tous les relais de communication dans le pays.
Il est fréquent que les conversations entre les Vietnamiens soient écoutées par le FBI. C’est pourquoi les touristes reçoivent souvent les SMS du gouvernement incitant à communiquer avec lui si on détecte une personne touchée par le virus.
Pour renforcer l’efficacité, le gouvernement a mis en place un système de dénonciation et de sanction lourde en cas de mensonge. Si vous dites une connerie, vous serez passible d’une amende de 800 USD et éventuellement quelques mois d’emprisonnement. La terreur est installée. Donc, peu de Vietnamiens osent braver la loi.
Avec les deux systèmes, le gouvernement a tout ce qu’il faut pour collecter toutes les datas nécessaires pour gérer une crise interne, y compris le Covid. C’est comme ça que tous les gens touchés par le Covid sont suivis de près avec une grande efficacité. Ils sont numérotés comme les datas. La gestion de traçabilité des malades s’applique à tout le monde, y compris les touristes étrangers. On sait exactement où vous êtes, ce que vous faites, qui vous fréquentez. Je donne un exemple concret de Josefine Schutten Hoslund, une touriste danoise âgé de 20 ans. Sa figure est dénoncée dans la presse vietnamienne.
La jeune fille est entrée au pays le 08 mars pour faire un voyage de deux semaines. Au dernier jour avant son départ, suite à un test médical, il s’avère qu’elle a chopé le virus. Les actions furent prises immédiatement : mise sous quarantaine. En quelques heures, on retrouve facilement toutes ses traces, car son passeport et ses données sont archivés. Imaginez une technologie de blockchain qui tombe dans la main de l’État, je ne vous dis pas le niveau d’efficacité que ça donne.
Soyons clairs, le Vietnam est un pays communiste. Ce tout ce qui concerne la sécurité publique, l’État prend les choses au sérieux. Ça ne rigole pas ! Dès que les ordres sont passés, vous avez une armée de flics qui font la patrouille en discrétion. Donc, les Vietnamiens respectent sagement les consignes sans se poser trop de questions.
Sous un régime strict, la Vietnam a déjà connu de nombreuses répressions stratégiques vis-à-vis des protestations ou révoltes. Le FBI et les flics sont bien entraînés pour effectuer des opérations d’isolement ciblé. Donc, ce n’est pas étonnant qu’ils appliquent avec grand succès en cas de Covid.
Je vous donne l’exemple de la commune de Sơn Lôi (Province Vĩnh Phúc), forte de 10,000 âmes. Toute la zone fut entièrement mise en quarantaine et barricadée malgré les 5 cas infectés . Le ravitaillement alimentaire s’est fait sous le contrôle des flics. La même chose dans les quartiers résidentiels à Hanoï. Donc, la sagesse veut que « tu fermes ta gueule et fais ce que l’État te dit ». C’est par là que j’appelle la discipline forcée. En Europe, c’est difficile d’imposer une telle règle radicale au risque de se faire insulter par les citoyens habitués à la liberté individuelle. Les phrases genre « c’est mon droit ! » n’ont aucune place dans un système proche de la dictature.
3 – Le rôle du ministère de la Santé lors de la seconde phase
Après la déclaration de la première victoire sur le Covid, le gouvernement a eu peu de temps pour se féliciter. Le pays fut aussitôt plongé dans la deuxième phase lorsqu’une Vietnamienne a ramené le Covid de l’Europe le 06 mars. Nguyen Hong Nhung, âgée de 27 ans, a chopé le virus lors d’une vadrouille en Italie. Par chance, elle a réussi à échapper le filet d’immigration à l’aéroport d’Hanoï. C’est là où la tactique de confinement ciblé prend tout son sens. Pour caricaturer, les gens ayant chopé le virus sont comme les moutons qui courent partout dans une prairie. C’est difficile de compter ces bêtes en constant mouvement. Alors, on va les coincer et isoler dans les cages sécurisées. Les premiers moutons malades sont numérotés, comme le cas de Nguyen Hong Nhung, patiente numéro 17. On les appelle génération F0. Tous les moutons en contact avec les F0 sont appelés F1. Ceux-ci sont immédiatement mis en isolement, soit dans un centre fermé, soit à domicile sous contrôle strict des flics. Les F1 sont censés déclarer avec honnêté les gens en contact avec eux, appelés F2. Tous ces F2 sont à leur tour en distanciation sociale ou confinement à domicile pendant 14 jours. Pis, on les teste et on attend le résultat. Si un des F1 obtient un test positif ? Aller hop ! Tous les F2 en contact avec ce dernier deviennent F1. On répète l’opération avec les nouveaux F1 et ainsi suite.
Cette méthode spartiate est épaulée par le tandem armée / police. La seconde phase de la lutte contre le Covid s’étale sur une période entre 07 mars et 22 avril. Les mesures sont beaucoup plus radicales, car plusieurs touristes occidentaux sont impliqués dans cette affaire. Hormis la jeune Danoise citée en haut, il y en a un paquet !
Je cite notamment le cas de Buddha Bar, une adresse fréquentée essentiellement par les expats occidentaux à Saigon. On a détecté 08 cas confirmés dont la plupart sont britanniques. Comme d’habitude, les 08 moutons furent désignés F0 et numérotés : 91, 97, 98, 120, 124, 125 , 126 et 127. Avec eux, une dizaine de F1 furent refoulés dans les centres de regroupement. Selon un témoin : « Les conditions étaient moyennes : la nourriture était assurée, mais ils étaient dans des chambres de quatre avec une hygiène médiocre » . Beh oui les gars, nous sommes bien en guerre contre le Covid non? Certes, la bouffe est moins bonne que celle de Buddha Bar, mais on ne crève pas de faim. Pis, on ne vous torture pas trop, à part une série de tests
Peut-être, les gars sont tellement habitués à un confort de vie supérieur que les centres sont trop crades à leurs yeux. Pourtant, ces endroits sont destinés à tout le monde, que ce soit vietnamien ou étranger. À partir du 22 mars, le gouvernement a décidé de transférer systématiquement des gens de l’étranger vers des camps militaires pour deux semaines d’isolement. On comptabilise quelque 75,000 personnes soumises à cette politique de confinement. Est-ce que les salles sont si crades que ça? Est-ce que la nourriture est aussi dégueulasse que ça? Et bien, je partage avec vous le témoignage de Châu Bùi. Ce top model vietnamien a fait un reportage détaillé sur ses 14 jours d’isolement. Alors, je vous laisse juger les conditions d’accueil par vous-même.
4- Prestige historique et croyance spirituelle
Il est clair que l’État, sous la direction du parti communiste, a joué à fond la carte du patriotisme. C’est résolument l’esprit patriotique qui fédère tout le peuple vietnamien, notamment en temps de crise ou de « résistance ». Soudainement, une population de 95 millions d’habitants devient soudée et s’aligne sur les directives d’un leader politique. Dans ce cas de figure, c’est plus facile à gérer par rapport à un pays divisé par une masse d’individus déboussolés et réfractaires à l’autorité.
Pour réactiver le patriotisme des Vietnamiens, le gouvernement s’appuie sur deux composantes intrinsèques : la résilience et l’âme guerrière. Le parti communiste utilise une propagande habile pour réveiller cette flamme endormie chez les Vietnamiens. Bien entendu, il s’en sert aussi pour asseoir la légitimité de son pouvoir. Rappelons que le Vietnam est sorti vainqueur face à 4 puissances militaires, et en un seul siècle : Japonais (1945), Français (1954), Américains (1972), et Chinois (1979). Sous le leadership du Parti communiste, tous les 04 goliaths furent mis à genoux face à un David beaucoup plus pauvre et moins équipé.
C’est un excellent « track record » que le Parti essaie constamment de marteler sur les élèves vietnamiens dans les manuels d’histoire. Le prestige historique, ou le souvenir collectif des années de guerre facilite beaucoup la tâche quant à la mobilisation générale.
Cela explique pourquoi l’appel du Premier Minsitre Nguyen Xuan Phuc à la guerre contre le Covid a obtenu facilement une réponse favorable du peuple. À mon avis, c’est difficile de faire une chose pareille en France, même si Macron joue aussi sur le mot « guerre». Ce mot est beaucoup plus vivace dans la mémoire des Vietnamiens contemporains qui ont perdu les membres de leur famille lors des guerres récentes. Quand vous avez perdu vos proches à cause d’une guerre, vous vous rendez compte que la vie humaine est plus importante que l’économie.
Les Vietnamiens ont toujours une croyance spirituelle selon laquelle on peut vaincre n’importe quel ennemi, pourvu que le peuple soit soudé et mobilisé par des héros brillants. Cet état d’esprit est cultivé depuis la nuit des temps, bien avant l’apparition du Parti communiste. Il est tellement puissant que les Vietnamiens ont inventé leur propre pratique spirituelle : le culte des héros nationaux. Ils ont construit des temples consacrés à tous les héros ayant battu des goliaths envahisseurs. Je vous cite quelques exemples :
- Les soeurs Trung, ayant repoussé les Chinois (dynastie Han) au 1e siècle
- Ly Thuong Kiet, ayant éliminé les Chinois (dynastie Song) au 11e siècle
- Tran Hung Dao, ayant écrasé 3 fois les Mongols de Gengis Khan, au 13e siècle
- Le Loi, ayant évincé les Chinois (dynastie Ming) au 15e siècle
- Quang Trung, ayant anéanti les Chinois (dynastie Qing) au 18e siècle
A chaque période quasi cyclique, la nation fut mise en épreuve dure. Et à chaque fois, sous le leadership des héros éclairés, le peuple respecta strictement la discipline collective qui l’emporta sur l’individualisme. Au fil du temps, un credo s’est forgé dans l’inconscience des Vietnamiens : « nous vainquions, nous vainquons et nous vaincrons».
Cette foi profonde est source d’énergie positive qui génère la résilience, l’optimisme et la solidarité face à l’adversaire. Les Vietnamiens pratiquent le pèlerinage envers les héros saintifiés pour maintenir cette spiritualité fédératrice. Si on compare avec les gros ennemis que les Vietnamiens ont vaincus à travers 2000 ans d’histoire, le Covid n’est….que dalle ! Quand vous avez déjà vécu le pire, vous avez plus de chance d’être optimiste.
En tout cas, face à crise, les Vietnamiens sont très optimistes. Ils râlent très rarement et cherchent des solutions concrètes pour pallier le problème. Une fois que le patriotisme est réveillé, les Vietnamiens font tout ce qui est possible pour sauver le destin de la nation. Ils répliquent exactement ce que la génération de leurs parents a fait pendant la guerre américaine : optimisme, résilience, entraide, créativité. La caisse d’État est vide à cause de la corruption. Le peuple est contraint de se débrouiller avec ce qu’on a. C’est dans ce contexte qu’on a inventé le système des distributeurs de riz gratos pour les pauvres, les ATM de livres gratos, les magasins Zéro frais . Comme pendant la guerre américaine, la diaspora vietnamienne à l’étranger se mobilise pour renvoyer à la partie du matériel. C’est dans l’optimisme qu’on a inventé la chanson Ghen Covy qui a fait le tour du monde.
5 – Tradition confucianiste
Si la discipline collective est si bien mise en œuvre par les héros historiques, c’est parce que le peuple est profondément imprégné du confucianisme. Cette tradition millénaire vient de la Chine. Elle s’est exportée au Vietnam lorsque les Chinois ont dominé le pays pendant plusieurs siècles. Au fil du temps, le confucianisme s’est modifié pour s’adapter au Vietnam dont la culture s’articule autour des villages et de la riziculture. L’esprit villageois veut que les individus doivent se plier aux règles imposées par la communauté. Les règles villageoises servent d’éducation morale qui crée par la suite, le sens civique. Bercés par ce système culturel, les Vietnamiens sont ultra sensibles au jugement de valeur au sein de leur cercle social.
Dans le cas du Covid, c’est très mal vu de ne pas porter des masques et de cracher le virus à ton prochain. Si tu ne le portes pas, tu sens que ta valeur éthique est nulle dans le regard des autres. Tu te sens coupable. Et tu deviens immédiatement un Ovni de la société et pis, tu seras exclu du groupe. C’est pourquoi tous les Vietnamiens portent le masque pour ne pas nuire à la communauté. C’est une espèce d’autodiscipline, donc.
Vous comprenez pourquoi plusieurs touristes occidentaux ont été très mal vus pendant la crise. Ils ont refusé de porter le masque, ce qui est perçu comme une désinvolture débile dans les yeux des Vietnamiens. Cela a suscité pas mal de mépris.
L’État communiste comprend parfaitement le mécanisme confucianiste. Il s’en sert pour l’instrumentaliser davantage dans son appareil administratif. Via le système de surveillance déjà cité en haut, l’État n’hésite pas à dénoncer publiquement des individus pour réduire à néant leur honneur. Dans ce cas, les individus risquent une critique de valeur massive, à l’échelle nationale parfois. Cette violation de la vie privée est la monnaie courante au pays. En Occident, l’anonymat permet aux individus de faire ce qu’ils veulent. Au Vietnam, on fait gaffe.
Je reprends l’exemple de la patiente 17, Nguyen Hong Nhung. Apparemment, celle-ci n’a pas déclaré son symptôme Covid visible lors du retour au pays. Elle a transmis le virus à plusieurs personnes, ce qui a déclenché la deuxième phase de la crise. Sa bêtise a coûté cher pour une économie paralysée et la sécurité sanitaire du pays. Sa tête a été largement relayée par les médias comme dénonciation publique. Je ne vous dis pas la montagne d’insultes sur Nhung qui est rapidement tombée dans la dépression mentale. Hormis le mépris énorme de toute la société, la jeune femme subirait aussi des sanctions juridiques. Le tarif cumulatif prévu : 500 USD selon le Code civil + 10,000 USD et 5 ans d’emprisonnement selon le Code pénal. L’État ne rigole pas. Et ça flippe tous les Vietnamiens, en ville ou à la campagne. La peur intérieure explique pourquoi le confinement est relativement bien respecté par les Vietnamiens. Ils vous donnent souvent le conseil d’ami : « ferme ta gueule, et fais ce que l’État te dit ».
Pour conclure, malgré le doute de certains, le Vietnam affiche un résultat concret : pas de nouveaux cas depuis le déconfinement du 22 avril 2020. Ce succès n’est pas un hasard. Il est bien fondé sur les forces motrices qui existent déjà chez les Vietnamiens. Le gouvernement vietnamien est mille fois plus déterminé que ses homologues dans la gestion du Covid, car il voit une rare opportunité dedans. En effet, sombré dans la corruption généralisée, le Parti communiste a semé beaucoup de mécontentement chez les Vietnamiens. Le Covid est pour lui la seule chance de récupérer le capital de confiance et pérenniser sa « dynastie ». Et comme par hasard, le 30/04 marque historiquement la libération de Saigon en 1975.
Ce jour-là, un char vietnamien a foncé triomphalement le Palais de Réunification pour mettre à genoux le mastodonte américain. Aujourd’hui, le Parti va certainement réclamer une nouvelle victoire et prôner son leadership héroïque. Il est fort à parier que les politiciens chanteront haut et fort le vieux slogan « nous vainquions, nous vainquons et nous vaincrons».