Accepter le bouleversement
Il y a quelques semaines, envisager notre voyage en France ne me posait aucun problème de conscience vis-à-vie de la situation en Chine. Ça me paraissait loin, je n’y prêtais pas vraiment attention et je comptais continuer ma vie et vivre mes projets sans me poser de questions outre mesure. Le mercredi 11 avril 2020 ça m’a sauté au visage telle une bombe, j’ai commencé à lire les nouvelles et j’ai eu un choc, c’était grave ! La vie allait encore continuer normalement pour 2 jours au Québec, et finalement le vendredi 13 avril le gouvernement a pris ses premières mesures. Les premières d’une longue série qui évolueraient de jour en jour.
Depuis ce sombre mercredi ça été un véritable tourbillon d’émotions et d’anxiété, ouvrir Google Actualités a été un besoin pressant pendant quelques jours, je voulais tout lire, tout savoir, tout comprendre. Je me suis abreuvée tel un chameau qui absorbe sa quantité d’eau, je ne quittais plus mon écran et cliquais à tout va pour avoir de l’information.
Lundi 16 avril, une douleur lancinante me prend au thorax, je manque d’air, un poids invisible s’écrase sur moi. Vous l’aurez compris c’est le stress qui me gagne. Il faudra quelques jours encore pour retrouver un peu de calme et d’apaisement et voir disparaitre le malaise. Après une première semaine où cette réalité sans précédent m’a frappée, une certaine routine a pris le dessus, teintée de résilience et d’attente des jours meilleurs.
Il faut se relever et composer avec ce quotidien qui n’est pas nôtre, avec cette vie qu’on n’imaginait pas ainsi et surtout avec ce risque de contamination qui plane au dessus de nous et de nos proches. Depuis longtemps déjà, je suis toujours en quête du positif dans toutes situations. Il a fallu braver mes peurs et mes déceptions pour accepter d’en trouver, de voir du beau et surtout de vivre heureuse malgré cette tempête. D’ailleurs coucher ici mes émotions fait parti de ce qui me fait du bien, je ne parle pas tant voyage puisque le sujet ne m’inspire guère. Mais l’écriture demeure essentielle et me rend heureuse.
Adopter une nouvelle routine
Geoffrey et moi travaillons encore puisque nous sommes tous les deux dans les services essentiels. L’homme est à l’épicerie à concocter des mets préparés et moi je suis en résidence pour retraités. Habituellement j’oeuvre à la location des logements mais en ce moment, cela ne représente pas vraiment la majorité de mon temps de travail.
Puisque nous ne voulions pas placer Justin en garderie, bien que nous y avions droit, j’a pu changer mes horaires. Lorsque Geoffrey arrive de son emploi, c’est à mon tour de partir. Il est du matin, je suis de l’après midi jusqu’à 21h. Toute la semaine nous ne faisons que nous croiser, un petit 10 minutes lors du relais du midi pour établir un rapide bilan de nos matinées respectives, et un autre le soir, Geoffrey se couchant quand même tôt puisqu’il se lève de bonne heure. Autant vous dire qu’on apprécie de se retrouver la fin de semaine et prendre le temps.
Pour ce qui est du « confinement » (ici à Québec, on n’en est pas encore tout à fait là mais on s’en approche) je trouve assez aisé de m’y plier. Cela fait 2 ans que nous avons beaucoup ralenti et simplifié le rythme de nos vies. Déjà, nous fréquentions peu les magasins. À la maison le silence régnait depuis plusieurs mois en maître avec peu d’écran et beaucoup de jeu libre pour Justin. Ce changement de vie au ralenti nous permet donc de vivre plus sereinement cette parenthèse exceptionnelle.
Par contre je m’impose une routine pour ne pas sombrer dans le relâchement. Je crois que c’est important de se lever et s’habiller chaque jour, de faire son lit, ranger la vaisselle, nettoyer la maison, … ça nous permet de rester actifs. Vous me direz bien que nous n’avons pas le choix puisque nous travaillons encore, mais il serait quand même si facile de se laisser aller et de négliger notre demeure, notre foyer réconfortant.
Chaque matin, je me lève vers 7h45 avec l’enfant, on se garde une heure pour prendre le déjeuner et vaquer à nos occupations. Je m’informe plus brièvement qu’avant des nouvelles pendant que lui commence à aligner ses petites autos sur le rebord du canapé. Ensuite vers 9h on s’habille, on se lave, on se brosse les dents, on fait les lits, on range ce qui traîne éventuellement à l’étage et je fais un brin de vaisselle.
Puis on file dehors pour 45 minutes ou plus, soit dans notre jardin ou alors pour prendre une marche dans le quartier. Avec Justin nous quittons la maison de bonne heure afin de croiser le moins de monde possible. Le parc de jeux est fermé, il y a des rubans qui empêchent d’utiliser les modules et c’est très bien ainsi, de toute façon nous ne l’utilisions plus depuis 10 jour. Par contre on fait la chasse aux arcs-en-ciel, un joli mouvement québécois qui nous permet de colorer ces journées grises et de nous coller un sourire au visage quand on en trouve dans le quartier. #çavabienaller
Justin a quand même droit a une heure de télévision le matin et une autre l’après midi. Cela nous permet aussi, à Geoffrey et moi, d’avoir un peu de temps pour nous. Pour ma part ça me permet d’écrire car ces derniers jours ça me manquait un peu… La journée se prolonge avec le repas, les jeux (peinture, blocs, dessins, jeux autonome,…) et on passe aussi du temps dans le sous-sol pour faire de la trottinette ou jouer au ballon. L’heure du bain arrive suivi du temps de lecture et hop au dodo pour revivre une fois encore cette même journée.
Les variantes manquent un peu mais en aucun cas on ne ferait autrement sous peine de nous mettre en danger, ou d’y mettre les autres. Nous prenons ça très au sérieux et respectons à la lettre les mesures du gouvernement. Une fois la routine installée, on prend du recul et on part en quête du positif.
Trouver ce qui nous rend heureux
Dresser la liste de ces petits bonheurs a été salvateur, je vous invite à faire de même. Rien de tel pour se mettre de bonne humeur et de constater que notre vie covidienne n’est pas si pire que ça…
- Je fais du pain, j’avais un peu arrêté ces derniers temps pour me consacrer à d’autres choses. Faire sa propre nourriture est une vraie jouissance, en plus la recette que j’ai est top. Ce qui m’a fait encore plus plaisir est d’en faire pour mes amies Claudia et Mélissa, le partage et la générosité sont des valeurs importantes et qui prennent encore plus sens en ces moments difficiles.
La recette est celle de Elisabeth Simard du blogue Ruban Cassette.
- Je lis, et j’adore ça. Depuis janvier 2018 j’ai décidé de lire minimum un livre par mois, défi que j’ai vite explosé tant la lecture est revenu m’enivrer. En ce début d’avril j’en suis justement à mon douzième ouvrage depuis janvier 2020.
- Je dis bonjour, à tous les gens que je croise dans la rue. Déjà qu’on évite d’être proche pour respecter la distanciation sociale, je me dis qu’un beau bonjour nous met quand même du baume au coeur et calme notre peur des uns et des autres. Il ne faut pas non plus se déshumaniser.
- Je dors, et ça c’est ce que je préfère depuis mon changement d’horaire. L’arrivée de Justin m’a obligé à être matinale, fini mes chères grasses matinées. Alors je peux vous dire que me lever plus tard me comble de bonheur. L’enfant vient me rejoindre pour terminer sa dernière heure de sommeil avec moi, bien qu’il bouge comme un asticot je chéris bien fort ces moments avec lui.
- Je fais du sport, dire que ça me rend heureuse est un peu fort mais je suis fière d’avoir trouvé une certaine motivation pour en faire. Ceux qui me connaissent bien doivent douter de ce point mais c’est bien vrai. J’ai commencé 30 jours #autop de Laury Thilleman et je m’efforce à faire mon 10 000 pas par jour.
NB : J’ai acheté le livre en août dernier et je me suis longtemps fait la réflexion du pourquoi je l’avais vraiment acheter. Il est resté tellement longtemps dans mon placard… comme quoi tout arrive !
- Je vois l’enfant grandir. Passer du temps avec Justin est un vrai cadeau, nous dessinons, nous jouons dehors à glisser sur le toboggan formé par la neige, nous discutons et nous savourons de longs câlins collés serrés. Justin a remporté la médaille de la propreté de jour et il poursuit son apprentissage des mots, des chiffres et des lettres.
- Je sors plus à l’extérieur avec l’enfant, j’avoue que c’est le privilège d’avoir un jardin, aussi petit soit-il. Ma collègue m’a fait remarquer qu’on n’avait jamais autant entendu les enfants jouer dehors, c’est si vrai. Revenir à ce que nous avons connu dans notre enfance, ces longues journées à s’épuiser à l’extérieur ne peut être que positif pour petits et grands. Et si on n’a pas d’enfant, on ouvre la porte patio et on écoute ceux de nos voisins dont les rires et les jeux rempliront nos cœurs de joie.
Voici des bonheurs simples pour lesquels on ne prend plus la peine d’être reconnaissant. Je suis certaine que, vous aussi, vous pouvez en trouver autant sinon plus. Je constate aussi que notre aptitude au changement est possible. L’adaptation est plus ou moins rude, avec des longueurs différentes pour chacun de nous, mais au final, on arrive à mettre en place une nouvelle routine saine et heureuse. L’important est d’y trouver ce qui nous fait du bien, de chercher le beau et de le cultiver. À votre tour de trouver le positif dans ces temps covidiens inusités.
Dîtes moi, qu’est ce que vous faîtes qui vous rend heureux ?
(et si vous ne voulez pas le partager ici, faites une liste sur un joli papier avec des crayons colorés… pour y mettre de la gaieté)
Réflexion covidienne #1 // Et si on en sortait plus fort…
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