Tokyo, Japon / 35°50’N 138°64’E / 1993
Le mariage, chez nous, prend des tournures inattendues il y a quelques années encore. Les églises chrétiennes sont à la peine, essayant de suivre le mouvement.
Au Japon, le mariage traditionnel est shintoïste, la religion la plus populaire. C’est évidemment compliqué. Le rituel se déroule en une douzaine de phases, où les époux échangent à plusieurs reprises des coupes de miki – un saké spécifique à la cérémonie. Le tout engoncés dans d’extravagantes et encombrantes tenues.
Actuellement, de plus en plus de jeunes femmes Japonaises dédaignent tant la cérémonie que le mariage lui-même; parce qu’elles en connaissent la suite, dans cette société patriarcale et rigide. Elles ne vont pas brailler dépenaillées sur la place publique, elles donnent dans le féminisme BCBG. Instruites, professionnellement engagées et indépendantes financièrement, sans attirance pour leurs collègues mâles, qu’elles jugent, sobrement parlant, pesants.
Il en résulte une baisse significative de la natalité. Parce que si elles rejettent le mariage traditionnel et le type qui va avec, ce n’est pas pour s’encombrer de marmots. Les démographes s’inquiètent, et les démagogues s’emparent du sujet, agitant le spectre du dépérissement de la « race japonaise ».
En attendant, les jeunes Japonaises font leur voyage annuel en Europe, en copines, où les boutiques du luxe sont pleines d’attention pour elles.