Etant en recherche constante de lieux un peu insolite à Paris, j'étais assez impatiente de partir découvrir la Butte-aux-Cailles, un petit quartier de quelques rues nichées dans le 13ème arrondissement. Pourtant, ce jour-là, ma balade parisienne démarre dans un autre arrondissement, le 5 ème où m'attend la grande Mosquée de Paris. Forte heureuse de cette belle visite qui sort à coup sûr des sentiers battus, c'est à pied que je prends la direction de la Butte aux-Cailles. 25 min plus tard me voici arrivée dans un endroit hors du temps et dépaysant à souhait.
L'histoire de la Butte-aux-Cailles
Lorsque l'on parle de butte à Paris, assez rapidement on pense à la Butte Montmartre et sa vue imprenable. Ici rien de tout cela. La Butte-aux-Cailles culmine à seulement 63m. N'imaginez donc pas admirer tout Paris depuis ce quartier. Ce nom est dû à une entaille (assez spectaculaire semble-t-il d'après les archives) creusée par une rivière nommée la Bièvre qui aurait donné cette dénomination au quartier. Quant aux Cailles n'allez pas imaginer que des volatiles y avaient pris leurs aises. Ce nom était tout simplement celui d'une famille de fermiers qui s'était installée ici en1543.
Jusqu'en 1850, la butte reste pratiquement vierge de toute construction en partie dû à son sol très argileux. D'ailleurs on exploite les carrières souterraines riches en glaise et en calcaire.
Il faudra donc attendre l'annexion de ce quartier à la ville voisine de Gentilly en 1860, pour commencer à voir un semblant d'urbanisation. S'installent alors des blanchisseuses, des chiffonniers et des " Bouifs " (ouvriers de la chaussure) qui peinent à survivre dans ce quartier extrêmement pauvre de la capitale.
Les maisons sont modestes et bien souvent posées à même les carrières pas toujours très bien comblées. Ce n'est qu'après les années 1900-1910 avec la disparition de la Bièvre complètement remblayée que l'urbanisation du quartier prend un tout autre essor.
Dans ce quartier populaire, un poil anarchiste mais à l'ambiance détendue et conviviale, il n'est pas étonnant de voir aujourd'hui les street artistes envahir les murs d'une butte devenue très à la mode voire branchée. On y trouve des bars/restaurants en tout genre aux couleurs éclatantes. Prônant le végétal, le bio, le recyclage et le zéro-déchets. Ainsi la butte-aux-Cailles voit sa population évoluer. Les petites maisons se rachètent à prix d'or et abritent désormais des bobos parisiens aisés en quête d'un Paris plus authentique.
Au fil des rues de la Butte-Aux-Cailles
Pour bien se rendre compte de la mutation de ce quartier, il faut se rendre rue Daviel. Au niveau du numéro 10, on trouve un ensemble HLM appelé la " Petite Alsace ". Ici, les maisons ont été réalisées dans un style alsacien qui détonne avec le reste du quartier. Juste en face la Villa Daviel est une impasse privée mais non fermée qui permet d'admirer de jolies maisons rénovées avec goût et parfaitement entretenues.
Rue Daviel " Petite Alsace "
Villa Daviel
Au cœur de la Butte-aux-Cailles, quelques petites rues aux maisons basses se parent de chef-d'œuvre en tout genre réalisé au gré des courants et des envies des street artistes. Il en a pour tous les goûts, moulages, collages, assemblages, mosaïques, peintures au pochoir, à la bombe ou bien encore à la craie, bref, toutes les disciplines se côtoient dans un joyeux mélange bienveillant.