Cet article aurait aussi pu s'intituler "pourquoi je n'ai quasiment posté aucun article ces derniers mois" : ce n'était pas du tout parce que j'ai décidé de cesser mes activités sur mon blog mais bien parce que je me suis lancée dans une toute nouvelle aventure absolument effrayante, avouons-le... trouver un emploi en Autriche. Sans parler allemand. Ou du moins, sans le parler suffisamment bien pour espérer un emploi en rapport avec mes qualifications. Alors autant que mes mois d'errance servent à quelque chose : après mes conseils sur l'expatriation en Autriche, voici en un (long, comme d'habitude) article tous mes conseils sur la recherche d'emploi en Autriche si vous aussi vous souhaitez vous lancer dans l'aventure !
Au sommaire :- Quelques différences d'avec la France
- Le marché de l'emploi autrichien
- Le CV à l'autrichienne : l'expérience avant tout
- Sites ressources
- Trouver un emploi sans parler allemand ?
- Coup de pouce : la mobilité internationale de Pôle emploi
- Et moi dans tout ça ?
Chaque pays possédant ses propres spécificités, les recruteurs n'attendent pas les mêmes choses chez un candidat et par conséquent, la recherche d'emploi en Autriche sera forcément très différente d'en France. Voici quelques clés pour commettre le moins d'erreurs possible et se préparer au mieux.
L'Autriche est régie par ses propres lois concernant le droit du travail, qui résultent en quelques différences avec ce à quoi on peut être habitué en France. En voici les principales :
- la durée légale du travail hebdomadaire en Autriche (Vollzeit : temps complet) est de 40 h mais elle peut varier suivant les accords de branche : il se situe la majorité du temps aux alentours de 38,5 h ; le temps partiel (Teilzeit) se situe lui généralement entre 20 et 30 h par semaine ; il existe aussi un dernier statut, Geringfügig, pour des postes avec un tout petit volume horaire par mois (souvent des contrats étudiants ou assimilés, avec une dizaine d'heures par semaine) ;
- il n'existe pas de salaire minimum ; ils sont définis pour chaque branche par les conventions collectives ;
- les Autrichiens sont généralement payés sur 14 mois : un mois supplémentaire en juin (en prévision des vacances) et un mois supplémentaire en novembre (en prévision de Noël) ; ces deux mois supplémentaires sont soumis à une fiscalité différente ;
- l'impôt est prélevé à la source ;
- les entreprises ont obligation de faire paraître sur les annonces le salaire du poste à pourvoir ; bien souvent elles indiquent en fait le salaire minimum décidé par la convention collective, montant qui peut donc être négocié et revu à la hausse ; il est d'ailleurs assez courant de négocier son salaire en Autriche ;
- la période d'essai est souvent d'un mois, qui peut être prolongée par un CDD de trois mois (histoire d'allonger cette fameuse période d'essai) converti automatiquement en CDI ;
- les CDD sont assez rares en Autriche et pour cause : une entreprise n'a pas besoin de motif pour licencier un employé. Les CDI sont donc beaucoup plus répandus : mais pas de panique, ce n'est pas pour autant qu'il existe un nombre plus élevé de licenciement qu'en France !
- les congés payés sont généralement de cinq semaines (pas de différence avec l'Hexagone mais une information qui peut avoir son importance).
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L'Autriche est un petit pays, avec moins de 5 % de chômage. Ce n'est pas le plein emploi mais pas loin ! Le marché de l'emploi y est donc à son image, plutôt restreint, et cet aspect "village" fait que le bouche-à-oreille y est particulièrement développé : le réseau est le premier moyen de trouver du travail. Il se développe partout (à la salle de gym, avec ses voisins, à la caisse du supermarché...) car l'une des particularités de l'urbanisation de Vienne est la mixité sociale : il ne faut donc pas hésiter à engager la conversation dès que vous le pouvez, peut-être que votre futur employeur se cache derrière votre interlocuteur !
Du fait de cette propension à privilégier le réseau, les sites de petites annonces risquent de ne pas se révéler très efficaces. Il en existe plusieurs que vous pouvez quand même consulter, karriere.at en tête, mais il est possible que les annonces qui s'y trouvent soit vous parviennent trop tard (le poste est en fait déjà pourvu ou presque) soit cherchent des profils beaucoup trop improbables, ou en tout cas trop éloignés du vôtre. À l'inverse, il est donc plutôt conseillé de privilégier les candidatures spontanées : faites une recherche des entreprises susceptibles de vous correspondre et n'hésitez pas à les démarcher directement. Et pour être certain que votre candidature arrive entre les bonnes mains, mieux vaut encore les contacter en amont pour connaître le nom de l'interlocuteur approprié. Les Autrichiens sont très sensibles à ce genre de détail et vous mettrez ainsi toutes les chances de votre côté.
Enfin, ne cherchez pas à postuler uniquement auprès d'entreprises françaises, pensant que la maîtrise de cette langue vous ouvrira des portes : elles vont plutôt privilégier l'embauche de personnel en VIE (Volontariat international en entreprise), qui leur coûte moins cher. L'un de vos atouts peut justement être cette langue étrangère et, pour qu'elle soit utile à votre employeur, mieux vaut vous tourner vers des boîtes internationales... ou autrichiennes. Et là, malheureusement, pas de secret : la maîtrise de l'allemand est obligatoire. Tout le monde vous le dira : c'est la condition sine qua non pour décrocher le poste de vos rêves ici (mais j'en parle plus en détail un peu plus loin).
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On ne présente pas son CV en Autriche de la même manière qu'en France : déjà, il n'y a aucune obligation à ce qu'il tienne sur une seule page... surtout si vous avez un parcours professionnel important. L'expérience est en effet plus privilégiée qu'en France, et non pas uniquement les diplômes : même avec un diplôme moins prestigieux, vous avez toutes vos chances, d'autant plus si vous pouvez justifier d'une spécialité. Cette spécialisation est quelque chose de très recherché en Autriche.
N'hésitez pas aussi à inscrire toutes les choses que vous pouvez faire bénévolement (loisirs, implication associative, etc.) et à être transparent sur vos informations personnelles (date de naissance, enfants... et bien évidemment une photo, obligatoire !). Les recruteurs cherchent évidemment des candidats qualifiés pour le poste en question mais également des individus les plus à même de s'intégrer dans les équipes déjà en place : il est donc important qu'une relation de confiance s'installe. Il n'est pas rare que des questions personnelles soient posées en entretien (si vous êtes une femme, on peut par exemple vous interroger sur vos enfants ou votre désir de devenir maman, ce n'est pas du tout interdit par la loi), qui sont là non pas pour vous piéger mais pour apprendre à mieux vous connaître et être sûr que vous trouverez votre place au sein de l'entreprise. Parfois, la réponse en elle-même compte même moins que la manière dont vous réagirez à ces questions !
Concernant la présentation de votre CV, vous pouvez l'introduire en vous présentant en quelques mots et en indiquant ce que vous recherchez. Si vous avez besoin d'aide pour la traduction, vous pouvez utiliser le site Europas. Essayez en tout cas de privilégier quelque chose de lisible et de clair à l'originalité (sauf si le métier le justifie) et n'ayez pas peur de passer sur deux pages si votre parcours professionnel le nécessite !
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Tous ces conseils (qui apportent également un éclairage intéressant sur la culture et la mentalité autrichiennes) m'ont été donnés par Franck Runge lors d'une rencontre à la Chambre de commerce franco-autrichienne organisée par l'association Vienne Accueil. Je ne peux que vous recommander de vous rapprocher de son service Servithink si vous avez un projet d'expatriation en Autriche et que votre niveau d'allemand vous permet de postuler pour des postes qualifiés.
Autre ressource, l'Expat Center, un organisme qui émane de la ville de Vienne et qui prodigue nombre de conseils et d'ateliers (dont beaucoup en anglais et certains même en français) pour vous aider dans votre projet d'expatriation ou sur des questions très précises (la fiscalité en tant que travailleur indépendant par exemple).
Enfin, vous pouvez aussi vous rapprocher de l'ambassade de France qui a sur son site une page sur la recherche d'emploi en Autriche qui vous permettra de dégrossir le terrain. Vous y trouverez notamment un long dossier de plus de 70 pages fourni par l'AMS où vous pourrez piocher ce qui vous intéresse.
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C'est la question à un million de dollars et il n'y a pas de réponse tranchée. À mon sens, la clé d'une expatriation réussie passe forcément par la maîtrise, plus ou moins poussée, de la langue du pays dans lequel on réside. Et a fortiori si l'on souhaite s'y installer sur le long terme et y travailler. Donc même sans projet professionnel, je ne peux que vous conseiller de vous mettre à l'allemand si vous comptez venir habiter en Autriche... et ce, même si vous décrochez un boulot où l'allemand ne vous sera pas demandé ! Car oui, cela est possible : il existe quelques secteurs où l'anglais peut suffire. C'est généralement le cas dans les domaines liés à l'informatique ou si vous souhaitez travailler pour une organisation ou une entreprise internationale (comme l'ONU). Il existe aussi quelques offres à la marge qui ne nécessitent pas non plus la maîtrise de l'allemand (ou juste une maîtrise basique) mais étant tellement minoritaires, il ne faut pas trop compter dessus.
Alors, comment faire si votre allemand est encore balbutiant mais que vous avez besoin de trouver un travail parce que vous n'avez pas le choix ? Ou tout simplement si vous souhaitez trouver un job en complément de vos études ? Pour cela, il n'y a pas de miracle : il ne vous reste plus qu'à vous tourner vers des petits boulots, où votre allemand hésitant ne sera pas un handicap. Allez frapper aux portes des chaînes de fast-food, postulez auprès des supermarchés, dirigez-vous vers les cafés et restaurants français (ils sont plusieurs à Vienne) ou les pubs anglais si vous êtes aussi à l'aise dans cette langue, essayez de privilégier les postes où il n'y aura pas forcément de contact avec le public (ménage, etc.)... Bref : ratissez large. Si vous avez déjà une première expérience, c'est forcément un plus, mais ne partez pas découragé si ce n'est pas le cas. Présentez-vous sur place, donnez votre CV en main propre, montrez que vous êtes motivé et vous aurez plus de chance que l'on vous rappelle que si vous vous contentez d'arroser au hasard par mail. C'est comme ça qu'une de mes copines s'est vu proposer un poste : elle a déposé un CV dans un café, on l'a rappelée dix minutes plus tard, à l'issu d'un essai de quelques heures le lendemain le poste était à elle si elle le souhaitait. Incroyable mais vrai, j'étais là ! Bon ce ne sera pas forcément toujours aussi facile mais c'est une stratégie payante.
Il ne vous restera plus ensuite qu'à vous préparer pour les entretiens (en allemand), qui peuvent aussi se faire par téléphone, soyez prévenus.
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Si votre projet d'expatriation se construit en parallèle d'une période de chômage, vous pouvez vous rapprocher du service mobilité internationale de Pôle emploi qui vous permet d'exporter vos droits à l'étranger. Sous certaines conditions, que voici :
- avoir validé au moins un mois de chômage en France ;
- l'export de vos droits n'est valable que trois mois ;
- vous devrez faire remplir le formulaire U2 par votre pôle emploi et le récupérer en main propre ; vous aurez ensuite une semaine pour le faire valider auprès de l'AMS (Arbeitsmarktservice, le pôle emploi autrichien) qui vous proposera en suivant un premier rendez-vous ; puis un rendez-vous par mois durant le reste de la période d'indemnisation (attention, rendez-vous en allemand ! Essayez de vous faire accompagner par quelqu'un si vous n'avez pas confiance en votre maîtrise car ils refuseront de vous parler dans une autre langue) ;
- attention : si vous êtes à cheval entre un reliquat et un rechargement de droits, le rechargement ne pourra pas se faire à l'étranger. Vous avez donc besoin de trois mois pleins en France pour éviter les mauvaises surprises (c'est du vécu...)
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Après la théorie, concluons cet article avec mon cas personnel qui va un peu à l'encontre de tout ce que je viens de vous dire. Car il ne faut pas oublier qu'il y a aussi un facteur non négligeable et non quantifiable dans toute recherche d'emploi : la chance ! Pour donner un peu de contexte, je travaillais pour une maison d'édition depuis 8 ans et mes compétences se résumaient à ce domaine. Je partais donc avec un gros désavantage, ne pouvant dès le départ pas chercher quelque chose de similaire dans mon domaine en Autriche. J'ai déposé ma démission mi-décembre avec une date de fin de poste fixée à fin février. Il a donc fallu en parallèle de ma recherche d'emploi que je réfléchisse aussi à l'orientation que je voulais donner à ma vie professionnelle. Pas simple.
J'ai commencé à déposer des CV dans des fast-food début février et dans l'un d'eux on m'a proposé directement un entretien pour la semaine suivante. On m'a rappelée au bout d'une semaine supplémentaire pour me dire que le poste était pour moi et que je pouvais commencer à travailler mi-mars comme je le souhaitais (j'ai fini par décliner le poste la veille de ma prise de fonction, car j'avais trouvé autre chose qui me plaisait mieux entre-temps : mais sachez que ce jour-là je n'avais toujours pas eu d'infos quant à ma prise de poste. C'est très relax ici.)
Le week-end avant ma dernière semaine officielle en tant que salariée française, je suis retournée faire une tournée de CV, privilégiant cette fois les pubs anglophones ainsi que les cinémas, ayant eu une première expérience dans ce secteur : ça a été à nouveau très vite payant vu que le lundi suivant on me proposait de venir faire un essai dans un des bars où j'étais passée deux jours avant. On m'a ensuite régulièrement rappelée dans les jours suivants et au bout d'une semaine j'ai eu le droit au fameux contrat Geringfügig. J'ai bossé chez eux pendant trois semaines et ça aurait pu s'arrêter là, j'aurais trouvé mon boulot alimentaire, continué mes cours d'allemand en parallèle tout en visant une recherche d'un boulot plus qualifié à la rentrée par exemple.
Sauf que. Entre-temps, j'ai aussi tenté ma chance à essayer de trouver du boulot vaguement dans ma branche et surtout qui ne requerrait pas de maîtrise de l'allemand. Autant dire que j'avais l'impression de chercher le mouton à cinq pattes mais bon, qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas ! Et c'est là où le facteur chance a beaucoup joué : à la troisième annonce à laquelle j'ai postulé (je ne dis pas ça pour me faire mousser mais parce que même moi je n'en reviens toujours pas), pour en plus un poste qui n'était pas du tout dans mon domaine (je cochais juste la case "locuteur natif français"), j'ai décroché un entretien. On a fini par me proposer quelque chose beaucoup plus adapté à mon profil (donc n'hésitez pas à répondre à une annonce qui ne vous correspond pas pour être sûr que l'entreprise se retrouve en possession de votre CV ; c'est le pari que j'ai fait et ça a marché !) et depuis mi-mars je suis donc officiellement salariée d'une entreprise autrichienne ! Je fais de la rédaction de contenu en français et en anglais, ce qui ne me change pas beaucoup de mon précédent métier d'éditrice, si ce n'est que désormais c'est moi qui aligne les mots. Je croise maintenant les doigts pour que ma période d'essai soit concluante et que mon poste soit pérennisé.
J'espère en tout cas que cet article vous aura été utile et surtout, si vous avez d'autres conseils ou des retours d'expérience, n'hésitez pas à les partager, je pourrai ainsi le mettre à jour pour que ça profite à tous. Et si vous êtes en recherche d'emploi, viel Glück!
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Au sommaire :- Quelques différences d'avec la France
- Le marché de l'emploi autrichien
- Le CV à l'autrichienne : l'expérience avant tout
- Sites ressources
- Trouver un emploi sans parler allemand ?
- Coup de pouce : la mobilité internationale de Pôle emploi
- Et moi dans tout ça ?
Chaque pays possédant ses propres spécificités, les recruteurs n'attendent pas les mêmes choses chez un candidat et par conséquent, la recherche d'emploi en Autriche sera forcément très différente d'en France. Voici quelques clés pour commettre le moins d'erreurs possible et se préparer au mieux.
Quelques différences d'avec la France
L'Autriche est régie par ses propres lois concernant le droit du travail, qui résultent en quelques différences avec ce à quoi on peut être habitué en France. En voici les principales :
- la durée légale du travail hebdomadaire en Autriche (Vollzeit : temps complet) est de 40 h mais elle peut varier suivant les accords de branche : il se situe la majorité du temps aux alentours de 38,5 h ; le temps partiel (Teilzeit) se situe lui généralement entre 20 et 30 h par semaine ; il existe aussi un dernier statut, Geringfügig, pour des postes avec un tout petit volume horaire par mois (souvent des contrats étudiants ou assimilés, avec une dizaine d'heures par semaine) ;
- il n'existe pas de salaire minimum ; ils sont définis pour chaque branche par les conventions collectives ;
- les Autrichiens sont généralement payés sur 14 mois : un mois supplémentaire en juin (en prévision des vacances) et un mois supplémentaire en novembre (en prévision de Noël) ; ces deux mois supplémentaires sont soumis à une fiscalité différente ;
- l'impôt est prélevé à la source ;
- les entreprises ont obligation de faire paraître sur les annonces le salaire du poste à pourvoir ; bien souvent elles indiquent en fait le salaire minimum décidé par la convention collective, montant qui peut donc être négocié et revu à la hausse ; il est d'ailleurs assez courant de négocier son salaire en Autriche ;
- la période d'essai est souvent d'un mois, qui peut être prolongée par un CDD de trois mois (histoire d'allonger cette fameuse période d'essai) converti automatiquement en CDI ;
- les CDD sont assez rares en Autriche et pour cause : une entreprise n'a pas besoin de motif pour licencier un employé. Les CDI sont donc beaucoup plus répandus : mais pas de panique, ce n'est pas pour autant qu'il existe un nombre plus élevé de licenciement qu'en France !
- les congés payés sont généralement de cinq semaines (pas de différence avec l'Hexagone mais une information qui peut avoir son importance).
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Le marché de l'emploi autrichien
L'Autriche est un petit pays, avec moins de 5 % de chômage. Ce n'est pas le plein emploi mais pas loin ! Le marché de l'emploi y est donc à son image, plutôt restreint, et cet aspect "village" fait que le bouche-à-oreille y est particulièrement développé : le réseau est le premier moyen de trouver du travail. Il se développe partout (à la salle de gym, avec ses voisins, à la caisse du supermarché...) car l'une des particularités de l'urbanisation de Vienne est la mixité sociale : il ne faut donc pas hésiter à engager la conversation dès que vous le pouvez, peut-être que votre futur employeur se cache derrière votre interlocuteur !
Du fait de cette propension à privilégier le réseau, les sites de petites annonces risquent de ne pas se révéler très efficaces. Il en existe plusieurs que vous pouvez quand même consulter, karriere.at en tête, mais il est possible que les annonces qui s'y trouvent soit vous parviennent trop tard (le poste est en fait déjà pourvu ou presque) soit cherchent des profils beaucoup trop improbables, ou en tout cas trop éloignés du vôtre. À l'inverse, il est donc plutôt conseillé de privilégier les candidatures spontanées : faites une recherche des entreprises susceptibles de vous correspondre et n'hésitez pas à les démarcher directement. Et pour être certain que votre candidature arrive entre les bonnes mains, mieux vaut encore les contacter en amont pour connaître le nom de l'interlocuteur approprié. Les Autrichiens sont très sensibles à ce genre de détail et vous mettrez ainsi toutes les chances de votre côté.
Enfin, ne cherchez pas à postuler uniquement auprès d'entreprises françaises, pensant que la maîtrise de cette langue vous ouvrira des portes : elles vont plutôt privilégier l'embauche de personnel en VIE (Volontariat international en entreprise), qui leur coûte moins cher. L'un de vos atouts peut justement être cette langue étrangère et, pour qu'elle soit utile à votre employeur, mieux vaut vous tourner vers des boîtes internationales... ou autrichiennes. Et là, malheureusement, pas de secret : la maîtrise de l'allemand est obligatoire. Tout le monde vous le dira : c'est la condition sine qua non pour décrocher le poste de vos rêves ici (mais j'en parle plus en détail un peu plus loin).
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Le CV à l'autrichienne : l'expérience avant tout
On ne présente pas son CV en Autriche de la même manière qu'en France : déjà, il n'y a aucune obligation à ce qu'il tienne sur une seule page... surtout si vous avez un parcours professionnel important. L'expérience est en effet plus privilégiée qu'en France, et non pas uniquement les diplômes : même avec un diplôme moins prestigieux, vous avez toutes vos chances, d'autant plus si vous pouvez justifier d'une spécialité. Cette spécialisation est quelque chose de très recherché en Autriche.
N'hésitez pas aussi à inscrire toutes les choses que vous pouvez faire bénévolement (loisirs, implication associative, etc.) et à être transparent sur vos informations personnelles (date de naissance, enfants... et bien évidemment une photo, obligatoire !). Les recruteurs cherchent évidemment des candidats qualifiés pour le poste en question mais également des individus les plus à même de s'intégrer dans les équipes déjà en place : il est donc important qu'une relation de confiance s'installe. Il n'est pas rare que des questions personnelles soient posées en entretien (si vous êtes une femme, on peut par exemple vous interroger sur vos enfants ou votre désir de devenir maman, ce n'est pas du tout interdit par la loi), qui sont là non pas pour vous piéger mais pour apprendre à mieux vous connaître et être sûr que vous trouverez votre place au sein de l'entreprise. Parfois, la réponse en elle-même compte même moins que la manière dont vous réagirez à ces questions !
Concernant la présentation de votre CV, vous pouvez l'introduire en vous présentant en quelques mots et en indiquant ce que vous recherchez. Si vous avez besoin d'aide pour la traduction, vous pouvez utiliser le site Europas. Essayez en tout cas de privilégier quelque chose de lisible et de clair à l'originalité (sauf si le métier le justifie) et n'ayez pas peur de passer sur deux pages si votre parcours professionnel le nécessite !
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Sites ressources
Tous ces conseils (qui apportent également un éclairage intéressant sur la culture et la mentalité autrichiennes) m'ont été donnés par Franck Runge lors d'une rencontre à la Chambre de commerce franco-autrichienne organisée par l'association Vienne Accueil. Je ne peux que vous recommander de vous rapprocher de son service Servithink si vous avez un projet d'expatriation en Autriche et que votre niveau d'allemand vous permet de postuler pour des postes qualifiés.
Autre ressource, l'Expat Center, un organisme qui émane de la ville de Vienne et qui prodigue nombre de conseils et d'ateliers (dont beaucoup en anglais et certains même en français) pour vous aider dans votre projet d'expatriation ou sur des questions très précises (la fiscalité en tant que travailleur indépendant par exemple).
Enfin, vous pouvez aussi vous rapprocher de l'ambassade de France qui a sur son site une page sur la recherche d'emploi en Autriche qui vous permettra de dégrossir le terrain. Vous y trouverez notamment un long dossier de plus de 70 pages fourni par l'AMS où vous pourrez piocher ce qui vous intéresse.
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Trouver un emploi sans parler allemand ?
C'est la question à un million de dollars et il n'y a pas de réponse tranchée. À mon sens, la clé d'une expatriation réussie passe forcément par la maîtrise, plus ou moins poussée, de la langue du pays dans lequel on réside. Et a fortiori si l'on souhaite s'y installer sur le long terme et y travailler. Donc même sans projet professionnel, je ne peux que vous conseiller de vous mettre à l'allemand si vous comptez venir habiter en Autriche... et ce, même si vous décrochez un boulot où l'allemand ne vous sera pas demandé ! Car oui, cela est possible : il existe quelques secteurs où l'anglais peut suffire. C'est généralement le cas dans les domaines liés à l'informatique ou si vous souhaitez travailler pour une organisation ou une entreprise internationale (comme l'ONU). Il existe aussi quelques offres à la marge qui ne nécessitent pas non plus la maîtrise de l'allemand (ou juste une maîtrise basique) mais étant tellement minoritaires, il ne faut pas trop compter dessus.
Alors, comment faire si votre allemand est encore balbutiant mais que vous avez besoin de trouver un travail parce que vous n'avez pas le choix ? Ou tout simplement si vous souhaitez trouver un job en complément de vos études ? Pour cela, il n'y a pas de miracle : il ne vous reste plus qu'à vous tourner vers des petits boulots, où votre allemand hésitant ne sera pas un handicap. Allez frapper aux portes des chaînes de fast-food, postulez auprès des supermarchés, dirigez-vous vers les cafés et restaurants français (ils sont plusieurs à Vienne) ou les pubs anglais si vous êtes aussi à l'aise dans cette langue, essayez de privilégier les postes où il n'y aura pas forcément de contact avec le public (ménage, etc.)... Bref : ratissez large. Si vous avez déjà une première expérience, c'est forcément un plus, mais ne partez pas découragé si ce n'est pas le cas. Présentez-vous sur place, donnez votre CV en main propre, montrez que vous êtes motivé et vous aurez plus de chance que l'on vous rappelle que si vous vous contentez d'arroser au hasard par mail. C'est comme ça qu'une de mes copines s'est vu proposer un poste : elle a déposé un CV dans un café, on l'a rappelée dix minutes plus tard, à l'issu d'un essai de quelques heures le lendemain le poste était à elle si elle le souhaitait. Incroyable mais vrai, j'étais là ! Bon ce ne sera pas forcément toujours aussi facile mais c'est une stratégie payante.
Il ne vous restera plus ensuite qu'à vous préparer pour les entretiens (en allemand), qui peuvent aussi se faire par téléphone, soyez prévenus.
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Coup de pouce : la mobilité internationale de Pôle emploi
Si votre projet d'expatriation se construit en parallèle d'une période de chômage, vous pouvez vous rapprocher du service mobilité internationale de Pôle emploi qui vous permet d'exporter vos droits à l'étranger. Sous certaines conditions, que voici :
- avoir validé au moins un mois de chômage en France ;
- l'export de vos droits n'est valable que trois mois ;
- vous devrez faire remplir le formulaire U2 par votre pôle emploi et le récupérer en main propre ; vous aurez ensuite une semaine pour le faire valider auprès de l'AMS (Arbeitsmarktservice, le pôle emploi autrichien) qui vous proposera en suivant un premier rendez-vous ; puis un rendez-vous par mois durant le reste de la période d'indemnisation (attention, rendez-vous en allemand ! Essayez de vous faire accompagner par quelqu'un si vous n'avez pas confiance en votre maîtrise car ils refuseront de vous parler dans une autre langue) ;
- attention : si vous êtes à cheval entre un reliquat et un rechargement de droits, le rechargement ne pourra pas se faire à l'étranger. Vous avez donc besoin de trois mois pleins en France pour éviter les mauvaises surprises (c'est du vécu...)
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Et moi dans tout ça ?
Après la théorie, concluons cet article avec mon cas personnel qui va un peu à l'encontre de tout ce que je viens de vous dire. Car il ne faut pas oublier qu'il y a aussi un facteur non négligeable et non quantifiable dans toute recherche d'emploi : la chance ! Pour donner un peu de contexte, je travaillais pour une maison d'édition depuis 8 ans et mes compétences se résumaient à ce domaine. Je partais donc avec un gros désavantage, ne pouvant dès le départ pas chercher quelque chose de similaire dans mon domaine en Autriche. J'ai déposé ma démission mi-décembre avec une date de fin de poste fixée à fin février. Il a donc fallu en parallèle de ma recherche d'emploi que je réfléchisse aussi à l'orientation que je voulais donner à ma vie professionnelle. Pas simple.
J'ai commencé à déposer des CV dans des fast-food début février et dans l'un d'eux on m'a proposé directement un entretien pour la semaine suivante. On m'a rappelée au bout d'une semaine supplémentaire pour me dire que le poste était pour moi et que je pouvais commencer à travailler mi-mars comme je le souhaitais (j'ai fini par décliner le poste la veille de ma prise de fonction, car j'avais trouvé autre chose qui me plaisait mieux entre-temps : mais sachez que ce jour-là je n'avais toujours pas eu d'infos quant à ma prise de poste. C'est très relax ici.)
Le week-end avant ma dernière semaine officielle en tant que salariée française, je suis retournée faire une tournée de CV, privilégiant cette fois les pubs anglophones ainsi que les cinémas, ayant eu une première expérience dans ce secteur : ça a été à nouveau très vite payant vu que le lundi suivant on me proposait de venir faire un essai dans un des bars où j'étais passée deux jours avant. On m'a ensuite régulièrement rappelée dans les jours suivants et au bout d'une semaine j'ai eu le droit au fameux contrat Geringfügig. J'ai bossé chez eux pendant trois semaines et ça aurait pu s'arrêter là, j'aurais trouvé mon boulot alimentaire, continué mes cours d'allemand en parallèle tout en visant une recherche d'un boulot plus qualifié à la rentrée par exemple.
Sauf que. Entre-temps, j'ai aussi tenté ma chance à essayer de trouver du boulot vaguement dans ma branche et surtout qui ne requerrait pas de maîtrise de l'allemand. Autant dire que j'avais l'impression de chercher le mouton à cinq pattes mais bon, qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas ! Et c'est là où le facteur chance a beaucoup joué : à la troisième annonce à laquelle j'ai postulé (je ne dis pas ça pour me faire mousser mais parce que même moi je n'en reviens toujours pas), pour en plus un poste qui n'était pas du tout dans mon domaine (je cochais juste la case "locuteur natif français"), j'ai décroché un entretien. On a fini par me proposer quelque chose beaucoup plus adapté à mon profil (donc n'hésitez pas à répondre à une annonce qui ne vous correspond pas pour être sûr que l'entreprise se retrouve en possession de votre CV ; c'est le pari que j'ai fait et ça a marché !) et depuis mi-mars je suis donc officiellement salariée d'une entreprise autrichienne ! Je fais de la rédaction de contenu en français et en anglais, ce qui ne me change pas beaucoup de mon précédent métier d'éditrice, si ce n'est que désormais c'est moi qui aligne les mots. Je croise maintenant les doigts pour que ma période d'essai soit concluante et que mon poste soit pérennisé.
J'espère en tout cas que cet article vous aura été utile et surtout, si vous avez d'autres conseils ou des retours d'expérience, n'hésitez pas à les partager, je pourrai ainsi le mettre à jour pour que ça profite à tous. Et si vous êtes en recherche d'emploi, viel Glück!
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