Pas de colère du jeudi. Pour la Saint Valentin, je voulais envoyer un message d’amitié à tous mes amis européens en Grande-Bretagne, ceux que je connais depuis des années, ceux que j’ai rencontrés après le brexit (j’allais écrire en luttant contre le brexit, ces rencontres sont bien la seule chose positive de ce fiasco), ceux que je ne connais que virtuellement, ceux dont je vois passer les messages jour après jour, ceux qui partent, ceux qui restent, ceux qui ont des familles mixtes, ceux qui se sentent profondément, intrinsèquement européens mais qui sont nés britanniques, à tous, je voulais juste vous dire à quel point je pense à vous, à quel point j’ai mal pour vous, à quel point je partage votre colère et vos angoisses. Je voulais vous dire que ceux qui sont déjà partis comme moi sont toujours avec vous, on ne vous oublie pas, on ne peut pas oublier brexit britain.
J’imagine bien que ça sonne très mélodramatique vu d’ici. Mais les européens en UK vivent dans l’incertitude absolue et le hostile environment mis en place par Zaza elle même depuis juin 2016. C’est épuisant nerveusement. A 6 semaines de la date butoir du 29 mars, ils ne savent toujours pas ce qu’ils deviendront. Ils ne savent pas si ils pourront rester, à quelles conditions, si ils pourront voyager, se faire soigner, travailler, si leurs familles britanniques pourront éventuellement les rejoindre en Europe en cas de départ. Rajoutez les attaques xenophobes, physiques ou verbales, la rhétorique stigmatisante du gouvernement, le matraquage médiatique anti européens en continu…c’est invivable pour beaucoup. Quand on apprend en commission parlementaire que certains enfants d’européens n’auront peut être pas le droit de rester (c’est ici pour ceux qui pensent que j’exagère), quand l’application pour déposer sa demande de settle status (permis de résidence) bugue, accepte ou rejette les dossiers sans aucune logique apparente, quand le home office entretient savamment des informations contradictoires, et quand on trouve en magasins des kits de survie apocalyptiques pour ne pas crever en cas de no deal, ça porte sur le moral.
Chaque jour, je vois passer les messages de tous ces européens qui se révoltent ou qui se résignent, qui hurlent leur colère ou leur peur, et ça me fend le cœur. La seule chose dont ils sont coupables, c’est d’avoir déménagé. C’est tout. Ils sont européens, ils sont partis s’installer dans un autre coin de l’Europe que celui où ils sont nés, comme on va dans la ville voisine, et aujourd’hui, la folie xenophobe des brexiters le leur fait payer. Alors aujourd’hui , je voulais juste leur dire que comme 150 000 européens, j’ai fui brexitland, mais comme ces 150 000 européens, je pense à eux. Take care of yourselves, be strong and proud of who you are, you are not alone.