Pourquoi cette aventure à Batad?
Nous sommes à Batad tous les 4 et c’est merveilleux! En regardant ce paysage incroyable de rizière en terrasses, je ne peux m’empêcher de me demander quels trésors se cachent encore dans la suite de cette vallée merveilleuse. D’autres villages, d’autres rizières, d’autres cascades paradisiaques. Ma soif de découverte est trop forte… Il faut que j’aille voir là-bas !
rizière de jourla beauté du vert des rizièresLa préparation
Comme toujours je prévois le départ à 4h du matin pour un retour au petit déjeuner. J’ai juste une petite réticence car ma trousse de secours spéciale survie est resté avec le reste de nos affaires à Banaue.
Je demande quelques informations au gérant de l’hôtel mais les réponses ne sont pas très claires. Il a plus envie de me vendre un de ses guides que de m’expliquer le cheminement.
Je peux visualiser le départ du chemin de la terrasse de l’hôtel. Pour le reste ça va être complètement l’aventure !
J’ai une 2ème réticence : ce sont le nombre de chiens en liberté dans les villages. Heureusement qu’ils ne semblent pas très méchants. En tout cas, le jour… pour la nuit, je vais bientôt voir ça !
J’avance l’heure de mon départ
On se couche vers 21h et m’endors rapidement quand une lampe me réveille en sursaut. Quelqu’un essaye d’ouvrir notre porte…. J’ouvre la porte et je me trouve face au propriétaire qui vérifie juste que l’on a verrouillé notre porte… Pourquoi ? C’est dangereux la nuit ?? Il y a un monstre qui traine dans la vallée ?! Bref je suis réveillé et impossible de me rendormir… Il est 2h30, j’en ai marre… je m’habille et file…
Sommet, c’est beau hein?J’ai réveillé toute la vallée à moi tout seul
Comme j’ai eu le temps de réfléchir pendant la nuit, je décide de changer le sens de mon départ et de partir par le bas du village pour éviter de traverser les maisons et tomber sur les chiens. Loupé !!! A peine 10m de fait et je tombe déjà sur une bande de chiens. Heureusement qu’ils ne sont pas braves et filent vite se cacher quand j’hausse la voix et agite mes bâtons.
Et c’est la même histoire dans tous les hameaux et villages que j’ai traversé. Par contre, jamais personne ne s’est levé pour voir. Ils ne doivent pas avoir peur du loup chez eux !!! A mon retour, Alice me dira qu’elle a suivi mon début de parcours en suivant le son des aboiements de plus en plus lointains !
J’ai trouvé mon chemin dans le noir
En mettant le nez dehors, je découvre un magnifique ciel étoilé et surtout une demi-lune très lumineuse qui me permet de voir la découpe des montagnes. Je commence par descendre le village pour rejoindre le bas des terrasses et ne pas jouer à l’équilibriste (Alice n’était pas rassuré de m’imaginer en équilibre sur les murets la nuit) puis rejoindre le départ pour la cascade de Tappia, début du chemin pour le village de Pula.
Après avoir franchis les escaliers pour le Viewpoint (environ 200) je m’engage sur le chemin à travers la jungle. Il fait bon, même un peu chaud. Le chemin est très évident jusqu’au premier village, Kambulo. Le gros problème c’est de trouver la suite du chemin à travers le labyrinthe des maisons et les aboiements de chiens qui te font partir à droite ou à gauche.
Je trouve enfin un chemin avec des escaliers qui semble être le bon mais celui-ci me mène à une route. Je ne savais pas qu’il y avait une route ici ! Il y a même un véhicule de garer… (Je comprendrai au retour que ce n’était pas le bon chemin)
Je décide de ne pas suivre la route mais de redescendre par un chemin qui bascule dans la vallée et me ramène vers la rivière. Je ne sais pas où je vais mais j’y vais…
J’arrive à une passerelle suspendue qui me permet de traverser le torrent puis à une longue série de marches et j’arrive dans un village. C’est Pula ??? Déjà !
Explo de nuitExplo de nuitExplo de nuitPula or not Pula?
Il est 4h45 et je tourne dans le village sans trouver l’issue pour la suite (je vous rappelle qu’il fait nuit). Ah ! une personne de réveillée en train, visiblement, de tuer une bête dans une cabane. « Pula, here ? » Yes, Yes et il m’indique une direction du bras… Je cromprends rien ! J’y suis ou pas ?
J’avance et le chemin m’amène à une petite barrière. Je passe par dessus et j’entends dans un anglais parfait (en tout cas meilleur que le mien) « Where are you going, Sir ? » Je vois quelqu’un de petit avec une grosse frontale sur la tête mais impossible d’apercevoir le visage tellement je suis ébloui…
Elle me demande ce que je fais là si tôt et m’invite à prendre un café au coin du feu dans sa cabane. FOR-MI-DA-BLE. On commence à discuter mais je crois qu’elle me dit qu’elle a du mal à me comprendre parce que je ne suis pas anglais et que je parle mal avec mon accent… Tiens prends ça dans ta face !!
Elle m’explique que tout ces hameaux c’est Pula mais que le village en lui-même est encore à 1h de marche de là par les rizières. Il me reste 45 minutes avant le lever de soleil. Elle m’accompagne pour me mettre sur le bon chemin et hop je file !
La bête me bloque le passage
J’avance vite quand tout à coup 2 yeux apparaissent sur le chemin. Oh ! Pu….. un énorme buffle! Je sais depuis l’Inde que les buffles sont dangereux car ils n’ont pas peur comme des vaches et qu’ils sont un peu fou. Il faut s’en méfier…
Ben là, il me bouche carrément le passage. Je fais quoi ? Demi-tour ! En plus il semble vraiment surpris de voir ma lampe et me fait face en soufflant par le nez… Ca veut dire quoi ? Il va me foncer dessus ?
Au dessus du chemin, c’est impossible de passer, en bas c’est un fossé de végétation. Pas d’hésitation, je saute en bas et je rampe sous les branches pour ressortir plus loin. Et là, je tombe sur la tête du buffle à 1m de moi qui avait suivi mon cheminement… Je me lève et cours sur le chemin ! Ouf !
La question c’est : « Est-ce qu’il sera parti à mon retour ? »
Rizières de nuitMon ami le bufflePula c’est loin… !
J’avance d’un pas très rapide depuis le départ mais là je m’éloigne vraiment et je vois toujours pas le village. Je calcule. Il faut apparemment entre 5/6 heures, pour un marcheur normal. Je compte, pour moi, 2 fois moins pour rejoindre le village à partir de Batad. Il va être 6h, ça fait 3h30 que je marche avec 2 « détours » et une pause café. Je ne devrais pas être loin… Et puis après un virage, voici le village, il est 6h15… Pause photo et demi-tour.
Souvenir!Quel sourire!La course de retour
L’objectif est simple, j’avais annoncé à Alice un retour vers 9h30, au maximum 10h mais j’aime bien arriver toujours avant pour l’effet de surprise mais aussi pour ne pas qu’elle s’inquiète. Il me reste moins de 3h pour rentrer en marquant des pauses pour faire des photos (ben oui, il fait jour maintenant)/
J’accélère le pas et cours sur quelques portions de bon chemin pour gagner du temps. C’est une heure géniale car tu croises les paysans qui vont aux champs, les élèves qui prennent le même chemin pour aller à l’école et là aussi la prof du village de Pula.
Les gens sont complètement surpris de te voir si tôt ici alors que les hordes de touristes passent dans l’après-midi. C’est une des raisons pour laquelle je marche la nuit. La vallée est magnifique. Il y a des cultures en terrasses de chaque côté et le torrent au milieu. J’imagine revenir avec mon équipement de canyon pour explorer le parcours aquatique jusqu’à la cascade. Dans les endroits les plus humides, la végétation est très luxuriante avec une vraie ambiance de jungle avec des feuilles géantes.
Petit cheminA travers les rizièresen plein travail…Dans ce sens, c’est beaucoup plus facile car on descend la vallée. J’arrive en 1h15 à Kambulo en longeant la rivière par les terrasses. (J’ai bien fait un gros détour à l’aller) Puis j’entame le chemin plus difficile pour rejoindre Batad. Je me dis qu’à ce rythme là je vais être arrivé à 8h15 mais j’avais oublié qu’il fallait monter puis redescendre à un point bas pour ensuite remonter. Descendre les marches du « view point » et enfin franchir les terrasses par les murets avant de remonter à l’hôtel. Et en plus, il fait maintenant très chaud.
J’arrive enfin à 9h à l’hôtel. Le groupe est en plein petit déjeuner. Ma petite famille me saute dans les bras comme si j’étais un survivant. Je commande rapidement mon repas car nous avons décidé de rentrer à pied par le chemin ralliant le village de Bangaan. 3h30 de marche en plus avec les enfants. Heureusement qu’Alice a pris le relais sur le portage de Ruben car je suis un peu fatigué…
C’était une très belle exploration me permettant de vous proposer un topo sans guide autour de Batad.
La cascadeNotre huttetrophées…