L’arc de triomphe Héré est un monument complète de façon majestueuse la place royale de Nancy. Edifié au milieu du 18e siècle, il honore le gendre du roi Stanislas, Louis XV. Il contribue à la belle perspective que Stanislas Leszczyński a souhaité créer dans sa capitale. L’arc monumental est ainsi le trait d’union entre la place Stanislas à la place de la Carrière.
L’arc de triomphe Héré : le projet
Lorsque Stanislas souhaita créer une place royale à Nancy, il choisit de la réaliser dans l’axe de la place de la Carrière. Or, jusqu’au milieu du 18e siècle, l’espace était occupé par deux vieux bastions militaires : ceux de Vaudémont (à l’est) et de Haussonville (à l’ouest), eux-mêmes reliés par un rempart.
Les fortifications séparaient les deux villes de Nancy : la Ville-Vieille (d’origine médiévale) et la Ville-Neuve (construite par le duc Charles III pendant la Renaissance).
Plan de Nancy en 1645 montrant distinctement la Ville-Vieille et la Ville-Neuve séparées par un fossé et des remparts.
Pour réaliser sa place royale, Stanislas demanda les services d’Emmanuel Héré (1705-1763), un architecte baroque lorrain.
Héré conçut un plan qui n’exigeait pas la démolition des fortifications. Ainsi, la place serait bâtie sur trois côtés. Sur le côté nord, les fossés seraient comblés pour accueillir deux pavillons bas. Ces bâtiments permettraient de fermer la place… tout en restant moins hauts que les remparts derrière eux.
Entre ces deux pavillons bas – et dans l’axe de l’Hôtel de Ville -, les remparts étaient percés d’une porte permettant le passage entre les deux villes. La porte dite Royale fut largement remaniée par Héré. Elle devint un véritable arc de triomphe à la gloire de Louis XV.
Plan de 1752 montrant le contour de la place royale et les remparts au nord (bastion de Vaudémont à gauche et bastion de Haussonville à droite). Entre les deux bastions, l’arc de triomphe (c).
Le coup de maître d’Héré
Ainsi, Héré réussit un coup de maître :
- en masquant les vieux bastions qui séparaient les deux villes par l’édification de pavillons à basse hauteur,
- en créant un monument majestueux qui ne supprimerait pas le rempart séparant les deux villes,
- ceci dans l’axe d’une perspective grandiose,
- avec l’accord des autorités représentant l’autorité royale française (le maréchal de Belle-Isle, gouverneur des Trois-Evêchés et lieutenant général des duchés de Lorraine et de Bar).
Cela méritait bien une inscription au patrimoine mondial de l’Unesco en 1983 ! Chapeau Héré !
Les deux villes de Nancy (Ville Vieille et Ville Neuve) en 1754 reliées par la nouvelle place royale (place Stanislas)
L’arc de triomphe Héré dans les détails
Pour réaliser son arc de triomphe, Héré s’est inspiré de l’arc de Septime Sévère à Rome.
L’arc de triomphe de Nancy figure parmi les plus anciens arcs post-romains construits en France. Il est contemporain à la Porte de Bourgogne de Bordeaux (1750-1755) et à la Porte de Paris de Nevers (1742-1746).
L’ouvrage Le Vieux Nancy de Pierre Marot (qui n’est malheureusement plus édité) donne une description détaillée de l’arc vu de la place Stanislas :
Il est percé d’une grande baie en plein cintre, flanquée de deux baies plus basses, la partie centrale formant avant-corps. Six colonnes corinthiennes encadrent ces ouvertures et supportent un entablement surmonté d’une frise couronnée de statues.
Comme l’ensemble de la place [Stanislas], l’arc de triomphe est dédie à Louis XV.
L’arc de triomphe Héré vu depuis la place Stanislas à Nancy © French Moments
Les médaillons
Sur les médaillons timbrant les trophées qui sont placés au-dessus des portes latérales sont gravés les mots : PRINCIPI VICTORI et PRINCIPI PACIFICO ; ces deux inscriptions donnent la clef du symbolisme de l’arc : bas-reliefs et statues célèbrent Louis XV, prince victorieux et pacifique.
Cette symbolique, si elle est davantage marquée sur l’arc de triomphe, se retrouve dans tout le décor de la place [Stanislas], ne serait-ce que par le discret et constant enlacement du laurier et de l’olivier.
La Renommée
La Renommée au sommet de l’arc © French Moments
Le groupe de bronze, qui est placé au-dessus du monument sur un acrotère, est composé de trois personnages.
Un génie y représente le médaillon de Louis XV ; la Paix le reçoit et la Victoire le couronne.
[Cette Renommée qui tient le médaillon représentant Louis XV est placé au-dessus d’une inscription latine à la gloire du roi de France : HOSTIUM TERROR / FŒDERUM CULTOR / GENTISQUE DECUS ET AMOR que l’on peut traduire par : « Terreur des ennemis, fauteur des traités. Gloire et amour de son peuple ».]
Le médaillon royal actuel, en bronze doré, remplace depuis 1815 (il fut encore retiré de 1830 à 1852), celui qui à l’origine avait été exécuté en marbre par l’Autrichien Jean-Baptiste Walneffer et que la Révolution avait détruit.
Les statues dominant l’arc
La section supérieure de l’Arc Héré à Nancy © French Moments
De chaque côté de ce groupe se dressent, à gauche, les statues de la Félicité publique et de Minerve, à droite celles d’Hercule et de Mars, la paix et la guerre ; les trois bas-reliefs, qui sont scellés sur l’entablement, représentent, celui de gauche, Apollon jouant de la harpe, au milieu des Muses ; celui de droite, Apollon perçant d’une flèche le serpent Python ; celui du centre la Paix (à gauche) et la Guerre (à droite).
Les modifications ultérieures
Au 18e siècle et jusqu’en 1817, il était possible de se promener sur la terrasse de l’arc de triomphe. Cette jolie promenade fut rendue possible par le démantèlement du vieux bastion de Haussonville. L’idée était de créer un accès au Parc de la Pépinière depuis la place royale. Des escaliers installés sur le flanc Est de l’arc permettaient aux promeneurs de flâner le long du chemin de ronde des fortifications.
Le bastion de Vaudémont fut entièrement rasé en 1847, rendant possible l’ouverture de la charmante place de Vaudémont.
Ainsi, l’arc de triomphe Héré se retrouva isolé. Une fois les remparts démantelés, la porte devint un véritable arc de triomphe.
Pour la petite anecdote, on peut rapprocher cette situation à celle de la porte serpenoise de Metz, elle aussi isolée depuis la destruction des remparts de la ville.
La façade de l’arc – place de Vaudémont
Place Vaudémont, Nancy © French Moments
En lieu et place du bastion d’Haussonville, on ouvrit la petite place de Vaudémont. Avec ses terrasses de restaurant et ses airs du sud (regardez les façades colorées !), elle flanque le flanc ouest de l’arc de triomphe Héré.
En 1877, l’architecte Morey accola à l’arc une façade monumentale. On y plaça une statue de Jacques Callot par Laurent, elle-même flanquée des bustes des graveurs Ferdinand de Saint-Urbain et Israël Silvestre.
La façade de l’arc – place Héré
La statue d’Emmanuel Héré près de la Pépinière © French Moments
En 1888, on répliqua le modèle de la façade de la place de Vaudémont sur le flanc Est de l’arc.
L’ensemble fut conçu en l’honneur de l’architecte Emmanuel Héré dont on peut admirer la statue par Charles Jacquot.
L’arc de triomphe Héré by night
La nuit tombée, l’arc de triomphe Héré est magnifiquement illuminé. L’arc est mis en valeur sur ses deux côtés : de la place Stanislas bien sûr, mais également de la place de la Carrière.
Monter à l’arc grâce aux visites apéritives de Nancy Tourisme
Les visites apéritives organisées par Nancy Tourisme sont une occasion unique de monter à la terrasse de l’arc de triomphe Héré, habituellement inaccessible. Vous découvrirez la belle perspective de la place Stanislas à la place de la Carrière. Et de nombreux détails architecturaux qui sont difficilement visibles de la place.
Il est possible que les visites soient reconduites pour l’été 2019. Pour en savoir plus sur les visites apéritives de Nancy Tourisme…
Pour en savoir plus
Quelques sites sur l’arc de triomphe Héré et Nancy :
- la place Stanislas (sur le blog)
- la place de la Carrière (sur le blog)
- 2 jours à Nancy : itinéraire de découverte (sur le blog)
- le site de Nancy Tourisme
- l’article de wikipedia
- le site de Stanislas et Orbi
- le site de l’Unesco sur les trois places classées de Nancy
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