L’expatriation, ce n’est pas toujours tout rose… Il y a quelques semaines, Maxime a commencé à se plaindre de douleurs dans l’oreille et de maux de tête très localisés.
Dès le lendemain, nous sommes allés aux « Urgent Care » : consultations avec des généralistes sans rendez-vous. Le problème, c’est que le diagnostic du médecin n’était pas le bon. Et ce qui aurait dû se régler dans la journée a fini aux urgences un bel après-midi de dimanche.
Comment a-t-on pu en arriver là ? C’est ce que je vais vous expliquer aujourd’hui.
Comment fonctionne le système de soins aux US en général ?
En France, lorsque l’on a besoin de se faire soigner, on peut compter sur la sécurité sociale, et éventuellement notre mutuelle. Cela permet de se faire rembourser sa consultation et son traitement auprès de n’importe quel médecin généraliste. La sécurité sociale peut même vous référer à un spécialiste si besoin.
Autant vous prévenir tout de suite, aux États-Unis, c’est très différent : il n’existe pas d’équivalent de notre sécu. Tout se fait via un réseau privé, donc des mutuelles de santé. Et pour être remboursé par la vôtre, vous n’avez pas d’autre choix que de consulter les médecins « in network » (idem pour les hôpitaux) qui sont les seuls habilités par votre assurance santé.
Admettons, vous avez une urgence. Vous vous rendez à l’hôpital le plus proche qui n’est malheureusement pas « in network » avec votre assurance. Que se passe t’il ? Pour être honnête, on n’a jamais expérimenté (et on n’a pas très envie). Mais on imagine que dans ce cas, il n’y aura aucun remboursement ou très peu, tout dépend de votre mutuelle. Et l’addition est souvent très salée ! ON CONFIRME ! Notre facture totale s’élève à 6 376$ pour être restés 4 heures aux urgences… Nous ne savons pas encore combien nous allons payer de notre poche, suspense ! Pour une hospitalisation, les frais peuvent s’élever à 75 000$. Mieux vaut être dans le bon hôpital couvert pas votre assurance. :/
Un centre de santé avec un valet pour votre voiture
En Californie, notre mutuelle s’appelle Kaiser Permanent. C’est à la fois un centre d’assurance et un centre hospitalier dans lequel on trouve tous les spécialistes de la médecine générale, sauf des dentistes et ophtalmologues. En gros, cela ressemble à un grand campus dans lequel sont réunis tous les départements médicaux, le matériel et les compétences pour être soigné.
Vous aurez aussi à disposition un gift shop (une boutique de souvenir), au cas où.
Et quand on ne sait pas vraiment comment tout cela fonctionne (ce qui est souvent le cas des expatriés), on est mal barré !
Maxime, son oreille et la dame au téléphone
Les douleurs de Maxime à l’oreille et à la tête ont commencé un lundi. Elles venaient et partaient par intermittence, mais ont commencé à devenir plus aiguës au fil de la journée. Même les huiles essentielles n’y faisaient rien.
Nous nous sommes donc rendus au centre Kaiser dès le lendemain. Notre première consultation (très rapide) s’est faite aux « Urgent Care », car Maxime n’aurait pas pu attendre plus longtemps.
Première question que l’assistante médicale pose à Maxime en arrivant : voulez-vous faire votre « flu shot » (vaccin contre la grippe) aujourd’hui ? Question surprenante quand on voit la tête de Maxime en pleine décomposition sous la douleur. Comment dire… On n’est pas venu pour ça, et on ne dirait pas que ce soit le moment pour un vaccin.
J’étais déjà allée aux « consultations sans rendez-vous » pour un problème similaire, et cette fois-ci encore, le médecin qui nous a reçu était loin d’être compétent. Il lui a fallu quelques minutes à peine pour poser son diagnostic (une otite) et prescrire à Maxime des antibiotiques. La solution par défaut.
Comme on pouvait s’y attendre, le mal de tête s’est légèrement calmé, mais pour laisser place à une éruption de boutons. Après 5 jours seulement, ses migraines étaient encore plus fortes et les boutons se multipliaient par dizaine dans son oreille. À ce moment-là, on espérait encore que les antibiotiques fassent effet.
6ème jour : les antibiotiques ne font qu’aggraver le problème
Au bout du 6ème jour, une partie du visage de Maxime est paralysée. Il n’arrive plus à sentir ni bouger son nez, sa bouche et son oreille. On conclut alors que le diagnostic n’était vraiment pas le bon. Et qu’il est temps d‘aller voir un spécialiste : un ORL (ENT en anglais pour Ear Nose Throat).
On rappelle le centre Kaiser et Maxime explique ses douleurs, l’éruption cutanée et la paralysie qui sont apparues après notre première consultation. Son interlocutrice lui répond très gentiment qu’étant un samedi, elle ne peut rien faire d’autre que de notifier notre médecin traitant pour qu’il nous rappelle lundi. Nous serons obligés de repasser par lui afin qu’il nous réfère à un spécialiste et que l’on puisse prendre rendez-vous. Ce qui peut prendre 2 jours à 2 semaines… Mais elle n’a visiblement pas l’air de s’en soucier !
Maxime finit par la supplier en lui expliquant qu’il a vraiment très mal et que sa paralysie faciale l’inquiète vraiment. Et lui demande si en allant directement aux urgent care, on ne pourra pas l’orienter plus vite vers un spécialiste. Encore une fois, notre interlocutrice n’en démord pas. La procédure veut que l’on attende lundi pour consulter notre médecin traitant… Et il faudra donc la respecter.
Premiers soins d’urgence aux US : la panique !
Vous imaginez certainement le stress dans lequel cet appel nous met. Je n’ai aucune idée de ce que je pourrais bien faire pour aider Max. Et je commence même à me dire qu’on pourrait mourir dans ce pays pour une « otite », que l’on ait de l’argent sur son compte ou non. De toute façon, même si on avait pu retourner aux urgent care, la plupart des médecins qui y travaillent se contentent de prescrire des antibiotiques qui ne fonctionnent pas.
Je le sais d’expérience, puisqu’en décembre de l’année dernière, j’avais été confrontée au même problème. Mais j’avais eu plus de chance que Maxime puisqu’on rentrait en France deux jours plus tard. J’avais donc fini aux urgences ORL de Lariboisières, à Paris.
En se renseignant sur Internet, on découvre que tout le monde dit à peu près la même chose que nous. L’urgent care, ça va bien quand on a une simple grippe, mais si les symptômes sont plus compliqués, c’est une perte de temps.
Je propose donc à Max d’aller directement à l’emergency room, soit aux urgences. Il hésite un peu, car pour lui, les urgences sont réservées aux cas vraiment extrêmes. Et puisqu’il peut marcher et ne se sent pas sur le point de mourir, il n’a pas envie de les encombrer pour rien.
Mais pourquoi je n’ai pas fait médecine ?!
On a donc fini par décider d’attendre lundi pour supplier notre généraliste (qu’on n’a jamais vu) pour qu’il intervienne le plus vite possible. Les paracetamols rendent le weekend-end de Max plus supportable. De mon côté, je n’arrête pas de me demander pourquoi je n’avais pas fait médecine, en essayant tant bien que mal de le soulager avec des huiles essentielles. Mais rien n’y a fait…
Dimanche, Maxime ne peut même plus se lever à cause de sa douleur à la tête. Et son oreille est complètement boursouflée. Je n’en avais jamais vu comme ça ! Je rappelle donc le centre Kaiser et insiste pour parler à un ORL. Dès que le spécialiste entend le mot « paralysie », il me dit d’amener immédiatement Maxime aux urgences !
Il n’est donc plus question d’attendre 24 heures de plus. Je prends les papiers dont on peut avoir besoin, Maxime sous le bras, et surtout la carte de crédit (sans laquelle on ne peut même pas entrer).
La prise en charge aux urgences
Arrivés aux urgences, Maxime est immédiatement pris en charge par de vrais professionnels. On a dû attendre moins de 10 minutes avant qu’il ne soit entouré par 4 infirmiers qui le déshabillent pour lui faire passer un pyjama et l’installent sur un brancard. On lui prélève plusieurs fioles de sang (au moins 6 !), et il est rapidement mis sous perfusion : WOW ! Et même si tout ce balai médical autour de lui me donne le tournis, je suis rassurée de le voir en bonnes mains.
Au total, nous sommes restés 4 heures aux urgences. Mais nous en sommes sortis rassurés et avec un diagnostic qui semblait cette fois beaucoup plus plausible. Maxime avait eu le « shingles virus », un Zona, et on lui avait donc prescrit un nouveau traitement, sans antibiotique. Autre bonne nouvelle, Maxime a obtenu son « referral » (transfert vers un spécialiste) ! Nous avions un rendez-vous prévu dès le lendemain avec un spécialiste ORL ! C’était vraiment le jour et la nuit avec notre expérience aux « Urgent Care ».
Un soulagement… temporaire
On est donc soulagé. Mais pas encore complètement, puisque suite au « Ramsay Hunt syndrome » provoqué par le « shingles virus », il y a toujours le risque que la paralysie soit permanente. Vous imaginez notre stress !
Le lendemain, Maxime se réveille sans mal de tête. Et les boutons commencent à disparaître au niveau de son oreille. Beaucoup plus sereins, on appelle donc le département ORL qui nous donne rendez-vous 3 heures plus tard. La consultation commence avec l’assistante de l’ORL qui demande à Maxime s’il veut son « flu shot » aujourd’hui (ils y tiennent !). Puis l’ORL confirme le diagnostic des urgentistes, mais aussi le traitement qui lui a été prescrit. Surtout, il nous rassure en nous expliquant que dans 99 % des cas, ses patients retrouvent le fonctionnement complet de leur visage. Mais il faudra peut être attendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. GROS SOULAGEMENT QUAND MÊME.
L’ORL lui fait également passer des tests d’audition. Et comme on pouvait s’y attendre, Maxime a perdu de son oreille malade. Il retourne le voir dans 2 semaines pour voir si elle s’améliore progressivement.
L’autre bonne nouvelle, c’est que ce « referral » est désormais permanent. Plus besoin de passer par un généraliste en cas de problème au nez, à la bouche ou aux oreilles. Maxime pourra appeler directement son ORL.
Conclusion : une mauvaise expérience qui donne plus d’assurance
Vous connaissez maintenant nos dernières péripéties avec le système de santé américain. Des péripéties qui n’ont pas été drôles du tout, et qui nous ont causé beaucoup d’angoisse. Et un énorme sentiment d’impuissance. Au final, peu importe votre situation financière, il faut à chaque fois compter plusieurs mois pour s’en remettre… Quand les conséquences ne sont pas irréversibles.
Mais ça fait partie des expériences de l’expatriation. Comme dans un mariage, il faut s’engager dans la santé comme dans la maladie :). La morale de cette histoire, c’est qu’on se sent maintenant plus en sécurité en Californie. On sait désormais comment le système fonctionne, et on sera donc mieux préparés si on rencontre un nouveau souci de santé.
Un rapide aperçu des mots cités dans l’article :
- chickenpox : varicelle
- rash : éruption cutanée
- blisters : boutons
- tablet : cachet
- ringing in the ear : acouphène
Et vous, quelle est votre expérience avec le système de santé aux US ? Bonne ou mauvaise ? Bon et sinon, vous avez fait votre « flu shot » pour la saison ? Partagez vos histoires dans les commentaires, ce sera toujours utile pour les autres !