Jour 5 Telluride Blues Festival 1

Publié le 18 octobre 2018 par Bayou

LE SHERIFF EST DANS LA PLACE

Telluride est une petite ville du Sud du Colorado nichée à 2667 mètres d’altitude. Son accès par des petites routes de montagne se mérite, pourtant beaucoup de manifestations se déroulent dans ce coin paradisiaque des Rocheuses. Et par un vendredi midi ensoleillé de septembre nous apercevons une file gigantesque de gens assis et debout qui mangent, boivent, discutent. Aïe c’est l’attente pour récupérer les bracelets d’entrée du festival du blues ? Pas du tout les spectateurs attendent l’ouverture des portes pour choisir le meilleur emplacement afin d’installer leur fauteuil. Le site du festival se compose d’une grande scène, avec une fosse de 30/35 mètres et derrière un vaste espace où les spectateurs sont assis. On récupère nos bracelets, on passe à l’hôtel tout proche déposer nos bagages et garer la voiture qui ne bougera plus pendant trois jours, et hop à nous les concerts après avoir avalé une pizza gigantesque.

SAMANTHA FISH

On débute avec Samantha Fish, qui a encore amélioré son look Marylin, mais la jolie poupée blonde permanentée, envoie du très lourd avec sa guitare et son nouveau groupe formé pour la sortie de son récent album Belle of the West. La musique s’éloigne du blues-rock des dernières années pour se diriger vers un Memphis Sound musclé. Notre blonde est vraiment excellente à la guitare, sa voix a pris de l’assurance, le show est visuellement excellent et le final à la cigar-box renoue avec le blues originel.

CHRISTOPHE "KINGFISH" INGRAM

Le côté de la grande scène

Après ce démarrage torride, on se dirige vers la scène blues-stage au moment où Christone « Kingfish » Ingram rejoint Dwayne Dopsie and the Zydeco Hellraiser. Nous avions adoré Kingfish à Paris quand il accompagnait Diunna Greenleaf au Méridien fin 2017 et là encore il nous gratifie d’interventions superbes très bluesy avec un toucher et un son qui nous emporte sur les rives enchantées des géants de la guitare blues disparus. Retenez bien ce nom, le gaillard, né en 1999, n’a pas encore enregistré d’albums mais c’est à l’évidence un futur grand du Mississippi Blues. Dwayne continue son show hyper musclé avec passage dans le public, long solo de planche à laver, fulgurances de sax, couplées à l’accordéon. C’est tonique et donne une furieuse envie de danser et l’esprit de the Big Easy souffle fort dans les vallées du Colorado.

CHARLIE & BEN

Du coup on a loupé Booker T’S Stax Revue sur la grande scène, que l’on rejoint pour Ben Harper et Charlie Musselwhite. Il est vingt heures, la nuit est tombée, il fait frais et une partie du public (surtout féminin) est échauffé par le mélange bière/shit (légalisé dans l’Etat) aussi le concert sera particulièrement bruyant dans le public. On parvient facilement à se faufiler dans les premiers rangs de la fosse, les Américains arrivent au dernier moment avec une provision de verres de bières et de bouffe plus ou moins chimique mais toujours grasse.

C’est une joie de revoir le duo après leur fabuleux concert de La Cigale au printemps, même si Charlie m’a semblé un peu plus en retrait qu’à Paris. Mais c’est toujours grandiose, avec la chanson anti- Trump (« I Don't Believe A Word You Say”) qui suit le fameux « No Mercy In This Land » toujours émouvant, le « Yer Blues » des Beatles en ouverture et Charlie qui met le feu avec son « I'm Going Home ». Bon show de plus d’une heure trente et dès la fin on se précipite au Blues Stage pour l’after. On réussit à trouver des places assises et on va somnoler pendant le concert insipide de Marco Benevento qui a en plus le mauvais goût de massacrer « Jet Airliner » de Steve Miller, la seule faute de goût de la programmation.

On se réveille à l’arrivée de JJ Grey. Il a pris une autre dimension depuis son dernier passage à Paris en octobre 2016. Un show qui démarre doucement à l’harmonica, il ne jouera pas beaucoup de guitare (contrairement au lendemain) mais offrira une prestation classe et très soignée avec sa voix soul qui se pose merveilleusement bien sur sa musique.

Il est 1 heure du matin, on a oublié le dîner, on rentre à pied à notre hôtel dans la nuit noire et fraîche des étoiles plein la tête et aussi au-dessus de nos têtes.