Nous sommes le 1 er octobre et comme quasiment chaque mois je vous donne rendez-vous avec la team #EnFranceAussi pour découvrir les richesses de notre pays. Ce mois-ci je suis la grande maîtresse de cérémonie avec le thème " Racontez-moi l'histoire d'une rue ou d'un quartier ".
♣
Jusqu'en 1824, Grenelle n'est qu'une vaste plaine sablonneuse où les lapins sont rois et ou en des temps très très lointains une bataille Gauloise eu lieu. D'ailleurs, le nom de Grenelle est une dérive de Garanella signifiant " petite garenne " ( d'où le lapin de Garenne). Ici, les habitants sont essentiellement des cultivateurs, des vignerons, des artisans, des tenanciers de guinguettes et des ouvriers travaillant dans les carrières de pierres situées non loin de là.
Mais voilà qu'arriva Leonard Violet, conseillé municipal de la bourgade de Vaugirard à laquelle Grenelle est rattachée. Promoteur avant-gardiste aux grandes dents voraces, il mise tous sur ces plaines ( c'est surtout qu'elles ne valaient pas un clou et les achète pour un guignons de pain rassie ). Il y fait construire, des maisons cossues pour bourgeois parisiens en manque de verdure, des habitations plus modestes pour les ouvriers, une église, une mairie et même un théâtre (on ne se refuse rien). Le quartier est même rebaptisé Beaugrenelle (et je peux vous dire que la bourgade de Vaugirard ne va pas du tout apprécier et exiger quelques années plus tard que l'on retire Beau de Grenelle !!).
Malgré les querelles de voisinages, le quartier connut un essor non négligeable avec l'installation de nombreuses industries en tout genre. Mais la renommée ne fut pas non plus à la hauteur des espérances de son fondateur. Tout d'abord, la crise économique de 1830 ralentit considérablement l'activité. Puis l'ouverture des canaux Saint Martin et Saint Denis permettant de couper une boucle de la seine, entraina peu à peu l'abandon du port de Grenelle et pour terminer, le quartier fut affublé d'une mauvaise réputation (les Vaugirariens y seraient-ils pour quelques choses ?). On le disait mal famé et insalubre.
♣Aujourd'hui, le quartier de Grenelle est plus connu pour ses grandes tours d'habitations et pour son centre commercial flambant neuf que pour son passé historique. Il ne reste d'ailleurs que peu de vestiges de ces temps anciens, la faute aux différentes vagues spéculatives qui vont tour a tour se succéder dans le coin.
Malgré cela, la balade que j'ai pu faire dans les rues de ce quartier permet tout de même de mettre le doigt sur ce passé. Ce que j'aime par-dessus tout, c'est cet esprit village que garde ces différents quartiers de la capitale. Grenelle comme les autres a sut préserver cela pour le bonheur de ses habitants.
Le métro point de départ
Tout démarre au métro Dupleix. En lieu et place de cette station, se trouvait auparavant l'une des 54 barrières de l'enceinte construite autour de Paris entre 1784 et 1790 nommé le mur des fermiers généraux. Ce check-point permettait à la Compagnie des Fermiers Généraux de percevoir un impôt sur les marchandises entrant dans la ville. Autant vous dire que celles-ci n'étaient absolument pas populaires et furent l'une des premières prises au moment de la Révolution française. Plus tard entre 1797 et 1815 cette enceinte servit de peloton d'exécution.
Aussi des petits malins construisirent à plusieurs endroits de la ville des souterrains passant sous l'enceinte afin d'échapper à l'impôt. L'un d'eux partait du n°1 de la rue Violet pour déboucher au n°8 de la place Dupleix.
Place au commerce
Plus loin, nous voici la rue du commerce. Comme son nom l'indique, c'est ici que jadis commerçaient les marchands. On pouvait y trouver bouchers, boulangers, crémiers, quincailliers, bazars en tout genre et autres commerçants en longue blouse vous vantant à en perdre haleine les mérites de leurs marchandises.
Autant vous dire que tout cela a définitivement disparu seul quelques enseignes sont restées. Aujourd'hui la rue du commerce ne compte que des grandes enseignes de prêts à porter.
Me voici maintenant devant l'ancien théâtre construit par Leonard Violet et ouvert au public en 1828. D'une capacité de 800 places, on y donnait pas moins de 3 spectacles par semaines. Aujourd'hui ce n'est plus qu'une simple façade d'immeuble.
Au coeur du quartier de Grenelle
Puis c'est l'ancienne mairie du quartier que je découvre (actuelle maison des associations du XVe arrondissement) blottit au font d'un square où il fait bon de se poser un instant. plus loin, l'église Saint-Jean-Baptiste dont la construction débuta en 1828 et qui porte l'un des prénoms de Leonard.
Au centre du quartier, on trouve le square Violet. C'est ici que Leonard s'était réservé une belle parcelle pour y construire son petit hôtel particulier entouré d'un joli parc. Malheureusement pour lui, un revers de fortune le contraignit rapidement à vendre ce dernier et à emménager dans une maison plus modeste.
L'hôtel particulier fut tour à tour un pensionnat pour jeunes filles puis une caserne de pompier (toujours presente). Le square est ce qui reste du parc de la demeure.
Plus loin, difficile en empruntant la rue Émile Zola, d'imaginer que jadis s'étendait là une vaste zone marécageuse où pullulaient les grenouilles. Il n'y avait qu'une seule demeure, celle du passeur du bac de Javel. En lieu et place de l'actuel parc André-Citroën, il y eut même un temps, un moulin qui faisait office de guinguette.
Le quartier a bien changé !!♣
Pour clore ma balade, je ne résiste pas à poursuivre le long de la Seine près du pont Mirabeau. Un de ces ponts parisiens que j'aime avec ses statuts les pieds dans l'eau. Le long du quai, on peut embarquer sur un bateau à roue pour découvrir les méandres de la Seine. La proximité de l'ile aux signes avec notre belle statue de la Liberté, donne un petit air d'Amérique au quartier.
Puis, j'empreinte le pont de Grenelle pour gagner l'ile aux signes. C'est un petit havre de paix en plein milieu de la Seine. En la parcourant sous les arbres jaunis en ce début d'automne, je rejoins le pont Bir-Hakeim et son architecture si particulière.
♣