Un rêve d’enfant
Cette visite j’en rêvais depuis longtemps. Je rêvais de marcher sur les pas de mes idoles, ces explorateurs de l’extrême qui, à mes yeux, ont le plus beau métier du Monde. Et grâce à ma belle sœur réunionnaise qui connaissait quelqu’un, qui lui-même connaissait quelqu’un de sérieux spécialisé dans l’exploration des tunnels de lave, mon rêve est devenu réalité. Nous avions donc rendez-vous à 14h dans l’enclos, au niveau de la coulée de lave de 2004 (déjà rien que ça, ça claque !!) pour faire connaissance avec notre guide et nous équiper pour cette nouvelle aventure.
Beaucoup d’agences sur place proposent des visites. Roby Soriano, dont la réputation n’est plus à faire dans le milieu, propose plusieurs prestations sur son site. Nous sommes donc passés par son agence et avons eu pour guide Mathieu (me contacter si vous voulez ses coordonnées) que je ne peux que vous recommander. Les tarifs sont approximativement les mêmes partout : autour de 50€ par personne pour le circuit découverte. Mais quoi qu’il arrive, rappelez-vous que des prix bas sont rarement signe de qualité.
On the road
Le chemin en lui même est déjà extraordinaire ! Après la ville de Saint-Philippe dans le sud / sud-est de l’île se trouve un lieu nommé l’enclos Fouqué. En gros, il s’agit d’un énorme affaissement du sol, en forme de fer à cheval, dans lequel s’écoulent pratiquement toutes les coulées de lave rejetées par le Piton de la Fournaise (c’est le nom du volcan) jusqu’à la mer. Tout ça ne vous parlera peut-être pas, mais pour résumer c’est quand même vachement pratique et ça évite bien des catastrophes. Une fois dans l’enclos donc, on suit la route des laves (là encore, je trouve que ça claque, mais c’est peut-être personnel). Elle se nomme ainsi car elle traverse de nombreuses anciennes coulées de lave, et est régulièrement coupée par de nouvelles. Le chemin est donc vraiment impressionnant et les paysages splendides. La noirceur de la roche volcanique contraste avec le vert flamboyant de la végétation. Mais je me ferai un plaisir de vous expliquer tout cela dans un prochain post.
Voyage au centre de la terre… ou presque !
Bref après avoir passé la coulée de 2007, puis de 2002 et sûrement encore d’autres que j’ai oublié, nous arrivons à la coulée de 2004. Là, nous attend notre guide. La visite des tunnels de lave s’est beaucoup développée et démocratisée ces dernières années et l’activité s’est adaptée à tous. Ainsi si vous n’êtes pas très sportif ou si vous avez des enfants, pas de problème vous pourrez choisir le parcours en conséquence.
Comme nous sommes en famille avec un enfant, nous avons pris la formule la plus simple. Je fais reposer la responsabilité de ce choix sur les épaules de notre petit neveu mais en vrai, nous ne sommes pas très sportifs et les hommes sont légèrement claustrophobes (hum, hum… :D). C’est plutôt chouette car la visite n’est que pour nous. Une fois les présentations faites donc, nous nous équipons d’un casque, d’une lampe frontale, de gants et de genouillères. Même si le tunnel de lave est situé un peu plus loin, notre guide nous explique que les accidents arrivent le plus souvent en surface et nous impose le port des équipements dès le départ. En effet, pour accéder au tunnel, nous traversons dans un premier temps une coulée de lave bien escarpée. Et comme on en prend plein la vue forcément on n’est pas très concentré sur là où on met les pieds. En plus, la pluie se met à tomber et nous sommes obligés d’accélérer le pas pour se mettre à l’abris… dans le tunnel de lave !
Nous voici donc dans les entrailles de la terre où nous progressons dans un réseau noirâtre à la seule lueur de nos lampes frontales. On en prend plein les yeux, à droite des stalactites, au fond là-bas, une pierre en forme de Dodo, au dessus de nos tête un plafond de chocolat fondu et sous nos pieds… un sol basaltique qui, lors de la création de ce tunnel, n’était rien d’autre qu’une rivière de lave en fusion… M.A.G.I.Q.U.E.
La sensation est assez étrange, d’un coté, on ne se sent pas si mal. l’air et bon et le tunnel est souvent assez large, mais d’un autre côté, si nous éteignons nos lampes nous sommes plongés dans le noir le plus absolu et si nous nous taisons nous constatons un silence totalement intégral, pas un bruit, pas un murmure, RIEN, c’est le néant. Tout ceci peut nous désorienter très facilement et à ce moment là on imagine bien le danger que cela peut représenter de venir seul explorer les lieux.
Sachez que vous n’êtes pas obligés de faire appel à un guide pour descendre sous terre, cependant je vous le conseille quand même fortement. Car un tunnel de lave est en fait un dédale de tunnels, un réseau souterrain immense de plusieurs dizaines de kilomètres, dans lequel il est très facile de se perdre. De plus un guide vous donnera les bon reflexes à adopter en cas de problème et vous fournira l’équipement indispensable. Et puis, c’est comme toute visite, finalement c’est quand même plus intéressant quand les explications vont avec ce que l’on voit ! Enfin, je me sens tout de même dans l’obligation de vous dire que si vous voulez tenter l’aventure sans professionnel, allez-y au moins à 3, car s’il vous arrive un pépin, la deuxième personne pourra toujours rester avec vous pendant que la troisième part chercher du secours. A bon entendeur…
Par contre je m’interroge sur ce parcours soit disant destiné « à tous, de 7 à 77 ans »… Parfois nous sommes debout, nous marchons normalement, mais parfois il faut circuler à quatre pattes, voire en rampant. Et si cela peut amuser un enfant de 7 ans, je ne suis pas certaine qu’à 77 ans ont ait encore la souplesse nécessaire. Personnellement, avec mes 34 ans, j’ai quand même eu quelques courbatures le lendemain…
Les explorateurs de l’extrême
Bon, il faut dire que vers la fin de la visite notre guide nous donne le choix entre un chemin facile ou un chemin difficile. Il nous explique que lui prendra la voie la plus simple et nous attendra de l’autre côté. Ceux qui souhaitent tenter l’aventure seront donc en roue libre, livrés à eux-mêmes. Notre petit neveux est partant, moi aussi (c’est quand même tentant) et ma belle sœur nous suit pendant que nos hommes déclarent forfait (no comment hein :D).
Nous nous engageons donc, seuls (moi devant et ma belle sœur derrière pour encadrer le petit) vers l’inconnu. Au début le chemin est relativement simple, puis rapidement nous passons à 4 pattes, puis à plat ventre. Nous rampons (hey, c’est pas facile de ramper !) sur le basalte en essayant de nous diriger selon les instructions qui nous ont été données. Mais… les lieux sont confinés, comme prévu c’est le silence autour de nous, on se sent isolés, on rampe, on a un peu chaud, on se cogne la tête et notre dos racle régulièrement la roche volcanique. Pas moyen de se retourner ou de faire marche arrière, il faut continuer d’avancer.
Le petit nous aide bien, il est plein d’entrain, pas question de paniquer devant lui, et puis, nous n’avons pas le choix, il faut gérer le stress et trouver la sortie. Mais que diable, sommes nous venus faire dans cette galère ? Finalement au bout d’un temps indéfinissable, mais se rapprochant d’après ma montre de 5 / 10 minutes, nous entendons des voix ! Nos compagnons ne sont plus très loin et cela nous donne du baume au cœur, nous accélérons et après un ultime passage un peu délicat, nous les retrouvons avec joie.
Physiquement tout c’est déroulé comme notre instructeur nous l’avais dit. Mais, psychologiquement, ça été une autre histoire, car c’est bien dans la tête que ça été le plus dur. Alors pourquoi nous avons à nouveau dit « oui » lorsqu’on nous a proposé de réitérer l’expérience ? Nous, ne le saurons jamais… En tout cas, aucun regret de l’avoir fait et si c’était à refaire…
Fin de l’expérience
Après 2h passées dans les entrailles du Piton de la Fournaise, nous apercevons une lueur, c’est la sortie ! Dehors la pluie s’est arrêtée et le soleil réunionnais brille à nouveau. Ca fait du bien d’être à l’air libre, mais quelle expérience unique, quel spectacle offert une nouvelle fois par la nature ! Sur le chemin du retour les explications sur les phénomènes volcaniques continuent d’affluer : ici une coulée cordée caractéristique d’un magma liquide et là des roches en choux fleur, à mes yeux tout est extraordinaire. Nous voila enfin revenus sur le bord de la routes des laves, l’expérience est terminée…