Je déteste profondément les grandes citations qu’on voit passer sur FB sur des fonds immondes style licorne dégoulinante sur arc en ciel. Vous savez, les pensées qui se veulent inspirantes, attribuées avec plus ou moins de bonheur au Dalaï Lama, à Martin Luther King ou même à John Lennon ou ma boulangère n’importe quelle célébrité? Ah ben, heureusement que quelqu’un a pris la peine de poster ça, sinon je n’aurais jamais su que le bien c’est gentil et le mal c’est méchant…bref, je suis un chouïa trop cynique pour que ce genre de généralité niaise dégoulinante de guimauve écoeurante ne m’inspire autre chose que des nausées. Mais voilà, depuis pas mal de temps, j’en vois passer de ces citations, toujours enrobées de bons sentiments et attribuées à n’importe qui (sans que ce soit toujours le même auteur d’ailleurs), bref j’en vois passer qui me parlent. Qui me parlent même beaucoup.
Je parle des citations qui font référence dans un gloubi-boulga (ça aussi, c’est une référence et si vous ne connaissez pas Casimir, je ne peux rien pour vous…ça va , ceux de ma génération, vous avez déjà le générique en tête? non? Je peux aider si vous voulez: voici venu le temps des rires et des chants dans l’île aux enfants…je m’éparpille encore), je disais des citations qui font référence aux dangers de l’apathie généralisée. Ça parle plus ou moins doctement de tout ceux qui préfèrent laisser faire le pire, par indifférence, par paresse ou par convenance. Ça dit de manière plus ou moins subtile que notre pire ennemi n’est pas le méchant mais celui qui laisse faire ce méchant sans broncher. Ça n’hésite pas à parler de l’Allemagne des années 30…alors loin de moi l’idée de faire cette comparaison plus qu’exagérée, mais toutes ces citations, appliquées évidemment au brexit me parlent beaucoup finalement. Comment un pays peut protester aussi vigoureusement que l’ont fait les anglais contre la venue de Trump et rester totalement apathique devant ce qui ce passe sous son nez?
Séparer les enfants des parents migrants? Ça fait des années que le Royaume-Uni le fait et personne ne moufte. Emprisonner dans des centres de rétention médiévaux les migrants sans jugement pour une durée indéterminée sans que personne ne proteste? Pareil. Avant qu’on me parle de la France, ou d’ailleurs, au Royaume Uni, on peut enfermer un migrant sans limite de temps et sans décision judiciaire. En France, la limite est de 45 jours. En Grande Bretagne, certains, y compris des ressortissants européens sont enfermés depuis des mois, voire des années sans aucun jugement ni contrôle en attendant d’être éventuellement expulsés un jour. Stigmatiser institutionnellement les étrangers, les handicapés, les malades sans provoquer la moindre manifestation de l’opinion publique? Pareil. Zaza fait ça depuis longtemps, elle a commencé quand elle était ministre de l’intérieur. C’est quand même au Royaume-Uni qu’on a trouvé le moyen de faire des économies phénoménales en supprimant les allocs de tous ces paresseux en phase terminale qui refusent de se traîner hors de leur lit d’agonie avec leurs perfusions pour aller à leur rendez vous avec l’administration. On appelle ça le Universal Crédit, c’est de l’humour Zazaesque. De toute façon, ils vont crever la semaine prochaine, ils risquent pas de venir se plaindre! Des ministres qui veulent abolir la convention européenne des droits de l’homme? Les congés payés, maladie, maternité? Les heures supplémentaires payées? C’est encore à Londres! Et qui proteste? Personne. Et maintenant, quel gouvernement prévoit de publier des fiches techniques pour les entreprises et les particuliers pour survivre en cas de no deal brexit? En faisant des stocks de médicaments, de nourriture non périssable et de générateurs électriques? Gagné, c’est encore le gouvernement britannique! Vous entendez les manifs de tous ces pauvres gens à qui on promet des centaines de milliers de licenciements et des restrictions alimentaires pour mars 2019? Non? Moi non plus. Le pouvoir de l’apathie.
Ma citation préférée ne vient pas de FB, même si on en trouve des similaires. Encore une fois, je ne dis pas que le Royaume Uni va dégénérer dans le nazisme et je ne compare absolument pas la situation des européens avec ce qui s’est passé, je ne fais pas de point Godwin pour une fois. Je parle de l’apathie générale, de l’indifférence d’une population qui fonce droit dans le mur sans broncher. Ma citation préférée vient de L’Ado, en lendemain du référendum: je ne savais pas qu’on avait déménagé en Allemagne et en 1933…welcome to brexitland.