Pour le rendez-vous #EnFranceAussi du mois de juillet, c'est le thème frontières qui a été proposé par Alexis du blog Le petit explorateur. J'ai choisi d'illustrer ce thème en vous emmenant au fil de la Loire que j'aime tant, frontière naturelle, frontière historique pendant la guerre de 100 ans, frontière de la Bretagne... Aujourd'hui encore en Loire-Atlantique, on s'identifie souvent comme étant du Sud-Loire ou du Nord-Loire. Le fleuve est aussi un lieu de passage, les habitants se pressant matin et soir pour la traverser, aller au travail ou rentrer chez soi...
J'ai préféré vous parler de cette frontière comme source d'inspiration. accompagnée de mots d'écrivains qui ont vécu sur ses bords et y ont souvent puisé leur inspiration, de la Loire-Atlantique au Maine-et-Loire.
Lisez bien jusqu'au bout, il y a un beau cadeau à gagner !
Première étape à Nantes, ma ville, qui fut également celle des premiers pas de l'illustre Jules Verne !
Né le 8 février 1828 à Nantes, Jules Verne passe sa jeunesse dans la ville, entre l'île Feydeau (alors île enserrée par deux bras de Loire, aujourd'hui rattachée à la terre ferme) qui l'a vu naître, et les hauteurs de Chantenay où se trouve la maison de campagne de la famille, d'où il aperçoit sans doute l'activité portuaire de l'époque. Il ne verra la mer qu'à l'âge de 12 ans.
Poète dès l'adolescence, il termine ses études de droit à Paris vers la fin des années 1850, nourrissant en parallèle l'espoir d'une carrière littéraire. C'est par le théâtre qu'il se fait d'abord connaître, et c'est Cinq semaines en ballon qui lui apporte le succès.
Auteur prolifique, mais également éditeur et homme politique, il s'installe en 1871 à Amiens, la ville natale de sa femme, où il meurt en 1905.
Il y a cette circonstance que je suis né à Nantes, où mon enfance s'est tout entière écoulée. J'ai vécu dans le mouvement maritime d'un grand port de commerce, point de départ et d'arrivée de nombreux voyages au long cours. Fils d'un père à demi parisien et d'une mère tout à fait bretonne, j'ai vécu dans le mouvement maritime d'une grande ville de commerce, point de départ et d'arrivée de nombreux voyages au long cours. Je revois cette Loire, dont une lieue de ponts relie les bras multiples, ses quais encombrés de cargaisons, sous l'ombrage de grands ormes, et que la double voie du chemin de fer, les lignes de tramways, ne sillonnaient pas encore. Des navires sont à quai sur deux ou trois rangs. D'autres remontent ou descendent le fleuve.Jules Verne, Souvenirs d'enfance et de jeunesse.
Plaques de rue, statues ou fresques rappellent encore aujourd'hui la présence de l'illustre écrivain dans la ville.
Un musée lui est dédié, réunissant livres et documents originaux, illustrations, affiches, jeux et objets, films et manuscrits. A l'endroit où l'écrivain " a dû venir bien souvent contempler de cette hauteur le fleuve, là où il devient la porte du large et le chemin de l'aventure " (Julien Gracq, La Forme d'une ville), le musée se situe dans une vaste maison bourgeoise construite à la fin du 19ème siècle et restaurée en 2005.
Alors le sergent Martial d'ajouter :Jules Verne, Le superbe Orénoque.
Joachim du Bellay est né vers 1522 au château de la Turmelière situé à Liré, sur les bords de la Loire où il passe son enfance. Issu d'une famille noble, orphelin de bonne heure, il rencontre Ronsard à l'Université de Poitiers puis, à Paris, forme le groupe de poètes appelé la Pléiade, avec le but de diffuser la culture antique.
Statue de Joachim du Bellay à Ancenis.Participant à la vie intellectuelle parisienne, il découvre également les monuments et ruines de Rome, qui lui inspireront de belles comparaisons.
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestui-là, qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux
Que des palais romains le front audacieux ;
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine,
Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.
Joachim du Bellay, Regrets, XXXI.
Il meurt en 1560 à Paris où il est enterré, loin de la Loire à laquelle il était si attaché.
On peut aujourd'hui encore apercevoir les ruines du manoir familial, dans un grand parc romantique un peu à l'écart du village de Liré. L' édifice date du 13ème siècle, fut restauré au 15ème siècle et incendié à la fin du 18ème siècle durant les guerres de Vendée.
Dans le centre de Liré, une demeure du 16ème siècle ayant également appartenu à la famille du Bellay abrite un musée d'interprétation dédié à l'écrivain, recréant l'atmosphère des demeures de l'époque par son décor, ses couleurs et son mobilier. Chaque salle correspond à une étape de la vie du poète et chaque gravure illustre son oeuvre et son époque.
Ô de qui la vive course
Prend sa bienheureuse source,
D'une argentine fontaine,
Qui d'une fuite lointaine,
Te rends au sein fluctueux
De l'Océan monstrueux,
Loire, hausse ton chef ores
Bien haut, et bien haut encores,
Et jette ton oeil divin
Sur ce pays Angevin,
Le plus heureux et fertile,
Qu'autre où ton onde distille. [...]
Joachim du Bellay, Au fleuve de Loire
Plus d'infos sur Liré et Joachim du Bellay sur cet autre article du blog.
Ma troisième étape ligérienne m'emmène à Saint-Florent-le-Vieil, lieu de naissance et de vie de Julien Gracq. Il y est né en effet en 1910, et c'est là qu'il s'est retiré à la fin de sa vie, jusqu'à sa mort en 2007.
De son vrai nom Louis Poirier, il fut enseignant en histoire-géographie, à Nantes, Quimper puis Paris.
Après avoir écrit un grand nombre de fictions, à partir des années 1970 il se consacre à des oeuvres mêlant autobiographie, réflexions sur la littérature et méditations géographiques.
Peu mondain, il a reçu sur ses bords de Loire de nombreux écrivains, éditeurs, chercheurs... français et étrangers. En léguant sa maison à la ville, il a souhaité en faire un lieu de repos et de travail. Ouverte à la visite, elle accueille désormais des résidences d'écrivains, des événements littéraires et artistiques. Une chambre des cartes, hommage au géographe passionné et grand marcheur, a été aménagée dans le Grenier à sel, l'autre bâtisse du domaine, tandis qu'une bibliothèque rassemble les livres que possédait l'écrivain, et ses oeuvres complètes.
Tout grand paysage est une invitation à le posséder par la marche ; le genre d'enthousiasme qu'il communique est une ivresse du parcours. Cette brume ensoleillée comme une gloire est indissolublement à la fois le point de fuite du paysage, l'étape proposée de notre journée, et comme la perspective obscurément prophétisée de notre vie.Julien Gracq, En lisant en écrivant.
Géographe, l'écrivain connaissait bien Nantes, qui lui a inspiré ces quelques lignes.
Il y a cependant dans le Nantes d'aujourd'hui une ligne de fracture, le long de laquelle la forte cohésion du gâteau urbain, à peine craquelé par les fentes étroites de ses rues, qui en fait pour moi vraiment une ville, et non un échantillonnage monumentale, se rompt, et intercale dans sa substance une cicatrice mal refermée, une béance que la vie n'a pas colmatée tout à fait : le double lit comblé des bras de la Loire, de part et d'autre de l'ancienne île Feydeau.Julien Gracq, La forme d'une ville.
Plus d'infos sur Saint-Florent-le-Vieil et Julien Gracq dans cet autre article du blog.
La Loire au fil des écrivains, ça vous inspire aussi ? Il y a certainement bien d'autres lieux aussi symboliques à découvrir aussi plus en amont !
Et maintenant place au CONCOURS !Ce mois-ci, le rendez-vous #EnFranceAussi et Gallimard vous font gagner le géoguide Pays basque français et espagnol (un exemplaire pour un lecteur, un exemplaire pour un blogueur participant).
Pour le gagner, il vous suffit de commenter cet article (ou l'un des autres articles du rendez-vous) ET de commenter sur la page Facebook du rendez-vous, (en indiquant le blog sur lequel vous avez commenté) jusqu'au 30 juillet 2018.
Le tirage au sort aura lieu le 31 juillet 2018. Chaque participation porte un numéro. Un numéro sera désigné par random.org parmi les lecteurs ayant commenté. Un numéro sera désigné par random.org parmi les blogueurs ayant écrit et publié un article.
Les gagnants seront prévenus sur le blog Le coin des voyageurs en édit, et sur la page Facebook #EnFranceAussi. Les gagnants auront une semaine pour faire parvenir leur adresse. Passé ce délai un nouveau tirage au sort sera effectué.
Bonne chance !
Règlement ici.