Le formidable château de Ferrette a été édifié en nid d’aigle sur un piton rocheux commandant le Jura alsacien et les vallons du Sundgau. Ses belles ruines se confondent aujourd’hui avec le rocher sur lequel il a été bâti. Ce site historique fut le lieu de résidence des comtes de Ferrette. La dynastie allait sauver la lignée des Habsbourg par le mariage de l’unique héritière, Jeanne de Ferrette, à Albert II d’Autriche en 1324. Avis aux amateurs de ruines romantiques, ce site vous plaira sûrement !
Le château de Ferrette : une formidable forteresse
Le site du château semble avoir été occupé depuis le Néolithique. On y a retrouvé des objets datant de cette période lors de fouilles aux 20e siècle. Les historiens évoquent la présence d’une tour d’observation romaine.
La première mention écrite du château de Ferrette date de 1144. Elle cite la forteresse comme étant la résidence principale des comtes de Ferrette. En effet, Thierry 1er, comte de Ferrette et de Montbéliard, aurait fait construire le château-supérieur vers l’an 1100 – peut-être sur les bases d’une forteresse encore plus ancienne (datant de 1040 ?). Toutefois, plusieurs écrits attribuent au fils de Thierry 1er la construction du château. Frédéric 1er était devenu le premier comte de Ferrette à la mort de son père. Après avoir vécu au château de Montbéliard en compagnie de son frère Thierry II, comte de Montbéliard, il s’établi de façon permanente à Ferrette vers 1125.
Le château de Ferrette devint alors le siège de l’illustre famille comtale. La dynastie alsacienne régnait sur tout le Sud de l’Alsace (y compris l’actuel Territoire de Belfort) : le Sundgau. Ce ne sont pas moins de 7 comtes qui se succédèrent dans le château… même si à partir du 12e siècle, ils lui préférèrent les châteaux d’Altkirch ou de Thann.
De l’appartenance autrichienne…
Lorsque le dernier comte Ulrich III mourut sans laisser d’héritier mâle, sa fille Jeanne de Ferrette épousa l’archiduc Albert II d’Autriche en 1324. Le château, Ferrette et le Sundgau devinrent autrichiens et le restèrent jusqu’à la signature des Traités de Westphalie en 1648. A partir de cette année, le destin de Ferrette et du Sundgau partagea celui de la France.
… aux belles ruines françaises
Quant au château de Ferrette, la Guerre de Trente Ans eut raison de lui. Le château-supérieur fut saccagé, pilié et brûlé, le rendant inhabitable. Le château-inférieur, lui aussi en piteux état, fut occupé jusqu’à la Révolution. En 1789, il subit une attaque de paysans insurgés qui lui fut fatal. Incendié, le château détruit servit de carrière de pierre. Depuis, ses belles ruines ont été recouvertes de végétation et se révèlent aux visiteurs dans un écrin de verdure et de quiétude.
Les ruines du château supérieur, Ferrette © French Moments
Tout au long de votre visite, des panneaux explicatifs vous renseigneront sur les différents emplacements traversés à l’aide de données textuelles et de dessins.
Accéder au château de Ferrette
Ferrette et son château © French Moments
Pour accéder au château, garez votre véhicule au parking Charles de Gaulle, près de l’église. Puis suivre mon itinéraire de découverte de Ferrette (en ligne le 2 juin !) en empruntant la très pentue rue du château. Arrivé à la place des Comtes, prenez la rue Saint-Bernard puis le prochain sentier à gauche qui passe sous le vieux porche surmonté d’une maison. Vous êtes maintenant sur la rampe d’accès du château, encore pavée de ses galets d’origine ! Après une montée longue de trois cent mètres, vous arrivez à l’entrée du château-inférieur. (En cas de pluie, faites attention car le chemin peut être très glissant.)
Le château des comtes comportait deux systèmes défensifs distincts : le château inférieur et le château supérieur.
Le château de ferrette (reconstitution de Christophe Carmona). On aperçoit la rampe d’accès, le château inférieur (à gauche) et le château supérieur (perché à droite)
Le plan du château aide à comprendre le site et ses deux châteaux.
Plan général du château de Ferrette, réalisation M.-G. Brun. Issu de la Base Numérique du Patrimoine d’Alsace
Le château-inférieur
(aussi appelé château-bas, château-neuf ou Niederschloss)
Le chemin d’accès au château inférieur passe par la Niedertor, la porte basse du château. Il s’agit aujourd’hui d’un arc en plein cintre, restauré 1977 sans fondement archéologique. Ce site est devenu incontournable en toutes saisons pour les photographes amateurs. Remarquez à gauche de la porte la bouche à feu.
L’entrée du château inférieur, Ferrette © French Moments
En 1488, on construisit une vaste enceinte polygonale flanquée de quatre tourelles d’angle. Deux d’entre elles ont gardé leur hauteur d’origine. Celles-ci sont « ouvertes à la gorge », c’est-à-dire ouvertes vers l’intérieur. Cela permettait une meilleure manipulation des armes à feu.
Le donjon
La base d’un donjon de plan carré de 11,60 m de côté est encore visible. Elevé au 12e siècle, son accès ne se faisait pas au niveau du sol. Comme dans de nombreux autres donjons de ce type, l’entrée était placée au niveau du premier étage. On ne pouvait s’y introduire que par une échelle ou au moyen d’un pont volant avec escalier de bois que l’on détruisait en temps de guerre.
Le logement du bailli
Au 17e siècle, le château inférieur s’agrandit avec la construction du logement du bailli et du receveur de la seigneurie. Le bâtiment comportait quatre salles, sept chambres, deux cuisines, une écurie, une étuve et des greniers.
Le bailli (ou Vogt) était le représentant de l’autorité des Habsbourg dans le bailliage de Ferrette. Il était chargé de faire appliquer la justice et de contrôler l’administration en leur nom.
Quant au receveur de la seigneurie, il s’agissait d’un riche laboureur à qui le seigneur des lieux avait donner l’autorisation à louer, par bail, les terres seigneuriales et ses bâtiments.
La chapelle Sainte-Catherine
Les ruines de la chapelle Sainte-Catherine au château inférieur de Ferrette © French Moments
Vers 1660, on aménagea dans la 4e tour d’angle du château-inférieur un petit sanctuaire. Celui-ci devait remplacer la chapelle initialement située dans le château-supérieur. Vous pouvez en apercevoir les vestiges rectangulaires de la chapelle Sainte-Catherine.
Le château-inférieur fut abandonné en 1789. Dans la nuit du 29 au 30 août, ses bâtiments furent pillés et incendiés par des insurgés en provenance de la Vallée de la Thur.
Un sentier raide conduit au château supérieur par une rampe taillée dans le rocher et protégée par une courtine du 13e siècle.
Le château-supérieur
(aussi appelé château-haut, château-vieux ou Oberschloss)
On accède au château-supérieur par une porte percée dans l’épaisse muraille.
Porte d’accès au château supérieur © French Moments
La partie la plus ancienne du château de Ferrette fut construite vers 1125 par Frédéric 1er, premier comte de Ferrette. Sept comtes s’y succèderont jusqu’au mariage de l’unique héritière, Jeanne de Ferrette, à Albert II de Habsbourg en 1324. Cet événement marqua un tournant dans l’histoire du château : Ferrette et le Sundgau devinrent autrichiens.
Le château-supérieur a été délaissé à la suite d’un incendie provoqué par les troupes françaises le 31 mars 1635 lors la guerre de Trente Ans.
Le puits et la citerne
La citerne, château supérieur, Ferrette © French Moments
Une grande salle couverte d’une voûte en berceau abritait le puits du château. Vous pouvez toujours apercevoir le tracé en briques rouges.
On pense que le puits était profond d’une soixantaine de mètres. Il aurait été creusé avant 1559 par Jorg Beyer. Ce maître puisatier aurait également travaillé aux puits des châteaux du Landskron, du Morimont, de Belfort et du Haut-Kœnigsbourg.
Les écrits rapportent que vers 1600, on y puisait « une excellente eau vive au moyen de deux seaux en cuivre, fixés à une grande et forte chaîne de fer ». Il est presque certain que le puits fut bouché et mis à sec après le saccage du château en 1635. En effet, en 1667 il est rapporté que « toute la seigneurie était obligée d’entretenir un homme, à qui elle donnait 150 livres par an » pour transporter de l’eau chaque jour au château inférieur. On s’aidait de « petites bourriques » pour porter les seaux remplis d’eau.
Le logis des 13e et 16 siècles
Le logis du 13e siècle, Château supérieur de Ferrette © French Moments
De là, l’on doit monter quelques marches pour entrer dans les ruines du logis du 13e siècle, en partie taillé dans le roc. Remarquez les fenêtres. Une double fenêtre voûtée en plein cintre à l’étage et, à gauche de petites fenêtres rectangulaires du 13e siècle. Elles ont été modifiées vers 1540, lorsque le logis fut reconstruit par les Fugger, célèbre famille de banquiers d’Augsbourg.
Le logis du 13e siècle, château de Ferrette © French Moments
Vous pouvez également observer dans le rocher les ancrages des poutres des différents étages du logis. Au début du 17e siècle, le logis du château abritait six salles, onze chambres, une cuisine, une étuve et une cave.
La plate-forme du donjon supérieur
La plate-forme du château supérieur de Ferrette © French Moments
Le donjon du 12e siècle est le point culminant du château de Ferrette. Construit sur le calcaire, il est perché à 613 mètres d’altitude. Le drapeau qui flotte au-dessus du site représente deux poissons, les armoiries des comtes de Ferrette.
Les Deux Poissons, armoiries des comtes de Ferrette © French Moments
Une plate-forme en bois est accessible par un escalier assez raide. Elle fut installée à l’emplacement d’un des planchers. La vue panoramique est magnifique. On y découvre les sommets du Jura alsacien dont le Glaserberg (816 m), le village de Winkel, les toits de la cité de Ferrette en contrebas. Puis les collines du Sundgau s’étageant en pente douce vers la plaine dont l’horizon est fermé par la ligne des Vosges. A l’Est, la Forêt-Noire en Allemagne apparait très proche, au-dessus de la trouée de Bâle (Suisse).
Quelques conseils de visite pour votre sécurité !
Aussi, il est important de rester prudent et de bien surveiller les enfants pendant votre visite. La découverte du château de Ferrette (aujourd’hui propriété privée mais ouverte au public) se fait sous votre entière responsabilité. Enfin, pour préserver ce monument, restez sur les chemins, ne tentez pas d’escalader les murs et ne déplacez pas les pierres !
Autres châteaux du Sundgau
Si vous êtes intéressé par le monde des châteaux-forts, sachez qu’il en existe deux autres à proximité :
Le château du Landskron
Le château du Landskron © French Moments
Perché sur les hauteurs de Leymen, à la frontière avec la Suisse, le château du Landskron possède encore de belles ruines. Une montée au sommet du donjon offre une vue splendide sur le Sundgau, le Jura, la Forêt-Noire et les abords de Bâle (Suisse). Le château date du 13e siècle et fut remanié par Vauban au 17e siècle. Il fut détruit par les troupes autrichiennes et bavaroises en 1813.
Le château du Morimont
Le château du Morimont © French Moments
Le château du Morimont se situe à Oberlarg au sommet d’une colline (522 m). Il est distant de la frontière suisse d’un kilomètre. La forteresse date du 12e siècle et fut détruite pendant la guerre de Trente Ans par les troupes françaises (2 avril 1635). Il fait l’objet de travaux de restauration et ses ruines sont ouvertes au public.
Pour en savoir plus sur Ferrette et le Sundgau…
- Le Sundgau au Sud de l’Alsace
- L’histoire passionnante du comté de Ferrette
- Les plus beaux châteaux-forts d’Alsace
- le site de l’Office de tourisme du Sundgau
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