Comme promis, je vous amène faire un tour à Saint Emilion. J’ai eu beaucoup de mal à choisir les photos. J’ai failli en mettre une bonne centaine, non pas que je sois chauvine (ou si peu…) mais Saint Emilion est une des plus belles cités médiévales de France. Vous voyez bien que je ne suis pas chauvine, je n’ai pas dit que c’était la plus belle cité médiévale du monde. Comme je ne dis jamais que Bordeaux est la plus belle ville du monde…Jamais. Bon après, si les deux sont classées au patrimoine mondial de l’UNESCO et recommandées très chaudement par tous les guides touristiques de la planète…je sens que je suis mal embarquée…désolée, mais comme je le disais samedi, j’ai passé toutes mes vacances scolaires enfant, à Saint Emilion, chez mes grands parents. Il suffit que je vois les photos pour être toute émue.
Dès que j’ai été assez grande pour vadrouiller toute seule (et parce que je m’ennuyais ferme), je partais presque tous les après-midi l’été, donc sous un cagnat pas possible sur les petites routes bordées de hauts murs entre les vignes. J’ai arpenté des centaines de fois toutes les ruelles de Saint Emilion. Ce n’est pas bien grand, je connaissais chaque pavé, chaque pierre. Même si je trouve que ça a bien changé depuis mon enfance, et pas en bien (C’est de plus en plus touristique), je sais encore où acheter les vrais macarons, pas ceux pour touristes justement (les vrais macarons de Saint Emilion, c’est une tuerie).
Le site est habité depuis la préhistoire (il y a d’ailleurs un petit musée très bien fait sur cette période) et il est entouré de vignes depuis que les romains ont débarqué au deuxième siècle. C’est dire si le vin, on connaît. Mais Saint Emilion mérite qu’on la visite même si on est buveur d’eau. Elle doit son nom, vous allez rire, au petit Emilion, moine de son état qui y creuse une église au huitième siècle. Vraiment puisqu’il s’agit d’une église troglodyte, seul le clocher dépasse. Il y a d’ailleurs beaucoup de caves taillées directement dans la roche. Mais revenons à l’église de Mimilion. L’église monolithe (c’est à dire d’une même pierre, soit creusée dans la falaise calcaire) qu’on peut visiter a été aménagée au douzième siècle. D’après la légende on y trouve encore le siège (sculpté dans la roche) de Saint Emilion lui même et ma grand mère nous racontait qu’on allait s’y poser quand on voulait tomber enceinte. Je préfère préciser si vous êtes fatiguée pendant la visite et que vous vous asseyez par hasard…
Ce n’est pas la seul église de Saint Emilion. Il y a aussi l’église collégiale qui est un des premiers bâtiments que les touristes croisent, puisqu’on se gare en contrebas, le long des remparts. De l’autre côté, il y a le joli musée de la préhistoire, et si on rentre dans la ville, l’office de tourisme qui permet d’accéder au cloître. La première fois que je me souviens d’y avoir mis les pieds (c’est sûrement arrivé avant) j’avais 8 ou 9 ans. Mon papi m’y avait amené, juste moi et m’a fait une de ses merveilleuses leçons d’histoire. Il était instituteur à la retraite, passionné par l’histoire et il faut bien le dire, un chouïa chauvin fier de son coin de France. Il avait un talent fou de conteur et cet été là, il m’a raconté l’histoire, église par église, pierre par pierre comme aucun manuel scolaire, aucun prof n’a jamais été capable de le faire. L’église collégiale date du douzième, c’est une merveille d’architecture Romane qu’il est impossible de prendre en photo correctement vu l’embouteillage permanent de cars de touristes devant. Le cloître a été ajouté au quatorzième, mais les deux conservent encore des traces des fresques murales d’origine.
Mais Saint Emilion, c’est aussi un dédale de rues pavées (et très glissantes), avec cavistes et autres attrapes touristes petites boutiques.
On aperçoit sur la photo au dessus la tour du roi, ancien donjon datant de Henry III Plantagenêt, c’est à dire anglais. C’est du haut de cette tour, construite vers 1237 que la Jurade annonce les vendanges en septembre depuis 1948. Cette confrérie issue du moyen âge, a d’ailleurs elle aussi été créée par un roi anglais, John soit Jean Sans terre en Français (celui de robin des bois).
Parmi les incontournables, on trouve aussi le cloître des cordeliers, qui a été construit en 1338 par des moines qui en avaient marre de se faire taper dessus par un coup les anglais, un coup par les français, et paf revoilà les anglais. Et hop, les français repassent…au gré des petites échauffourées de la guerre de cent ans. Aujourd’hui, on sert un infâme mousseux immonde dans le cloître, mais on n’est pas obligé de goûter.
Voilà, c’est un tout petit aperçu. J’aurais pu vous montrer encore des dizaines et des dizaines de photos…Saint Emilion, c’est mon enfance, celle de ma maman, et plein de souvenirs…et la réalisation que je n’ai pas le don de mon papi, parce que mes enfants n’ont pas eu l’air plus émus que ça quand je les ai amenés, toute retournée, dans le cloître de l’église collégiale. Par contre, à part L’Ado qui est allergique, ils ont tous beaucoup aime les macarons.