Les paysages désertiques ont un effet apaisant sur moi. Au-delà de leur grande beauté et de l’appel à l’aventure qu’ils dégagent, ils évoquent la possibilité d’un voyage intérieur. Par leur décor épuré et leur silence, ils m’invitent au recueillement et à l’introspection. Dans le désert, chaque bruit suscite mon attention, chaque mouvement m’interpelle. Je me sens à la fois attentive aux détails de la nature qui m’entoure, tout en étant détendue et bien ancrée dans le moment présent. Lors de mon voyage à Phoenix, il était donc impératif pour moi de découvrir le désert de Sonoran. S’étendant sur plus de 300 000 km², ce désert couvre le Mexique, le sud de l’Arizona, ainsi que la pointe sud-est de la Californie. En raison de son climat chaud et sec, cette zone désertique est très agréable à visiter en mars, alors que la moyenne des températures saisonnières avoisine les 20 degrés.
Étant donné que ce voyage en Arizona était principalement réalisé à des fins professionnelles, nous avions malheureusement peu de temps à consacrer à cette région magnifique. Nous avons donc profité du week-end précédant nos engagements respectifs, mon mari et moi, pour nous rendre près de Tucson, à environ deux heures de route de Phoenix. Nous y avons découvert deux sites qui nous ont transportés dans les décors mythiques des westerns américains : Saguaro National Park et Old Tucson Studios.
Saguaro National Park
Le Saguaro National Park est l’endroit parfait pour découvrir la faune et la flore du désert de Sonoran, qui compte notamment plus de 25 variétés distinctes de cactus. Le plus connu demeure le saguaro (à prononcer saw-WAH-row), véritable emblème du sud-ouest américain. Ces imposants cactus aux bras levés vers le ciel sont considérés par les Indiens Tohono O’odham comme des plantes sacrées. Ils l’utilisent, entre autres, pour fabriquer du vin lors de cérémonies destinées à favoriser les pluies estivales.
Le Saguaro National Park est divisé en deux parties : le Rincon Mountain, à l’est de Tucson, et le Tucson Mountain district, à l’ouest. Compte tenu du temps limité dont nous disposions et du fait que ces deux secteurs du parc sont éloignés l’un de l’autre, nous avons choisi de consacrer notre visite à la partie située à l’ouest. Sillonnée de sentiers pédestres, cette portion du parc nous a permis d’accéder à de magnifiques points de vue.
Nous avons d’abord fait un arrêt au Red Hills Visitor Center, afin de remplir nos gourdes d’eau fraîche et prendre des informations sur les randonnées possibles avant de nous aventurer dans le parc. Nous avons ensuite emprunté la Bajada Loop Drive, une route formant une boucle de 8 kilomètres à travers une forêt protégée, composée de milliers de saguaros. Bien qu’elle ne soit pas pavée, cette route est facilement accessible et mène à plusieurs sentiers. Nous avons d’abord choisi de suivre Valley View Overlook Trail, qui propose une randonnée courte et facile (environ 1,3 km), menant à de somptueux points de vue sur la vallée.
Tout au long du sentier, nous étions fascinés par les cactus, de tailles et de formes différentes, qui rivalisaient de beauté et d’originalité. Alors que certains saguaros sont très droits et qu’ils ne possèdent pas les traditionnelles branches orientées vers le ciel qui font leur réputation, d’autres sont tordus et comptent plusieurs bras. Nous avons passé un long moment à les admirer afin d’identifier leurs caractéristiques distinctives. La plupart des cactus qui attirent spontanément le regard sont vieux et gigantesques. Il faut dire que la croissance de ces arbres est difficile. Bien qu’ils produisent plusieurs fruits, ils atteignent 30 centimètres seulement vers l’âge de 25 ans, mais il faut attendre une cinquantaine d’années avant que leur taille frôle les deux mètres. C’est entre 75 et 100 ans que les saguaros produisent leurs premières tiges, qui leur donnent ensuite une apparence unique. En chemin, nous avons donc pris plaisir à leur donner des noms personnalisés, en fonction de leur apparence ou de la relation qu’ils semblaient entretenir entre eux (Il faut croire que nous avons trop l’habitude de voyager avec nos enfants et d’inventer des jeux en marchant!). Ainsi, nous avons croisé « Victoire », « Joyeux éparpillement », « Maman pieuvre », « solitude à deux » et bien d’autres (Et oui, un rien nous amuse!).
Se balader dans Saguaro National Park permet aussi d’admirer de nombreux animaux. Certains s’établissent carrément dans les saguaros, en y construisant leur logis, ce qui explique les nombreux trous qui couvrent la surface de ces cactus. Il s’agit principalement de l’œuvre de pics-verts, qui y creusent l’espace nécessaire au printemps pour y installer leur nid. Lorsqu’ils déménagent, chouettes, hirondelles et faucons s’empressent de prendre leur place.
Nous avons finalement gravi environ 30 mètres sur des marches de pierre menant au sommet, où une véritable armée de saguaros se dressaient devant nous, grands et fiers. Nous avons pris le temps de profiter de ce spectacle de la nature en admirant le paysage. La vue depuis le sommet comprend la vallée d’Avra, qui s’étendait sous nos pieds, de même que le pic de la montagne Picacho au nord. Rapidement, un sentiment de calme nous a envahis. Alors que le nombre de saguaros présents dans le désert de Sonoran est estimé à plus de 20 millions, seulement six millions de personnes y vivent… Autant dire que nous sommes clairement en minorité dans ce coin du monde! D’ailleurs, lors de notre promenade dans le parc, nous avons croisé très peu de marcheurs, ce qui a contribué à la magie de notre expérience.
Nous avons par la suite emprunté le sentier de Signal Hill, où une courte randonnée (0,8 km) nous a menés au sommet d’une colline. Alors que nous montions sur des marches en pierre, quelques panneaux nous avisaient de la présence possible de serpents à sonnette. Nous n’avons vu aucun serpent (ouf!), mais quelques écureuils et de nombreux oiseaux. Une fois en haut, des dizaines de pétroglyphes de plus de 800 ans nous attendaient. Réalisés par des Hohokam, probables ancêtres des Tohono O’odham, ces dessins semblaient symboliser principalement des animaux, des fleurs et des astres. En revenant sur nos pas, nous avons croisé Cactus Wren Trail, où nous avons aperçu quelques signes fleuris d’un printemps imminent. Malheureusement, les saguaros n’étaient pas encore en fleurs, un décor que j’aurais adoré contempler.
Old Tucson Studios
Avant de rentrer à Phoenix, nous avons fait un deuxième arrêt pour visiter Old Tucson Studios, afin de nous plonger dans une ambiance différente à quelques kilomètres du Saguaro National Park.
Véritable Hollywood du désert, cette ville a été construite en 1939, pour le tournage du film Arizona. Plus de 400 œuvres cinématographiques, principalement des westerns, y ont été tournées, immortalisant des légendes du cinéma telles que John Wayne et Clint Eastwood. En marchant dans les décors de cette ville de l’Old West, nous avons eu le sentiment d’être transportés dans une autre époque à laquelle nous avons été exposés si souvent sur nos écrans de télévision. Au saloon, à la prison, à l’école de quartier, aux écuries, à l’hôtel ou à l’église, nous avions un sentiment de déjà-vu légèrement déroutant. Le site propose plusieurs animations et spectacles quotidiens et prend, à certains égards, des airs de parc d’attraction destiné aux enfants, avec ses manèges vintage et son petit train à vapeur. Une belle façon de compléter ce road-trip dans le désert de Sonoran!
Si vous aimez les décors typiques mis de l’avant dans les westerns, vous apprécierez sans aucun doute de vous aventurer dans le désert de Sonoran. En plus des deux sites présentés dans ce billet, beaucoup d’autres méritent de s’y attarder. J’ai d’ailleurs de nombreuses idées pour mon prochain séjour dans le sud de l’Arizona!