Le petit requin s’emplâtre


A la demande générale des copines qui sont sympas, je continue mes billets sur les travaux de la rénovation de la maison du petit requin. Comme ça ne suffisait pas de camper dans le salon (avec le micro onde) et la poussière en attendant que le trou béant devienne une cuisine, on a décidé de s’attaquer au premier étage. Le deuxième, ça va…enfin, la partie aménagée du deuxième, qui a dû être faite récemment, c’est à dire il y a moins de 1500 ans. Ça a l’air positivement moderne, isolé et en bon état comparé au reste de la maison. Il a juste fallu refaire toute la deco, mais c’est presque fini. Non, on parle du premier, qui est d’époque. C’est bien « d’époque », ça reste pas trop effrayant. À la différence de la tapisserie à fleurs au plafond des chambres, qui elle me donnait des cauchemars…

Le petit requin s’emplâtre

En fait, la boîte qui rénove tout ça nous a fait un prix de gros (c’est une expression, j’ai perdu un kilo depuis que je me nourris presque exclusivement de poussière de plâtre) pour tout l’étage. Mais donc tout l’étage en même temps. Premier problème…on dort où? Surtout que le chef des plâtriers est formel, ça va prendre le triple du temps prévu. Youpidoo. Après des négociations serrées en franco-anglo-polono-roumano-ch’ti d’où il est ressorti que finalement, l’espéranto, c’était une excellente idée parce que clairement personne n’a parlé de peindre les crevettes mais c’est pourtant tout ce que j’ai compris, on a négocié de faire ça deux chambres à la fois. Les ouvriers roumains sont très serviables, ils ont proposé de déménager eux-même tous les meubles. Alors c’est simple, vous pouvez mettre la penderie de Wizzboy, là dans ma chambre. Si yes mââdama (alors qu’en polonais, c’est Mââdam. Je deviens polyglotte en plus). Non, ça c’est le lit de KnightyDiva. Si yes mâââdama. Non mais ça va pas ici…non, pas ça…enfin bref je me suis retrouvée sur le palier, au milieu d’un ballet d’ouvriers roumains et de meubles divers, à beugler en faisant le sémaphore et en pure perte. Résultat, tout s’est retrouvé entassé n’importe où. Impossible d’atteindre mon placard pendant 5 jours, et les pulls de Maricheri m’arrivent aux genoux, je ne parle même pas des sous-vêtements. Mais ce n’est pas le pire.

Les ouvriers ont pris sur eux de décider que c’était plus fun de mettre un enduit spécial sur le torchis plutôt que le placo prévu. Alors là soyons clair, ce truc doit forcément être interdit par la convention de Genève. En fait, les armes de destruction massive, c’est du pipi de chat à côté. C’est pas chez Saddam Hussein qu’il fallait chercher pour trouver de suite, mais chez mes plâtriers. A l’odeur, on ne pouvait pas se tromper. On a tous été malade même en aérant à trois heures du mat alors qu’il faisait -6 (ce qui nous permet maintenant d’avoir tous la crève). Ça a été pire pour Wizzboy, je vous passe les détails…vous avez vu l’exorciste? Bref, après que le grand patron en personne se soit déplacé pour reprendre les choses en mains (je ne les ai pas vraiment accusé d’être des empoisonneurs psychopathes…), les ouvriers roumains me haïssent personnellement mais ont arrêté avec leurs inventions pestilentielles leur enduit et repris les travaux avec du placo. Pendant ce temps, dans la cuisine, la hotte est arrivée à pied depuis Montpellier, pour repartir aussitôt. La petite coquine était toute rayée. Mais pas de soucis, on nous en envoie une de remplacement. Depuis l’Italie. Elle vient à cloche pied, elle sera là d’ici 5 ou 6 semaines. Bon. Toujours aucune nouvelle du plan de travail pour l’îlot non plus. En attendant, on a un truc provisoire moche et petit, mais au moins, la plaque tient dessus. Tout ça au milieu d’un brouillard épais bien sûr. La poussière de plâtre, c’est la joie. Je dors sur le canapé et sous une couche épaisse de poussière depuis lundi. Hier, j’avais bon espoir de pouvoir cuisiner pour la première fois depuis un mois quand les plombs ont sauté. L’électricité est revenue juste à temps pour que la chaudière se fasse agresser par un livreur de fioul meurtrier et qu’elle exerce son droit de retrait pour qu’on se gèle. Là dessus, vers 19h panne de courant dans tout le village…bon, ce n’est pas que je craque un peu mais ça suffit là! Et paf, dans le noir, je suis rentrée directement dans le cadre de mon lit que les ouvriers avaient sournoisement mis debout devant la porte, sûrement pour se venger de ma politique anti gaz moutarde enduit. Je n’ai plus de rotule droite.

Mais ça avance. La cuisine n’est pas finie mais elle est opérationnelle. Les enfants ont tous regagné leurs chambres, plâtrées et isolées (les chambres, pas les enfants. Quoique…). Il ne reste plus qu’à peindre et décorer. On devrait pouvoir réintégrer la notre ce week end…donc on attaque la salle de bain demain. Tout va bien, je suis sereine. Aie.