Timimoun, Algérie / 29°15’N 0°14’E / 1984
Hiver 1983-84, premier voyage en solo en Afrique du Nord. Un grand tour dans le sud algéro-tunisien. 36 jours de porte à porte, 8’291 kilomètres. Objectif Tamanrasset.
En Algérie, deux étapes marquantes, El Goléa, et Timimoun.
El Goléa
Derniers préparatifs en vue de la partie « raid » du voyage. Lendemain, on attaque. Après quelques kilomètres de route dans le fort paysage du début du Tadémaït, des chantiers, et des déviations hors piste, parsemées de grosses ornières de camions. Premiers ensablements, on s’en sort pas mal, pelle + grilles à sable. La situation se péjore. Un premier camion nous tire d’une baignoire de fech-fech, et il faudra, plus loin, en attendre un second lorsque le véhicule posera complètement sur le châssis. C’est rassurant, ces aimables routiers, mais on ne va pas faire les 1’000 bornes jusqu’à Tam en comptant sur eux. F. frissonne, elle est à l’aspirine+thé. A 200 km. mi-parcours pour In Salah, nous croisons des Suisses vus à Gênes. Ils voyageaient à deux véhicules, leur ami en bus VW a cassé sur la piste de Reggane. Ils font marche arrière. La description de l’état des pistes nous convainc de ne pas pousser trop loin : nous rebroussons chemin avec eux, on se réinstalle à El Golea. F. ne va pas bien, température 39.5°. Un jour de repos, grosse dose de Bactrim. Tam, c’est fini…
Timimoun
F., bien brave, considère qu’elle va mieux; on repart, itinéraire modifié. Une excellente route nous mène en 375 km. à Timimoun, par beau temps et sans vent. Le VW, additionné de tout ce qu’il y a sur le toit – jerrycans eau/essence, roues de secours, pièces de rechanges et outillage – est très sensible au vent.
Nous trouvons rapidement un coin charmant dans la palmeraie où nous planquer, en solitaire, pour le Réveillon du 31 décembre. Des gamins nous repèrent rapidement, nous prenons contact pour les visites des jours suivants. Nuit reposante dans le calme, le léger bruissement des palmes, sous le ciel étoilé.
Abdelkader va être notre guide attitré. Ballade au marché et au ksar, de belle architecture vernaculaire, dite « soudanaise ». Idyllique ballade à travers la palmeraie, son système d’irrigation sophistiqué, le « peigne », dispositif ingénieux de répartition de l’eau entre les différentes parcelles. Lendemain tour de la shebka de Timimoun. Ksour et palmeraies disposés dans cette très vaste cuvette, une entité de paysage saharien pour elle-même. R. prend un peu trop d’assurance au volant, le véhicule plante dans un trou, la galerie de toit part d’un mètre en avant. Un peu de casse, passage chez le soudeur, au retour à Timimoun. Le soir, Abdelkader nous transmet l’invitation à venir partager le repas familial, au ksar Ouled Brahim. Nous aurons l’honneur de tâter du foie de chameau, menu privilégié. Le frère aîné entretien la discussion, plein de bon sens; contrastes socio-culturels. Un beau moment d’hospitalité du Sud. Une étape marquante de ce tour.
Mais, Tamanrasset, Tam pour les initiés, reste un objectif.