Le principe
Le principe est on ne peut plus simple : deux fois par an, durant une semaine, des dizaines d'établissements à Vienne et dans quelques villes aux alentours proposent des menus fixes à des prix fixes. On a ainsi l'occasion de manger dans les meilleurs restaurants de Vienne, dont certains sont primés au Gault et Millaut ou même au Michelin, le midi pour entre 14,50 € et 24,50 € et le soir pour entre 29,50 € à 49,50 € selon le nombre de toques attribuées à chaque restaurant (plus il y en a – d'une à trois – plus c'est cher... mais plus le restaurant est réputé, forcément). Attention ! Certains endroits appliquent en supplément des frais de couverts (aux alentours de 3 € par personne, parfois plus) à ajouter au prix total. Les boissons sont rarement comprises, sauf lorsque le contraire est précisé.
Une fois que vous avez trouvé le(s) restaurants) qui vous convien(nen)t, il n'y a plus qu'à effectuer la réservation en ligne directement, en précisant le nombre de couverts et l'horaire désiré. Après avoir entré vos informations personnelles, un mail de confirmation vous est envoyé et il n'y a plus qu'à se présenter le jour dit pour profiter. Attention ! Certains restaurants ne prennent pas de réservation pour une personne, comme chez Mercado (un jour je ferai un article sur la discrimination quand on est en solo, promis !).
Les dates varient d'une année sur l'autre mais les éditions ont généralement lieu fin août et en février/mars. Les réservations ouvrent une dizaine de jours en amont. On ne retrouve pas forcément les mêmes restaurants d'une édition à l'autre ce qui permet de varier les plaisirs.
Qu'est-ce qu'on mange ?
Du côté des restaurants, l'offre est très variée : cela va des établissements traditionnels servant une cuisine typiquement autrichienne (parfois revisitée à la sauce moderne) à des restaurants proposant des plats internationaux voire même de la fameuse cuisine "fusion"qui flirte parfois avec la cuisine asiatique (chez On) ou des associations beaucoup plus folles comme chez DiningRhum, qui propose des plats fusionnant spécialités japonaises et péruviennes, rien que ça ! Dans le lot, on trouve également quelques restaurants italiens (Huth da Moritz), grecs (Ella's), croates (le bien nommé Split), espagnols (El Hans), thaïlandais (Patara) ou japonais (Sakai) aussi bien que des restaurants de palace (le Bristol) comme des endroits ambiance bistrots... de luxe. Parmi les restaurants renommés, on citera Amador et sa flopée de distinctions, Kussmaul, Figlmüller et ses célèbres Schnitzel ou encore der Pfarrwirt du côté de Grinzing.
Du côté des menus, il y a de tout : le midi, entrée et plat ou plat et dessert sont au menu, parfois avec un seul choix de plat/entrée/dessert et parfois avec deux dont une option végétarienne (mais cela n'est pas valable de manière systématique, une version végétarienne peut exister pour le plat principal mais pas l'entrée par exemple) ; idem le soir. Certains restaurants vont même jusqu'à offrir trois choix possibles quant à d'autres, c'est surprise au menu.
Le site propose de faire un tri par arrondissement ou par jour (quand les disponibilités s'amenuisent) mais si vous n'avez pas de restaurant en tête ou si vous voulez manger quelque chose en particulier, la seule solution est d'ouvrir les pages une à une. Un peu fastidieux c'est vrai.
Mon avis
J'aime Vienne pour ses restaurants bon marché et cette possibilité de manger de la qualité à des prix raisonnables. Je ne suis pas cliente des restaurants gastronomiques pour deux raisons : je suis très difficile et les plats me conviennent rarement ; je ne conçois pas de dépenser des fortunes juste pour manger, surtout quand on sait que la quantité dans l'assiette est souvent proportionnellement inversée par rapport au montant de la note. Pourtant, à l'édition précédente, fin août, je me suis laissée tenter par l'expérience, en premier lieu pour en parler dans mon guide sur Vienne et ensuite pour voir si la cuisine gastronomique, ça valait tant le coup que ça.
J'ai ainsi eu l'occasion de manger dans deux restaurants aux ambiances vraiment différentes. Le premier est Die Küche, située dans le palais Hansen Kempinski sur le Ring, non loin de la Bourse, dans le 1er arrondissement. Preuve que je n'appartiens pas à ce milieu, il m'a bien fallu dix minutes pour comprendre que l'entrée du restaurant était dans le palace : petit moment d'émerveillement une fois l'imposante porte franchie et l'impression d'avoir mis les pieds dans un autre monde. Le restaurant, lui, a un décor beaucoup plus sobre, avec murs végétaux et élégant mobilier blanc, noir et vert. On y est accueilli comme des rois : le personnel est aux petits soins, on a délicatement reculé puis avancé ma chaise pour que je puisse m'asseoir, on m'a présenté un siège pour que j'y installe mon sac, le service est très codifié...
Quid de la nourriture ? Le menu proposé l'été dernier diffère de celui de cet hiver ; très simple, il me convenait parfaitement : salade concombre/melon en entrée et risotto à la tomate en plat principal. Alors dis comme ça, je suis d'accord avec vous, quel intérêt d'aller manger dans un restau réputé pour des plats aussi basiques ? Je ne vous refais pas le couplet de "je n'aime rien" mais surtout : j'ai rarement mangé des plats aussi bateau d'apparence mais aussi bien préparés. L'assaisonnement de la salade était divin, le risotto cuit parfaitement. Un délice. C'est là que j'ai vraiment compris qu'il y avait cuisine et cuisine. Expérience réussie de A à Z pour Die Küche, que je recommande les yeux fermés.
Die Küche (1. Schottenring 24)
Le lendemain, deuxième établissement, deuxième atmosphère : j'avais cet endroit en ligne de mire depuis des mois et c'était l'occasion parfaite. Le restaurant Clementine im Glashaus se situe, comme son nom l'indique, sous une verrière dans les jardins du palais Coburg, également dans le 1er arrondissement, non loin du Ring encore, mais côté Stadtpark cette fois. Le décor est absolument dingue, la verrière magnifique, offrant une lumière à tomber et une vue sur les bâtiments alentour vraiment superbe. J'avoue, pour le coup, avoir été beaucoup plus enchantée par le cadre que par le contenu de mon assiette qui était plus recherché que chez Die Küche (en entrée une soupe de tomate je crois et ensuite un poisson, avec en amuse-bouche d'épaisses tranches de pain et quelque chose à tartiner). Mais la sauce a moins pris, la soupe n'était pas mauvaise mais assez quelconque et mon poisson, malgré une assiette très joliment dressée, baignait dans sa préparation et s'est refroidi très rapidement. Le dessert pris en supplément ne m'a pas laissé un souvenir impérissable non plus. Attention, ce n'était pas mauvais : mais j'y ai retrouvé l'expression exacte de mes préjugés, à savoir une cuisine qui en fait des caisses mais pour pas grand-chose au final. Pour le coup, là, j'ai un peu regretté mon investissement (j'ai dû payer une trentaine d'euros au total, avec couvert, boisson et dessert en supplément : on est loin des 14,50 € qui sont annoncés) : reste un cadre absolument enchanteur qui rattrape une cuisine un peu moins enchanteresse à mon goût (le midi le reste du temps les formules restent très abordables, cela vaut le coup d'y jeter un œil). Et le week-end, ils servent un brunch à faire baver d'envie. Malgré ce bémol, je recommande quand même ne serait-ce que pour le lieu !
Clementine im Glashaus (1. Coburgbastei 4)
J'avais également réservé un troisième endroit (Pfarrwirt pour ne pas les nommer, qui proposait alors un Kürbisrisotto qui me faisait bien envie) mais ils m'ont appelé pour annuler l'avant-veille je crois, car il y avait un problème de place... Sachez donc que cela peut arriver et que la réservation n'est pas forcément garantie.
Et cette année ? J'ai réservé pour deux nouveaux déjeuners dans des restaurants qui m'avaient déjà fait de l’œil la fois précédente : je suis bien contente que les menus me plaisent encore. Il s'agit de The Room - Sofiensäle dans le 3e et Wunderkammer dans le 15e. Nous verrons bien si l'expérience se révèle tout aussi agréable, l'effet de découverte passé.