Encore un titre en français…je ne sais pas si je vais réussir à m’y faire. On est en Angleterre pour deux jours, au milieu des cartons. Comme on aime bien s’amuser, on a décidé d’étaler notre déménagement sur 10 jours et de multiplier les allées et venues sous la Manche, qu’est-ce qu’on rit. Maintenant qu’on a les clés de la maison du petit requin (j’ai expliqué le nom hier) dans le Pas de Calais, il faut vider notre maison anglaise.
Source
Le sytème d’achat immobilier est totalement différent des deux côté. Ici, il y a un solicitor, un avocat pour les vendeurs et un pour les acheteurs, chacun peut se rétracter jusqu’à l’échange des contrats (un contrat par solicitor). Par contre, après l’échange, c’est pratiquement impossible, sauf à verser 10% du prix de la maison à la partie lésée. Soyons clair, nos acheteurs sont extrêmement antipathiques, brexiters et fiers de l’être, mais aussi très près de leurs sous. Ils ont essayé de rogner sur tout. Bref, maintenant qu’on a échangé les contrats, et qu’ils ont dû versé une caution de 10% ça m’étonnerait qu’ils changent d’avis avant la completion date, la date de transfert de propriété. Il arrive souvent que exchange et completion se fassent le même jour, c’est à dire que jusqu’à la dernière minute, avec les cartons chargés dans le camion de déménagement, la vente peut capoter. Cette fois, on n’a strictement aucune confiance, donc on a exigé un exchange anticipé. Le jour de la completion, nous serons en France. Il n’y a rien à faire, on a déjà signé tous les papiers depuis longtemps. Les solicitors se débrouillent entre eux, et c’est l’agent immobilier qui remet les clés aux nouveaux propriétaires lorsque le transfert bancaire a été confirmé par les solicitors. Ça permet de bien stresser pendant quelques heures, téléphone collé à l’oreille en attendant que le solicitor confirme que tout est réglé.
On a donc découvert hier comment ça se passe en France. La terre entière avait beau me répéter que plus rien ne pouvait arrivé depuis qu’on avait signé le compromis, je n’étais pas convaincue. En même temps je n’avais pas tout à fait tort. On est arrivé à l’heure chez le notaire, un monsieur extrêmement sympathique, un peu désabusé par la nature humaine, mais très drôle. L’humour noir, ça nous parle et ça nous a mis en confiance. L’agent immobilière (l’agente?…rhaa, je ne vais jamais arriver à communiquer en France, heureusement que je ne stresse pas) était là aussi et s’est révèle très agréable aussi vu qu’elle n’avait plus à faire la commerciale. Bref, on était tous potes et content d’être là, quand on a vu débarquer la fille des vendeurs. Mais pas eux. Moment de flottement, le notaire se lance, et donc chère madame, où sont vos parents? Ils ne peuvent pas se déplacer, je vais signer pour eux et puis c’est tout. Le moment de flottement s’est transformé en vent de panique, c’était carrément un cyclone de mon côté. Le notaire a été remarquable: la chère madame ne va pas nous embêter longtemps et aller fissa chercher ses parents ou ça va barder et qu’est-ce que c’est que ces manières de faire perdre du temps aux gens parce qu’on ne veut pas comprendre, hum, chère madame? On a cru que la pauvre mamie (que la fille est donc allée chercher) n’allait jamais réussir à parapher les dizaines de pages du contrat de ses doigts tout tordus et tremblotants mais ornés de bagues. Elle s’était pomponnée pour aller chez le notaire, contrairement à la fille. C’était touchant. Elle a fini par une signature à la calligraphie admirable qui fait honte à mes gribouillis. La fille (qui doit approcher des soixante dix ans est qui d’après l’agent immobilière attend l’héritage avec impatience) est reparti en grommelant toujours. On a récupéré les clés, échangé encore quelques plaisanteries sur la vanité du monde avec le notaire, et voilà.
Retour en brexitland et avec les déménageurs qui ont débarqué à l’aube. Ils ont commencé les cartons avec une logique qui m’échappe prenant une bricole par ci par là, en mélangeant mes petites culottes et les playmobils de Wizzboy, les livres de GeekAdo et les assiettes à dessert, les cadres de KnightyDiva et les coussins des chattes…ça va être un pur bonheur de défaire tout ça en France. En plus, dans chaque pièce ils laissent traîner une plante, un jouet, un tableau…l’un d’eux est franchement désagréable, vu ses réflexions on pourrait penser que ça le mettrait de bonne humeur de voir partir des étrangers. Ils reviennent demain, je sens qu’on va encore bien s’amuser. Jour un de notre déménagement à rallonge et l’humeur est mitigée. On y croit, ça va le faire.