Il y a 11 ans et demi, on débarquait à Colchester, sans savoir du tout où on mettait les pieds. On a déménagé ensuite dans un des villages de la communauté de communes, du borough council de Colchester. On est toujours pour très peu de temps encore, des colchesteriens. J’ai envie de me souvenir que j’ai apprécié cette ville, malgré sa réputation pas toujours flatteuse. C’est paumé, un peu plouc, pas très fun…mais ça a été chez nous. Du coup je vous ressors l’histoire de Colchester.
C’est une merveilleuse cité du non moins merveilleux Essex County, qui a donné au monde reconnaissant les escarpins vernis blancs, David Beckham, les auto bronzants oranges pétants, Russell Brant, et j’en passe ( j’ai vérifié, il y a même une entrée Wikipedia pour Essex girl, avec des blagues d’un goût très sur). Et donc, au milieu de son comté respirant l’élégance et la sophistication, Colchester s’enorgueillit d’être la plus vieille ville d’Angleterre. C’était la capitale quand Londres n’était encore qu’un tas de boue (dixit un de nos anciens maires…vous avez vu comme j’ai réussi à recaser du latin, comme ça, négligemment?). D’ailleurs, pour ceux qui ont lu Astérix chez les bretons, le match de rugby à la fin de l’album voit s’affronter Camulodonum (nom latin de Colchester) et Lunidinum (Londres). Les Romains se sont donc installés ici en débarquant en 43 (c’est la date, par leur pointure de sandale). Même l’empereur Claude est venu y faire un tour. Ça n’a l’air de rien, mais depuis, on n’a pas fait mieux en matière de visite d’état à Colchester.
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Malheureusement, les habitants du coin étaient beaucoup plus agités à l’époque que maintenant. Ils se sont bêtement vexés des taquineries des soldats romains, qui les ont un tout petit peu trucidé et poussé dans un coin (pour les survivants) pour pouvoir construire leur capitale britannique. Les légionnaires romains étaient comme ça, très joueurs. Les Icenis, la tribu locale, emmenés par leur reine Boudicca ont pris la mouche. Ils ont profité d’une absence de la garnison , partie en promenade champêtre rasé des villages plus à l’ouest, pour joyeusement massacré tous les habitants de la Colchester romaine, brûlant et détruisant tout sur leur passage. Les Icenis étaient aussi très joueurs. Qu’est-ce qu’on s’amusait à cette époque!
Du coup, les romains, vexés, se sont installés à Londres. Et se sont un tantinet vengés quand ils ont réussi à attraper Boudicca. Mais c’est quand même grâce à elle et à tout ça que les prix de l’immobilier sont plus abordables ici! Si Colchester était restée la capitale…et bien on habiterait probablement à Londres. Cela dit, dans sa précipitation à tout faire cramer, Boudicca a oublié quelques petits choses, et il reste de nombreux vestiges romains à Colchester, et même le seul cirque jamais trouvé sur toute l’île.
Fière de ce passé prestigieux, la ville, qui a également une forteresse normande construite sur les salles du temple romain organise des visites guidée dans les rues, pour permettre aux touristes ébahis comme aux habitants de ne pas louper la moindre petite brique romaine, le plus petit éclat de mosaïque encore la. Et c’est un centurion qui mène la visite. En jupette et casque à plume.
Si ça vous intéresse, le visitor center organise des visites en été. Sinon, pour ceux qui ont des relations avec l’historic society, on peut s’arranger pour avoir droit à son petit tour privé, youpi. Pour la plus grande joie de mes filles, j’ai des relations. Je vous ai déjà parlé de la grande prêtresse druidique? D’ailleurs, quand on sait que les druides ont été de farouches opposants à l’invasion romaine, on peut se poser des questions sur le sérieux de l’historic society, si une grande prêtresse druidique y côtoie aussi facilement un centurion…mais bon, on a eu la joie incommensurable de se ridiculiser dans les rues à suivre un agité en jupette pendant deux heures. J’étais partie pour vous raconter ça, mais mes explications qui ne devaient être qu’une introduction sont décidément trop longues. Rendez vous demain pour la visite guidée, attention, j’ai pris des photos!