Lascaux IV, le Centre International de l'Art Pariétal a fêté ses un an en 2017. Il ne m'en fallait pas plus pour me décider à aller faire un saut dans le Périgord. Depuis les châteaux des baronnies du X ème siècle, aux chemins de Saint-Jacques de Compostelle, j'ai remonté le temps jusqu'à Cro Magnon et ses grottes. Un voyage marquant, des habitants généreux et accueillants et une gastronomie à tomber _ comptez entre 3000 et 5000 calories par repas _ qui m'ont comblé.J'y suis d'ailleurs retournée en catimini en novembre pour profiter des premières couleurs de l'automne.
Voici en quelques visites et assiettes, mes arrêts incontournables d'un voyage dans le Périgord.
Périgueux, la ville blanche
Si comme moi, vous arrivez en train, l'idéal est de s'arrêter à Périgueux, chef-lieu de la Dordogne (environ 3h40 de Paris). Longtemps tenue par de riches marchands, Périgueux a su conserver son patrimoine historique et architectural.
Avant de vous perdre dans les petits villages du Périgord, n'hésitez à vous arrêter quelques heures à Périgueurx. De la Tour Mataguerre, la vue sur l'ancienne ville et ses maisons à colombages augure de belles découvertes. Ici, tout le quartier est piéton.
Je profite donc du calme matinal pour vagabonder dans les ruelles, de la rue de la Sagesse à la Cathédrale Saint-Front, haut passage de pélerinage du chemin de Compostelle.
Disséminés dans la ville, quelques passages étroits paraissent fermés par des grilles ; il suffit d'oser les pousser pour découvrir des petites cours et des hôtels particuliers, comme l'Hôtel de Lestrade qui renferme un escalier renaissance somptueux (11 Place du Coderc. Soyez discrets tout de même : bien qu'inscrit au patrimoine historique, il s'agit d'une propriété privée). En arrivant place Saint-Louis, j'ai de la chance : c'est jour de marché et les cèpes sont de retour dans la région, de quoi avoir un petit aperçu du fameux marché au gras de Périgueux, qui se tient sur cette place de novembre à mars.
Pour les férus d'Histoire, sachez que l' Office de Tourisme de la ville de Périgueux organise des promenades urbaines à thème, vraiment idéal pour découvrir la ville en quelques heures et à prix attractif (6 euros par adulte).
Le Château de Bourdeilles, une visite chasse au trésor
Au Nord de Périgueux, dans la petite ville de Bourdeilles, se trouve le château de Bourdeilles, une des quatre baronnies fondées en Périgord au X ème siècle : Beynac, Bourdeilles, Biron et Mareuil.
Sur le site, un château fort construit à partir de 1283 et un château dit renaissance, construit à la fin du XVII ème siècle se côtoient. Pour animer la visite, une grande chasse au trésor vous attend. Après avoir admirer le cèdre centenaire, vous gravirez quatre à quatre les marches du donjon pour admirer la vue sur le labyrinthe du château et les confluents de la Dronne. Et croyez-moi, on se prend facilement au jeu des épreuves. La clef, la devise de la famille Bourdeille.
Fait assez rare, le château comprend également une superbe collection de meubles d'époque, constituée par Robert Santiard et léguée au château en 1967.
Le Château de Biron, des créneaux à l'art contemporain
Au sud de Périgueux cette fois, au coeur du Périgord pourpre, se dresse le château de Biron. Beaucoup plus massif que le château de Bourdeilles, Biron surplombe les plaines du Limousin et on dit que de ses hauteurs, on peut admirer par beau temps jusqu'aux Pyrénées.
Comme Bourdeilles, des appartements furent ajoutés par les différents propriétaires jusqu'à la fin du XVII ème siècle. Clous de la visite, la cathédrale castrale, réservée aux nobles du château, et les remparts intérieurs qui offrnte une vue incroyable sur les plaines alentour.
Le château n'ayant servi que d'apparat et de signe de richesse, il ne fut quasiment jamais habité. On ne retrouve donc pas, comme à Bourdeilles, de mobilier. Les grands salles des appartements renaissance accueillent donc depuis quelques temps des expositions d'art contemporains, en association avec la Fondation Maeght. Lors de ma visite, Miro, Braque et Kandisky étaient à l'honneur. Une formidable initiative pour faire revivre le château.
A noter également que le château accueille tous les jeudi soir pendant les beaux jours un marché de producteurs de pays (à partir de 19h, renseignement au 05 53 63 13 14).
L'Abbaye de Cadouin où le mystérieux suaire sacré
Au nord de Biron, arrêtez-vous dans le petit village du Buisson de Cadouin. L'endroit est absolument splendide. De petites allées fleuries où il fait bon se promener et, sur la place principale bordée de pommiers, l'abbaye de Cadouin où pendant des siècles se précipitaient des milliers de pèlerins venus toucher le suaire de Cadouin, relique de la première croisade. Ce n'est qu'en 1936 qu'un historien se penche sur le fameux suaire et y relève des écritures coufiques, mettant fin aux pèlerinages. Et pour cause, ironiquement, le suaire est un voile arabe datant du XI ème siècle. Vous pouvez en voir une copie à l'entrée de l'abbaye.
Fondée en 1115, l'abbaye de Cadouin possède, avec Moissac, un des plus anciens cloîtres de France. Beaucoup, en effet, ont été démantelés au fil des siècles pour l'utilisation de leurs pierres une fois la fonction abbatiale perdue.
Au XV et XVI ème siècle, le cloître a été décoré de colonnes et de riches sculptures illustrant les différents préceptes de la vie monastique. Sur certains murs, subsistent encore des fresques dessinées à même la pierre, que l'humidité menace aujourd'hui. Un véritable coup de coeur pour moi.
La Grotte du Grand Roc et Laugerie Basse, trésors des Eyzies
Aux Eyzies de Tayac, une impressionnante falaise domine la Vallée de la Vézère. Depuis le Magdalénien, les hommes y ont trouvé refuge, directement sous la roche ou dans des habitats troglodytiques. Le site de Laugerie Basse, idéal pour les familles, permet de revivre les différentes découvertes archéologiques, notamment aux travers de fouilles 3D et de quelques installations d'habitats.
A quelques dizaines de mètres, la Grotte du Grand Roc fera le bonheur de tous les passionnés de géologie. Découverte en 1924, la grotte est une des plus riches de la région. Une fois passée l'appréhension de s'enfoncer sous terre (moi, claustrophobe...non, pourquoi ;-)), on est plongé dans un univers minéral incroyable. Stalagmites, stalactites et coulées de calcite côtoient des excentriques et des cristaux en formation, dessinant parfois de véritables oeuvres d'art ( ici une stalagmite qui ressemble à Excalibur, là une femme que l'on croirait sculptée dans la roche). Ajoutez à cela une guide à l'humour tranchant et la Grotte du Grand Roc devient une visite incontournable dans le Périgord.
Lascaux IV où le Centre international d'Art pariétal
Sur la colline de Montignac, à l'endroit exact où Marcel Ravidat et ses trois acolytes découvrirent pour la première fois la Grotte de Lascaux, se dresse Lascaux IV. On y retrouve l'exacte réplique de la grotte dans son intégralité. Température, humidité, tout a été pensé pour que l'expérience du visiteur se rapproche au maximum de celle des quatre amis en ce 12 septembre 1940. Autant vous dire tout de suite que je n'ai pas marché ; j'ai couru et que je crois bien avoir un peu découvert Lascaux moi aussi comme en témoigne mon récit.
Mais le Centre International d'Art Pariétal, c'est bien plus que le fac-similé de la grotte. Après la visite, des panneaux permettent de d'admirer certaines parties de la grotte inaccessibles, comme la Salle du Puits. Un théâtre numérique en trois actes retrace l'Histoire de Lascaux, depuis la découverte des premières peintures rupestres dans les années 1880 jusqu'aux avancées archéologiques de ces dernières années, rendues possibles notamment par les nouvelles technologies. Enfin, et c'est sûrement la partie qui m'a le plus touché, la Galerie de l'Imaginaire met en lumière l'influence de l'art pariétal sur les artistes contemporains. Tous - Miro, Picasso, ou Gasiorowski - se sont inspirés de Lascaux, faisant d'une simple grotte la fresque originelle d'une humanité.
Le Parc du Thot, à la découverte de la relation homme-animal
Si vous avez des enfants, ou si vous en êtes encore un, je vous conseille vivement de visiter le Parc du Thot en sortant de Lascaux IV. D'abord, parce que l'on peut y admirer les loups et autres espèces qui peuplaient la vallée de la Vézère à l'époque du Magdalénien. Les aurochs, cette espèce de la famille des vaches reconstituée il y a quelques années, y paisent au milieu d'autres espèces plus communes, comme les cerfs et les bouquetins.
Une fois la visite des enclos terminée, vous pourrez rejoindre un des nombreux ateliers à thème du parc, qui permettent de mieux comprendre la relation entre l'homme et l'animal à la Préhistoire. Cinéma 3D, atelier de création de lampe en torchis ou encore, et c'est ce que j'ai préféré un atelier de peinture rupestre.
Avant de vous dévoiler l'ampleur de mon talent, voici quelques informations à prendre en compte :
- peindre sur une grotte signifie peindre sur une structure avec des creux et des bosses. Il faut donc choisir un modèle mais aussi tenir compte du relief pour que votre dessin ressemble à quelque chose en perspective. Pas une mince affaire...
- les outils à disposition sont rudimentaires ; quelques éponges en torchis, des pinceaux de bois munis de quelques poils et trois assiettes de pigments de couleur mélangés à de l'eau.
Une animatrice me rappelle les éléments de base des peintures de Lascaux ; des animaux de profil, des cornes en C et en S, des pigments utilisés principalement sur les extérieurs et je me lance. De quoi être encore plus admirative du travail réalisé par nos ancêtres dans la grotte de Lascaux qui, si j'avais vécu il y a 40 000 ans, ne serait jamais devenu un musée...
Les assiettes gourmandes de mon voyage dans le Périgord
Que serait un voyage dans le Périgord sans manger...beaucoup manger. Je n'ai pas failli à mes dures obligations de blogueuse et après moultes tentatives, j'ai retenu quatre tables où il fait bon manger les produits de la région.
L'atelier des Sens, des prix doux et des plats de saison
Juste à côté du château de Bourdeilles, se cache un petit restaurant de quelques tables seulement. A l'Atelier des Sens, on pratique des prix doux et on cuisine des plats de saison. Avec des produits locaux, évidemment !
Comptez environ 30 euros pour un menu complet le midi. Et si vous goûtez leur soupe de potimarron cet hiver, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé en commentaire parce que la mienne était à tomber...
Le Domaine de la Tuque, du vin en Périgord pourpre
Il y a des gens comme Gilles qui respire la bonté et la passion. Installées depuis peu aux abords de Biron, les vignes du Domaine de la Tuque feront, j'en suis sûre, très vite parler d'elles. J'ai passé une après-midi entière sur le Domaine de la Tuque à écouter Gilles parler de son exploitation, de son projet, de la façon dont il s'implique pour faire découvrir son vin et les autres petits producteurs de la région et c'était passionnant. Si j'ai pu goûter (et ramener quelques bouteilles de son cru vieilles vignes par la même occasion), je n'ai malheureusement pas eu le temps de rester quelques jours dans sa maison d'hôtes, construite au milieu des vignes bio. Pourquoi pas une prochaine idée de séjour, au plus prêt de cette formidable nature.
- Edward 1er ou la vie de château à Monpazier
Si vous passez par la commune de Monpazier, un superbe petit village du Périgord, arrêtez-vous pour un dîner ou pour la nuit au Edward 1er. Cette hôtel quatre étoiles très intimiste vous séduira par son charme et la discrétion de son accueil. Pour ma part, j'ai vraiment adoré dîner au restaurant de l'établissement, l'Eléonore. Au menu là encore, que des produits de saison à des prix très raisonnables vu la qualité de la cuisine (comptez environ 30 euros pour un menu de trois plats).
- Les Glycines, le Périgord noir en assiette
C'est sous les falaises des Eyzies de Tayac que j'ai pris ma plus grande claque culinaire de ce voyage dans le Périgord. Dans le superbe établissement quatre étoiles des Glycines se trouve un bistrot culinaire et un restaurant gastronomique, le 1862.
Comme je n'avais pas assez grossi mangé depuis mon arrivée dans le Périgord, je me suis offerte un petit plaisir gastronomique. Et quel plaisir ! Pascal Lombard, le chef du 1862 est tout simplement un orfèvre de la truffe noire. Quand elle se marie à l'artichaud, je fonds littéralement. Je fonds aussi devant mon veau clouté au lard, qui lui aussi, fond. Un gouffre de douceur jusqu'à cette glace à l'avocat accompagnée de fraises gariguettes qui m'a fait sérieusement réfléchir à m'installer dans la région.
Autant vous le dire, ce n'est pas une étape, c'est un passage obligé dans le Périgord. Et, si le premier menu est à 62 euros, somme rondelette pour un restaurant, je vous jure que vous ne le regretterez pas. La preuve ? Vous ne salivez pas rien qu'avec ces quelques photos ?
Vous avez des questions ? N'hésitez pas. Je réponds toujours à tous les commentaires.
Et si vous avez des adresses dans le Périgord, dites le moi : mon petit doigt me dit que j'y retournerai en 2018 !
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