Il y a quelques années, quand j’étais encore enthousiasmée par toutes ces nouveautés que je découvrais en Angleterre, je m’étais dévouée pour enquêter sur une tradition nationale: les courses hippiques et plus précisément celles du premier janvier. Ça n’a pas été une réussite.
Alors qu’en France, on tente de se remettre d’une semaine d’excès alimentaires, en Angleterre ( et en Irlande aussi), le premier janvier est jour de courses hippiques. Les plus importantes sont celles de Cheltenham, qui voient en moyenne passer 30 000 personnes chapeautées de frais, certains n’ayant pas décuvés depuis 24 heures. Ça ne les empêche nullement de parier sur les résultats, avec toute la clairvoyance que leur état d’ébriété leur permet. Et cette année, grande attraction, Peppa Pig en personne, ou plutôt en cochon doit faire une apparition. Qu’est-ce qu’on s’amuse! En effet, on va aux courses en famille, et vu la météo, en bottes en caoutchouc. C’est du plus bel effet, avec les chapeaux à plumes. Il y a des tentes offrant rafraîchissements, boissons chaudes, nourritures et animations pour les enfants, tout ça sous une pluie battante et avec un avis de tempête. Mais il en faut plus pour décourager les anglais. Ce n’est pas un peu d’humidité qui va gâcher la fête. Les courses ont commencé à 10h30 ce matin et se terminent en fin d’après midi. Apparemment, selon BBC sport, un certain Oscar Whisky a gagné quelque chose. J’espère que c’est le nom du cheval, pas du jockey. Parmi les célébrités annoncées, il y a aussi Annie Power, j’ai bien vérifié, c’est le cheval, un certain Zarkandar et un francophone, Empire Levant, propriété de Sir Alex Ferguson, l’ancien manager de Manchester United. Malheureusement, ce n’est pas lui qui monte, mais un jockey, c’est dommage.
Mais il y a des courses hippiques partout, en cherchant un peu, on peut en trouver à moins d’une heure de chez soi sans problème. Sauf dans quelques counties, où les courses ont été annulées pour cause d’inondations. On demande déjà à ces pauvres bêtes de courir, avec un jockey sur le dos, un jour férié, on ne va pas en plus leur faire parcourir la piste à la nage. Il y a un champ de courses prés de chez nous, ô joie, et le mot champ n’a jamais été plus approprié. Dans le meilleur des cas, c’est déjà désagréable. Avec la pluie et le vent, il faut être particulièrement déterminé pour y aller. Le parking est dans le champs d’a côté, donc après avoir patiné patiemment dans la boue en attendant une place, vous vous garez dans la première flaque de libre. Vous enfilez vos bottes en caoutchouc, pataugez jusqu’à mi cuisse dans la gadoue pour rejoindre la queue devant la billetterie. Au bout d’une petite attente d’une bonne demi heure sous une pluie torrentielle, vous gagnez votre place sur les stands en bois en mode patinage, (le bois humide, la boue…c’est très glissant). Le petit auvent au dessus de vos têtes vous nargue par son inutilité absolue à vous protéger de la moindre goutte d’eau. Les gradins s’agitent joyeusement au gré du vent. Si par soucis de sécurité vous préférez redescendre près de la piste, non seulement vous allez vous couvrir de ridicule en vous étalant dans les escaliers et en arrivant en bas au son de toute une tribune applaudissant joyeusement vos glissades (les anglais sont taquins) mais vous verrez encore moins bien la course, puisque les chevaux passeront sous votre nez dans des gerbes d’eaux boueuses. Quand on a des lunettes, c’est un problème. Le temps de les enlever pour les essuyer, les chevaux sont déjà parti à l’autre bout de la piste. Et oui, j’ai des lunettes. Dans le meilleur des cas, j’ai du mal à me passionner pour les sports hippiques, et ce n’est pas en y rajoutant un élément aquatique que ça va me faire changer d’avis.
Je tiens à préciser que je trouve les chevaux très sympathiques, à l’arrêt, et je partage les cris de joie de mes filles la vue d’un poney, mais pas leur envie de grimper sur le dos de ce pauvre animal. J’ai déjà le vertige sur un tabouret, alors un cheval, c’est très haut quand même!En tout cas, ce qui est pratique, après tout ça, c’est que je ne pense pas avoir besoin d’expliquer pourquoi je n’ai jamais renouveler l’expérience des courses hippiques anglaises du premier janvier. Ou d’un autre jour.