Margareten (un peu de contexte)
Il y a fort à parier qu'en épluchant les guides de voyage sur Vienne ou les blogs en ligne, aucun ne vous envoie explorer les rues du cinquième arrondissement (que l'on nomme ici Bezirk), Margareten. En grande majorité, ils auraient raison : il n'y a pas grand-chose de touristique à y voir. Pas de musée d'intérêt majeur, pas de monuments incontournables, pas de coins à côté desquels il faudrait éviter de passer à côté à tout prix. Pourtant, il est proche du centre historique, on est encore dans la première ceinture d'arrondissement et pas perdu à la périphérie de la ville.La Wiedner Hauptstrasse (chez moi !)
Pour ma part, j'habite dans le coin sud-est de l'arrondissement, le long du grand faubourg Wiedner Hauptstrasse, qui se termine au niveau de Karlsplatz. Depuis le bas de mon immeuble, j'aperçois la coupole vert-de-gris de la Karlskirche : à défaut d'avoir vu sur l'église même, ma préférée de Vienne, au moins j'ai le droit à un petit bout à chaque fois que je mets un pied dehors. C'est mon point de repère, je ne manque jamais d'y jeter un bref coup d’œil en sortant. Un peu comme un porte-bonheur.Étant non loin de la frontière entre le 4e et le 5e arrondissement, j'ai plus tendance à sortir du côté de Wieden et du très animé Freihausviertel lorsque je veux aller boire un verre ou manger un bout non loin de chez moi. Ainsi, je me sens plus appartenir au 4e qu'au 5e arrondissement, même si mon adresse elle ne s'embarrasse pas de ces préférences. Au final, je me rends compte que je connais assez mal le reste de mon arrondissement, même si ces derniers mois j'ai pas mal exploré le nord, vers Margaretenstrasse, où l'on trouve plus de commerces et une plus grande animation. C'est clairement un coin qui mérite que les touristes viennent s'y perdre pour trouver l'ambiance "village" si particulière au sein de la ville impériale qu'est Vienne. Mais je n'ai guère poussé vers l'ouest, n'ayant jamais franchi Reinprechtsdorfer Strasse, où déjà je ne m'aventure guère. Appelez-moi bobo mais je suis plus à l'aise au milieu des cafés branchouilles et des boutiques indés que des kebabs ou des magasins où tout est à 1 €.
Pourquoi ce quartier ?
Lorsque j'ai cherché mon appartement l'année dernière, aucun de mes critères n'englobait une localisation particulière. Je ne voulais pas habiter loin du centre historique parce que je ne me voyais pas mettre 40 minutes pour le rejoindre (à l'époque c'était encore mon centre de Vienne, maintenant beaucoup moins...) ni n'avait besoin d'une maison avec un jardin. Mais à part ça, j'ai vraiment cherché partout. Il se trouve que c'est ici que j'ai trouvé l'appartement qui me convenait : meublé, dans mes prix, pas loin d'une station de transport et qui acceptait les animaux de compagnie. Cerise sur le gâteau, je connaissais vaguement le coin, vu qu'on est à côté du Naschmarkt, même si honnêtement je n'avais jamais mis les pieds aussi au sud avant d'y arriver. L'adaptation s'est faite très rapidement : d'un autre côté, il n'y a pas grand-chose à voir dans les environs et c'est compliqué de vouloir se perdre entre les HLM et les grandes rues rectilignes. L'activité de mon quartier se concentre le long de ma rue, que je ne fais que monter et descendre au gré de mes besoins.Pourquoi ne pas changer ?
Je ne vais pas vous mentir : mon quartier ne fait pas rêver. J'habite le long d'une voie de communication très fréquentée. Je n'ai quasiment pas de bars, de cafés ou de restaurants sympa dans un rayon de cinq minutes. L'architecture n'est pas franchement jolie, je ne pourrais pas dire qu'il existe vraiment une vie de quartier et, chose qui m'étonne, la non-présence d'un marché à proximité me gêne de plus en plus. J'ai un petit parc à côté de chez moi qui vient d'être rénové et qui est très mignon mais, maintenant que l'hiver arrive, il est ensoleillé deux heures par jour de 9 h à 11 h (à peu près). Au premier abord, on pourrait se demander ce que je fais encore là. Il se trouve qu'au fil des mois, j'ai fini par apprécier où j'habite, et ce pour plusieurs raisons :- les services : j'ai quatre supermarchés dans un rayon de cinq cents mètres et deux, dont un bio, à peine plus loin ; plusieurs pharmacies ; plusieurs vétérinaires dont celui que j'ai choisi pour mon chat ; j'ai également une boulangerie (même si je n'y vais jamais, soyons honnêtes) et une autre à dix minutes ouverte le dimanche matin (et ceux qui sont venus en Autriche savent à quel point c'est important) ; j'ai trouvé un espace de coworking un peu plus bas dans ma rue, même si ça fait des mois que je n'y ai pas mis les pieds (mais je compte bien y retourner !). Enfin, ma salle de sport est à sept minutes à pied (ou plutôt deux chansons de mon lecteur). Bref, j'ai tout sous la main au quotidien et je n'ai pas besoin de sauter dans un tram (sauf flemme express) pour la majorité des achats de tous les jours.
- les restaurants... ou leur absence : je disais plus haut que mon quartier était assez pauvre de ce côté-ci. C'est à la fois vrai et faux. Faux d'abord car j'ai un très bon restaurant de burger (Omnom Burger, au 125), mon fournisseur officiel de sushis pas chers (mais qui se trouve dans le 4e arrondissement en fait, juste à la limite !) et une pizzeria non loin, ainsi que deux restaurants un peu plus chics que je n'ai toujours pas testé du fait des prix bien plus élevés (Steirer Stuben et son risotto au potiron qui me fait envie depuis des mois et Duspara aux prix plus abordables mais à la carte manuscrite illisible). Avant, j'avais même un café avec des pâtisseries correctes en bas de chez moi mais j'ai eu la mauvaise surprise de le retrouver fermé à mon retour cet été.
Mais pour les petits cafés sympa, les restaurants un peu plus raffinés ou simplement aller boire une bière, je suis obligée de me déplacer. Ce qui en fait ne me dérange pas, pour deux raisons : détestant cuisiner, cela m'évite les tentations tous les jours. Même si les prix sont relativement bas en Autriche, je n'ai clairement pas les moyens de manger tous les jours à l'extérieur. Mon compte en banque est donc très content, lui aussi, de mon quartier. Et comme je suis souvent en vadrouille, j'en profite à ce moment-là. Et au pire, comme je le disais, les endroits sympa ne manquent pas dans le coin... même s'ils sont un poil plus loin : parfois quinze minutes de distance font toute la différence et je pense que j'ai besoin de cette soupape de sécurité pour ne pas tomber dans l'excès.
Margarentenstrasse, le coin "hype"
Laissez-moi vous parler deux minutes du coin à mon avis le plus attractif de l'arrondissement et celui qui pourrait vous intéresser si vous visitez Vienne et voulez, pour de vrai cette fois, vraiment sortir des sentiers touristiques.Bref, si vous cherchez un quartier sympa où poser vos valises le temps d'un séjour à Vienne, j'espère que j'aurais au moins réussi à vous convaincre de regarder du côté du 5e arrondissement. En plus, le métro U4 est vraiment tout proche, et on est en quelques minutes soit à Schönbrunn soit dans le centre historique. Vraiment pratique !
Pour être parfaitement exhaustif : autres lieux d'intérêt
Je ne pouvais pas terminer cette présentation de mon arrondissement sans mentionner les quatre (oui, quand même !) musées qu'il abrite. Je n'en ai encore visité aucun, je ne saurais donc vous conseiller sur leur intérêt :- le musée de quartier, Bezirksmuseum (Schönbrunner Strasse 54), ouvert uniquement les jeudis de 16 h à 19 h : comme son nom l'indique, il a pour vocation de présenter l'histoire du quartier ;
- le musée de l'économie et le musée du café (Vogelsanggasse 36), qui sont présents dans le même bâtiment et dont la visite est possible avec un billet combiné ;
- l'association pour l'histoire des mouvements de travailleurs (Rechte Wienzeile 97) dans un très beau bâtiment le long du Wienfluss.
Ce n'est pas un musée à proprement parler mais le 5e arrondissement abrite également le Miniatur Tirolerland (Franzensgasse 18) qui, comme son nom l'indique, reproduit en version miniature un Tyrol un peu fantasmé mais avec quelques endroits bien réels.
Enfin, parmi les quelques églises disséminées dans le quartier, on trouve l'église Saint-Joseph, qui abrite quelque temps la dépouille de Franz Schubert, avant qu'il soit enterré au cimetière de Währing, puis plus tard "déménagé", à sa fermeture, au Cimetière central.
Allez, je m'arrête là, sinon je vais vous parler du festival de cinéma en plein air de science-fiction qui se déroule chaque année fin mai, début juin... C'est qu'il s'en passe des choses dans mon quartier, finalement. J'en suis la première étonnée... et ravie !