Après Gustav Klimt et le Sécessionnisme, c'est à une autre figure indissociable de Vienne que j'ai décidé de m'attaquer : Otto Wagner. Enfin... m'attaquer est un bien grand mot. Disons que durant mon dernier séjour à Vienne, il m'est venu l'idée de partir sur ses traces, à la découverte des monuments qu'il a érigés, en une sorte de nouveau pèlerinage artistique. Car si son nom ne vous dit peut-être rien, la ville lui doit pourtant beaucoup et son héritage est présent partout, du métro à l'urbanisme, en passant par des immeubles particuliers. Dans cet article, je vous présente quelques-unes des réalisations de cet architecte de génie, toujours visibles aujourd'hui, même si leurs fonctions ont bien souvent changé depuis leur construction.J'ai déjà parlé sur le blog de l'église Am Steinhof et des Maison aux majoliques et Maison aux médaillons le long de la Linke Wienzeile. Il était donc impossible de commencer cet article sans une piqûre de rappel de ces bâtiments parmi les plus flamboyantes œuvres d'Otto Wagner. Je vous invite à consulter les articles correspondants si vous désirez en apprendre plus ou simplement vous rafraîchir la mémoire.
Mais ce dont je ne vous avais alors pas parlé, c'était des intérieurs. La particularité des bâtiments d'Otto Wagner (car ce n'est pas systématique dans ce courant architectural) c'est que l'art nouveau se retrouve jusque dans la décoration intérieure. Un jour, alors que je passais devant la Maison aux Majoliques et que des habitants y entraient justement, j'ai pris mon culot à deux mains et je les ai suivis. La cage d'escalier, où fonctionne encore l'ascenseur qui m'a tout l'air d'époque (je ne me suis d'ailleurs pas privée pour monter dedans et l'essayer moi-même), est la pièce maîtresse de la décoration, et quelle pièce maîtresse ! L'ensemble, des rambardes aux portes à chaque palier, est tout simplement splendide. Mais tout le reste est également pensé dans les moindres détails : les mosaïques au sol, les luminaires, les murs, jusqu'aux panneaux pour sonner aux appartements. Les premiers niveaux sont assez sombres mais plus on monte dans les étages, plus la lumière se fait et on peut alors admirer à loisir les motifs. Même si c'est assez chargé, cela reste assez sobre, rappelant subtilement la façade. Ne croyant pas ma chance, j'ai ensuite filé à la Maison aux Médaillons et là, encore mieux, la porte était grande ouverte ! On retrouve de nombreuses similitudes dans le décor, même si l'escalier est bien moins imposant que chez sa voisine. Malheureusement, l'accès à l'ascenseur y est ici payant (je plains les résidents...). Le décor est ici plus sombre, moins foisonnant, même si le travail sur la rambarde est juste somptueux. J'ai été pas mal étonnée de l'utilisation de ce vert foncé et aurais préféré retrouver les touches d'or qui font resplendir la façade. N'hésitez pas à tenter votre chance également si vous passez dans le coin, vous ne serez pas déçus !
Maquette d'un projet pour le Wien Museum sur Karlsplatz, qui sera finalement bien construit... mais pas du tout sous cette forme.Le second pavillon.Pavillon Otto Wagner
Karlsplatz
1040 Vienne
Ouvert d'avril à octobre. Tarif : 5 €
Accès : métro U1, U2, U4 ; arrêt Karlsplatz
Palais Hoyos
Rennweg 5
1030 Vienne
Accès : tram 71 ; arrêt Am Heumarkt
Georg-Coch-Platz 2
1010 Vienne
Ouvert du lundi au vendredi. Tarif : 8 €
Accès : tram 1, 2 ; arrêt Julius Raab Platz
Schützenhaus
Obere Donaustraße 26
1020 Vienne
Accès : métro U2, U4 ; arrêt Schottenring
À gauche, les anciens bâtiments administratifs, également construits par Otto Wagner. Accès : tram D ; arrêt Nussdorf (emprunter le passage sous la voie de chemin de fer pour accéder aux berges du canal du Danube)
Le pavillon est constitué d'une grande pièce circulaire, la salle d'attente, richement décorée de boiseries et de tapisseries dans les tons de rouge ; au mur, une impressionnante peinture de Carl Moll offre une vue aérienne sur Vienne, depuis les hauteurs de Schönbrunn. Une autre salle d'attente, plus petite, dans les tons de vert cette fois, lui est adjacente. Les pièces restantes sont de décoration beaucoup plus sobre, ornées de moulages en plâtre blanc. Les motifs floraux sont très présents : chrysanthèmes, philodendrons... Le mobilier d'origine, également dessiné par Otto Wagner, a malheureusement été perdu. Même si l'intérieur est vide de tout meuble, la visite est passionnante. En plus de pouvoir admirer le lieu en lui-même, petit bijou d'art nouveau, on est accompagné par de nombreux panneaux explicatifs retraçant l'histoire du bâtiment et ses caractéristiques, ainsi que sur le réseau de métro. Cerise sur le gâteau, sont également exposés certains des croquis originels. Le tout est dans un excellent état de conservation, grâce à des rénovations récentes. Le pavillon a connu plusieurs vies, après la fin de la monarchie, en 1918 : studio de sculpteur, lieu d'exposition... Ce n'est qu'à la fin des années 1980 que l'idée d'en faire un lieu à la mémoire d'Otto Wagner est enfin actée. Les travaux de restauration commencèrent à cette époque, avec en point d'orgue ceux réalisés de 2011 à 2014. Le Hofpavillon est désormais une annexe du musée municipal.
Hofpavillon
Schönbrunner Schloßstraße
1130 Vienne
Ouvert les samedis et dimanches. Tarif : 5 €
Accès : métro U4 ; arrêt Hietzing
Mais ce dont je ne vous avais alors pas parlé, c'était des intérieurs. La particularité des bâtiments d'Otto Wagner (car ce n'est pas systématique dans ce courant architectural) c'est que l'art nouveau se retrouve jusque dans la décoration intérieure. Un jour, alors que je passais devant la Maison aux Majoliques et que des habitants y entraient justement, j'ai pris mon culot à deux mains et je les ai suivis. La cage d'escalier, où fonctionne encore l'ascenseur qui m'a tout l'air d'époque (je ne me suis d'ailleurs pas privée pour monter dedans et l'essayer moi-même), est la pièce maîtresse de la décoration, et quelle pièce maîtresse ! L'ensemble, des rambardes aux portes à chaque palier, est tout simplement splendide. Mais tout le reste est également pensé dans les moindres détails : les mosaïques au sol, les luminaires, les murs, jusqu'aux panneaux pour sonner aux appartements. Les premiers niveaux sont assez sombres mais plus on monte dans les étages, plus la lumière se fait et on peut alors admirer à loisir les motifs. Même si c'est assez chargé, cela reste assez sobre, rappelant subtilement la façade. Ne croyant pas ma chance, j'ai ensuite filé à la Maison aux Médaillons et là, encore mieux, la porte était grande ouverte ! On retrouve de nombreuses similitudes dans le décor, même si l'escalier est bien moins imposant que chez sa voisine. Malheureusement, l'accès à l'ascenseur y est ici payant (je plains les résidents...). Le décor est ici plus sombre, moins foisonnant, même si le travail sur la rambarde est juste somptueux. J'ai été pas mal étonnée de l'utilisation de ce vert foncé et aurais préféré retrouver les touches d'or qui font resplendir la façade. N'hésitez pas à tenter votre chance également si vous passez dans le coin, vous ne serez pas déçus !
Le métro
Sauf si vous décidez de parcourir la ville à pied, vous risquez d'emprunter le métro viennois pendant vos déplacements... Et ce faisant, découvrir le système de transport urbain mis au point par Otto Wagner entre 1892 et 1901. La ville est alors à un tournant de son histoire, aux portes de la période moderne. De ces grands bouleversements (quelques années plus tôt le Ring est sorti de terre) en résulteront quatre lignes de métro – le fameux Stadtbahn – pensées dans les moindres détails par un seul homme : stations, ponts, viaducs... Tout était fait pour que, à l'époque, utiliser ce nouveau moyen de locomotion soit avant tout une expérience esthétique. Pari réussi plus d'un siècle plus tard : le long des lignes U4 et U6 actuelles, notamment, le sentiment est incomparable, lorsque l'on franchit ces imposantes stations blanche et verte, délicatement décorées du sol au plafond. Malheureusement, nombre d'entre elles furent détruites dans les années 1970, mais il en reste encore suffisamment pour qu'elles soient désormais étroitement liées au paysage urbain viennois actuel.Le pavillon Otto Wagner sur Karlsplatz
Érigé en 1898 sur la très belle Karlsplatz, le pavillon Otto Wagner était autrefois une station de métro, une magnifique incursion art nouveau dans l'architecture pourtant très standardisée du Stadtbahn (on doit les motifs floraux à Joseph Maria Olbrich, l'architecte du palais de la Sécession), devant à l'origine s'inscrire dans un vaste réaménagement de la place, qui n'aura finalement jamais lieu. Désormais il abrite une exposition permanente dédiée à la vie et l'œuvre de Wagner : c'est ainsi l'occasion d'en apprendre plus sur l'homme derrière l'architecte de génie mais également d'avoir un aperçu des projets qui ne virent jamais le jour. Un excellent point de départ pour qui veut mieux comprendre l'influence qu'il a eue sur le paysage viennois actuel. En face, le second pavillon de conception similaire, construit à la même époque, abrite aujourd'hui un café.Maquette d'un projet pour le Wien Museum sur Karlsplatz, qui sera finalement bien construit... mais pas du tout sous cette forme.Le second pavillon.Pavillon Otto Wagner
Karlsplatz
1040 Vienne
Ouvert d'avril à octobre. Tarif : 5 €
Accès : métro U1, U2, U4 ; arrêt Karlsplatz
Le palais Hoyos
Au numéro 5 de l'avenue Rennweg, à deux pas du Belvédère, se dresse le palais Hoyos, dont la façade propose un très beau mélange d'art nouveau et de rococo. Construit à la fin du XIXe siècle, Otto Wagner en garda l'usage jusqu'à sa vente en 1903 à la comtesse Marie Hoyos. Vendu dans les années 1950 à la Yougoslavie pour en abriter l'ambassade, le bâtiment est désormais le siège de l'ambassade de Croatie.Palais Hoyos
Rennweg 5
1030 Vienne
Accès : tram 71 ; arrêt Am Heumarkt
La Postsparkasse
Donnant sur le Ring, le siège de la Caisse d'épargne de la Poste fut construit entre 1904 et 1912 et constitue l'une des réalisations parmi les plus modernes d'Otto Wagner. Ici encore tout est pensé dans les moindres détails, pour allier symbolique, esthétique et fonctionnalité, comme la façade recouverte de rivets en aluminium, qui ne manque pas de rappeler les anciens coffres renforcés de clous, en une métaphore de l'argent soigneusement protégé. L'intérieur se visite – il fut également aménagé par Otto Wagner – et propose une exposition retraçant la construction et l'histoire du bâtiment, ce que j'ai appris malheureusement trop tard. Une bonne raison de revenir !PostsparkasseGeorg-Coch-Platz 2
1010 Vienne
Ouvert du lundi au vendredi. Tarif : 8 €
Accès : tram 1, 2 ; arrêt Julius Raab Platz
Le pavillon de l'écluse de Kaiserbad
En 1892, une loi prévoit l'aménagement du canal du Danube, de fait un ancien bras du fleuve, pour protéger Vienne des inondations, et la construction d'un port au cœur de la ville. Pour réguler son cours, une série d'écluses et de barrages sont commissionnés dont deux qui seront construits par Otto Wagner. Le barrage de Kaiserbad, également connu sous le nom de Schützenhaus, est situé au nord du centre-ville, sur la rive gauche du canal. Les travaux de l'écluse débutent en 1904 mais le pavillon ne sera construit qu'à partir de 1906. On y retrouve de nombreux attributs déjà présents sur d'autres bâtiments de l'architecte : les rivets, les plaques de marbre et les panneaux de céramique. Si le barrage fut testé avec succès en 1908, au lendemain de la Première Guerre mondiale, de nombreux facteurs firent que les deux derniers barrages prévus ne furent jamais construits, empêchant ainsi la mise en service de l'écluse de Kaiserbad. Après avoir été reconverti en centre de formation dans les années 1970, il abrite désormais un restaurant.Schützenhaus
Obere Donaustraße 26
1020 Vienne
Accès : métro U2, U4 ; arrêt Schottenring
Le barrage de Nussdorf
En amont du canal, là où il se sépare du fleuve, a été érigé entre 1894 et 1898 le premier des barrages censés réguler le cours du Danube. De par sa position particulière, à la frontière nord de Vienne, sur la commune de Nussdorf (maintenant rattachée au 20e arrondissement), le barrage fut construit comme une porte vers la ville et de fait est particulièrement impressionnant, avec ses deux lions en bronze à chaque extrémité. Toujours en activité, ses couleurs (vert et blanc) ne sont pas sans rappeler celles du Stadtbahn.À gauche, les anciens bâtiments administratifs, également construits par Otto Wagner. Accès : tram D ; arrêt Nussdorf (emprunter le passage sous la voie de chemin de fer pour accéder aux berges du canal du Danube)
Le Hofpavillon
Tout comme les deux stations de métro sur Karlsplatz, le Hofpavillon dénote dans l'architecture uniforme du Stadtbahn. Mais sa présence proche de Schönbrunn n'est pas anodine : achevé en 1899, il était prévu pour l'usage exclusif de l'empereur. L'idée venait d'ailleurs de l'architecte lui-même, qui proposa de nombreux croquis avant que le projet ne soit validé. Le fait que François-Joseph Ier ne l'utilisa que deux fois (en 1899 et 1902) fut secondaire : l'important pour Wagner était l'impact sur le public et la "validation" impériale de l'architecture moderniste. Le Hofpavillon fut le seul bâtiment impérial que l'architecte ait jamais construit. Il est désormais possible de le visiter : si l'intérieur est resté quasiment intact, les accès au métro ont, par contre, été supprimées.Le pavillon est constitué d'une grande pièce circulaire, la salle d'attente, richement décorée de boiseries et de tapisseries dans les tons de rouge ; au mur, une impressionnante peinture de Carl Moll offre une vue aérienne sur Vienne, depuis les hauteurs de Schönbrunn. Une autre salle d'attente, plus petite, dans les tons de vert cette fois, lui est adjacente. Les pièces restantes sont de décoration beaucoup plus sobre, ornées de moulages en plâtre blanc. Les motifs floraux sont très présents : chrysanthèmes, philodendrons... Le mobilier d'origine, également dessiné par Otto Wagner, a malheureusement été perdu. Même si l'intérieur est vide de tout meuble, la visite est passionnante. En plus de pouvoir admirer le lieu en lui-même, petit bijou d'art nouveau, on est accompagné par de nombreux panneaux explicatifs retraçant l'histoire du bâtiment et ses caractéristiques, ainsi que sur le réseau de métro. Cerise sur le gâteau, sont également exposés certains des croquis originels. Le tout est dans un excellent état de conservation, grâce à des rénovations récentes. Le pavillon a connu plusieurs vies, après la fin de la monarchie, en 1918 : studio de sculpteur, lieu d'exposition... Ce n'est qu'à la fin des années 1980 que l'idée d'en faire un lieu à la mémoire d'Otto Wagner est enfin actée. Les travaux de restauration commencèrent à cette époque, avec en point d'orgue ceux réalisés de 2011 à 2014. Le Hofpavillon est désormais une annexe du musée municipal.
Hofpavillon
Schönbrunner Schloßstraße
1130 Vienne
Ouvert les samedis et dimanches. Tarif : 5 €
Accès : métro U4 ; arrêt Hietzing