Après ma courte épopée en Ouganda, il me fallait rentrer au Rwanda pour le moment fort de mon voyage : la visite des gorilles dans le parc national des Volcans.
Du milieu du lac Bunyonyi, les options étaient peu nombreuses. Traverser le lac vers la frontière de Kisoro, à l'ouest, paraissait la meilleure idée à vol d'oiseau. Mais trouver un transport sur les rives du lac, à l'ouest, relevait du grand défi.
L'option retenue a été celle de retourner vers Kabale, où un chauffeur proposait de nous emmener à la frontière. À Kabale, on est beaucoup plus proche d'un autre poste frontalier, celui de Katuna, que j'avais traversé à mon arrivée. Mais la route vers les gorilles nous aurait probablement forcés à rentrer à Kigali avant de repartir vers l'ouest.
La route était belle vers Kisoro, avec son bitume neuf. À l'approche de la Ville, nous avons pu apercevoir un immense camp de réfugiés congolais.
Notre chauffeur nous a laissés à la douane, où il faut d'abord passer dans une cabane pour sortir de l'Ouganda. On nous remet un bout de papier qu'il faut montrer à un homme qui patrouille la frontière pour qu'il nous laisse passer. Mais ce n'est pas comme s'il y avait une clôture ou d'immenses obstacles. C'est surtout pour le principe.
De retour au Rwanda, nous avons eu droit à l'accueil le plus chaleureux à une frontière depuis mon arrivée en Afrique. « Ha! Vous êtes journaliste », dit le douanier.
Il faut croire qu'on a mis une note à mon dossier...
À quelques pas de là, les matatus alignés attendent les passagers. Nos sacs à dos sont férocement compressés à l'arrière du véhicule alors que nous prenons place, tout aussi compressés, sur le dernier banc à l'arrière. Pas de doute, on attire les regards. Et on sent bien chacune des bosses que frappe le véhicule.
Notre direction, c'est Musanze, une base reconnue pour le trek dans le parc des Volcans. Musanze, c'est une « grande » ville, organisée. À une quinzaine de minutes du parc.
L'autre option, celle que nous avons choisie, est de se rendre directement à Kinigi. Avec un autre matatu.
Cette fois-là, l'expérience a été particulièrement désagréable. Nous étions assis complètement à l'arrière. Un passager a décidé de nous fixer pendant presque tout le trajet en parlant très fort. Les autres passagers riaient. On ne comprenait pas, évidemment. On peut présumer que nous étions la cible de quolibets. Quand il est descendu, le calme est revenu.
Au village de Kinigi, composé de quelques petits bâtiments commerciaux, il pleuvait à boire debout. Tout paraissait fermé.
Après quelques courses et des discussions avec de jeunes villageois qui voulaient pratiquer leur anglais, nous avons trouvé des motos-taxis pour nous mener jusqu'à notre hôtel, à deux minutes à pied de l'entrée du parc national. Par beau temps, nous avions une vue sur les volcans, justement.
Pour une des premières fois au Rwanda, j'ai trouvé du personnel qui parlait français. Nous avons mangé au restaurant et, quand la pluie s'est calmée, je suis parti explorer dans la commune qui jouxte l'entrée du parc.
Un groupe d'adolescents m'a vite rejoint, me demandant de les prendre en photo. Ils m'ont fait faire le tour de leur « quartier », échangeant en anglais, et me demandant si je pouvais les aider à remplacer leur ballon de soccer.
Bien sûr, on nous demande des faveurs. Les guides diront qu'il faut éviter d'encourager ces requêtes. J'ai refusé et la plupart n'a pas insisté. Tous m'ont toutefois demandé mon adresse courriel pour pouvoir échanger avec moi, et surtout, pour pouvoir récupérer les photos que j'avais prises d'eux.
J'ai acquiescé et j'ai transmis les photos de bonne foi. Mais les courriels se sont rapidement accumulés avec des demandes d'aide financière pour leur famille dans le besoin. J'imagine que j'aurais dû me douter que ça finirait ainsi. Mais si j'ignore le petit désagrément, j'estime avoir eu le privilège de me promener parmi les maisons des villageois et j'espère qu'ils sont heureux des photos que j'ai pu leur envoyer.