Voila maintenant presque 1 mois que j’ai quitté Los Angeles. J’avais commencé à écrire quelques lignes en attendant mon avion avant de partir mais le manque de temps aura pris le dessus et j’ai depuis quelque peu disparu d’ici. Entre mes vacances et mon retour à Bordeaux entrecoupé d’aller-retours entre Paris et le Bassin d’Arcachon j’ai eu très peu de temps pour vous donner de mes nouvelles, je dirais même que j’ai eu très peu de temps pour moi tout court. Mais j’ai décidé d’enfin prendre un moment et venir écrire sur le blog car je sais que beaucoup d’entre vous se posent des questions sur mon retour en France.
C’est quelque chose que j’ai très peu évoqué, beaucoup ont été surpris, se sont demandé si je rentrais pour les vacances, si c’était voulu, si j’allais revenir … Voila donc les réponses à toutes ces questions, sans langue de bois !
Throwback
Certains me suivent depuis que je suis partie en 2014 voir même avant, certains ont rejoint le wagon en cours de route, d’autres sont la depuis quelques mois seulement et d’autres encore vont tomber sur cet article sans savoir qui je suis et ce que j’ai fait (coucou toi, bienvenue!). Voila donc un petit résumé en quelques lignes de mon histoire:
Il y a un peu plus de 3 ans de ça, le 31 août 2014, j’atterrissais à Los Angeles 3 valises sous les bras, des envies et des rêves plein la tête. Je partais pour étudier 1 an à UCLA sans savoir de quoi l’avenir serait fait. Finalement mon année d’études s’est transformée en 9 mois d’études pour des raisons financières (quand tu crois que t’es riche mais que tu l’es pas, c’est les risques!), un bien pour un mal puisque j’ai pu trouver un job à l’issue de ces 9 mois et prolonger l’aventure d’un an. Une année pendant laquelle je n’avais qu’une envie: rester encore plus longtemps. Du coup à l’approche de la fin de mon visa étudiant j’ai cherché une entreprise susceptible de me prendre sous visa Trainee. Et guess what? J’ai trouvé. Après un passage par notre chère ambassade de Paris j’avais un nouveau visa dans mon passeport, prête à continuer de conquérir l’Amérique !
The end
Sauf que voila, mon visa Trainee ne durait que 12 mois. Et une fois que t’as eu un visa étudiant et un visa Trainee t’as plus beaucoup de solutions si tu veux rester chez l’oncle Sam, encore plus dans mon milieu. Du coup il a fallu se faire une raison: j’avais épuisé toutes mes ressources. Je ne pouvais pas prétendre à un visa H1B car très difficile à obtenir et non approprié à ma situation (coût, délai, secteur d’activité), aucune société n’était gérée par des français pour obtenir le E2 Essential Employee, je ne suis pas artiste pour faire le visa O, et last but not least je ne voulais pas me marier pour avoir une Green Card. En gros j’étais au bout des possibilités et à moins d’un miracle je devais rentrer en France. Et malheureusement aucun miracle n’a eu lieu. Voila donc la raison de mon départ: la fin de mon visa. La raison la plus bête qu’il soit, mais aussi la plus dure. J’en profite donc pour répondre à la question « est-ce que c’était un choix? » et la réponse est non, loin de la.
A contrecoeur
Mon retour n’était en aucun cas volontaire. Je ne vais pas jouer à la nana qui prétend qu’elle avait besoin de se ressourcer, rentrer un peu pour prendre du recul blablabla parce que ça serait mentir. Je suis rentrée parce que je n’ai pas eu le choix, et c’est ça le plus dur. Quand tu viens avec un visa non-immigrant tu sais que tu es la temporairement, mais après 3 ans on se fait à cette vie et c’est très dur de tout quitter, d’autant plus quand tu as tout ce qu’il te faut pour être heureuse: un super boulot, un appart sympa, des amis, un salaire qui te permet d’aller manger des avocado toasts aux quatre coins de la ville.. Et d’un coup tout s’arrête, c’est la fin de ton visa et les règles d’immigrations font que même si tu as un travail et paye tes impôts tu dois quand même rentrer chez toi. Ca a été très dur de réaliser, à vrai dire je réalise toujours pas, je l’ai fait parce que je n’avais pas le choix, tout simplement. C’est un peu un échec dans le sens où tu rentres en France et tu as l’impression d’avoir fait tout ça pour rien puisqu’on te remercie d’être passée avant de te renvoyer d’où tu viens. Tu as beau avoir fait tout comme il fallait les règles sont les règles, et quand tu es quelqu’un d’honnête qui suit les règles bah… bah tu te retrouves à écrire cet article.
J’en profite donc pour répondre à une autre question qui m’a beaucoup été posée: « pourquoi tu n’es pas restée illégalement? », et la réponse est que je n’étais pas prête à tout pour être aux USA, qu’une fois mon visa expiré je perdais mon travail, par conséquent mon salaire et donc mon appart, et vivre dans un taudis au milieu de 15 illégaux à faire la plonge dans des restos c’était pas trop mon plan de carrière rêvé. Donc être aux USA oui, mais si c’était légalement. Ce qui explique aussi pourquoi je ne me suis pas mariée: faire un mariage blanc, devoir se créer une vie commune et jouer à ça pendant des années ayant peur du moindre contrôle très peu pour moi.
De la frustration mais beaucoup de fierté
Le plus dur dans l’histoire a été de devoir renoncer à des rêves. Quand je suis arrivée à LA en 2014 je rêvais d’intégrer Live Nation et je l’ai fait en stage. Mais mon but ultime était de faire carrière chez eux ou dans une autre grande boite du genre. Et justement, Live Nation recrutait au service où j’avais fait mon stage quelques mois avant la fin de mon visa. Autant vous dire que quand votre ancien boss vous demande si vous avez un visa pour rester et que vous êtes obligé de dire non ça fait mal. Pareil pour deux autres jobs de rêve: l’un chez AEG pour travailler sur les tournées de Céline Dion, l’autre chez WME pour bosser pour le management de Justin Timberlake. J’ai du refuser les deux postes en raison de mon absence de permis de travail (et bien entendu ces entreprises ne sponsorisent pas, ça serait trop facile). Sans parler de mon job à ALTOUR que j’avais depuis 1 an et demi. J’avais un CDI, une boss super sympa, un bon job, je me voyais rester la encore un peu. Bref tout se passait très bien, mais j’ai du partir. Et tout ça ça cause pas mal de frustration parce que tu te dis que tu as touché tes rêves du bout des doigts, mais qu’à cause d’un visa tu ne feras rien de plus que les toucher. Mais à côté de ça je suis quand même fière d’avoir vu de telles opportunités se présenter à moi. Je sais que si je n’ai pas eu ces jobs c’est uniquement pour des raisons qui sont totalement hors de mon contrôle et que mes compétences ne sont pas remises en cause, juste ma nationalité.
Relativiser
Malgré tout ça il faut voir le bon côté des choses: j’étais à la base partie pour 1 an et je serais restée 3 ans. Au final je ne m’en sors pas si mal ! J’ai vécu énormément de choses que je n’aurai pas pu vivre ailleurs, j’ai enrichi mon CV, j’ai eu des expériences professionnelles que je n’aurai jamais pensé avoir, moi la petite Bordelaise avec son Bac Pro Restauration. J’ai voyagé, j’ai visité LA de long en large, j’ai rencontré des gens géniaux qui sont des amis que j’espère bien revoir en France, j’ai grandi, j’ai beaucoup ri, j’ai vu des milliers de palmiers, j’ai fait des choses folles, j’ai mangé tout un tas de trucs étranges, j’ai hiké, j’ai vu des stars, je suis allée des endroits magnifiques … Bref j’ai profité ! Et puis j’ai fait ce blog, qui m’a permis de retracer tout ça au fil du temps, et qui m’a permis de tisser un lien avec pas mal d’entre vous !
Gaelle in Los Angeles
Le blog justement, parlons-en ! C’est la question que tout le monde me pose:
« Que va devenir GaelleinLosAngeles.com ? »
Et bien GaelleinLosAngeles.com va rester GaelleinLosAngeles.com ! Bien que je sois désormais Gaelle in Bordeaux géolocalisement parlant, le blog quant à lui reste en Californie ! J’ai fait plein de choses avant de partir dont je dois vous parler. En 3 ans j’ai visité plein d’endroits que je n’ai jamais posté. J’ai aussi plusieurs articles à écrire à propos des visas. Donc croyez-moi, vous allez encore entendre parler de moi et voir des photos de palmiers ! J’en avais gardé sous la main, j’avais prévu le coup ! Bien sur il n’y aura plus de photos prises sur le moment ou de live Facebook mais même si je n’y suis plus j’ai encore plein de choses à partager ! Et puis je compte bien y retourner, je ne sais pas quand (en 2018 c’est certain) mais j’ai encore quelques miles American Airlines et Delta à dépenser ! Donc il y aura bien entendu des articles à ce moment la. Vous pouvez donc garder le site en favori, je ne disparais pas ! :)
Le retour en France
S’il y a bien une chose que j’appréhendais c’était le retour en France. Tu reviens de 3 années en total décalage où tu vis plein de choses et quand tu rentres rien a changé, les gens n’ont pas évolué et tu te sens pas à ta place. J’ai la chance de ne pas vraiment avoir eu le temps de vivre ça, ou du moins pas autant que je le pensais. Dès que j’ai posé les pieds à Bordeaux j’ai du partir à Paris, puis dès que je suis rentrée je suis partie sur le Bassin d’Arcachon. Il m’aura fallu une semaine entre le moment où je suis arrivée et le moment où j’ai fini de vider mes valises, je n’ai pas touché à mon ordinateur pendant presque 2 semaines, j’ai tout simplement eu 100 000 choses à faire et je n’ai pas eu le temps de me poser jusqu’à avant-hier où j’ai décidé de commencer à écrire cet article. Du coup je n’ai pas encore eu de homesick (oui parce que maintenant la maison c’est LA, je fais des homesick à l’envers!). Je n’ai pas encore eu le temps de réaliser que tout ça était fini. Je réalise un peu en écrivant cet article parce que je parle de choses qui m’ont fait pleurer des litres entiers de larmes, mais c’est encore trop frais pour se rendre compte de la situation. Je pense que la dépression du retour va arriver quand j’aurai repris mes habitudes, et que je réaliserai que je suis bel et bien de retour et que c’est pour de bon. Donc pour le moment je gère pas trop mal, je vois mes copines, je vais à droite à gauche. Une fois l’euphorie des premiers jours passée mon discours sera bien moins gai. Bien entendu il y a déjà plein de choses qui m’énervent comme les pannes de tram, la variété française, les créneaux, devoir mettre mes courses moi-même dans le sac, les gens qui parlent tous français, les gens tout court, la pluie, la pub Sosh. Mais y’a Picard, ça compense un peu (toi aussi noie ton chagrin dans les tartares saumon). Et puis y’a pas de taxes, hallelujah.
Mes projets
Forcément qui dit retour en France dit nouvelle vie en France. Il faut donc reprendre les habitudes, et surtout retrouver du travail. Ces derniers jours ont été assez intenses et courts, ça n’a pas été simple de prendre le temps de chercher. Et puis je suis assez fermée au niveau de mes recherches, je ne suis pas partie à LA pendant 3 ans à contracter un prêt étudiant si c’est pour finir à faire un job alimentaire, ça serait balo et surtout ça rendrait le retour d’autant plus difficile. J’ai postulé à deux offres qui m’intéressaient énormément et j’ai eu un entretien pour ces deux jobs. J’attends le retour des deux, bonjour le stress! Je croise tous mes doigts pour avoir le job sur Bordeaux qui serait juste le dream job dans ma French dream city. Et puis si ça marche pas je reprendrai mes recherches. D’ailleurs si quelqu’un entend parler de quelque chose, faites-moi savoir ! :)
Un deuxième blog consacré à ma vie à Bordeaux ou ailleurs (dans la même veine que celui-ci: pro, perso, balades…) ouvrira peut-être si jamais j’ai le temps et que je suis à court d’idées ici-même. C’est une possibilité, on verra par la suite. Ah et puis je vais aussi refaire la déco de mon salon (c’est un projet non?! ça compte!). Bordeaux a beaucoup changé en 3 ans, il y a plein de nouveaux endroits à découvrir et plein de nouveaux restaurants où aller bruncher donc je pense que mes weekends vont être bien remplis !
Rien de bien fou mais ma vie à Bordeaux sera forcément différente de ma vie à LA: moins exotique, moins aventurière. Je n’ai plus cette pression de me dire que je suis la pour un timing bien précis, il n’y a plus ce stress de se dire que je pars bientôt, que je dois obtenir un visa.. du coup ça enlève la pression et ça rend aussi la vie plus « chill ».
A l’heure actuelle mon principal projet est donc de travailler et m’épanouir dans mon travail (je parle comme une adulte.. wait, serais-je désormais une adulte ?!)
Et à la question « est-ce que tu comptes repartir vivre à LA? » la réponse est oui, si et seulement si j’ai une Green Card ou un visa immigrant. J’en ai fini avec les visas temporaires, c’était bien quand j’avais 24 ans mais j’ai désormais envie de me poser. Je vais continuer de jouer à la Green Card Lottery parce que ça sera bête de ne pas tenter sa chance, mais je ne vais pas courir après les entreprises pour chercher un sponsor. LA est une ville où je me sens bien et où j’aimerais faire carrière mais si Bordeaux me propose une carrière stable avec assez de vacances pour aller à LA tous les ans, ça me va très bien ! Et puis j’ai des palmiers dans le jardin, ça aide !
Voila donc pour ces quelques explications et mon ressenti. Encore une fois cet article est un pavé alors je vous remercie si vous avez tenu jusque la ! Je tenais à tout vous dire, ne pas être langue de bois, partager les choses telles que je les vois et vis. Un retour ce n’est jamais facile, d’autant plus quand on ne l’a pas voulu.
Mais la bonne nouvelle dans tout ça c’est que le blog ne s’arrête pas, loin de la, et que de belles choses s’ouvrent à moi (je l’espère!).