Lors de notre séjour au New Hampshire, je tenais absolument à me rendre au sommet du Mont Washington. Situé au cœur des Montagnes Blanches (White Mountains), il s’agit du plus haut sommet du Nord-Est américain, culminant à 1917 mètres au-dessus du niveau de la mer. Amateurs de randonnées, nous avons d’abord envisagé de le rejoindre à pied, mais nos lectures nous ont rapidement amenés à changer d’avis, d’autant plus que nous étions accompagnés de nos trois enfants (11, 5 et 2 ans). Nous avons été ravis d’apprendre que nous pouvions malgré tout atteindre le sommet en empruntant l’Auto Road, une route qui serpente le célèbre mont pour mener ses visiteurs jusqu’au ciel…
Une route chargée d’histoire…
Après avoir payé les droits d’accès (52$ US pour la famille) et pris connaissance des règles de sécurité, nous avons emprunté l’Auto Road. En fond sonore, nous avons fait jouer le disque compact qui nous avait été remis à l’entrée. Nous avons ainsi été guidés en français, confortablement installés dans notre voiture, tout en bénéficiant d’informations pratiques et historiques sur les lieux que nous traversions. L’ascension du mont en voiture a pris environ 25 minutes, pendant lesquelles nous écoutions le guide audio, tout en admirant les paysages qui nous entouraient. Tout au long du parcours, nous avons appris de nombreuses choses sur le Mont Washington et la construction de la route qui permet aujourd’hui d’atteindre son sommet. Débutée en 1853, la construction de cette route a nécessité un travail manuel particulièrement difficile, qui fut accompli par des travailleurs immigrants à coups de haches et de scies. En raison des nombreux obstacles naturels, tels que d’immenses rochers, des crêtes et une forêt dense, les travaux ont été longs et pénibles. Il faut dire qu’à l’époque, à défaut de dynamite, les explosions étaient faites avec de la poudre noire, un explosif particulièrement dangereux. Malgré plusieurs défis naturels, technologiques et météorologiques, la route fut ouverte au public à partir de 1861, ce qui en fait la plus vieille attraction des États-Unis construite par des hommes. À l’origine, la route carrossable mettait à la disposition des visiteurs 120 chevaux et 25 charrettes et il fallait compter environ quatre heures pour atteindre le sommet ainsi que deux heures pour en redescendre. Aujourd’hui, plusieurs records y ont été établis, les plus intrépides s’amusant à inventer de nouvelles façons de gravir le mont, que ce soit à dos de lamas, en patins, en motoneige ou à reculons. Après avoir été complètement rasées au tournant du siècle, les Whites Mountains forment désormais une forêt protégée, et ce, depuis 1991. Tout au long de la route étroite et sinueuse, nous avons fait quelques arrêts pour admirer le magnifique panorama qui changeait très rapidement sous nos yeux.
Quatre saisons en une journée…
Après un début de séjour plutôt nuageux au New Hampshire, nous étions ravis de profiter d’une journée ensoleillée pour découvrir le Mont Washington. Nous avions hâte d’admirer la vue sur les White Mountains une fois au sommet. Au début du circuit, alors que nous roulions à la base du mont, le ciel était bleu et calme. Nous croisions les arbres typiques de la Nouvelle-Angleterre : des chênes, des hêtres, des érables et des bouleaux. Nous étions assez perplexes, car une pancarte placée à l’entrée du circuit annonçait plutôt des vents violents. La personne chargée de l’accueil sur le site nous avait d’ailleurs conseillés d’être vigilants en ouvrant les portières de notre véhicule, afin d’éviter qu’elles ne soient arrachées par le vent déchaîné… À première vue, cette mise en garde nous semblait superflue et nous a bien fait rire. Mais plus nous montions, plus la végétation se transformait. La taille des arbres diminuait et les feuillus laissaient peu à peu place aux sapins et aux épinettes. Un peu plus haut, ce sont des petits arbres tordus que nous croisions, façonnés par le vent qui imposait de plus en plus sa présence. Plus nous approchions du sommet, plus la brume se levait et les changements de climat et de végétation étaient saisissants.
Lorsque nous avons atteint l’escalier menant au sommet, nous hésitions carrément à quitter notre voiture qui tanguait en raison du vent. Nous étions si près des nuages que nous avions l’impression de pouvoir les toucher. Une brume épaisse nous entourait et nous empêchait d’admirer le magnifique panorama auquel nous nous attendions. Indisciplinée, la montagne décidait de son propre climat et s’entêtait à nous surprendre. Alors que l’été battait son plein en bas du Mont Washington, l’hiver nous attendait au sommet. Il faisait 2 degrés (- 8 degrés ressentis), avec un vent de 100 km/h et des pointes à 130 km/h. Nous n’avons malheureusement pas été ne mesure de faire la randonnée que nous avions prévue au sommet, afin de découvrir la végétation alpine qui s’étendait à nos pieds. Nous étions un peu déçus de ne pas pouvoir admirer les plantes rares et uniques qui poussent dans ce coin du monde. Nous étions malgré tout heureux d’être là et de vivre cette aventure ensemble. Après un bref arrêt pour immortaliser notre présence au sommet et l’achat de peluches souvenirs pour les enfants, nous avons retrouvé avec joie la chaleur de notre voiture. Nous comprenons désormais pourquoi le Mont Washington est surnommé « Home of the World’s Worst Weather ». En effet, le 12 avril 1934, un vent de 372 km/h a soufflé sur le mont, le vent le plus fort jamais répertorié sur la planète. En raison de ses températures extrêmes, le Mont Washington accueille d’ailleurs de nombreux chercheurs chaque année.
En prenant le chemin du retour, nous avons croisé quelques randonneurs sur la route. L’un d’eux était complètement gelé et avait renoncé à compléter sa randonnée, alors qu’il avait déjà atteint le sommet à pied par le passé. Nous l’avons ramené à sa voiture, après l’avoir aidé à retirer le sac qu’il portait sur son dos, en nous félicitant de ne pas avoir tenté l’aventure de cette randonnée extrême avec les enfants. Ce sera pour une prochaine fois, lors d’un voyage à deux! En attendant, nous avons tout de même eu droit à un autocollant à placer sur notre voiture, certifiant qu’elle a réussi à atteindre le sommet du Mont Washington!
Quelques informations pratiques
Si, tout comme nous, vous souhaitez atteindre le sommet du Mont Washington en voiture, voici quelques conseils susceptibles de vous intéresser :
- Restez en première vitesse pour ne pas surchauffer le moteur, en montant comme en descendant.
- Évitez d’utiliser l’air climatisé afin de ne pas forcer le moteur.
- Mettez de la chaleur dans votre véhicule si ce dernier surchauffe afin d’aider le moteur à se refroidir.
- Allumez les phares de la voiture en cas de brume.
- Signalez tout problème aux personnes conduisant les fourgonnettes blanches et vertes ou aux travailleurs routiers.
- N’oubliez pas que les véhicules qui descendent doivent céder le passage à ceux qui montent.
- Ajustez votre vitesse en fonction du trafic et des conditions météorologiques.
- Ne gardez pas les pieds constamment sur les freins lors de la descente.
- Informez-vous des conditions météorologiques au sommet avant de vous y aventurer.
- N’hésitez pas à faire des arrêts lorsque la route le permet afin de photographier les paysages qui changent radicalement en peu de temps.
- Prévoyez des vêtements chauds même si la température est ensoleillée, tout peut changer drastiquement au sommet. La Nouvelle-Angleterre est reconnue pour ses changements météorologiques soudains, mais c’est encore plus vrai sur le Mont Washington.
- Et, surtout, profitez de chaque moment!