Gibraltar


Les tabloïds sont en emoi, deux fois plus de Royals à photographier pour trois jours, c’est la fête. Le roi et la reine d’Espagne (j’adore la précision des commentateurs, non, non, le roi se pointe en visite officielle accompagné de son chien…) sont venus faire la bise à Lizzie et Philou. Après tout, ils sont vaguement cousins. Ça se fait souvent d’aller voir la famille lointaine et grabataire pendant les vacances. On a sorti les carrosses qui brillent. La presse est en surchauffe et elle est secoué de polémiques essentielles. Qui porte le plus horrible beau chapeau?  Kate, la chevelue du duo William-and-Kate ou Letizia (c’est la reine d’Espagne. Je ne vais pas m’embêter à lui trouver un petit nom alors que je ne vais jamais reparler d’elle). À moins que ce soit Zaza, qui est évidement de la partie et nous a sorti  pour l’occasion une espèce de meringue bleutée. Mais attention, elle a prévenu, si Felipe (Même chose pour pour sa femme, pas de surnom. Déjà, je suis sympa d’avoir retenu leurs vrais noms, faut pas pousser non plus) murmure le début du commencement du soupçon d’une phrase sur Gibraltar, Zaza claque la porte de la visite officielle sensée apaiser les relations un chouïa tendues entre les deux pays. Elle est comme ça Zaza, c’est une diplomate née. 

Gibraltar
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Elle y tient à son rocher, Zaza. C’est vrai que Gibraltar, ce tout petit bout de Royaume-uni tout en bas de l’Espagne n’a aucun intérêt économique, plus aucune importance militaire, et c’est tellement construit partout que c’est particulièrement laid. En plus, c’est tout petit, avec 30 000 habitants entassés tant bien que mal sur 6,8 km2. Faut pas être agoraphobe. Ce serait dommage de ne s’y accrocher désespérément y compris au prix d’une crise diplomatique majeure avec un allié européen en ces temps tellement faciles de brexit. C’est évident. Ou pas. Déjà, qu’est-ce qu’il fichent à Gibraltar, les anglais? Ils ne vont pas (n’allaient pas? On va leur demander un visa?) en Espagne uniquement pour attraper des coups de soleil sur la Costa del sol, en buvant de la bière. Non, parfois, ils s’installent et pour longtemps. Les anglais et les hollandais ont sournoisement profité d’une des nombreuses geures de succession en Espagne pour s’emparer du rocher en 1704. Pendant que les locaux sont occupés à se battre entre eux, paf, on leur pique un bout de territoire, l’air de rien. Après diverses péripéties sanglantes, l’Angleterre obtient la concession perpétuelle de Gibraltar en 1713, par le traité d’Ultrech. On aurait pu signer encore plus loin de l’endroit concerné, mais on n’avait pas que ça à faire (et c’est quand même logique, puisque les Habsbourg régnaient autant sur l’Espagne que sur les Pays-Bas). Depuis cette conquête valeureuse, Gibraltar ne sert à rien d’autre qu’à empoisonner les relations entre les deux pays. L’Espagne veut récupérer absolument le rocher, et les britanniques refusent farouchement.  

Londres s’appuie sur un référendum de 2002 où les habitants de Gibraltar ont voté à 98,97% pour rester britanniques. Seulement  depuis le brexit, Gibraltar n’est plus d’accord. Les Gibraltariens (Gibraltarais? Gibraltaristes? Machins?) veulent rester dans l’Europe à 96% et refusent catégoriquement d’en partir. Ce qui signifie que seulement 800 électeurs ont voté leave. Les autorités locales pensent à une blague, ou une erreur d’analphabètes. En tout cas, ils sont formels, ils ne veulent pas entendre parler du brexit. Les Gibraltarols (ça sonne bien aussi, non?) se sont même renseignés pour essayer de créer un nouveau pays assez hétéroclite mais indépendant, une sorte de Royaume-Uni sans l’Angleterre, en s’associant avec l’Écosse et l’Irlande du nord. Pour l’instant, cette piste est au point mort (mais on fait confiance à la first minister écossaise Nicolas Sturgeon, pour embêter Zaza avec si ça l’amuse). Par contre Madrid, par pure gentillesse est tout à fait prête à aider ces braves gens à rester européens, en redevenant espagnols par exemple. Il faut dire aussi que nos chers brexiters dans leur incompétence crasse et leur nationalisme moisi ont oublié un détail concernant Gibraltar (en même temps, ils ont aussi omis de prévoir comment remplacer les médecins européens qui s’en vont, comment assurer la production d’électricité, et tout un tas d’autres petites choses sans importance comme ça). Bruxelles vient de rappeler qu’en quittant l’union, la Grande Bretagne rend caduque une clause qui existe depuis l’adhésion de l’Espagne en 1986, c’est dire si c’est nouveau (Ça a quand même été une surprise pour le gouvernement. C’est pas possible, personne ne sait lire là dedans!) et qui empêchait jusqu’à maintenant Madrid de réclamer le rocher. Un petit brexit plus tard, et hop, plus rien ne s’oppose à ce que l’Espagne fasse valoir ses droits sur Gibraltar. Ça a déplu à Londres. Un connard sénile et nationaliste s’est répandu en bavant sa haine et son gâteau de riz sur toutes les chaînes et en réclamant que Zaza envoie l’armée britannique reprendre Gibraltar. Ce facho lamentable n’est pas un simple débris nazillon mais un membre éminent du parti au pouvoir qu’il a même dirigé. Ses propos étaient tellement hallucinants, anachroniques et répugnants de xénophobie que j’ai cru à une parodie au départ. Mais non. D’ailleurs, il a été applaudi et relayé par les tabloïds. On va faire la guerre à l’Espagne, youpidoo! Bon, il semblerait que quand on attaque un pays de l’OTAN, les autres répondent aussi…mais c’est pas grave, taïaut! Devant l’agitation, Zaza se devait de réagir. Ça n’a pas manqué. Un connard raciste qu’il faut vite ranger dans sa maison de retraite pour dictateurs ratés, réclame qu’elle déclenche la troisième guerre mondiale? Elle l’a remis à sa place. Non pas en condamnant fermement ses propos délirants mais en promettant de tout faire garder Gibraltar. Ah.

C’est donc dans ce contexte très apaisé que Lizzie et Philou (qui est un peu grec, comme le roi d’espagne d’ailleurs) reçoivent à goûter Felipe et Letizia (ah, ben mince, je les ai replacés finalement…Pepe et Leti?). Avec Zaza au milieu pour mettre l’ambiance. Le dîner officiel à Buckingham risque d’être festif, quelque soit le chapeau de Kate.