Les amateurs de belles demeures, d'histoire et d'architecture seront servis en Autriche : les châteaux pullulent dans tout le pays et on a que l'embarras du choix. Et ils n'ont souvent pas à rougir face au plus célèbre d'entre eux, Schönbrunn. Mais pas besoin de partir au cœur de la campagne, aux alentours de Vienne on en trouve également plusieurs à visiter, pour des ambiances complètement différentes. Et bien souvent, l'ombre des Habsbourg n'est pas loin... J'ai décidé aujourd'hui de vous en présenter trois, découverts ces derniers mois.
Schloss Hof 1,
2294 Schloßhof
Accessible depuis Vienne en train jusqu'à Marchegg puis navette gratuite ou avec la ligne grise Hop On Hop Off (de mars à novembre).
Esterhazyplatz 1,
7000 Eisenstadt
Accessible depuis Vienne en train en une heure (la gare est située à quinze minutes à pied du centre-ville et du château).
L'autre visite, c'est celle des toits : il est en effet possible de réaliser une visite depuis les hauteurs du château et de profiter d'un panorama exception sur le parc. Oh comme je regrette de ne pas avoir pu y prendre part, mais la malédiction du paiement en espèces a encore frappé : c'est bien le premier endroit où l'on me refuse ma carte Visa au prétexte que l'appareil ne prend que les cartes Bankomat autrichiennes, grrr, je l'ai encore en travers de la gorge... Ne faites pas la même erreur que moi et prévoyez des espèces !Le pont aux lions, marquant l'ancienne entrée du parc.Schloss Laxenburg
Schloßpl. 1,
2361 Laxenburg
Accessible en bus depuis Vienne en 30 minutes (notamment la ligne 200 depuis la Hauptbahnhof) ; les arrêts de bus sont situés à 5 minutes à pied de l'entrée du parc.
Schloss Hof : la résidence impériale
Situé à une heure de Vienne en Basse-Autriche, non loin de la frontière slovaque, l'histoire du château Hof commence en 1725 lorsque le prince Eugène de Savoie achète le petit manoir qui se trouvait sur ces terres et entreprend de nombreux travaux pour le transformer en pavillon de chasse : il ajoute deux ailes et aménage les jardins (organisés en pas moins de sept terrasses !). 30 ans plus tard, l'empereur François Ier rachète la demeure pour en faire cadeau à sa femme, l'impératrice Marie-Thérèse, et le château devient l'une de leurs résidences d'été. D'autres travaux sont réalisés, notamment l'ajout d'un étage. À la mort de Marie-Thérèse, le reste de la famille Habsbourg n'éprouve que peu d'intérêt pour le lieu ; un siècle plus tard, alors que la majorité des éléments de valeur (mobilier, sculptures...) sont rapatriés à Vienne, l'empereur François-Joseph confie les bâtiments à l'armée et ils resteront ainsi occupés jusqu'aux soldats de l'Armée rouge après la Seconde Guerre mondiale.De nos jours, l'armée a déserté les lieux : la demeure a été entièrement rénovée, remeublée et tout le domaine est ouvert au public. Car il n'y a pas que le château qui se visite : en arrivant, vous avez d'ailleurs le choix d'acheter un ticket pour le domaine ou pour le domaine et le château. L'immense parc de 50 hectares abrite en effet une petite ferme avec ses animaux en semi-liberté, il s'y tient régulièrement des événements (comme les marchés de Pâques ou Noël), on y trouve des zones de jeux pour les enfants, et évidemment il y a les jardins baroques où il est agréable de déambuler.L'une des parties également accessible avec le billet "domaine" c'est la très belle Sala Terrena baroque, qui fait office de vestibule entre le château et le jardin.Il est malheureusement interdit de prendre des photos à l'intérieur du château (une pratique que je trouve très répandue en Autriche à mon grand désarroi), il faudra donc me croire sur parole (ou faire un tour sur le site du château) si je vous dis que l'intérieur vaut vraiment le coup. D'un côté il y a la visite des appartements : d'abord ceux du prince Eugène, où il est expliqué bien en détail les différences entre l'aménagement à son époque puis plus tard, à celle de Marie-Thérèse. C'est également l'occasion d'un apprendre plus cet homme d'arme célèbre, qui fut également à l'origine du palais du Belvédère à Vienne. Et puis on arrive ensuite aux appartements de l'impératrice, décorés sobrement (enfin, tout est relatif) en blanc et gris, pour s'accorder à son statut de veuve. Toutes ces pièces possèdent de nombreux panneaux explicatifs (en anglais, allemand et slovaque) et même des cartouches plus ludiques pour les enfants. De l'autre côté, au début du parcours, le château abrite en ce moment l'une des nombreuses expositions qui célèbrent les 300 ans de l'impératrice, ici le thème étant "Alliés et ennemis". Or, les panneaux de cette exposition-là ne sont qu'en allemand et en slovaque. Grosse déception de ce point de vue là. Heureusement que la visite du reste des appartements rattrape le coup. Il est possible de combiner la visite avec celui du château de Niederweiden, situé à seulement quelques kilomètres (il existe un ticket qui permet l'accès aux deux endroits la même journée). L'histoire de ce petit pavillon de chasse est semblable à celle du château Hof, vu que leurs destins ont été liés (achat simultané par le prince Eugène puis par François Ier, abandon puis restauration il y a quelques décennies, après des dégâts bien plus importants). Je n'ai pas encore eu l'occasion de m'y rendre mais il abrite également en ce moment l'une des expositions consacrée à Marie-Thérèse.Schloss HofSchloss Hof 1,
2294 Schloßhof
Accessible depuis Vienne en train jusqu'à Marchegg puis navette gratuite ou avec la ligne grise Hop On Hop Off (de mars à novembre).
Esterházy : le palais baroque
On change de Land, direction le Burgenland et sa capitale, Eisenstadt, non loin du Neusiedlersee, à une heure au sud de Vienne. Cette fois pas de balade au bord du lac mais dans une petite ville typiquement autrichienne. Eisenstadt est une bourgade très mignonne, très calme aussi, dont on fait vite le tour du centre-ville : une rue principale, quelques cafés et boutiques, l'hôtel de ville et sa façade de guingois... Il y a également une poignée de musées, dont un dédié à Haydn. Mais le principal intérêt est ailleurs.C'est en effet à Eisenstadt, au cœur même de la ville, qu'on trouve le très beau palais Esterházy, qui tient son nom de la famille hongroise qui en fit l'acquisition au XVIIe siècle. On doit sa superbe façade baroque à Paul Esterházy : il s'entoure alors des maîtres les plus célèbres de l'époque pour la décoration intérieure. Une seconde phase d'aménagement aura lieu entre le XVIIIe et le XIXe siècle, notamment sous le prince Nicolas II, qui avait pour projet de transformer entièrement le palais dans le style classique. Le manque de fonds fera avorter son projet mais quelques éléments furent néanmoins construits, comme l'entrée sur la façade nord, avec ses colonnades. C'est également lui qui fit aménagé le grand parc à l'arrière du château. Depuis lors, le visage du palais a très peu changé.L'une des plus belles salles du palais est indéniablement la salle Haydn, considérée comme l'une des plus belles salles de spectacle au monde, avec une excellente acoustique. Ce jour-là, j'ai eu la chance d'assister à quelques minutes de répétition, dans un décor pareil, ça fait rêver ! Il s'y côtoie la décoration baroque, avec notamment les superbes fresques au plafond, et les transformations classiques, masquant les fresques murales par de grands médaillons représentant des rois hongrois. Elle fut renommée "salle Haydn" au XXe siècle en hommage au compositeur qui fut pendant près de 40 ans au service de la famille : nombre de ses œuvres ont d'ailleurs été composées au palais.Il existe deux types de visite possible du palais Esterházy : le premier est le ticket Haydn, qui permet de découvrir la salle Haydn et deux expositions. La première s'intéresse aux collections du palais, son histoire, sa construction. On découvre ainsi les plans de Nicolas II (le palais aurait été grandiose s'il avait pu être concrétisé, avec notamment deux extensions dans le prolongement de la salle Haydn), on plonge dans les fondations du bâtiment, on s'émerveille devant le service de table en argent de la famille. Le parcours est intéressant mais on reste un peu sur sa faim j'ai trouvé, c'est beaucoup de données techniques sur les étapes de construction et les matériaux utilisés, des repères chronologiques, de noms... Et les salles traversées sont plutôt quelconques. La seconde exposition s'intéresse quant à elle à Haydn (que je n'ai pas eu le temps de parcourir). Pour voir les appartements, il faut rejoindre une visite guidée (donnée en allemand ou en anglais suivant les horaires ; un petit livret peut être fourni dans une autre langue) et on pénètre ainsi au cœur du palais et de ses ravissantes salles, dans l'aile qui était utilisée par les princesses Esterházy. Trois d'entre elles constituent le fil rouge de la visite. Cette partie-là était bien plus intéressante bien que la visite se soit un peu trop effectuée au pas de course à mon goût. La façade nord et ses colonnades.Dernière chose à ne pas manquer, c'est bien évidemment le parc qui s'étend derrière le château, en accès complètement libre. Il a bien changé depuis les peintures exposées dans le palais, qui montrent un jardin à l'anglaise très sauvage. Aujourd'hui il est vraiment très agréable de s'y promener, sous les arbres et au milieu des quatre étangs qu'il contient (il y a même une piscine en plein air). Parmi les monuments qui ponctuent les 50 hectares, il y a l'orangerie et le temple de Léopoldine, qui surplombe l'un des étangs, offrant un spectacle de digne d'une carte postale. C'est également d'ici que l'on peut apercevoir la façade nord du palais.Palais EsterházyEsterhazyplatz 1,
7000 Eisenstadt
Accessible depuis Vienne en train en une heure (la gare est située à quinze minutes à pied du centre-ville et du château).
Schloss Laxenburg : le château romantique
Pour le troisième et dernier château, on revient dans la banlieue de Vienne, sur la commune de Laxenbourg, en Basse-Autriche. Situé à 15 kilomètres au sud de Vienne, Laxenburg était l'une des résidences estivales des Habsbourg et quand on voit le parc immense et ses aménagements, on comprend pourquoi : le cadre est absolument magnifique. C'est notamment grâce au château Franzensburg (du nom de l'empereur François II, qui ordonna sa construction), situé sur une petite île artificielle au milieu d'un lac (en vrai un pont le relie à la terre ferme de l'autre côté) et qui semble tout droit sortir d'un conte de fées. Et que son architecture délicieusement moyenâgeuse ne vous induise pas en erreur : il fut bel et bien construit à la fin du XVIIIe siècle, à une période où le Moyen Âge était à la mode.L'un des éléments les plus anciens du parc, l'ancien temple de Diane, construit par Marie-Thérèse d'Autriche, qui aimait s'y rendre régulièrement pour jouer aux cartes. Construit au carrefour de huit chemins, il offre de belles perspectives sur le reste du parc. Ne manquez pas la très belle fresque au plafond.Il faut savoir que, malheureusement, l'entrée du parc est payante (2,30 €) : mais il y a de quoi y passer la journée vu sa superficie et les activités proposées. On y vient pour pique-niquer ou profiter de l'un des restaurants au bord de l'eau, on peut y faire du pédalo ou du bateau sur le lac afin de profiter de vues uniques sur le château, il y a une vaste aire de jeux pour les enfants, un petit train relie les différents lieux et enfin on peut tout simplement profiter des 280 hectares du parc et partir à la découverte de ses différents points d'intérêt, comme le très romantique étang à poisson rouge, avec les vestiges d'un pavillon chinois et de deux ponts y accédant. Tout est éparpillé aux quatre coins du parc et des flèches indiquent à chaque carrefour le chemin. C'est d'ailleurs plutôt bien fait car à chaque endroit particulier il y a un petit cartouche qui remet en contexte cette partie-là du parc et explique ce qu'on a sous les yeux.Mais il n'y a pas que le très romantique château Franzensburg sur le domaine (où l'empereur François-Joseph et l'impératrice Sissi passèrent leur lune de miel) : il s'y dresse également le vieux château, présent depuis le XIIIe siècle. Ancien pavillon de chasse lorsque les Habsbourg acquièrent le domaine, il subit de profonds remaniements au fil des siècles, notamment au XVIIe siècle où, après une longue période d'abandon, il est transformé en résidence baroque. Désormais il abrite le Filmarchiv Austria. Je n'ai pas vu d'information sur une visite possible, alors qu'un des cartouches fait mention de belles salles d'apparat.La très belle cascade et les sphinx qui la gardent.Deux visites du château Franzensburg sont possibles, toutes deux avec un guide : la première est celle du musée, où l'on découvre les pièces intérieures du château et où l'histoire de la demeure nous est contée. Malheureusement, encore une fois les photos à l'intérieur sont interdites, et c'est bien dommage car il y a des salles absolument superbes, comme celle qui abrite un lit à baldaquin richement décoré dans les tons blanc, bleu et or, ou encore celle qui abrite les portraits de membres célèbres de la famille des Habsbourg. Sans compter des vitraux somptueux, qui semblent dater d'hier tellement leurs couleurs sont éclatantes. Ce qui m'a frappée durant la visite, c'est le nombre d'éléments "empruntés" à d'autres lieux (des châteaux, des monastères – dont ceux de Melk, Klosterneuburg et Heiligenkreuz...), souvent offerts en cadeau, et qui furent utilisés en éléments de décor (notamment les plafonds richement décorés). La visite dure environ une heure, se déroule en allemand mais des audioguides sont disponibles (pas de français par contre, uniquement anglais).L'autre visite, c'est celle des toits : il est en effet possible de réaliser une visite depuis les hauteurs du château et de profiter d'un panorama exception sur le parc. Oh comme je regrette de ne pas avoir pu y prendre part, mais la malédiction du paiement en espèces a encore frappé : c'est bien le premier endroit où l'on me refuse ma carte Visa au prétexte que l'appareil ne prend que les cartes Bankomat autrichiennes, grrr, je l'ai encore en travers de la gorge... Ne faites pas la même erreur que moi et prévoyez des espèces !Le pont aux lions, marquant l'ancienne entrée du parc.Schloss Laxenburg
Schloßpl. 1,
2361 Laxenburg
Accessible en bus depuis Vienne en 30 minutes (notamment la ligne 200 depuis la Hauptbahnhof) ; les arrêts de bus sont situés à 5 minutes à pied de l'entrée du parc.