L'influence de l'Union soviétique
Le chemin depuis l'aéroport est souvent un bon moyen d'avoir une approche globale et rapide de la ville, ou du pays, où l'on vient d'arriver, plutôt que se fier uniquement au centre historique ou même au centre-ville. Sur la route, j'ai été frappée par les paysages urbains traversés. Des barres d'immeubles à l'austère fonctionnalité, d'un gris morne ; des trottoirs peu engageants, souvent encombrés de rebuts ; les routes défoncées ; beaucoup de vieux modèles de voiture circulant, quelques-uns dans un état peu reluisant. Ces images ne reflétaient pas celles d'un pays "riche", comme je peux en avoir l'habitude en Europe. J'ai même envie de dire que la première impression était carrément déprimante. J'ai eu la sensation d'avoir fait un bond dans le temps et d'avoir quitté le troisième millénaire. Sans pour autant être familière de l'ère soviétique ou d'être très au fait de l'architecture de cette époque, pour la première fois de ma vie j'ai vraiment ressenti comme une fracture avec tous mes repères liés à l'Europe de l'Ouest.
Et même ensuite plus dans le centre (je pense par exemple aux abords de la gare), il y avait certains carrefours, certains endroits sur un espace très réduit qui me renvoyaient, inexplicablement, ce sentiment d'être dans une partie du monde que je découvrais pour la première fois : très étrange comme sentiment, un décalage très diffus, qui surgissait souvent de manière inattendue. Je pense que cela a beaucoup joué sur le fait que je ne me suis jamais tout à fait senti à ma place et que je n'ai pas réussi à profiter de la ville comme d'habitude.
(Je fais un petit aparté : lorsque j'ai visité les bureaux du KGB à Riga, notre guide nous a fait une petite leçon d'histoire actuelle, post-Union soviétique, nous précisant que pour lui Tallinn, par exemple, avait bien mieux réussi le virage de la nouvelle indépendance et se rapprochait désormais beaucoup plus de n'importe quelle ville européenne – dans le sens "Union européenne". Ce qu'ensuite j'ai pu vérifier par moi-même (mais ce n'est pas le sujet). C'est lui qui m'a permis de mettre le doigt sur cette sensation qui me collait aux basques depuis mon arrivée : Riga c'est un mélange de plein d'époques, à la fois moderne et à la fois coincée dans le passée, à cheval entre la Russie et l'Europe, ce qui fait que ça peut être assez déstabilisant de raccrocher toutes les influences, surtout quand vous sortez du centre historique tout mignon et tout propre. Je ne sais pas si j'arrive à me faire comprendre mais quoi qu'il en soit, je referme cet aparté.)
Prendre les transports
À Riga, vous avez le choix entre le bus, le trolley-bus et le tram : impossible de les manquer avec leur couleur blanche et bleue. Depuis l'aéroport, c'est le bus 22 qui vous permettra de rejoindre le centre-ville. Le ticket coûte 1,15 € si vous l'achetez aux bornes présentes à certains arrêts ou aux kiosques Narvesen, 2 € (préparez la monnaie) si vous l'achetez directement à bord. Ensuite : accrochez-vous ! La conduite est sportive, notamment dans les trams où les cahots sur les rails sont monnaie courante. Si votre hôtel est proche du centre historique, tout se fait facilement à pied, vous n'aurez normalement pas besoin d'emprunter régulièrement les transports. Sinon, la carte journalière coûte 5 €. Enfin, vous serez peut-être amené à prendre le train (qui semble lui aussi venir tout droit d'un autre âge) notamment pour rejoindre la ville balnéaire de Jurmala (j'y reviendrai dans mon prochain article). Le billet aller coûte 1,40 € : pas de quoi se priver.
Sur et sous la route
En parlant de véhicules, la conduite à Riga, c'est quelque chose. Quand on est piéton, mieux vaut faire attention à deux fois avant de traverser aux passages cloutés : même si c'est vert, les voitures ayant la possibilité de tourner dans votre rue ne vous céderont pas la priorité. Les gens regardent d'un air indifférent et un peu blasé les véhicules les frôler à des vitesses hallucinantes vu la situation. Car les Lettons roulent vite. Très vite. Même dans des voies étroites, même dans des rues pavées, même quand il y a des obstacles, même quand il y a une grande fréquentation piétonne. Ils s'engagent n'importe comment aux croisements, créant parfois des bouchons facilement évitables s'ils ne semblaient pas aussi pressés de passer, d'avoir la priorité, même quand le trafic est engorgé. La voiture reine, un peu. Mais d'un autre côté, quand vous attendez à un passage piéton, on s'arrête également volontiers pour que vous puissiez passer. Sans compter que les grandes artères possèdent souvent des passages souterrains pour les traverser, ce qui est plutôt pratique (si on ne se perd pas entre les différentes sorties possibles). On découvre alors une ville sous la ville, car dans ces nombreux passages ont élu domicile différentes boutiques : dans celui reliant la vieille ville au marché central, Save My Day, un petit café, a tout de suite attiré mon attention.
La froideur lettone... ou russe ?
Ce même sentiment d'ascendance indiscutable se retrouve également chez les piétons, il ne faut pas croire. Le nombre de gens que j'ai croisés qui ne se poussent pas sur la chaussée, quitte à vous rentrer dedans, sans ensuite s'excuser ; qui vous coupent le passage sans hausser un sourcil ; qui ne se poussent pas quand ils bloquent la voie. Même constat dans quelques restaurants et musées où clairement votre statut de touriste sera plutôt handicapant : pas un sourire, ton froid, service minimum... quand la table d'à côté reçoit un traitement complètement différent. Heureusement ce n'est pas le cas partout et globalement les personnes travaillant dans les secteurs touristiques sont plutôt accueillantes et souriantes. Je n'ai pas pour autant envie de faire le raccourci facile Letton = sympa, Russe = pas sympa (car Riga compte pour 40 % de Lettons et 40 % de Russes) mais c'est déstabilisant quand vous tombez sur une personne qui ne cache pas son hostilité, sans que vous sachiez bien pourquoi. Désolée de contribuer à l'économie de votre pays hein !
Le Letton n'est pas un lève-tôt
Je n'estime pas commencer mes journées extrêmement tôt : je mets le pied dehors en général entre 8 h 30 et 9 h. Comme presque à chaque fois quand je dors dans un hôtel, je préfère prendre mon petit déjeuner à l'extérieur : ça permet de découvrir des coins sympa, de goûter à des choses différentes, pourquoi pas expérimenter le petit déjeuner local plutôt qu'une version internationale un peu aseptisée. Et surtout, c'est mon repas préféré dans la journée et je compte bien en profiter. Mais là, je me suis confrontée à une dure réalité : la majorité des cafés à Riga ouvrent tard. Comprenez 9 h en semaine, 10 h voire 11 h (!!!) le week-end. À cette heure-ci, j'ai déjà prévu d'être en visite ou en vadrouille. Donc n'hésitez pas à faire un peu de repérage au préalable parce que l'improvisation risque de vous faire perdre du temps.
Manger pour trois fois rien...
Une chose qui m'a rapidement surprise à Riga, c'est qu'on y mange pour pas cher. Vraiment pas cher. Le matin je petit-déjeunais aux alentours de 5 € et plutôt copieux. On trouve facilement des restaurants proposant des plats aux alentours de 6 - 7 €. Idem dans les cafés où les pâtisseries ou les boissons restent à des prix très abordables. Par contre, le grand écart se fait vite : dans les quelques cartes que j'ai regardées, on passe de prix assez bas à des plats autour de 18-20 € dès qu'ils proposent viande ou poisson. C'est un peu quitte ou double, en somme.
... mais manger trois fois rien
J'y reviendrai dans mon prochain article mais j'ai été plutôt déçue par la gastronomie lettone... du moins celle dans les restaurants classiques, pas haut de gamme (où de toute façon je ne mange jamais). Les spécialités sont énormément tournées vers le poisson (souvent des variétés que je n'aimais pas, car avec un goût prononcé, comme le hareng) ou la viande (que je n'affectionne pas particulièrement) mais d'habitude ce n'est pas un problème, je me rattrape toujours sur des plats végétariens. Mais là... gros désert. Impossible de trouver une adresse sympa dans ce style et dans les restaus, les plats se résumaient souvent à des pâtes en sauce toutes bêtes ou des assiettes de légumes : on a vu plus fou, et plus alléchant. En tout cas, ce n'est clairement pas le genre de cuisine que je recherche. Heureusement je me suis rattrapée sur les cafés #commed'hab
Le centre historique, pas le meilleur endroit pour manger
La culture bon marché
Les prix très intéressants se retrouvent également au niveau des musées : beaucoup sont gratuits, ou avec un système de donation libre. Sinon, de tous ceux qui avaient retenu mon attention, aucun ne dépassait les 5 € d'entrée. À ce rythme-là, investir dans le Riga Pass ne semble pas forcément de rigueur. Par contre, deux bémols :
- il faut souvent payer en supplément pour pouvoir prendre des photos à l'intérieur (souvent entre 2 et 3 €, soit comme si on achetait deux tickets) ;
- l'entrée dans les églises est parfois payante, du moins dans le centre historique : j'ai payé pour visiter la cathédrale et, après avoir été plutôt déçue de l'intérieur, j'ai fait l'impasse sur l'église Saint-Pierre.
L'heure qui change tout
Verdict ?
Je vous le disais en introduction, Riga, ça faisait des années que j'en rêvais. Et aussi difficile pour moi qu'il est de l'admettre, je suis revenue déçue et pas franchement transportée. J'y ai quand même vu des choses superbes et très intéressantes (je vous en parlerai dans un prochain billet) mais globalement, mon impression est vraiment très mitigée. Comme je ne vais pas remettre sur le compte de la météo ou de la fatigue ma déception (à force, ça devient trop facile), je suis bien obligée d'accepter le constat suivant : ça n'a pas été le coup de foudre escompté. Je crois qu'il y a trop de choses qui m'ont dérangée, à commencer par la froideur des habitants. Rarement je me suis sentie aussi peu la bienvenue alors que franchement j'estime plutôt savoir me faire discrète et me fondre dans le paysage.
Si je veux aussi être tout à fait honnête, c'était aussi la première fois que j'étais confrontée à un environnement "aussi" différent du mien. Je mets des guillemets à "aussi" parce que ce n'est pas non plus le bout du monde. Mais justement : quand on part sur un autre continent, à la rencontre d'une autre culture, on sait que l'on va être confronté à un quotidien et à des situations auxquels on n'est pas habitué. On est préparé à être dépaysé. Moi je ne l'étais pas du tout : je ne m'attendais pas à ce que la fracture soit aussi importante et que le passé du pays soit encore aussi prégnant. Résultat, j'ai passé ces trois jours dans un équilibre précaire, à essayer perpétuellement de me raccrocher à mes repères tout en étant continuellement ballottée. Et c'est finalement plus cette surprise que le fait d'être confronté à quelque chose de nouveau qui m'a complètement déboussolée. J'ai bien conscience en l'écrivant que ça grossit involontairement le trait et que la réalité est beaucoup moins dramatique. Mais quand même : j'ai vécu mon premier vrai choc des cultures. J'espère que je serai mieux préparée pour le prochain !
J'espère en tout cas que ces petites impressions pêle-mêle sauront vous être utiles si vous envisagez de visiter Riga et surtout ne vous décourageront pas de venir, car vraiment il y a de belles choses à y découvrir. J'espère que mon prochain article saura vous en convaincre !