Tous les hébergements à, et, autour de Clarksdale sont réservés aux musiciens depuis des mois, aussi nous sommes logés à Cleveland distante d'environ 40 miles de la capitale du blues du delta. Quand nous partons le matin, il fait un peu frais et la pluie est tombée dans la nuit. Néanmoins nous sommes habillés très léger, mais le temps vire rapidement à la pluie et au vent.
On retrouve avec un immense plaisir la ville dans ses habits de fête, et on démarre la journée sous le crachin avec Lightin’ Malcom, devant le cinéma Roxy qui présente son nouvel album, Outlaw Justice. Il joue en solo et propose un bon show en s’accompagnant à la guitare et à la batterie.
Ensuite Cedell Davis, toujours présent, mais très diminué dans son fauteuil roulant. Avec son groupe il nous propose un set poignant, intense. Nous évoquons la Maison du Blues avec Bip Papa Binns le directeur musical du groupe qui prévoit une tournée en Europe en 2018….
Et on retrouve Jimmy » Duck Holmes devant le Wade Walton Barber Shop pour un superbe show, moins intimiste certes qu'à Bentonia, mais toujours aussi merveilleux.
Une fan de Cedric en plein trip
Encore un changement de lieu (on connaît le centre-ville par cœur) pour retrouver un autre de nos chouchous, Cedric Burnside et son guitariste Trenton Ayers. Un grand moment avec un Cedric percutant derrière ses fûts, le son des collines du nord, ce blues joué par son grand-père R.L. et qu’il continue de faire vivre.
Nouveau changement de lieu pour Dark Heap, mais franchement on est frigorifié. Aussi nous décidons, la mort dans l’âme, de retourner nous habiller plus chaudement à l’hôtel, ratant aussi Kern Pratt et la fin du show du joueur de ruines-babines.
Les Farmers sont venus en ville
Nous prenons un café dans un établissement « hollandais » où toutes les serveuses sont habillées de robes chatoyantes, avec leurs longs cheveux attachés avec un truc bizarre…Hum cela sent la secte mormon.
Nous revenons pour la soirée et choisissons le show de Terry « Harmonica » Bean. Il est increvable Terry. Pendant plus de deux heures sans pause, il joue, ses compositions, et des classiques de John Lee Hooker, Muddy Waters..., explique que le vrai blues est né dans le delta même si certains sont partis à Chicago l’âme de cette musique reste ici. On approuve totalement ses propos…. Son harmonica, son phrasé, son jeu de guitare proche de celui de Jimmy Duck Holmes évoquent parfaitement la vie des noirs du delta, leur souffrance dans les champs, leur espoir noyé dans la mauvaise gnole.
Il est parti pour jouer toute la nuit, alors, on change d’endroit pour retrouver une autre figure, ex-routier, vétéran du Vietnam, ancien activiste socialiste, diplômé de journalisme et d'histoire, ce grand échelas de Watermelon Slim avec sa gueule pas possible à la Clint Eastwood? ses harmonicas, sa slide diabolique, sa voix si particulière. Il fait le show dans un junk-joint bondé, et c’est la meilleure façon d’aller jusqu’au bout de la nuit. En pleine forme, il harangue la foule, drague la serveuse, raconte des anecdotes…. En repartant, je m’échine à ouvrir une voiture …qui n’est pas la nôtre, garée trente mètres plus loin. L’effet du blues sur les âmes sensibles…. Dommage que tous les concerts de la soirée débute quasiment à la même heure, on a loupé Léo »Bud »Welch, Cedric Burnside, Lightnin Malcolm…