J'inaugure sur le blog une nouvelle série d'articles consacrée à Vienne : Au cœur de. Mon idée depuis mon déménagement là-bas est de me servir du blog pour faire découvrir la ville et si possible sous une facette moins touristique, moins connue. C'est donc dans la suite logique des choses que j'ai eu l'idée de vous présenter Vienne arrondissement par arrondissement. Et c'est donc encore plus naturel que je commence avec... le premier d'entre eux, l'Innere Stadt, le plus connu. On n'est pas à une contradiction près ici, vous l'avez déjà remarqué ?
Cette introduction étant déjà très longue, laissez-moi vous résumer brièvement ce qui vous attend dans cette nouvelle série : outre une présentation factuelle, vous retrouverez quelques repères historiques, les monuments incontournables, mes visites insolites et bien sûr des bonnes adresses testées au péril de mon estomac ! Trêve de bavardage, commençons sans plus tarder.
Le premier arrondissement est le centre historique de Vienne : en faisant un raccourci, on pourrait également dire que c'est le "centre-ville", si cela a un quelconque sens lorsque l'on parle d'une ville de cette taille. C'est en tout cas ici que l'on va retrouver les principaux lieux touristiques : ceinturé par le Ring, ce grand boulevard construit à la fin du XIXe siècle où se trouvent parmi les plus impressionnants monuments de Vienne (l'Hôtel de Ville, l'Opéra, les musées jumeaux de l'histoire de l'art et d'histoire naturelle...), le cœur de la ville abrite pèle-mêle la cathédrale Saint-Étienne donnant sur le Graben, la Hofburg, une flopée de musées et tout un tas d'autres bâtiments d'importance diverse. Vous l'aurez compris : niveau lieux d'intérêt, on ne peut guère rivaliser avec le premier arrondissement et il serait bien étonnant que vos pas ne vous y conduisent pas durant votre séjour.Si on a coutume de délimiter grossièrement l'Innere Stadt par la ceinture du Ring, dans les faits, elle en déborde légèrement : il faut également inclure le pavillon de la Sécession, au sud-ouest. Au nord, elle est délimitée par le canal du Danube ; à l'est, par le Stadtpark ; à l'ouest, elle s'arrête derrière le Parlement, l'Hôtel de ville et l'Université. L'Innere Stadt est majoritairement piétonne, si l'on exclut ce fameux Ring et les quelques rues au-delà. Niveau transports, si une poignée de bus circulent au cœur même de l'arrondissement, le plus simple pour le rejoindre est encore le métro (ligne U1 Stephanplatz, ligne U3 Herrengasse ou ligne U4 Schwedenplatz) ou bien via les trams faisant le tour du Ring (1, 2, 71, D...).
S'il est plutôt rapide de traverser tout l'arrondissement (d'un côté à l'autre du boulevard), prenez garde aux petites rues et places cachées qui pourraient bien allonger votre trajet. Sans qu'il soit facile de se perdre, l'Innere Stadt a gardé un quadrillage propre au Moyen Âge : on est loin d'un découpage géométrique, avec des rues clairement parallèles et perpendiculaires, comme cela peut être le cas dans d'autres quartiers. C'est également ce qui fait tout le charme de l'arrondissement, dès que l'on s'éloigne des axes principaux : on n'est jamais à l'abri de découvrir un passage ou un raccourci encore inconnu. Il ne faut donc pas hésiter à s'éloigner des plus grands axes de communication pour mieux apprécier le charme de l'arrondissement ; d'un point de vue pratique, c'est aussi là que l'on tombera sur des restaurants meilleurs marchés ou sur des boutiques plus confidentielles.
Conseil : il existe un tram, le Ringtram, qui comme son nom l'indique effectue le tour du Ring tout en dispensant quelques menues informations aux bâtiments stratégiques. Si vous voulez faire des économies, vous pouvez tout aussi bien opter pour l'un des tram classiques et profiter du paysage, votre guide sur les genoux. Pour en savoir plus : À bord du tram 1.
Toute l'histoire, ou presque, de Vienne se retrouve dans le premier arrondissement. Des vestiges de l'époque romaine sur la place devant la Hofburg (le musée consacré à cette période se trouve sur le Hoher Markt), en passant par la Ruprechtskirche, juste à côté de Schwedenplatz, la plus vieille église de Vienne, sans oublier la Hofburg, le palais de la famille Habsbourg, ou encore le célèbre Ring, déambuler dans l'Innere Stadt c'est se retrouver confronter à des siècles d'histoire, de la plus glorieuse à la plus honteuse. Les fantômes de la Seconde Guerre mondiale ne sont en effet pas loin (n'oublions pas que c'est depuis le balcon de la Hofburg donnant sur Heldenplatz qu'Hitler prononça l'Anschluss) et on ne peut pas oublier ce terrible épisode dans l'histoire de l'Autriche. C'est particulièrement vrai sur la Judenplatz, non loin de la place Am Hof, où l'on trouve le musée de l'histoire juive, devant lequel se dresse un monument commémoratif de la Shoa, un bloc de béton que l'on doit à Rachel Whiteread. Sur Dorotheergasse se trouve également le musée juif, qui permet de mieux comprendre les liens étroits entre l'histoire de Vienne et celle de l'importante communauté juive qui y vivait avant 1938.
Je n'ai pas encore trouvé de lieu dans Vienne où le poids des siècles est aussi présent. Il suffit de marcher, le nez en l'air, pour sentir, physiquement, toute l'histoire qu'ont vu passer les élégants palais, les façades richement décorées, battant le pavé de ruelles que des millions de pieds ont battu avant soi. J'ai souvent cette impression d'évoluer dans un musée à ciel ouvert où l'on prend conscience de tout ce dont a été témoin chaque pierre. Bon plan : de nombreux organismes organisent des visites guidées, thématiques ou non : c'est une manière idéale pour découvrir les multiples visages de Vienne et les particularités des différents quartiers à l'intérieur de l'Innere Stadt (le quartier juif, on l'a dit, mais également grec entre autres). N'hésitez pas à vous renseigner aux différents bureaux de l'office de tourisme pour les horaires (des brochures sont également disponibles dans les musées). Quant aux plus fortunés, ils pourront découvrir les trésors de l'arrondissement à bord d'un fiacre (entre 55 et 80 € le tour), l'équivalent viennois des gondoles vénitiennes.
Le premier arrondissement, j'y reviens toujours. Ce n'est pas le plus tranquille, c'est clairement la vitrine de la ville, mais il y a tellement à faire et à découvrir. À chaque visite j'emprunte une nouvelle ruelle cachée, je franchis les portes d'un nouveau musée, je m'attable à un nouveau restaurant. Et qu'importe si l'on entend parler plus souvent anglais, français ou chinois qu'allemand, il serait bête de se priver d'un arrondissement aussi riche d'un point de vue culturel, gastronomique ou tout simplement architectural.
Bon plan : Pour changer des enseignes internationales ou éviter les attrape-touristes, les week-ends rendez-vous à l'Altepost, un marché de producteurs locaux. On peut y manger sur place ou faire le plein de bonnes choses à ramener chez soi.
Le 1er arrondissement est certainement celui qui regorge le plus des cafés traditionnels viennois. Ce sont aussi les plus élégants, voire les plus chers.
Café Prückel (Stubenring 24 - site Internet) - mon préféré
C'est le café où je reviens le plus souvent, celui où je me réfugie chaque fois où je ne sais pas aller. C'est aussi celui qui fait, à mon goût, le meilleur Apfelstrudel. Bref, le café Prückel, c'est un peu ma deuxième maison. Sa décoration années 1950 tranche avec les autres cafés et il reste relativement préservé des touristes. Paiement en espèces uniquement.
Café Central (Herrengasse 14 - site Internet) - le plus viennois
Si je devais choisir un seul café pour résumer Vienne, ce serait celui-ci : décor grandiose, service impeccable (à l'autrichienne), nourriture délicieuse, prix raisonnables (relativement)... et temps d'attente conséquent : mieux vaut réserver pour éviter de faire la queue ! Pour parfaire le cliché, poussez ses portes en hiver alors que les Viennois s'y rendent en robe de bal et queue de pie.
Café du Kunshistorisches Museum (Maria-Theresien-Platz - site Internet) - le plus baroque
Le seul reproche que je pourrais faire au café du Kunsthistorisches Museum, c'est qu'il faut payer le droit d'entrée du musée pour y accéder. Les tarifs sont à la hauteur du lieu, mais pas excessifs non plus par rapport à d'autres endroits du premier arrondissement.
Café Gerstner (Kärntner Str. 11-15 - site Internet) - le plus luxueux
Au concours du café le plus richement décoré, le café Gerstner est au coude à coude avec le café du KHM. Il suffit d'échanger un peu de marbre contre des dorures... Je n'avais jamais osé pousser les portes de l'établissement, qui propose une épicerie fine au rez-de-chaussée, craignant des prix complètement fous. Il s'avère que les tarifs sont dans la moyenne haute mais pas complètement déraisonnables. Il est celui qui propose peut-être le plus large choix de pâtisseries, sans compter macarons et cupcakes. Si possible, préférez les salons au dernier étage. Café Diglas (Wollzeile 10 - site Internet) - le plus tranquille
Un café viennois traditionnel, avec banquettes de velours, large choix de pâtisseries et concert de piano certains soirs : malgré son emplacement, juste derrière la cathédrale, il n'est pas trop pris d'assaut par les touristes, ce qui en fait un lieu de choix si on veut profiter d'un établissement typique mais qui a su garder son caractère. Paiement en espèces uniquement.
Café Museum (Operngasse 7 - site Internet) - le plus intello
Il fut fréquenté par tout le gratin artistique du début XIXe siècle, entre autres par Gustav Klimt et Otto Wagner, mes chouchous. Sa décoration réalisée par Alfred Loos peut désormais à nouveau être admirée grâce à un mobilier copie conforme : une fois installé sur ses banquettes de velours rouge vif, vous n'aurez plus envie de repartir !
Café Hawelka (Dorotheergasse 6 - site Internet) - le plus bohème
À deux pas du Graben, il offre une atmosphère feutrée (certains pourront dire étouffante, car le café n'est pas des plus lumineux) à l'écart de l'agitation. La salle n'est pas très grande et le mobilier semble fait de bric et de broc. On est loin de l'ambiance "guindée" qui peut émaner d'autres établissements.
Café Landtman (Universitätsring 4 - site Internet) - le plus bling bling
Situé sur le Ring, à deux pas du Burgring, en face de l'Hôtel de ville, c'est un peu le café pour se montrer. Il faut dire que sa terrasse s'y prête bien : l'été, il est très agréable de s'y poser et d'assister au ballet de la vie autrichienne, sur l'une des artères les plus passantes de la capitale. Les prix sont en conséquence de l'emplacement mais la qualité est au rendez-vous.
Café Fraenhuber (Himmelpfortgasse 6 - site Internet)- le plus ancien
Malgré son emplacement à deux pas de la Kärntnerstrasse, il reste relativement peu prisé des touristes, et on se demande bien pourquoi : c'est l'un des plus vieux cafés de la ville (il est ouvert depuis 1845), et avant cela, Mozart et Beethoven se produisirent dans ce qui était un restaurant fondé par le cuisinier personnel de Marie-Thérèse. Siège de velours, verre Tiffany, le café a su garder un charme très XIXe siècle.
Café Schwarzenberg (Kärntner Ring 17 - site Internet) - le plus classique
Un autre café de caractère, situé sur le Ring, juste en face du prestigieux Café Impérial. Service typique autrichien, c'est-à-dire pas des plus cordiaux, mais leur Apfestrudel est délicieux. Concert violon/piano certains jours.
Joma (Hoher Markt 10-11 - site Internet)
Situé sur la place du Hoher Markt, juste à côté de l'Ankeruhr, Joma propose une cuisine internationale. Leurs options de petit déjeuner sont particulièrement alléchantes, notamment avec des variations vegan. Les prix sont plutôt dans la moyenne haute. Petite salle fumeur à part. Réservation fortement conseillée.
Da Capo (Schulerstraße 18 - site Internet)
Si l'extérieur reste très classique, une fois les portes poussées on a l'impression de se retrouver en Italie. Mention spéciale au four à bois où se joue la valse des pizzas. Les spécialités italiennes savent se marier à la cuisine autrichienne, comme en témoignent leurs délicieuses lasagnes au potiron.
Specht (Bäckerstraße 12 - site Internet)
Ce restaurant sert propose une cuisine autrichienne saupoudrée d'une touche méditerranéenne : c'est ici que j'ai goûté pour la première fois aux Fleckerl, un type de pâte aux œufs de forme carrée typiquement autrichienne. Le service est très rapide. L'avant-salle est réservée au bar mais est fumeuse. Plats végétariens.
Hungry Guy (Rabensteig 1 - site Internet)
Un restaurant de type "street food" également plutôt tourné vers les spécialités méditerranéennes, avec houmous, falafel et pita en plats principaux. Les portions sont servies dans une assiette ou directement dans une pita (pour tout ce qui est sandwich, hamburger, il y a même un fish and chips), possibilité à emporter. Prix moyen : une dizaine d'euros, street food plutôt haut de gamme donc. Service au comptoir. Plats végétariens et vegan. Paiement en espèces uniquement.
Beim Czaak (Postgasse 15 - site Internet)
Je vous en avais déjà parlé lors de mon premier séjour à Vienne, mais si vous voulez manger les meilleurs schnitzel de Vienne, oubliez le très touristique Figlmüller et poussez plutôt les portes de ce petit beisl à l'écart des rues animées de l'Innere Stadt. Leur schnitzel fourré (fromage, champignons, jambon et oignons) n'est peut-être pas le plat le plus léger de la Terre mais reste l'un de mes meilleurs souvenirs culinaires à Vienne.
Palmenhaus (Burggarten 1 - site Internet)
Sous une élégante serre, entouré de végétation luxuriante, Palmenhaus est l'endroit idéal pour prendre un verre en fin de journée dans un cadre complètement dépaysant. Les prix sont plutôt élevés, de même que pour la partie cuisine, mais on paie pour l'emplacement, au cœur du Burggarten, aussi bien que pour le lieu. Brunch le dimanche.
Onyx Bar (Stephansplatz 12 - site Internet)
Situé au sixième étage de l'hôtel DOetCO, l'Onyx Bar offre une vue sur la cathédrale Saint-Étienne et sur le Graben en contrebas absolument imprenable. La salle n'est pas très grande, les sièges très confortables, mais par contre les prix... Comptez 12 € le cocktail en moyenne.
Jazzland (Franz-Josefs-Kai 29 - site Internet)
Les endroits que je peux vous conseiller pour sortir le soir se comptent sur les doigts d'une main : je ne suis vraiment pas un oiseau de nuit et quand je me retrouve dehors passé 20 h, c'est le plus souvent au chaud dans un café. Mais si vous aimez le jazz, ne manquez pas Jazzland : il s'y joue six concerts par semaine, à partir de 21 h, entre jazz et blues, moderne ou plus traditionnel. La salle, dans une vieille cave voûtée, participe beaucoup à l'ambiance.
Fledermaus (Spiegelgasse 2 - site Internet)
On m'a beaucoup vanté les mérites de cette boîte de nuit sur le Graben. Je n'ai jamais poussé ses portes mais si vous y allez, dites-moi si j'ai eu raison de vous en parler !
Cette introduction étant déjà très longue, laissez-moi vous résumer brièvement ce qui vous attend dans cette nouvelle série : outre une présentation factuelle, vous retrouverez quelques repères historiques, les monuments incontournables, mes visites insolites et bien sûr des bonnes adresses testées au péril de mon estomac ! Trêve de bavardage, commençons sans plus tarder.
L'Innere Stadt, le cœur de Vienne
Le premier arrondissement est le centre historique de Vienne : en faisant un raccourci, on pourrait également dire que c'est le "centre-ville", si cela a un quelconque sens lorsque l'on parle d'une ville de cette taille. C'est en tout cas ici que l'on va retrouver les principaux lieux touristiques : ceinturé par le Ring, ce grand boulevard construit à la fin du XIXe siècle où se trouvent parmi les plus impressionnants monuments de Vienne (l'Hôtel de Ville, l'Opéra, les musées jumeaux de l'histoire de l'art et d'histoire naturelle...), le cœur de la ville abrite pèle-mêle la cathédrale Saint-Étienne donnant sur le Graben, la Hofburg, une flopée de musées et tout un tas d'autres bâtiments d'importance diverse. Vous l'aurez compris : niveau lieux d'intérêt, on ne peut guère rivaliser avec le premier arrondissement et il serait bien étonnant que vos pas ne vous y conduisent pas durant votre séjour.Si on a coutume de délimiter grossièrement l'Innere Stadt par la ceinture du Ring, dans les faits, elle en déborde légèrement : il faut également inclure le pavillon de la Sécession, au sud-ouest. Au nord, elle est délimitée par le canal du Danube ; à l'est, par le Stadtpark ; à l'ouest, elle s'arrête derrière le Parlement, l'Hôtel de ville et l'Université. L'Innere Stadt est majoritairement piétonne, si l'on exclut ce fameux Ring et les quelques rues au-delà. Niveau transports, si une poignée de bus circulent au cœur même de l'arrondissement, le plus simple pour le rejoindre est encore le métro (ligne U1 Stephanplatz, ligne U3 Herrengasse ou ligne U4 Schwedenplatz) ou bien via les trams faisant le tour du Ring (1, 2, 71, D...).
S'il est plutôt rapide de traverser tout l'arrondissement (d'un côté à l'autre du boulevard), prenez garde aux petites rues et places cachées qui pourraient bien allonger votre trajet. Sans qu'il soit facile de se perdre, l'Innere Stadt a gardé un quadrillage propre au Moyen Âge : on est loin d'un découpage géométrique, avec des rues clairement parallèles et perpendiculaires, comme cela peut être le cas dans d'autres quartiers. C'est également ce qui fait tout le charme de l'arrondissement, dès que l'on s'éloigne des axes principaux : on n'est jamais à l'abri de découvrir un passage ou un raccourci encore inconnu. Il ne faut donc pas hésiter à s'éloigner des plus grands axes de communication pour mieux apprécier le charme de l'arrondissement ; d'un point de vue pratique, c'est aussi là que l'on tombera sur des restaurants meilleurs marchés ou sur des boutiques plus confidentielles.
Conseil : il existe un tram, le Ringtram, qui comme son nom l'indique effectue le tour du Ring tout en dispensant quelques menues informations aux bâtiments stratégiques. Si vous voulez faire des économies, vous pouvez tout aussi bien opter pour l'un des tram classiques et profiter du paysage, votre guide sur les genoux. Pour en savoir plus : À bord du tram 1.
L'Innere Stadt, un concentré d'histoire
Toute l'histoire, ou presque, de Vienne se retrouve dans le premier arrondissement. Des vestiges de l'époque romaine sur la place devant la Hofburg (le musée consacré à cette période se trouve sur le Hoher Markt), en passant par la Ruprechtskirche, juste à côté de Schwedenplatz, la plus vieille église de Vienne, sans oublier la Hofburg, le palais de la famille Habsbourg, ou encore le célèbre Ring, déambuler dans l'Innere Stadt c'est se retrouver confronter à des siècles d'histoire, de la plus glorieuse à la plus honteuse. Les fantômes de la Seconde Guerre mondiale ne sont en effet pas loin (n'oublions pas que c'est depuis le balcon de la Hofburg donnant sur Heldenplatz qu'Hitler prononça l'Anschluss) et on ne peut pas oublier ce terrible épisode dans l'histoire de l'Autriche. C'est particulièrement vrai sur la Judenplatz, non loin de la place Am Hof, où l'on trouve le musée de l'histoire juive, devant lequel se dresse un monument commémoratif de la Shoa, un bloc de béton que l'on doit à Rachel Whiteread. Sur Dorotheergasse se trouve également le musée juif, qui permet de mieux comprendre les liens étroits entre l'histoire de Vienne et celle de l'importante communauté juive qui y vivait avant 1938.
Je n'ai pas encore trouvé de lieu dans Vienne où le poids des siècles est aussi présent. Il suffit de marcher, le nez en l'air, pour sentir, physiquement, toute l'histoire qu'ont vu passer les élégants palais, les façades richement décorées, battant le pavé de ruelles que des millions de pieds ont battu avant soi. J'ai souvent cette impression d'évoluer dans un musée à ciel ouvert où l'on prend conscience de tout ce dont a été témoin chaque pierre. Bon plan : de nombreux organismes organisent des visites guidées, thématiques ou non : c'est une manière idéale pour découvrir les multiples visages de Vienne et les particularités des différents quartiers à l'intérieur de l'Innere Stadt (le quartier juif, on l'a dit, mais également grec entre autres). N'hésitez pas à vous renseigner aux différents bureaux de l'office de tourisme pour les horaires (des brochures sont également disponibles dans les musées). Quant aux plus fortunés, ils pourront découvrir les trésors de l'arrondissement à bord d'un fiacre (entre 55 et 80 € le tour), l'équivalent viennois des gondoles vénitiennes.
Mes incontournables de l'Innere Stadt
Le premier arrondissement, j'y reviens toujours. Ce n'est pas le plus tranquille, c'est clairement la vitrine de la ville, mais il y a tellement à faire et à découvrir. À chaque visite j'emprunte une nouvelle ruelle cachée, je franchis les portes d'un nouveau musée, je m'attable à un nouveau restaurant. Et qu'importe si l'on entend parler plus souvent anglais, français ou chinois qu'allemand, il serait bête de se priver d'un arrondissement aussi riche d'un point de vue culturel, gastronomique ou tout simplement architectural.
Culture et nature
La plus haute concentration de musées se trouve dans le premier arrondissement, ce sont aussi parfois les plus prestigieux : le musée Albertina pour les amateurs de beaux-arts ou le Kunstforum pour ceux qui préfèrent l'art moderne ; le musée d'histoire naturelle pour ses dinosaures grandeur nature et le musée d'histoire de l'art, un incontournable aussi bien pour son bâtiment que pour ses collections, dont le trésor des Habsbourg regorgeant de pièces complètement folles ; la Maison de la musique et divers appartements de compositeurs (Beethoven, Mozart) ; le musée juif et celui de l'histoire juive ; les musées des horloges, des globes, des papyrus, sans oublier la Hofburg qui se visite avec toutes ses dépendances, dont la très belle bibliothèque nationale... Bref inutile de faire la liste complète, vous avez compris l'idée. Sans oublier les nombreux bâtiments emblématiques qui proposent des visites guidées (Opéra, Hôtel de ville, Parlement, Burgtheater...). Vienne est une ville verte et l'Innere Stadt n'échappe pas à la règle. Si le cœur même de l'arrondissement est assez pauvre en parcs, ce n'est pas du tout le cas le long du Ring, où l'on trouve parmi les plus beaux jardins de la ville : le Stadtpark, à l'est, où coule le Wienfluss, qui traverse la ville. De l'autre côté, le Burggarten, au pied de la Hofburg, avec notamment le restaurant Palmenhaus (voir plus bas) et la serre aux papillons, idéale pour se réchauffer en hiver tout en admirant les centaines de spécimens qu'elle abrite. Et un peu plus loin, le Volksgarten, avec ses roses à profusion. Dès que les beaux jours reviennent, pelouses et bancs sont pris d'assaut.Shopping
L'Innere Stadt regorge de magasins accessibles pour toutes les bourses. Que ce soit les grandes enseignes de la Kärntnerstrasse, l'avenue la plus commerçante de l'arrondissement (type H et M, Zara, Forever 21... et son lot de boutiques plus touristiques proposant des souvenirs à bas prix), les enseignes luxueuses autour du Graben (Chanel, Vuitton...) ou bien des boutiques de créateurs dans les rues alentour. S'il n'y a pas de centre commercial à proprement parler, vous devriez quand même y trouver votre compte, quel que soit ce que vous cherchez.Bon plan : Pour changer des enseignes internationales ou éviter les attrape-touristes, les week-ends rendez-vous à l'Altepost, un marché de producteurs locaux. On peut y manger sur place ou faire le plein de bonnes choses à ramener chez soi.
Insolite
Il faut s'éloigner dans le dédale des ruelles pour tomber sur les petits trésors dont regorge l'Innere Stadt et qui n'apparaissent pas forcément dans les guides traditionnels. C'est ainsi que, non loin de la place du Hoher Markt, se trouve l'ancien Hôtel de ville de Vienne, qui abrite notamment le musée du 1er arrondissement (aux horaires pas du tout pratiques, par contre). J'ai pu découvrir ses salles baroques lors de la Lange Nacht, l'équivalent autrichien de la nuit des musées. À deux pas de la Kärtnerstrasse se trouve l'une des plus vieilles rues de Vienne, qui a gardé son tracé médiéval : Ballgasse. En quelques dizaines de mètres, on peut ainsi s'imaginer à quoi ressemblait la ville il y a quelques siècles : un peu étouffant, non ? Elle débouche sur la très jolie Franziskanerplatz, où se dresse l'église du même nom. Un coin très charmant de l'arrondissement, souvent méconnu des touristes.Si vous aimez l'art nouveau, on y trouve deux très belles réalisations : la devanture de la pharmacie Engel Apotheke, avec ses deux anges de part et d'autre. Et sur la place du Hoher Markt, la superbe Ankeruhr, avec ses personnages qui défilent chaque heure (je vous renvoie à ce billet pour plus de précisions).Mélanges architecturaux
L'Innere Stadt, ce sont les façades remarquables, les immeubles grandioses qui donnent sur le Ring et ses constructions néo-classiques, le faste de l'héritage des Habsbourg... Mais ce sont aussi des réalisations plus modernes, qui viennent trancher harmonieusement avec les vieilles pierres et les statues qui ornent les façades ou encadrent les portes. Même le centre de la ville n'a pas été épargné l'arrivée de l'ère moderne.Mes chouchous
Je termine avec les deux endroits que je préfère : l'un est le passage Ferstel au cœur du palais du même nom, cette élégante galerie couverte qui me fait tant penser aux galeries parisiennes. On y trouve la très chic épicerie française Beaulieu, des cafés, quelques boutiques pas données mais le traverser, encore et encore, reste gratuit, et l'émerveillement toujours présent. Le second est l'église Saint-Pierre, avec son intérieur baroque dont je ne me laisse pas. Régulièrement je vais assister aux concerts d'orgue qui y sont donnés, tous les jours : cela fait partie des moments qui me sont très précieux.Pour aller plus loin : je vous renvoie à l'article Balade dans l'Innere Stadt écrit il y a quelques années, où je vous présente les lieux un peu incontournables de l'arrondissement.Mes bonnes adresses de l'Innere Stadt
Cafés
Le 1er arrondissement est certainement celui qui regorge le plus des cafés traditionnels viennois. Ce sont aussi les plus élégants, voire les plus chers.
Café Prückel (Stubenring 24 - site Internet) - mon préféré
C'est le café où je reviens le plus souvent, celui où je me réfugie chaque fois où je ne sais pas aller. C'est aussi celui qui fait, à mon goût, le meilleur Apfelstrudel. Bref, le café Prückel, c'est un peu ma deuxième maison. Sa décoration années 1950 tranche avec les autres cafés et il reste relativement préservé des touristes. Paiement en espèces uniquement.
Café Central (Herrengasse 14 - site Internet) - le plus viennois
Si je devais choisir un seul café pour résumer Vienne, ce serait celui-ci : décor grandiose, service impeccable (à l'autrichienne), nourriture délicieuse, prix raisonnables (relativement)... et temps d'attente conséquent : mieux vaut réserver pour éviter de faire la queue ! Pour parfaire le cliché, poussez ses portes en hiver alors que les Viennois s'y rendent en robe de bal et queue de pie.
Café du Kunshistorisches Museum (Maria-Theresien-Platz - site Internet) - le plus baroque
Le seul reproche que je pourrais faire au café du Kunsthistorisches Museum, c'est qu'il faut payer le droit d'entrée du musée pour y accéder. Les tarifs sont à la hauteur du lieu, mais pas excessifs non plus par rapport à d'autres endroits du premier arrondissement.
Café Gerstner (Kärntner Str. 11-15 - site Internet) - le plus luxueux
Au concours du café le plus richement décoré, le café Gerstner est au coude à coude avec le café du KHM. Il suffit d'échanger un peu de marbre contre des dorures... Je n'avais jamais osé pousser les portes de l'établissement, qui propose une épicerie fine au rez-de-chaussée, craignant des prix complètement fous. Il s'avère que les tarifs sont dans la moyenne haute mais pas complètement déraisonnables. Il est celui qui propose peut-être le plus large choix de pâtisseries, sans compter macarons et cupcakes. Si possible, préférez les salons au dernier étage. Café Diglas (Wollzeile 10 - site Internet) - le plus tranquille
Un café viennois traditionnel, avec banquettes de velours, large choix de pâtisseries et concert de piano certains soirs : malgré son emplacement, juste derrière la cathédrale, il n'est pas trop pris d'assaut par les touristes, ce qui en fait un lieu de choix si on veut profiter d'un établissement typique mais qui a su garder son caractère. Paiement en espèces uniquement.
Café Museum (Operngasse 7 - site Internet) - le plus intello
Il fut fréquenté par tout le gratin artistique du début XIXe siècle, entre autres par Gustav Klimt et Otto Wagner, mes chouchous. Sa décoration réalisée par Alfred Loos peut désormais à nouveau être admirée grâce à un mobilier copie conforme : une fois installé sur ses banquettes de velours rouge vif, vous n'aurez plus envie de repartir !
Café Hawelka (Dorotheergasse 6 - site Internet) - le plus bohème
À deux pas du Graben, il offre une atmosphère feutrée (certains pourront dire étouffante, car le café n'est pas des plus lumineux) à l'écart de l'agitation. La salle n'est pas très grande et le mobilier semble fait de bric et de broc. On est loin de l'ambiance "guindée" qui peut émaner d'autres établissements.
Café Landtman (Universitätsring 4 - site Internet) - le plus bling bling
Situé sur le Ring, à deux pas du Burgring, en face de l'Hôtel de ville, c'est un peu le café pour se montrer. Il faut dire que sa terrasse s'y prête bien : l'été, il est très agréable de s'y poser et d'assister au ballet de la vie autrichienne, sur l'une des artères les plus passantes de la capitale. Les prix sont en conséquence de l'emplacement mais la qualité est au rendez-vous.
Café Fraenhuber (Himmelpfortgasse 6 - site Internet)- le plus ancien
Malgré son emplacement à deux pas de la Kärntnerstrasse, il reste relativement peu prisé des touristes, et on se demande bien pourquoi : c'est l'un des plus vieux cafés de la ville (il est ouvert depuis 1845), et avant cela, Mozart et Beethoven se produisirent dans ce qui était un restaurant fondé par le cuisinier personnel de Marie-Thérèse. Siège de velours, verre Tiffany, le café a su garder un charme très XIXe siècle.
Café Schwarzenberg (Kärntner Ring 17 - site Internet) - le plus classique
Un autre café de caractère, situé sur le Ring, juste en face du prestigieux Café Impérial. Service typique autrichien, c'est-à-dire pas des plus cordiaux, mais leur Apfestrudel est délicieux. Concert violon/piano certains jours.
Restaurants
Joma (Hoher Markt 10-11 - site Internet)
Situé sur la place du Hoher Markt, juste à côté de l'Ankeruhr, Joma propose une cuisine internationale. Leurs options de petit déjeuner sont particulièrement alléchantes, notamment avec des variations vegan. Les prix sont plutôt dans la moyenne haute. Petite salle fumeur à part. Réservation fortement conseillée.
Da Capo (Schulerstraße 18 - site Internet)
Si l'extérieur reste très classique, une fois les portes poussées on a l'impression de se retrouver en Italie. Mention spéciale au four à bois où se joue la valse des pizzas. Les spécialités italiennes savent se marier à la cuisine autrichienne, comme en témoignent leurs délicieuses lasagnes au potiron.
Specht (Bäckerstraße 12 - site Internet)
Ce restaurant sert propose une cuisine autrichienne saupoudrée d'une touche méditerranéenne : c'est ici que j'ai goûté pour la première fois aux Fleckerl, un type de pâte aux œufs de forme carrée typiquement autrichienne. Le service est très rapide. L'avant-salle est réservée au bar mais est fumeuse. Plats végétariens.
Hungry Guy (Rabensteig 1 - site Internet)
Un restaurant de type "street food" également plutôt tourné vers les spécialités méditerranéennes, avec houmous, falafel et pita en plats principaux. Les portions sont servies dans une assiette ou directement dans une pita (pour tout ce qui est sandwich, hamburger, il y a même un fish and chips), possibilité à emporter. Prix moyen : une dizaine d'euros, street food plutôt haut de gamme donc. Service au comptoir. Plats végétariens et vegan. Paiement en espèces uniquement.
Beim Czaak (Postgasse 15 - site Internet)
Je vous en avais déjà parlé lors de mon premier séjour à Vienne, mais si vous voulez manger les meilleurs schnitzel de Vienne, oubliez le très touristique Figlmüller et poussez plutôt les portes de ce petit beisl à l'écart des rues animées de l'Innere Stadt. Leur schnitzel fourré (fromage, champignons, jambon et oignons) n'est peut-être pas le plat le plus léger de la Terre mais reste l'un de mes meilleurs souvenirs culinaires à Vienne.
Bars
Palmenhaus (Burggarten 1 - site Internet)
Sous une élégante serre, entouré de végétation luxuriante, Palmenhaus est l'endroit idéal pour prendre un verre en fin de journée dans un cadre complètement dépaysant. Les prix sont plutôt élevés, de même que pour la partie cuisine, mais on paie pour l'emplacement, au cœur du Burggarten, aussi bien que pour le lieu. Brunch le dimanche.
Onyx Bar (Stephansplatz 12 - site Internet)
Situé au sixième étage de l'hôtel DOetCO, l'Onyx Bar offre une vue sur la cathédrale Saint-Étienne et sur le Graben en contrebas absolument imprenable. La salle n'est pas très grande, les sièges très confortables, mais par contre les prix... Comptez 12 € le cocktail en moyenne.
Pour sortir
Jazzland (Franz-Josefs-Kai 29 - site Internet)
Les endroits que je peux vous conseiller pour sortir le soir se comptent sur les doigts d'une main : je ne suis vraiment pas un oiseau de nuit et quand je me retrouve dehors passé 20 h, c'est le plus souvent au chaud dans un café. Mais si vous aimez le jazz, ne manquez pas Jazzland : il s'y joue six concerts par semaine, à partir de 21 h, entre jazz et blues, moderne ou plus traditionnel. La salle, dans une vieille cave voûtée, participe beaucoup à l'ambiance.
Fledermaus (Spiegelgasse 2 - site Internet)
On m'a beaucoup vanté les mérites de cette boîte de nuit sur le Graben. Je n'ai jamais poussé ses portes mais si vous y allez, dites-moi si j'ai eu raison de vous en parler !