A job seeker in Paris


Comme vous avez l’air intéressé par les aventures de L’Ado et sa recherche de job d’été, et qu’il se fiche éperdument de ce que je peux bien raconter sur mon truc, quoi là meuh, ton blog quoi, je ne vois pas pourquoi je me gênerais. De toute façon, il faut que j’explique, si il y a des parisiens qui me lisent. Si vous avez eu la peur de votre vie hier, en vous faisant interpeller dans la rue par un énergumène mi lama laineux, mi Gaston Lagaffe, mi caniche géant halluciné, armé d’un téléphone portable, c’était L’Ado. Il ne mord pas. Il est même très gentil (c’est moi qui l’ai fait) juste pas très débrouillard (je disais donc, c’est moi qui l’ai fait…) 

A job seeker in Paris
Source 

L’Ado a réussi à convaincre une boite qui cherche des étudiants bilingues pour son call centre cet été qu’il était phénomèmal puisqu’il parle 4 langues couramment, et qu’il fallait absolument l’inviter à Paris pour passer une interview  (on se comprend, ça nous a coûté £45 de train). C’est très bien, quel génie cet enfant polyglotte. Il est donc parti lundi matin, a bien pris le train pour Londres comme tous les jours. Il ne s’est pas perdu dans le métro londonien, qu’il prend aussi d’habitude. Il a rejoint St Pancras, il a passé la douane en souriant (vous voulez quel passeport, j’ai Français ou Irlandais? ). Il est monté dans le bon Eurostar. Il est bien descendu à Paris. C’est admirable. Là, il a retrouvé ma sœur, qui l’hébergeait. Impeccable. Cet enfant grandit, il devient responsable, c’est magnifique. Bon seul petit problème, son téléphone portable ne marchait pas. Son père a passé 1h30 avec ces incapables nos grands copains de British Télécom pour régler ça (c’est Marichéri qui le dit, ça doit être vrai. Ce n’est pas mon sens de l’exagération qui frappe encore). Et voilà, hop c’est arrangé, on peut même communiquer avec L’Ado. Le lendemain matin, il est parti comme un grand pour passer son interview. Il devait rejoindre sa tante pour déjeuner avant de rentrer en Angleterre. Tout va bien, ahaha.

Donc ma sœur, qui est naturellement très calme elle, m’a appelé affolée: elle a perdu L’Ado. Impossible de remettre la main dessus. Il n’est pas à la station de métro où ils avaient rendez-vous et ne répond pas au téléphone. Bon. J’appelle aussi, en pure perte. Je préviens Marichéri qui informe gentiment BT qu’il est prêt à aller personellement ventiler leur call centre en Inde si ils ont encore bloqué les appels internationaux sur le téléphone de son fils. Visiblement, ils n’y sont pour rien. Tout va bien.  On est trois, des deux côtés de la Manche à essayer fébrilement de joindre L’Ado. Où est ce fichu gamin? Ce n’est pas du tout son genre de louper un repas offert. Nouveau coup de téléphone de ma sœur, elle a des nouvelles! Ouf, alors tu l’as retrouvé? Non. Comment ça, non? Au lieu d’attendre sagement au rendez-vous, il a eu l’idée saugrenue d’arpenter les rues et d’interpeller tous les passants en leur demandant si il pouvait emprunter leur téléphone pour appeler sa tante…j’imagine très bien la surprise des gens devant cet illuminé…il a fini par trouver une âme compatissante qui a téléphoné à ma sœur pour lui dire que L’Ado n’était pas au rendez vous (on avait remarqué) parce que son portable ne marchait pas et qu’on lui avait dit d’aller à Châtelet pour trouver du wifi. De là, il comptait se rendre directement à la Gare du Nord.  La logique de la démarche m’a laissée pantoise. Pourquoi ne pas attendre ma sœur au rendez-vous? Pourquoi ne pas aller à la gare du nord directement ? Pourquoi?  Arrivé à Châtelet, il m’a appelé. Pour me dire que son téléphone ne marchait pas.  Euh…tu m’appelle avec quoi là? Aaaah, ouais…Du coup, il a fait encore plus subtil pour son père. Il a envoyé un texte à Marichéri. Pour lui dire qu’il n’avait pas de réseau…Voilà. 

 Avec tout ça, j’ai presque failli oublier de lui demander comment s’était passée l’interview. Ben, y’a un type, quoi tu vois, il voulait tester mon anglais, c’était marrant, meuh. Il est devenu tout blanc quand je lui ai répondu, quoi, j’ai ri. Coin. Non mais c’était pas sa faute aussi. Ils sont cons dans cette boite, meuh,  de demander à un mec qui sait à peine dire bonjour en anglais de tester les gens,  tu vois…et ton accent en anglais, il est super en fait maman. Coin. Pour une française je veux dire, quoi. Bon après, ils m’ont fichu la paix pour l’espagnol et l’italien. C’est juste que le type, meuh il comprenait pas que je parle français sans accent. Un peu limité le mec, mais sympa  quoi…bon. Donc ça c’est bien passé? Non mais ouais, super quoi. On a fait une simulation au téléphone, j’ai été super. Style c’est le mec qui appelle parce qu’il a un problème et qu’il faut aller l’aider et je réponds, tu vois? Je vois, j’ai travaillé dans un call centre aussi. Ouais mais non, j’ai juste oublié de demander son adresse. Ah. Non mais c’est cool, quoi, ils m’ont pas dit qu’ils me prenaient pas, meuh, ils me rappellent. Ok… tu vas quand même continuer à chercher, juste au cas où. Surtout que tu n’es pas franchement doué avec un téléphone (cela dit, si par hasard celui qui lui a fait passer l’interview me lit, L’Ado est génial et il faut le prendre, l’avenir de votre boite en dépend évidement). 

Il doit rentrer d’un instant à l’autre, il est resté dormir chez un pote à Londres. Il nous a téléphoné  pour nous prévenir. Ça marchait. On va essayer d’arrêter de se moquer. Par contre, son père et moi avons passé la soirée d’hier à pleurer de rire, j’ai même failli m’étouffer. On l’imaginait errant dans les rues de Paris, échevelé, tenant son téléphone en l’air à bout de bras et  accostant tous les passants… on n’en pouvait plus. Il est très bien cet enfant, c’est ce que je disais au début. Il prend sur lui de distraire ses parents qui ne rigolent pas tous les jours en ce moment. Et si par miracle il a le job, je vous préviens. Au moins pour  que les parisiens se mettent à l’abris.