S'expatrier pour un stage, s'expatrier par amour, s'expatrier par passion...Chacun fait un jour ce choix de partir pour une bonne raison. Celle de Jean et de sa femme, c'est pour se lancer dans la création d'une agence de voyage pas comme les autres puisqu'ils proposent des circuits en 4×4 dans une zone reculée du Brésil.
Comment sont-ils arrivés à choisir leur vie au Brésil ? Toutes les réponses ici 😉
Bonjour, avec plaisir, je suis Jean, j'ai 53 ans (déjà), amoureux des voyages depuis toujours ( fils d'expat aussi) et n'ayant jamais voulu mener une vie " normale " si tant est que le cycle métro/boulot/dodo soit la normalité. J'ai la chance d'avoir rencontré et épousé mon alter-égo, car ma femme partage les mêmes passions que moi pour les voyages et le rejet d'une vie trop routinière, et on y parvient ensemble depuis bientôt 30 ans. C'est une belle association en plus d'une longue histoire d'amour.
2 - Pourquoi avoir choisi de partir au Brésil ?
Le choix du Brésil s'est fait presque par hasard, je rêvais d'Amérique du Sud, de grands espaces, de douceur de vivre, de soleil et de cocotiers. On connaissait déjà l'Argentine et le sud du Brésil mais ce fameux cocktail s'est présenté à nous comme une évidence le jour où on a posé nos valises à Natal, dans le Nordeste.
3- Quel est ton métier ? Peux tu nous en parler ?
Oh à +50 ans j'ai à peu près tout fait, j'ai même été banquier (pendant près de 15 ans, mais dans une autre vie). Depuis longtemps j'ai la fibre entrepreneuriale, le besoin de m'accomplir, de ne dépendre de personne et de trouver comment me faire plaisir. Faire un job qui apporte du bonheur, tout en subvenant aux besoins de ma famille. J'y suis parvenu avec plus ou moins de succès selon les expériences de ma vie.
Avec l'installation au Brésil, un nouveau métier s'est imposé à moi, celui d' organisateur de voyages privés et guide touristique. C'est ainsi que nous avons monté notre propre agence de voyage www.coeurbresil.com qui propose des circuits privés hors des sentiers battus, en 4×4. Nous faisons du sur-mesure la plupart du temps et avons à cœur de conduire les gens à l'écart des circuits touristiques habituels, notre credo est de faire découvrir le Brésil authentique. Notre zone d'intervention s'étend tout autour de Natal, dans un rayon d'environ 2000 kilomètres, avec la capacité de guider les gens où de les conseiller sur pratiquement tout le Nordeste du Brésil. Mais je dirais que ce nouveau métier n'est qu'une continuation logique de ma vie, j'ai toujours eu ce besoin de découvrir sans cesse de nouvelles choses, de me surprendre moi-même et, surtout, j'ai une vraie culture du partage.
Tout simplement parce que l'offre n'existait pas du tout dans cette région. On a crée nos propres circuits de A à Z avec l'ambition d'emmener les gens là où les autres ne vont jamais. A l'époque, seuls quelques rares circuits en buggy étaient proposés, sur un trajet bien défini (Natal/Fortaleza). On a voulu ouvrir à une clientèle aimant l'aventure et évoluer dans des espaces naturels sauvages sans pour autant trop céder au confort. Parce que rouler en buggy c'est très fun pendant 1 heure mais au bout d'une semaine, c'est déjà moins drôle si on n'a pas une parfaite condition physique. Le 4×4 permet aussi de parcourir de plus grandes distances sans fatigue, donc de voir plus de choses différentes, de ne pas subir un caprice de la météo, le tout, avec plus de convivialité également car dans un 4×4 on peut aussi discuter entre passagers sans être gêné par le bruit du moteur.
Je me lève tôt le matin, puis je me pose dans mon hamac en extérieur pour admirer le lever du soleil sur la mer, avant d'aller siroter une eau de coco. Ah ça fait rêver ?
C'est parfois cela, mais en vérité les jours de repos total sont rares. Ne nous trompons pas, la vie d'expatrié au Brésil est faite de beaucoup de travail et de stress. La bureaucratie ici est invraisemblable et peut en rebuter plus d'un. Nous avons toujours une démarche à faire auprès d'une administration ou autre, un papier qui manque, une autorisation à demander... En dehors de ça, quand nous ne sommes pas en prospection clients ni en circuit, il nous reste du temps pour explorer de nouveaux endroits, afin d'améliorer notre offre touristique. On peut dire que ça fait partie de l'activité pro, mais c'est aussi un plaisir, une continuation du voyage, une manière d'approfondir notre connaissance du pays et de sa culture.
Tout est différent, je dirais même que tout oppose la France et le Brésil. La France est un petit pays où tout est organisé, rigoureux, peuplé de gens qui ont à peu près tout mais qui tirent la tronche. Le Brésil est un grand pays que je qualifierais (passes-moi l'expression) de " joyeux bordel ". Rien ne semble pré-organisé, une large place est laissée à l'improvisation et la débrouille, c'est un pays où le " Système D " est roi, peuplé de gens qui n'ont à peu près rien, mais qui sourient tout le temps. Au départ cela donne l'impression que tout est simple, mais avec le temps, on se rend compte que tout est compliqué, en particulier dans le Nordeste où le rythme des affaires est très lent.
Découvrir qu'à près de 50 ans j'étais encore capable d'apprendre une langue étrangère en partant de rien et de me lancer des défis comme celui de m'investir dans un nouveau métier. Je me dis que j'ai toujours de nouveaux cycles de passions qui me font vibrer, me motivent et que ça ne semble pas prêt de s'arrêter.
Il y a des jours où je me demande vraiment ce que je suis venu faire dans cette galère, ce sont notamment les jours que je passe à faire la queue dans une administration. Et notre situation reste tout de même assez précaire, on ne sait pas de quoi demain sera fait (mais j'ai toujours un peu connu ça). Nous sommes aussi encore confrontés aux difficultés de faire connaitre notre offre. Le touriste français est parfois un peu paradoxal, il cherche une destination " hors sentiers battus " mais s'oriente souvent finalement sur des lieux déjà très touristiques, parce que forcément, le bouche à oreille entre les quelques personnes qui vont " là où la plupart des autres ne vont pas ", ne peut pas se faire en un jour. Ensuite, dans ce pays très protectionniste qui cultive la priorité nationale, notre activité n'est pas forcément vue d'un bon oeil par les locaux. Il faut trouver la bonne alchimie qui montre qu'on ne leur prend pas leur travail mais que l'on crée quelque chose de nouveau qui n'existait pas avant, voire même que ça peut déboucher sur de l'emploi local.
9 - Aviez vous déjà vécu dans un autre pays (ou voyager sur une longue durée) avant d'arriver au Brésil ?
Non, mon enfance a été bercée de récits fantastiques racontant l'Afrique (Tchad, Cameroun), où mes parents et mes frères ont vécu plus de 5 ans, mais c'était avant ma naissance. Ces récits ont certainement contribué à me forger le goût des voyages, bien qu'avant le Brésil il n'était question pour moi que d'expériences de voyages/vacances ne dépassant pas quelques semaines, dans des pays plus ou moins exotiques. Mais l'envie d'expatriation était là depuis longtemps, il fallait " juste " trouver le pays qui nous corresponde et c'est sans doute le plus difficile car je pense que la destination parfaite n'existe pas même si j'ai eu un vrai coup de cœur pour le Brésil.
Certains ont cru qu'on partait pour de longues vacances, d'autres se sont inquiétés mais la plupart n'ont pas été surpris, habitués à notre mode de vie atypique, même quand nous étions en France.
Le problème du Brésil, pour un candidat à l'expatriation est que, comme tout " gringo " nous sommes d'abord abordés en fonction de l'épaisseur estimée de notre portefeuille et même si celui-ci est bien mince, ça peut sembler beaucoup localement. Il faut donc à tout prix se méfier des soi-disantes " bonnes affaires ", pousada à reprendre, investissements immobiliers divers, et tout ce qui va vous engager financièrement car se sont bien souvent des pièges. Le mieux, pour bien appréhender le Brésil, est d'y venir plusieurs fois en vacances avant de se décider pour quoi que ce soit et, surtout, apprendre le Portugais (pas très difficile), sans quoi rien n'est possible.