Une fois n'est pas coutume, je vais vous parler de l'une des expériences les plus déplaisantes que nous ayons eu à vivre (en voyage, j'entend) et c'était en Norvège. J'ai mis le temps avant de me décider à écrire cet article, de l'eau a coulé sur les ponts et puis je me suis rappelé le but premier d'un blog de voyage, en tous cas, mon but à moi: partager mes expériences, fussent-elles bonnes ou mauvaises, afin d'aider d'autres voyageurs à se décider s'ils vont se rendre ou non à un endroit. Celui dont je vais vous parler, vous vous en doutez au vu du titre, je ne vous le recommande pas du tout...
Le Nusfjord Rorbuer, le pire logement de notre vie!
On a voyagé en Asie, en Inde, au Népal, dans des pays super pauvres, où nous n'avions pas un gros budget à mettre dans les logements, et pourtant, jamais, jamais de la vie nous ne sommes tombés aussi bas! Mais il ne s'agit pas juste d'une histoire de logement sale, mais plutôt d'une attitude. Ça promet hein? Je vous raconte...
C'était durant notre voyage en Norvège, on venait d'arriver sur les îles Lofoten. On avait l'impression d'avancer dans un rêve depuis deux jours, un peu comme si on marchait sur un nuage. L'ambiance était cotonneuse et moelleuse, douillette. Bercés par le bruit des vagues et les cris des mouettes, nous étions en train de nous déconnecter totalement du monde réel. On commençait à planer, vraiment. Après 2 nuits passées à Reine, nous avons mis les voiles en direction de Nusjford. Cette étape était prévue à l'avance, nous avions déjà réservé le logement depuis la France, 1 mois auparavant. En effet, on avait lu que Nusfjord était une étape incontournable dans un voyage en Norvège.
Nusjford, c'est quoi, c'est où?
Il parait qu'il s'agit du village le plus pittoresque de l'île de Flakstad. Classé à l'UNESCO, c'est vrai que le petit port de pêche avait l'air vraiment attrayant, sur le papier en tous cas. Et puis, une dame de l'OT de Reine nous a indiqué un sentier de randonnée par là-bas, paraît-il qu'il offrirait de très belles vues sur la mer. Bref, on y va, ravis et persuadés que nous allions découvrir une pépite, un petit trésor qui nous laisserait des paillettes dans les yeux...
Nous arrivons en fin de matinée et première déconvenue, il n'y a aucun endroit ouvert pour manger. Bon, c'est de notre faute, on aurait dû se renseigner. Nous sommes au début du mois d'avril, soit pas du tout en saison touristique, les îles avancent au ralenti. On rentre quand même dans ce qui semble être l'unique commerce du site, le restaurant Karoline. Une serveuse nous fait signe que l'endroit est fermé, elle a l'air embêtée. " C'est pas la saison" , nous dit-elle " on ne sert pas! ". Il est midi passé, Adrien a faim, et on a juste prévu de quoi manger pour lui, un petit plat qu'on demande à faire réchauffer, en utilisant peut-être juste un petit bout-de-table? La jeune femme accepte, de mauvaise grâce, mais elle accepte tout de même. Et finalement, elle nous offre de manger une soupe, il en reste d'un repas de groupe qu'ils viennent d'accueillir.
On comprend que le village sert de base aux touristes qui partent en bateau pour assister à des pêches en haute-mer. Bref, on finit donc par obtenir un repas, une chance que n'aura pas le couple qui arrive juste derrière nous et qui se fait jeter sans ménagement, malgré la présence d'un enfant en bas âge.
On se dit qu'on a de la chance et on savoure notre soupe dans le cadre sublime de ce restaurant plein de charme. La vue est superbe et il fait un temps magnifique. La serveuse, qui s'est entre temps un peu radoucie, vient nous raconter qu'un petit garçon qui faisait partie du groupe de touristes était tombé à l'eau ce matin. Une eau glaciale, peut-être pas plus de 3 ou 4°. Il s'en est sorti? Oui, ouf! Mais brrrr... cette histoire me terrifie!
Notre repas terminé, on quitte le restaurant, pour rejoindre notre rorbu, la cabane de pêcheurs où nous allions passer les 2 prochaines nuits. On ne savait pas trop où il se trouvait et puis surtout, on n'avait pas encore compris qu'il fallait demander la clé auprès de la serveuse du restaurant. Nusfjord est un village minuscule où les commerces sont tenus par une seule famille, apparemment: le restaurant, une épicerie de fortune et la réception des rorbuers.
Sur ce dernier point, j'avoue ne pas être sûre: vu la suite de notre expérience, vous comprendrez qu'on n'a pas vraiment taillé le bout de gras avec les gens de là-bas.
Bref, nous obtenons finalement notre clé, c'est l'heure de la sieste, Adrien est crevé, nous nous dépêchons de rejoindre notre logement. Et là? Ben, le drame. LE drame. Aaaaah!
Déjà, notre rorbu ne se trouve pas du tout au sein du mignon petit port comme dans le descriptif de Booking. Il faut prendre un chemin, passer dans une zone un peu crade aux allures de déchetterie, devant lequel se situe notre cabane. À l'ouverture, une hauteur de formica nous prend à la gorge. Du formica chaud et moisi. Mais avant d'aller plus loin, je vous mets les photos de ce qu'on avait loué sur Booking.
Et voici où nous avons atterri...
Notez la ... " légère " différence.
Sympa, la déco, non? Vintage. Dans son jus. J'ai personnellement beaucoup apprécié la photo noir et blanc du bébé sur le mur et que dire des napperons, et du magnifique canapé poussiéreux... Dommage, il vous manque les odeurs! La cuisine était topissime également, et alors la salle de bain était sûrement le must: le tapis de bain encore posé au sol, un peu en vrac, humide, plein de poils et de cheveux. Est-ce que je vous parle des toilettes? Non, je ne vous parlerai pas des toilettes... Bref, on aurait dit qu'on déboulait chez quelqu'un, mais littéralement. Une personne qui venait juste de quitter les lieux et qui n'aurait pas eu le temps d'aérer, dépoussiérer, ranger, nettoyer, changer les serviettes et tirer la chasse d'eau.
Comme il était l'heure de la sieste, on a vite couché Adrien et Julien pendant ce temps est reparti à la réception-restaurant-épicerie pour voir s'il était possible d'obtenir un autre logement. Nous avions en effet retourné la chose dans tous les sens: j'avais récuré les toilettes, placé une couette sur le canapé tâché afin de pouvoir s'y asseoir et nettoyé la vaisselle qui trainait dans l'évier à notre arrivée. Mais force était de constater que notre moral était entaché et que l'idée de passer 2 nuits dans cet endroit nous filait le cafard.
À notre plainte, on nous répond qu'on n'a pas le choix, c'est comme ça, car un groupe occupe tous les autres rorbuer, il n'y a plus de places. Cela aurait peut-être été sympa de nous le dire au moment de la réservation, non? Ce qu'on comprend c'est que le jour où on a réservé (1 mois avant), le groupe n'était pas prévu. Lorsque celui-ci a réservé, et bien, il fallait de la place, donc on nous a casés dans une cabane qui n'était habituellement pas louée. Rien à foutre. Et sans changer le prix, hein. Ah, et puis malgré ce qui était indiqué dans l'annonce, il n'y avait pas non plus de wifi... faut pas rêver, non mais!
L'image du joli petit village pittoresque commençait nettement à s'effriter... Mais ça n'était pas fini! Le lendemain matin, après une nuit passée en lévitation au-dessus de draps plus que douteux, nous avons décidé d'écourter notre séjour. Une nuit était bien suffisante et l'endroit nous tapait sur les nerfs. Nous ne réjouissions pas vraiment à l'idée de devoir entamer un bras de fer pour obtenir une annulation de la seconde nuit, mais tant pis.
C'est Julien qui a géré l'annulation. De mon côté, j'ai envoyé un mail directement aux gérants des rorbuer histoire de laisser une trace écrite de notre demande. Je leur faisais donc état de notre déception, par rapport au logement qui était sale et du wifi inexistant. Ce dernier point peut paraître bête, mais pour moi il est essentiel: même en vacances, j'ai parfois besoin de travailler, les joies du free-lance... Et la présence du wifi était un critère prédominant dans le choix des logements. C'est comme ça: s'il avait été mentionné que les cabanes n'étaient pas équipées du wifi, alors non, on n'aurait pas réservé.
De retour de la réception, Julien m'annonce la bonne nouvelle: notre demande est acceptée. De mauvaise grâce, mais la deuxième nuit sera bien annulée et sans frais. Je suis contente et je respire à nouveau. Cet endroit était devenu terrifiant, je craignais d'être forcée d'y rester une nuit de plus... Mais comme les choses ne devaient pas en rester là, Julien me tendit une feuille, remise par la personne de l'accueil: sa réponse à mon mail de réclamation.
En substance, cela donnait à peu près ça:
" Nous sommes vraiment désolés que la cabane n'ait pas su répondre à vos attentes.[...] Il n'est pas excusable de vous avoir fourni une cabane sale, nous sommes désolés pour cela.
Par contre, si vous aviez lu les commentaires sur Booking, vous auriez su qu'il n'y avait pas le wifi dans toutes les cabanes et vous auriez su ce que vous avez réservé"
Là, j'ai manqué m'étouffer: à lire cette réponse, c'était donc notre faute. Nous n'avions qu'à lire les commentaires avant de réserver le logement, pardi. Cette blague! Je répondis que descriptif indiquait clairement que je réservais un logement muni du Wifi (cf photo plus haut), je n'avais pas vraiment le temps d'éplucher les commentaires un par un pour savoir si c'était vrai! Voici la réponse qui s'en suivit alors:
" When you say that the one you booked was equiped with WIFI, this is not true. This stands in Booking.com: " This property offers traditional fishing cottages with kitchen facilities and sea views. Guests can try a wood-fired hot tub or activities such as fishing, kayaking and hiking. WiFi is in some cottages. " But I guess you didnt have time to read that either... "En gros: vous mentez, la description sur Booking indique que certaines cabanes seulement sont équipées du wifi. Mais j'imagine que vous n'avez pas eu le temps de lire cela non plus...
Sérieusement? Non contents de louer un logement dégueulasse qui ne correspond pas du tout au descriptif, de voler les gens et de ruiner peut-être une partie de leurs vacances, voilà qu'ils se permettaient en plus de les traiter de menteurs et de faire de l'esprit?
Entendons-nous bien: tomber sur un logement qui ne correspond pas à nos critères de voyageurs, ça arrive! Tous les goûts sont dans la nature, on ne peut pas plaire à tout le monde. Ça nous est arrivé lors de notre voyage en Inde. Nous ne sommes pas du tout des voyageurs en mode " j'exige " sous prétexte que l'on paie. Seulement voilà, il y a des choses qu'on ne peut pas accepter. Passer 2 nuits dans ce logement nous était désagréable. Bien sûr, on aurait pu le faire, mais pourquoi se forcer? On était tout de même en vacances... Oui, mais on avait pas envie de faire des vagues non plus ... Bref, on nageait en plein dilemme!
On a hésité un bon moment avant de demander à changer de cabane puis finalement à annuler la deuxième nuit. Faire des réclamations, ce n'est pas notre fort, on y va sur la pointe des pieds, et Julien est le genre à s'excuser de demander pardon dans ce genre de cas. Lorsque ça nous est arrivé en Inde, j'étais mortifiée à l'idée de devoir annoncer aux gens qu'on n'allait pas rester chez eux. J'avais honte de moi, j'avais envie de les prendre dans mes bras et de m'excuser, et surtout, on n'a jamais demandé à être remboursés.
On n'aurait jamais gardé une mauvaise image de Nusfjord si les gérants avaient eu une toute autre attitude en face. Bien qu'ils aient reconnu que la cabane était sale et que ce n'était pas acceptable, ils se sont ensuite drapés dans leur fierté d'être sur un site classé à l'UNESCO qui, à ce titre, accueillait des milliers de personnes chaque année. On aurait dû être fiers de dormir dans une cabane centenaire! (oui, mais euh, sans la crasse centenaire elle aussi, ça nous aurait plu hein, je vous assure!)Et nous dire que si on avait lu les commentaires, on aurait su ce qu'on louait! Que le logement ne corresponde pas du tout au descriptif et encore moins aux photos ne semblait pas les déranger le moins du monde.
Le pire logement et le pire accueil de toute notre vie, voilà ce que nous avons eu à Nusfjord ...
Si nous n'avions pas eu le sentiment de nous faire jeter comme des chiens parce qu'on avait osé se plaindre d'un logement non conforme au descriptif, jamais je n'aurais écrit cet article.
Un article pour rappeler aux acteurs du tourisme, où qu'ils soient sur la planète, qu'il faudrait arrêter de prendre les gens pour des cons. Oui, nous sommes des touristes et bien souvent, la connotation est négative. N'empêche que sans touristes, sans nous, ces gens-là ne vivraient pas, n'est-ce pas? Nusfjord a beau être un village historique, classé au patrimoine de l'UNESCO, si personne ne s'y rend, cette classification ne sert absolument à RIEN. À Nusfjord, les gens sont fiers de leur patrimoine, mais ce n'est pas une raison pour arnaquer et blouser le touriste... J'ai lu après quelques recherches que l'accès au village était même payant en été, " village musée " oblige! La belle affaire ! Nusfjord est un joli village, OK, m'enfin ça casse pas 3 pattes à un canard non plus! Faire payer une place de stationnement, un rorbu ou un repas plus cher qu'ailleurs, passe encore, mais faire payer l'accès au village? Wow...
Bien sûr, 80% des gens diront qu'ils ont été bien heureux de leur séjour là-bas, et c'est tant mieux.
Heureusement. Je ne leur souhaite pas du tout de vivre ce que nous vécu. Il y a en effet des cabanes qui ont été rénovées, celles qui sont dans le port, fidèles à la description de Booking. Et puis il y a les autres, et si comme nous vous avez le malheur de réserver en même temps qu'un groupe, vous pourriez bien vous y retrouver également. Si vous réservez via Booking, comme nous, vous ne trouverez que des commentaires élogieux, et pour cause: il nous a été impossible de relater notre expérience, les gérants ayant annulé notre réservation pour cause de " non-présentation ". Ce qui était totalement faux, puisque nous y avons passé une nuit, seule la deuxième a été annulé et le remboursement s'est fait sans passer par Booking. Pourquoi ce mensonge donc? Combien sommes-nous à n'avoir pas eu la possibilité de raconter notre expérience?
C'est ce qui me fiche le plus en rogne dans cette histoire: savoir que d'autres personnes vont se faire avoir comme nous, payer une somme astronomique pour loger dans une cabane crado et ensuite se faire jeter comme des chiens parce qu'ils auront eu le toupet de se plaindre ! Avez-vous déjà été victime de ce genre d'arnaque? Avez-vous déjà eu la très désagréable impression d'être pris pour un pigeon, sans absolument aucune considération? De notre côté, on s'est parfois fait arnaquer en Asie, mais à la limite, ça peut se comprendre: les gens n'ont pas les moyens financiers des occidentaux, alors ils se démènent comme ils peuvent. Mais en Norvège?!Un article à épingler!
MAJ du 18/03/2017Nous avons reçu une réponse à notre avis laissé sur TripAdvisor concernant le Nusfjord Rorbuer ! Et franchement, vu la teneur de la réponse, je ne peux pas résister à l'envie de la partager ici ... du grand art! Donc définitivement, oui, le Nusfjord Rorbuer est bien le pire des logements au monde !
Voici leur réponse.
Notez la phrase : YOU NEVER SAID ANYTHING ABOUT THE CABIN BEING DIRTY BUT I GUESS YOU REMEMBER THIS NOW, ALMOST A YEAR LATER.
Et voici l'un des mails qu'ils nous avaient envoyé au moment de notre séjour, lorsque nous avons annulé la 2ème nuit:
AS WE TOLD YOU SEVERAL TIMES, THERE IS NO EXCUSE FOR A DIRTY CABIN AND WE A TRULY SORRY FOR THIS ... Ouuaaaah !
Ah, et une dernière image (notre confirmation de réservation) pour en finir avec cette histoire de wifi qui n'était soi-disant pas spécifiée dans le descriptif de Booking. Voilà, voilà...