On a dormi chez les moines à Kōya-san (et on a aimé!)

Je me rends compte que je n'ai pas beaucoup écrit sur le Japon. Pourtant, nous y avons fait 2 voyages! Et tous les deux, bien que différents, nous ont réellement conquis: le Japon figure parmi nos pays préférés.

J'ai beaucoup de choses à raconter sur ce pays fascinant. Il me suffit pour cela de ressortir mon carnet de voyage et d'en lire les pages que j'avais noircie lors de notre tout premier séjour, en 2010. Moi qui ne suis pas férue d'écriture manuscrite, je dois reconnaître l'utilité certaine d'un tel exercice, car je prends aujourd'hui beaucoup de plaisir à relire mes impressions, à revoir les petits bouts de papier collés, ici l'entrée d'un musée, là, le plan d'une ville.

Le Japon a été notre premier grand voyage en commun. Le début d'un rêve et d'une longue suite de découvertes que nous ne soupçonnions même pas alors. C'était en septembre 2010, et nous étions loin d'imaginer que nous partirions, 2 ans plus tard, faire le tour du monde.

Je vais, au cours des jours qui arrivent, organiser un peu mieux mes pensées qui sont comme à leur habitude plutôt brouillonnes, et tenter de vous raconter ce premier long voyage en commun. Je démarre ma série avec une sélection des choses que j'ai vraiment aimé faire au Japon.

Et le premier souvenir qui me vient en tête est cette nuit que nous avons passée dans un temple bouddhiste à Kōya-san.

Dormir dans un temple à Kōya-San

J'en garde un souvenir mémorable. Certains diront qu'il s'agit d'un truc à touristes, qui manque d'authenticité, moi je n'ai pas du tout eu cette impression. Julien non plus, d'ailleurs. Mais peut-être que cela dépend aussi du temple où l'on choisit de dormir. Le notre n'était pas des plus fréquentés, c'est sûrement la raison pour laquelle notre expérience fût vraiment sensationnelle! Je vous donne l'adresse à la fin d'article, bien sûr...

Kōya-san est une petite ville montagneuse située au sud d'Osaka. C'est un centre religieux très important au Japon, puisque c'est ici que le bonze Kōbō-Daishi a installé la première communauté bouddhiste du pays, au début du 9ème siècle. La ville est constituée presque entièrement de temples bouddhistes et parmi ses 7000 habitants, la moitié sont des moines.

L'Okuno-in est sûrement le site religieux le plus important de Kōya-san. Il s'agit d'un cimetière où l'on trouve près de 200 000 pierres tombales, celles de samouraïs, mais aussi de grandes familles japonaises pour qui c'est un honneur de reposer ici. On y trouve également le Tōrō-dō, le temple aux lanternes. Et à proximité de celui-ci se trouve le Gobyo, le mausolée où reposerait Kōbō-Daishi. La visite du cimetière est surprenante, d'autant plus lorsque l'obscurité pointe son nez. L'ambiance est véritablement mystique, au milieu de ces tombes et de ces arbres plusieurs fois centenaires...

Le temple Kongōbu-ji est un autre site important, il s'agit du centre religieux de l'école bouddhiste Shingon d'où sont gérées les affaires des autres temples. Nous l'avons malheureusement vu en courant, puisqu'il s'est mis à tomber des trombes d'eau à ce moment-là, nous obligeant à nous réfugier au plus vite à la gare pour reprendre ensuite le téléphérique.

On a dormi chez les moines à Kōya-san (et on a aimé!)

Il est possible de dormir sur place, plusieurs temples proposent le gîte et le couvert. C'est assez cher (13 000 ¥/personne en moyenne) mais ça vaut le coup. L'expérience est unique en son genre! Nous sommes arrivés à notre temple sur les coups de 18h. Pour nous, c'était tôt, or nous avons presque raté l'heure du dîner (servi habituellement à 17h30)! Les shukubō proposés sont à l'origine des chambres destinées aux bonzes. En séjournant dans un temple, on vit donc la vie au rythme des moines. Le repas du soir est servi très tôt, et est composé de plats végétariens, selon les principes de la cuisine shōjin. Nous n'avons pas pu identifier tout ce qui se trouvait dans les divers récipients qui nous ont été servis, mais c'était globalement très bon!

On a dormi chez les moines à Kōya-san (et on a aimé!)

Ensuite, les moines nous ont indiqué où se trouvait la salle de bain. Celle-ci est commune, mais non-mixte. Je suis donc partie de mon côté, et Julien, du sien. Je me souviens du silence qui régnait dans les couloirs, il était très intimidant... Je n'aime pas les salles de bains communes, bien qu'il s'agisse d'une pratique courante au Japon. Je suis plutôt pudique, et j'ai donc commencé à faire une toilette de chat, dans le coin le plus reculé de l'immense pièce qui servait de salle de bain. Tout le long du mur se trouvaient des petits pommeaux de douches ainsi que des tabourets en plastique, sur lesquels s'asseoir pendant la douche. Le rituel veut qu'il faut d'abord se laver et se débarrasser des impuretés avant de plonger tout entier, et nu(e) bien sûr, dans le grand bassin d'eau très chaude qui se trouve au centre de la pièce. L'envie et la curiosité ont eu raison de ma pudeur.

Après quelques minutes passées à m'assurer que je serai bien seule, je me suis plongée avec délice de ce bain chaud, tellement bienvenu après une journée passée sous la brume...

On a dormi chez les moines à Kōya-san (et on a aimé!)

Pendant nos ablutions, les moines ont installé futons et oreillers de riz dans notre chambre. Ce sont les seuls éléments qui se trouvent dans celle-ci, d'ailleurs. La porte est coulissante et en papier de riz et ne nous garantit pas une intimité totale, et pourtant, cela ne nous dérange pas le moins du monde. Nous sommes au Japon, et en plus chez des moines.

Je crois que nous ne nous sommes jamais couchés aussi tôt! De mémoire, il était 19h. Nous avons observé quelque temps la faune nocturne qui se mettait silencieusement en marche sous notre petit balcon, puis nous nous sommes endormis, bercés par le coassement des grenouilles.

À 6h, tout le monde est déjà levé, et il est temps de rejoindre les moines dans la salle de prières. Nous sommes quelques touristes, installés au fond de la pièce, les uns par terre, d'autres sur de petits tabourets. C'est plus difficile qu'on ne le pense de rester à genoux sur un tatami, surtout pendant un long moment!

On a dormi chez les moines à Kōya-san (et on a aimé!)

Après la cérémonie, nous avons remballé nos affaires et puis nous sommes allés voir les moines, pour les remercier de leur hospitalité. Nous les avons trouvés, riant, et bavassant entre eux, dans une salle à l'entrée. Leur sourire était plein de bonté, et bien que nous n'ayons pas beaucoup échangé avec eux, nous nous sommes sentis privilégiés et heureux de passer un si beau moment, dans un tel endroit.

On a dormi chez les moines à Kōya-san (et on a aimé!)

A Osaka, il faut prendre le train Kōya (ligne Nankai-Dentestu), partant de la gare de Namba. Comptez 80minutes pour faire le trajet. Une fois à Gokurakubashi, il faut prendre le funiculaire (5 minutes), puis un bus jusque dans le centre. (10 minutes). Si vous souhaitez utiliser votre Japan RailPass, il existe un autre itinéraire (décrit sur cette page)

A Kōya-San, on se déplace à pied entre les différents temples, et en bus pour rejoindre le cimetière d'Okuno-in.

Les principaux sites sont ouverts de 8h à 16h30. Ne tardez pas trop ensuite pour rejoindre votre temple où le repas du soir est servi à 17h30!

Celui où nous étions logés est le Henjoko-In, il est possible de réserver à l'avance sur le site de Japanican.com. L'adresse : 575 Koyasan, Koya, Ito District, Wakayama Prefecture 648-0211, Japon.

▸ Tarif pour 1 chambre pour 2 personnes, avec repas du soir et petit déjeuner: 26000¥, soit environ 200€ à deux. Oui, ça pique, mais franchement, ça vaut le coup!

Nous avons entendu le plus grand bien du Temple Saizen-in également, ainsi que du Yochi-In (les tarifs sont à peu près les mêmes)

Dormir dans un temple à Kōya-San est le premier article de ma série sur le Japon... La suite, très vite!