Elephant Conservation Center : 3 jours avec les éléphants

Publié le 12 février 2017 par Onestparti

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Pour finir en beauté notre séjour au Laos nous allons passer 3 jours avec les éléphants. Cela fait longtemps que nous voulons en voir, nous avons regardé méticuleusement les propositions de différents centres dans les pays que nous avons traversés et notre choix s’est arrêté sur l’Elephant Conservation Center (ECC).

Tout d’abord avant même d’avoir aperçu la moindre petite trompe nous sommes plongés dans un décor magnifique. Du village de Sayabury il faut prendre une petite embarcation pour se rendre au centre, là au bord du lac la vue est exceptionnelle.

La présentation des éléphants

On nous a présenté tous les éléphants avec prénoms et description de leurs caractères. Comme vous pouvez vous en douter on n’a pas bien tout retenu, ils ont quand même tendance à tous se ressembler.

Sur la vidéo qui suit, vous pouvez voir « Naughty boy ». Cet éléphanteau de 6 ans est la mascotte du centre. Un tel garnement qu’il a besoin de deux mahouts (cornacs) pour son éducation. Toujours sur la vidéo à droite de « Naughty boy » se trouve « Miss Univers » c’est la plus grande et la plus belle des éléphantes du centre. A gauche de « Naughty boy », sa mère.

La nurserie

Nous nous rendons à la nurserie pour observer un petit éléphanteau d’un an et demi patauger avec sa maman. Nous sommes conquis, cette petite bête est trop mignonne !!! Tout pataud avec ses grosses pattes, il tente de faire comme maman. Apparemment pour le bain ce n’est pas encore gagné…

Les éléphantes mettent bas au bout de 22 mois, puis elles doivent allaiter leur rejeton jusqu’à ses 3 à 4 ans ! On considère qu’un éléphant devient adulte à 12 ans, avant c’est maman et le mahout qui s’occupent de l’éducation.

Le bain

Rituel quotidien! Il est nécessaire pour les éléphants qui ont une peau très fragile, le bain sert à les hydrater. Le spectacle est hallucinant, dans l’eau ces pachydermes semblent aussi gracieux que des danseuses étoile. Tous les éléphants s’en donnent à cœur joie, ils font même le coup de la trompe sous-marin. Bien-entendu celui qui semble s’amuser le plus est notre « Naughty boy ». Honnêtement on pourrait rester des heures à les observer.

Le goûter

Après le bain, c’est le goûter. Les mahouts ont préparé plein de bonnes sucreries pour leur éléphants, notamment leurs mets favoris le bananier et la canne à sucre. Les éléphants sont capables en un coup de trompe de déplanter un bananier de 3 mètres de haut, ensuite ils ont une technique à toute épreuve. Pour les feuilles, grâce à leur trompe, il les enlève de la tige principale pour les manger. Ensuite ils posent leur énorme patte sur le tronc pour le faire exploser et en manger le cœur gorgé d’eau.

Forcément ça semble plus facile à dire qu’à faire pour un éléphanteau de 6 ans…

Ce que la vidéo ne montre pas, c’est que malin l’animal, au bout de plusieurs tentatives infructueuses, il est parti demander l’aide d’un de ses mahouts qui lui a gentiment découpé plusieurs morceaux bien appétissants de cœur de bananier.

La zone de socialisation

Dans la nature les éléphants vivent en famille, mais en captivité ils sont bien souvent seuls avec leur mahout. La zone de socialisation est le seul endroit où les éléphants se retrouvent en groupe et sans leur mahout. C’est l’occasion pour eux de renouer avec des attitudes naturelles. Pour ne pas les déranger nous les observons d’assez loin. Au début ils forment des groupes de 2 ou 3 puis se retrouvent tous serrés les uns contre les autres alors qu’ils ont de l’espace. Même « Naughty boy » qui s’éloigne revient vers le troupeau.

Une seule éléphante n’est pas avec le reste du groupe, trop peureuse, elle ne supporte pas de frayer avec ses congénères. Son mahout l’a mise un peu plus haut dans la forêt, on peut juste apercevoir de temps en temps sa trompe qui dépasse d’entre les feuilles.

L’enrichissement

Les éléphants sont des animaux très intelligents qui normalement trouvent dans la nature suffisamment de challenges pour stimuler leur cerveau. En captivité, ils n’ont pas trop besoin de faire appel à leur matière grise : les mahouts leur préparent leur repas et tous les jours ce sont encore et toujours les mêmes ordres, rien de bien compliqué. Du coup l’ECC a mis en place un programme d’enrichissement sous forme de jeu. On cache dans des endroits plus ou moins difficiles de la nourriture. Pour réussir à tout manger l’animal doit faire preuve d’intelligence, de patience et parfois même d’ingéniosité.

On a créé nous même les jeux et on se disait « mais comment va-t-il réussir ? ». Alors ne vous attendez pas à ce qu’un éléphant fasse dans la dentelle, c’est tout en force !

Ce qui est fou c’est que quand l’une des éléphantes n’y arrive pas ou s’énerve, elle barrie un coup pour que sa copine la rejoigne et la supporte, un vrai travail d’équipe.

Pour plus de photos on vous laisse jeter un coup d’œil.


Si vous voulez en savoir plus sur l’Elephant Conservation Center et les éléphants d’Asie

Pourquoi avons-nous choisi l’Elephant Conservation Center ?

Parce que nous voulions faire du tourisme éthique et que grâce aux parents de Nicolas (c’est leur cadeau de noël) nous en avions les moyens. Nous ne voulions pas nous retrouver dans un centre où on vous montre les éléphants, on vous dit qu’ils sont bien  traités et puis une fois que nous sommes partis, ce sont des hordes de touristes qui leur montent dessus. Nous voulions aussi un centre où l’on nous explique comment vivent les éléphants, pas juste un cirque où les animaux ont appris à peindre avec leur trompe et à jouer au foot pour divertir les touristes. L’Elephant Conservation Center réunit tous ces critères. Créé en 2001, c’est une sorte de maison d’accueil pour les éléphants en captivité, ici on ne monte pas dessus, on les observe seulement. Pour plus d’infos : http://www.elephantconservationcenter.com/fr/

Comment vivent les éléphants au Laos ?

A l’origine le Laos est le pays au « million d’éléphants », bien loin de la légende les chiffres réels font frémir : il ne reste plus que 800 éléphants sur le territoire, 400 en liberté et 400 en captivité.

  • Les éléphants en liberté

Pour leur plus grande chance il s’avère que les éléphants d’Asie sont moins convoités par les braconniers que les éléphants d’Afrique. En effet, leurs défenses sont moins longues et surtout les femelles n’en possèdent presque pas. Le plus grand risque pour ces éléphants est la déforestation qui entraîne un rétrécissement de l’espace dont ils ont besoin pour vivre. Il y a des centaines d’années, ces animaux nomades se déplaçaient depuis l’Inde jusqu’en Chine, aujourd’hui ils sont parqués dans des forêts de plus en plus petites. Au Laos on déforeste pour planter des bananiers, c’est justement la sucrerie favorite des éléphants. Ceux-ci n’ont plus beaucoup de chemin à faire pour venir ruiner les plantations, voyant cela les hommes défendent violemment leur gagne pain.

  • Les éléphants en captivité

Au Laos les mahouts le sont en général de père en fils depuis plusieurs générations. Ils ont l’habitude d’avoir des éléphants et de les faire travailler, un peu comme nous avons l’habitude d’avoir des chiens. Les éléphants sont bien souvent affrétés à des travaux de portage, de déplacement de charges lourdes, notamment d’arbres. Normalement c’est de ça que les mahouts vivent, mais aujourd’hui on utilise de moins en moins les éléphants, alors que faire d’eux ? Les remettre en liberté : impossible, déjà parce que la pauvre bête ne saurait pas se débrouiller seule et aussi parce que l’éléphant a une certaine valeur que le Mahout refuse de laisser filer. Le mahout décide le plus souvent de le louer à un centre touristique où il portera des touristes à longueur de journée. Il faut savoir qu’un éléphant en captivité ne peut pas être séparé de son mahout, il n’obéit réellement qu’à lui et perdrait tous ses repères sans lui.

Que propose l’Elephant Conservation Center ?

Tout d’abord on va vous aider à vous mettre dans la tête d’un mahout laotien : vous avez un chien, demain quelqu’un vient vous voir pour vous dire, tu arrêtes de travailler, je te paye pour que tu passes tes journées avec ton chien. On est d’accord vous le prenez pour un fou. Voilà le challenge de l’ECC !

Conscient des contraintes pour acquérir des éléphants, le centre propose à des mahouts de les payer en contrepartie de quoi ils arrêtent de faire travailler les éléphants et viennent avec eux au centre. Ils sont libres de repartir à tout moment. Aujourd’hui au Laos, on ne peut pas dire à un mahout «laisse-nous ton animal, on en prendra soin ». Concrètement le mahout s’en tape, l’éléphant c’est son outil de travail, il faut qu’il gagne sa vie avec. L’ECC est confronté à la concurrence des centres touristiques qui proposent aussi de fortes sommes d’argent aux mahouts pour donner en spectacle leur éléphant. Le mahout ira au plus offrant. L’ECC a aussi créé le programme « baby bonus », toujours en contrepartie d’argent, le mahout reste 2 ans au centre avec l’éléphanteau et sa mère. Passés ces 2 ans l’ECC propose une somme au mahout pour acheter le bébé. Malheureusement la plupart des mahouts vendront le bébé au plus offrant et la concurrence est rude, il n’y a pas que les centres touristiques, il y a aussi des privés chinois qui se montrent de plus en plus intéressés par l’obtention d’un éléphant. On parle ici de sommes allant de 30 000 à 50 000 US dollars par animal.

Est-il si mauvais de faire travailler ou de monter un éléphant ?

En théorie la réponse est « OUI ». Surtout quand on sait comment on dresse un éléphant sauvage pour qu’il devienne obéissant… Vous ne savez pas ? On le roue de coups afin de provoquer un traumatisme tel qu’il ne se souviendra plus de sa vie d’avant. Après cela le mahout peut le dresser à sa guise. Mais en réalité c’est plus compliqué notamment pour des éléphants qui ont été captifs toute leur vie. Si on ne fait pas travailler l’animal à outrance, il vaut mieux prendre un éléphant pour déplacer, ou déraciner un arbre plutôt qu’une machine qui va ratiboiser la forêt complète. Le seul problème est qu’il faut trouver la juste mesure en termes de charge de travail et de respect de l’animal. Ce qu’il faut surtout éviter c’est que des éléphants libres soient enlevés de leur milieu pour devenir des éléphants captifs. Pour le riding c’est pareil, monter de temps en temps sur le cou de l’animal ne va pas lui faire de mal. Ce qui va lui nuire c’est de faire ça toute la journée. On a vu des exemples où au goût de l’éléphant son mahout avançait trop lentement, c’est donc de lui-même qu’il le faisait monter sur son cou. Parce que oui on monte sur le cou d’un éléphant et jamais sur le dos, si vous regardez une photo de son squelette, ça vous semblera évident ! En clair il n’est pas mauvais en soit de faire travailler ou de monter un éléphant, ce qui est mauvais c’est de continuer à rendre des éléphants captifs pour cela et de le faire à outrance. Espérons que nous assistons aux dernières générations d’éléphants captifs mais les mentalités seront dures à changer. D’autre part c’est aussi aux touristes de montrer le chemin en s’orientant vers des centres d’observation et non de riding.