En thaïlandais, « baan » signifie maison et « chang » veut dire éléphant. Aller au Baan Chang, c’est ainsi se rendre à la maison des éléphants, et c’est ce que j’ai eu la chance de faire durant mon séjour à Chiang Mai en Thaïlande.
Il faut absolument que je vous raconte cette journée là-bas car c’est non seulement une très belle expérience, mais aussi une bonne action que de se rendre dans ce parc.
Comment se passe la journée avec les éléphants ?
Pour commencer, mon chéri et moi nous avions réservé notre créneau sur le site officiel du parc : www.baanchangelephantpark.com
Vous avez le choix entre plusieurs formules : vous pouvez y passer 1, 2 ou même 3 jours en dormant dans le parc et ainsi apprendre à devenir un véritable mahout (c’est-à-dire un maître, guide et soigneur d’éléphant) ! Vous pouvez également faire une réservation privée ou vous joindre à un groupe. 1 éléphant pouvant être pour 1 ou 2 personnes maximum.
Nous, nous avions choisi une journée en groupe avec 1 éléphant pour nous 2, ce qui nous a coûté 2,900 x 2 = 5,800 bahts (155 euros environ).
Lors de la réservation en ligne, on indique à quel adresse le guide doit venir nous chercher (et nous ramener) et on peut choisir entre 2 créneaux horaires, ce qui est pratique je trouve car celui qui démarre à 6h30 permet d’être rentre vers 14h30-15h (ce qui laisse du temps pour faire autre chose l’après-midi). Cela dit nous voulions nous reposer et profiter du petit-déjeuner de notre hôtel alors nous avons choisi celui de 8h30 – 16h30.
Notre guide prénommé Aof est arrivé vers 8h45, nous étions les derniers à récupérer sur sa liste. Nous sommes ainsi allés à plusieurs dans un mini-van jusqu’au parc (environ 50 min de trajet).
Première chose en arrivant : on s’habille avec l’uniforme du camp (habit traditionnel bleu avec logo blanc) ! On a alors un casier qu’on peut fermer à clef et des chambres disponibles pour se changer.
On peut garder ce qu’on veut avec soi, chacun est libre de prendre un sac, son portable ou appareil photo, cela dit il vaut mieux avoir de quoi les protéger je pense, l’uniforme ne comporte pas de poches fermées. Mettez aussi de l’anti-moustique, ça vous évitera quelques piqures. Et puis prévoyez un chapeau si le soleil tape fort.
Une fois « équipé », on va nourrir les éléphants ! Enfin, on leur donne un petit encas, qui nous parait pourtant énorme ! Il faut dire qu’un éléphant d’Asie pèse en moyenne 2700 à 5400 kgs et qu’il mange environ 10% de son poids par jour. ^^
Grosse distribution donc de plusieurs paniers de bananes et de cannes à sucre pour ces grands gourmands. C’était la première fois que je m’approchais d’éléphants de si près. Organisés en rang et montés par leurs mahouts, on les sentait très excités et c’était vraiment super de leur faire plaisir de cette façon. Leur trompe en l’air, ils attendaient impatiemment qu’on leur donne leurs fruits ou 4 ou 5 cannes de sucre d’un coup qui se retrouvaient alors enroulées dans leur trompe et englouties en moins de 2 ! On découvre là leur appétit mais aussi leur force, et leur peau si épaisse. On se fait presque râper les mains si on ne fait pas attention.
Après cela, on s’écarte avec le groupe pour en apprendre plus sur le camp, la vie des éléphants, et on retient quelques mots pour diriger l’animal lors de la balade qu’on fera plus tard. On a d’ailleurs l’occasion d’en monter un rapidement pour mettre tout ça en pratique, sensation forte garantie !
La leçon terminée, on va déjeuner : pad thaï et ananas à volonté. On prend le temps et on profite de l’endroit qui est vraiment très sympa. On discute aussi un peu avec les autres personnes et on se rend compte que tout le monde n’est pas rassuré à l’idée de grimper sur le dos de ces immenses mammifères.
Toutes les personnes de notre groupe ne l’ont pas fait d’ailleurs, vous êtes libre de suivre la balade sans pour autant diriger un éléphant. Moi je voulais vraiment voir ce que ça faisait, être encore plus en contact avec ce magnifique animal et me laisser porter quelques instants, telle une vraie maîtresse d’éléphant !
Le tour ne dure donc pas très longtemps, on accompagne simplement les animaux jusqu’à une étendue d’eau où on se baigne alors avec eux. Ça aussi c’est une sacrée expérience ! Une brosse et un seau en main, on les aide à se rafraichir et à se nettoyer. Là encore c’est hyper agréable de profiter de ce moment avec eux, on les sent détendus et joueurs. On passe d’ailleurs à la douche aussi avec les jets d’eau envoyés avec leur trompe.
Le bain fini, on se laisse faire (ou pas) quelques bisous avec leur trompe aspirante et humide (plutôt drôle ça aussi) et on dit au revoir, il est temps pour les éléphants de regagner leurs quartiers avec leurs mahouts.
Suite à ça, on file prendre une vraie douche et on remet ses vêtements personnels (car vous vous en doutez, l’eau dans laquelle se baignent les éléphants est sale) et si on a de la chance comme moi, on va rendre visite à un adorable petit éléphanteau. Il y avait effectivement eu une naissance 2 mois avant ma venue au parc, nous avons donc pu observer de près un bébé et sa mère : de quoi finir cette belle journée avec douceur avant de reprendre le mini-van.
Juste avant de partir, le guide nous explique comment récupérer toutes les photos gratuites qu’il a faites pendant la journée (à voir sur leur page Facebook). Et il est aussi possible d’en acheter d’autres qui sont faites par un photographe avec un meilleur appareil et qu’on vous montre sur un ordinateur (900 bahts pour un envoi via Dropbox, 1200 pour une remise immédiate sur clef USB de 8GB).
16h30-17h : on retrouve son hôtel/auberge, la tête pleine de jolis souvenirs.
Pourquoi est-ce que le Baan Chang Elephant Park est un bon choix ?
Vous savez probablement qu’en Thaïlande, les éléphants (comme d’autres animaux) sont souvent utilisés par les populations locales pour divertir les touristes et qu’il a été largement démontré que ces pauvres animaux étaient victimes de nombreuses maltraitances pour être ainsi domestiqués. Un éléphant est très intelligent mais il est aussi très sauvage et seules la brutalité et la violence peuvent le contraindre à faire des choses contre-nature telles que peindre, danser, jouer au ballon, transporter des humains harnaché d’une nacelle ou d’une chaise en osier… Ne parlons pas non plus du fait de les enfermer dans des espaces trop restreints, ce qui tend à leur faire subir de nombreux troubles psychologiques puis physiques.
Aujourd’hui on peut désormais trouver des complexes qui permettent d’aller à la rencontre de ces animaux et de participer activement à leur bien-être et à la possibilité de leur offrir une vie meilleure. C’est ce que fait le Baan Chang Elephant Park. L’argent récolté avec l’activité touristique leur permet de les racheter à des cirques, des zoos ou des camps illégaux par exemple ; puis de leur fournir un très grand espace ainsi que de la nourriture et des soins.
Ce camp comporte aujourd’hui 44 éléphants secourus pour à peine un peu plus de mahouts pour s’occuper d’eux (ils sont 47 si ma mémoire est bonne).
Les activités organisées la journée permettent de les stimuler et les occuper et ne sont centrées que sur leurs habitudes naturelles (se nourrir, marcher, se rafraichir et se laver). On ne rajoute que la possibilité de les monter quelques minutes mais je le répète c’est à cru (sans chaise ou autre) et aucune violence ne leur est faite.
Pour ceux qui disent que ce genre de camp n’est pas un vrai sanctuaire pour éléphants parce qu’ils les enchainent à certains moments et qu’ils ont tout de même des « piques » à utiliser en cas de problème, je dis qu’ils ne se sont forcément jamais occupés d’animaux en meute et qu’ils n’ont pas conscience du risque que de tels mammifères représentent. Un éléphant est très fort, et comme tout animal, si on le laisse aller à sa guise, il détruira des choses, provoquera des accidents, ira se nourrir là où il ne devrait pas. Tout ça représente ensuite de l’argent à payer et des plaintes. Un animal sauvage a aussi par définition des réactions inattendues, il faut être prêt à réagir si l’un d’eux fait quelque chose de dangereux. Tout cela n’est donc pas pour leur faire du mal mais bien pour garantir une certaine sécurité, pour pouvoir continuer à garder ce camp et ainsi secourir toujours plus d’éléphants.
On pourrait aussi finir par dire que l’idéal serait quand même que ces éléphants soient libres, que tout ça n’est pas une bonne excuse. Mais croyez-vous vraiment qu’un éléphant qui a été maltraité et domestiqué depuis la naissance puisse être capable de survivre dans la vie sauvage au milieu d’autres éléphants ? Il a été démontré et prouvé que les éléphants sauvages sont plus agressifs, qu’ils se battent entre eux pour des luttes de pouvoir ou à cause des femelles, et qu’ils ont des modes de vie tellement différents qu’il est en tous cas certain qu’un pauvre éléphant récupéré après des années d’asservissement ne pourrait pas être « balancé » au milieu d’eux en espérant que sa nature lui permette de s’adapter immédiatement.
Un dernier argument qui n’est pas assez mis en avant je trouve : ce parc offre un refuge et une meilleure vie aux éléphants maltraités, mais aussi à leurs mahouts. En discutant avec notre guide, nous avons effectivement appris que les mahouts (qui vivent tous dans le camp), sont en partie des personnes qui ont fui la guerre ayant eu lieu à la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande en 2010. À l’époque, ce furent environ 10 000 réfugiés qui se précipitèrent vers la Thaïlande pour échapper à ce violent conflit.
Ce parc est donc un très bel exemple de ce qui peut être fait aujourd’hui pour aider les animaux et les hommes. Dans le monde dans lequel nous vivons, c’est un beau compromis pour offrir de meilleures conditions de vie et un avenir à des êtres qui n’ont pas eu la chance de naitre au bon endroit et au bon moment. Ce n’est peut-être pas parfait pour tout le monde, mais moi je suis très heureuse d’avoir participé à cette belle action et quand on me dit que le prix est un peu cher, alors je réponds que ça le vaut largement.
Connaissez-vous des parcs ou associations qui proposent de découvrir d’autres animaux en prenant soin d’eux ? Depuis que j’ai fait cette journée avec les éléphants, je n’ai qu’une envie, c’est de rencontrer d’autres animaux de cette façon !