Je connais mal la région d'où est originaire une partie de ma famille. J'ai commencé à mieux l'explorer au printemps dernier, avec ce week-end dans le Forez. Durant l'été, pendant un séjour familial dans la Loire, par une de ces journées trop radieuses pour être gâchée, j'ai pu rayer une autre ville inconnue de ma liste : Le Puy-en-Velay. Chaque année on me vante sa vogue (la fête foraine en parler local) mais figurez-vous que, manège ou pas, je ne connaissais pas le chef-lieu de la Haute-Loire. Oubli désormais à moitié réparé : le temps d'une balade de quelques heures, je vous emmène découvrir Le Puy.
* Il existe un pass avantageux si vous souhaitez visiter la statue, la chapelle Saint-Michel et la forteresse.La pente est raide mais le sentier aménagé avec de nombreux espaces dégagés, pour profiter de la vue et se reposer, et accompagné de panneaux explicatifs sur le site.La cathédrale, présence sombre et imposante au milieu d'une mer de tuiles rouges. Au second plan, les bâtiments blancs témoignent de la ville moderne.La chapelle Saint-Michel et la forteresse de Polignac à l'arrière-plan.
Balade dans la vieille ville
Embarquant ma mère pour l'occasion, nous avons pour le coup joué aux touristes de base : premier arrêt, direction l'office de tourisme pour récupérer un peu de documentation et quelques conseils. Il est situé sur la très jolie place du Clauzel (photo ci-dessus), bordée de maisons aux volets colorés et de terrasses qui appelaient à la détente. Mais nous n'étions pas là pour ça ! Le Puy a mis en place trois circuits pour découvrir la vieille ville, au gré des principaux monuments. Le plus court fait deux heures et vous fait visiter les incontournables. Nous avons un peu mélangé les trois itinéraires et commencé vers l'ouest (à droite en sortant de l'office de tourisme).La religion est indissociable de la ville du Puy, preuve en est de ces nombreuses statuettes de saints que l'on trouve à chaque coin de rue. Restaurant sur la très mignonne place des Tables.Cette partie de la ville nous a le plus emballées : après la vaste place du Plot, où l'on retrouve un marché fermier le samedi matin (peut-être aurez-vous envie de goûter au fameux fromage du Velay, affiné de telle manière qu'il se retrouve couvert de minuscules acariens, appelés des artisons : rassurez-vous, c'est comestible mais ce fromage – "il mange du fromage avec les bêtes !" – a traumatisé mon enfance !), on emprunte les rues Chènebouterie et Raphaël, bordées de belles maisons bourgeoises aux détails amusants. On commence doucement à ressentir les effets du dénivelé, avec quelques rues pentues montant à l'assaut de la haute ville. Puis on débouche sur la très jolie place des Tables, prolongée par la rue du même nom qui file jusqu'à la cathédrale. L'histoire veut qu'elle ait été baptisée ainsi en rapport aux tables sorties dans la rue par les marchands les jours de fête religieuse. Le Puy est une étape du pélerinage pour Saint-Jacques-de-Compostelle, la célèbre coquille est donc présente à de nombreux endroits.Après être passé par la cathédrale (la visite se passe un peu plus bas), on redescend de la haute ville. C'est l'occasion d'emprunter la rue Cardinal de Polignac, avec encore une fois de beaux hôtels particuliers datant du XVe et XVIe siècle, puis la rue Rochetaillade et son escalier, abritant la plus vieille maison bourgeoise du Puy (XIIIe siècle). Le contraste avec les rues précédemment empruntées est fort, sans que je me l'explique : peut-être des rues un peu plus larges, des immeubles particuliers plus imposants : on a l'impression d'être dans une partie du quartier historique plus "aérée", ce qui s'expliquerait par le fait que c'était ici que les notables s'installaient. À gauche, l'entrée de l'hôtel des Fillères de Charroulh, avec sa cour intérieure autour de laquelle sont construites plusieurs maisons médiévales. Une fois la rue du Bouillon rejointe, il est possible de tracer tout droit jusqu'à l'office de tourisme, repartir se perdre dans les ruelles à l'ouest du quartier historique ou continuer l'un des circuits vers l'est. C'est ce que nous avons fait mais avons fini par écourter car nous avons trouvé cette portion-là moins intéressante, avec moins de bâtiments remarquables à voir. Rénové récemment, ce "vieux neuf" m'a moins charmée. Mais globalement, il est très agréable de flâner dans les rues tortueuses du vieux Puy-en-Velay, les bâtiments jouent souvent presque à touche-touche, on assiste à une grande diversité architecturale (robustes tours en pierre, façades délicatement travaillées, portions de rues couverts, escaliers étroits et placettes permettant de respirer). La mise en valeur est très bien faite, avec de nombreux cartouches délivrant des explications aux points d'intérêt les plus notables. Pour en profiter pleinement, en ponctuant de quelques visites, je dirai qu'il faut bien compter trois à quatre heures. Les trois circuits sont par ailleurs très bien indiqués, avec des marqueurs de couleur permettant de s'orienter facilement.La cathédrale Notre-Dame du Puy
La ville du Puy est l'un des plus anciens sanctuaires marials (c'est-à-dire consacré à la Vierge) : son apparition daterait du IIIe siècle. Lieu de pèlerinage depuis le Ve siècle, date à laquelle la première église fut bâtie, la cathédrale Notre-Dame du Puy est beaucoup plus récente, avec une construction qui s'est étalée dans le temps : dès le XIe siècle, on bâtit des travées supplémentaires pour accueillir les pèlerins, toujours plus nombreux. Devenue une étape importante sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, avec notamment le sanctuaire de la Vierge noire, elle accueille également l'un des plus anciens jubilés, remontant au Xe siècle. Depuis son élégante façade qui s'élève fièrement au bout de la rue des Tables (elle a un petit air des églises toscanes, non ?), jusqu'à l'intérieur, elle offre une grande variété de styles architecturaux qui lui confèrent pourtant une harmonie certaine : roman, baroque, byzantin... Difficile, depuis le sol de se faire une idée de sa taille réelle et de ses proportions, tant elle se fond admirablement au cœur de la Ville-Haute : pour cela, il vaudra mieux prendre un peu de hauteur. La cathédrale est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco au titre des chemins de saint Jacques de Compostelle. La célèbre Vierge noire, datant du XVIIe siècle de l'originale, offerte par Saint-Louis et détruite durant la Révolution française.Toutes les ruelles de la Ville-Haute du Puy mènent à la cathédrale mais la plus impressionnante est sans nul doute la rue des Tables. En montant, juste au pied de la cathédrale, il est possible de visiter l'Hôtel-Dieu, accueillant au Moyen Âge les malades mais désormais réhabilité en un musée consacré au patrimoine local, aussi bien de la ville que du département. À voir également, le cloître qui jouxte la cathédrale sur sa façade nord, bel exemple d'architecture roman. Si vous ne souhaitez pas payer le droit de visite, jetez au moins un œil par la porte d'entrée pour avoir un aperçu de ses beaux décors polychromes. Enfin, la visite de cet élégant complexe religieux ne serait pas complète sans un passage à la chapelle des Pénitents (ouverte uniquement l'été), lieu de départ de la procession des Pénitents Blancs le Vendredi Saint. La vue depuis la place du For, qui offre une belle vue sur la ville. On y trouve également le Camino, dédié au chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.Statue Notre-Dame de France
Surplombant le Puy, la silhouette rouge de la Vierge, portant l'Enfant, veille sur la ville. La statue Notre-Dame de France, réalisée avec le métal fondu de 213 canons pris à la Russie durant la guerre de Crimée et offerts par Napoléon III, est l'un de ses plus célèbres symboles. La vue depuis le piton où elle fut érigée en 1860, le Rocher Corneille, est imprenable : on profite du panorama à 360°, découvrant la ville s'étalant à nos pieds ainsi que quelques points d'intérêt qui surnagent ici et là. En premier lieu, la cathédrale, imposante au pied du massif. Non loin, sur un autre piton rocheux, comme en fragile équilibre à la merci des éléments, la chapelle Saint-Michel d'Aiguilhe. En arrière-plan, on devine la forteresse de Polignac*. Enfin, à l'horizon, la chaîne des volcans d'Auvergne. D'ailleurs, ce fameux Rocher Corneille est un vestige d'un ancien cratère de volcan. Une citadelle y fut érigée au Moyen Âge avant qu'il ne serve de carrière pour la construction de certains bâtiments. L'entrée est payante mais la visite incontournable par beau temps. Par contre, attention au vent, surtout si vous décidez de monter au sommet de la statue.* Il existe un pass avantageux si vous souhaitez visiter la statue, la chapelle Saint-Michel et la forteresse.La pente est raide mais le sentier aménagé avec de nombreux espaces dégagés, pour profiter de la vue et se reposer, et accompagné de panneaux explicatifs sur le site.La cathédrale, présence sombre et imposante au milieu d'une mer de tuiles rouges. Au second plan, les bâtiments blancs témoignent de la ville moderne.La chapelle Saint-Michel et la forteresse de Polignac à l'arrière-plan.